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Accueil du site > Tribune Libre > Epidémies parfois, panique toujours

Epidémies parfois, panique toujours

" Celui qui contrôle la peur des gens devient le maître de leurs âmes. " (Machiavel)

Souvenez-vous : avant qu’un virus ne vienne contaminer nos corps, c’étaient les idées « nauséabondes » qui contaminaient nos esprits. En 2014 et 2015, Manuel Valls, alors Premier Ministre, dénonçait nuit et jour le péril que les spectacles de Dieudonné faisaient courir à la République. Péril tel que le Conseil d’Etat avait décidé en un après-midi d’abolir près d’un siècle de jurisprudence et de rétablir la censure préventive : un seul homme peut contaminer tout un pays, c’est le « patient zéro », mise en quarantaine obligatoire, application immédiate. Sous le coup des attaques judiciaires et des interdictions de salle, Dieudonné a effectivement disparu de la vie publique. Curieusement, il ne semble pas que la France ait gagné en quiétude et en harmonie. Manuel Valls aussi a disparu de la vie publique d’ailleurs, ce dont nul ne se plaindra.

Dieudonné n’était que le coup d’envoi d’un déluge de lois liberticides dont l’objectif est, encore et toujours, de protéger nos pauvres petites cervelles immuno-déficientes contre le Mal : protection contre la Haine, contre les Russes, contre les Fake News, contre le crime mémoriel, contre les incitations à la discrimination : à peine nos valeureux législateurs ont-ils terrassé un dragon qu’en surgit un nouveau, encore plus terrifiant que le précédent. Elève zélé de François Hollande, Emmanuel Macron a accéléré le rythme. Fermetures de sites Internet par fiat administratif en période électorale, loi Avia contre les « contenus haineux sur Internet » : à chaque trimestre son innovation législative. Le Conseil Constitutionnel a, depuis longtemps, abdiqué sa responsabilité de protéger les libertés publiques.

On aurait tort de croire que ces psychoses entretenues seraient l’apanage de la France : pendant trois ans, les Etats-Unis ont subi une campagne politico-médiatique sans précédent visant à faire croire que « les Russes » avaient pris le contrôle des électeurs américains via quelques pages de Facebook. D’une psychose à l’autre : le Département de la Justice vient de profiter du coronavirus pour discrètement enterrer ce fantasme.

Le coronavirus, venons-y : 15 000 morts à ce jour (23 mars), près de deux habitants de la planète sur un million. Beaucoup plus certainement quand tout sera dit. 10 fois plus ? On resterait en-dessous de la mortalité du H1N1, resté dans la mémoire populaire comme un inépuisable sujet de plaisanterie (Roselyne Bachelot et son million de vaccins…). 100 fois plus ? En dessous de la grippe asiatique de 1957/58 : sitôt passée, sitôt oubliée. 1000 fois plus ? Tout est possible, évidemment. Tout est toujours possible, y compris que la cavalerie pharmaceutique vienne à la rescousse, que l’on parvienne enfin à fabriquer suffisamment de masques pour qu’il ne soit plus nécessaire de prétendre qu’ils ne servent à rien, que le retour des beaux jours dompte ce virus comme tant d’autres avant lui.

On ne sera pas surpris que, las sans doute de combattre des moulins à vent et de protéger la France de périls imaginaires, Emmanuel Macron se soit jeté avec maestria sur, enfin !, une vraie épidémie, et ait instauré une mise en quarantaine draconienne. Au nom du principe de précaution, nous sacrifions nos sociétés, nos économies et nos libertés. Les petits Torquemadas foisonnent, dénonçant du haut de leur ostensible vertu confinatoire « l’inconscience » de tel ou tel qui a osé sortir de chez lui, quand bien même il se tiendrait à distance des autres. Le risque épidémiologique est réel mais les dégâts, inouïs, de notre réaction collective, sont d’ores et déjà une certitude.

L’épidémie prendra fin un jour et viendra l’heure des comptes : la réaction sans précédent de nos Etats aura-t-elle sauvé des millions de vie ? Ou bien sera-t-elle inscrite dans l’Histoire comme « un flash totalitaire » planétaire, selon l’expression d’Emmanuel Todd ? Dans le conflit larvé qui oppose le peuple (« ceux sur qui le Pouvoir s’exerce », selon la définition de Michel Onfray) et les « élites » (ceux qui exercent le Pouvoir), ce jugement sera déterminant : ceci valait-il cela ? La Science de ceux qui nous gouverne est-elle Sagesse, ou est-elle hybris qui se masque de rationalité ? Quitte ou double : prenez vos paris. La fin de l’épidémie ne sera d’un début.


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4 réactions à cet article    


  • tinga 23 mars 2020 12:59

    Cette « psyop » à l’échelle planétaire ressemble à une répétition générale, avec les moyens de surveillance actuels, toutes ces semaines sont une véritable mine d’or dans tous les sens du terme, de grands bouleversements sont à venir, il est important de vérifier l’efficience du contrôle.


    • Julot_Fr 23 mars 2020 13:42

      En ce qui concerne les beneficiaires de la crise, celle-ci arrive juste a point pour faire passer la crise financiere en cours au second plan, pour donner une idee de la mise en marche de la planche a billets de la Fed pour sauver les marchers : https://www.zerohedge.com/markets/bofa-calls-war-time-measures-urges-near-total-fed-takeover-capital-markets

      Sinon, en accord avec cet article, il semblerait que les instigateurs de la crise (je suggererait la finance) sont en train de perdre le controle de la narration de crise, ainsi des medecins francais veulent mettre le gouvernement face a ses responsabilite pour avoir connu ce qu’etait la situation des la mi-janvier et n’avoir rien fait pendant 2 mois (a part peut etre du deli d’initie sur les marches d’action) https://www.zerohedge.com/markets/theyve-been-lying-start-french-medics-file-suit-against-prime-minister


      • Yann Esteveny 23 mars 2020 18:18

        Message à Monsieur Matthieu Vasseur,

        « Celui qui contrôle la peur des gens devient le maître de leurs âmes. » (Machiavel)

        Cette citation de Machiavel est pertinente dans le triste spectacle actuel. La plupart des français ne savent plus qu’ils ont une âme et agissent uniquement par peur ou intérêt. Le talentueux artiste Monsieur M’Bala M’Bala trouve alors facilement matière à l’humour. Le régime en place est rapide pour interdire ses spectacles et censurer les vraies informations. Il l’est bien moins lorsqu’il faut anticiper ou gérer une crise sanitaire. Paraître vertueux est plus rentable médiatiquement que l’être. Une fois la crise passée l’urgence ne sera pas de faire des procès aux dirigeants mais toujours d’inviter les hommes à retrouver leur âme. Cela permettra peut-être au peuple de mieux choisir ses maîtres.

        Respectueusement


        • xana 23 mars 2020 22:51

          Excellent article.

          Malheureusement l’exploitation de la peur fera immensément plus de dégâts que le ...coronavirus.

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