Eric Besson en charge de la fameuse « TVA sociale »
Éric Besson, secrétaire d’État chargé de la prospective et de l’évaluation des politiques publiques, était l’invité de RTL, ce matin, à 7 h 50.
Le Premier ministre l’a chargé d’une mission d’évaluation sur la
désormais fameuse TVA sociale. Sur RTL, ce matin, Eric Besson a assuré
qu’il ferait son travail sans préjuger des conclusions sur la mise en
place ou pas du dispositif.
Rapidement, sur la technique elle-même.
La TVA sociale est un mécanisme qui revient à alléger les charges
patronales prélevées pour le financement de la sécurité sociale et la
politique familiale, et à augmenter, en contrepartie, le taux de TVA sur
des produits de consommation courante pour compenser le manque à gagner
pour les organismes sociaux.
Les bénéfices et les écueils de la
réforme sont connus. Alléger le coût du travail peut permettre des
embauches. Il est aussi une armée pour la compétitivité des
entreprises, notamment à l’export. En contrepartie, le risque existe
d’une augmentation des prix pour les produits qui verraient leur taux
de TVA passer de 19,6% à 24,6%, hypothèse retenue jusqu’à présent. Ce
qui, outre un effet dépressif sur la consommation, pourrait déclencher
des revendications salariales susceptibles de ruiner, si elles étaient
satisfaites, le maigre gain obtenu par les entreprises sur les coûts de
production.
On l’oublie souvent, mais l’économie est une machinerie
complexe où les tuyaux connectés en permanence les uns aux autres
produisent des effets qui peuvent être exactement contraire aux buts
poursuivis.
En bref, la TVA sociale, il y a du pour et du contre, et c’est dans cette obscure clarté que le gouvernement devra prendre une décision.
Pratiquement, là, tout de suite, le débat sur la TVA sociale justifie deux remarques de statut et niveau différent.
D’abord, elle témoigne d’une certaine incohérence dans l’approche des problèmes économiques de la France par le gouvernement.
La
détaxation et la défiscalisation des heures supplémentaires, la
défiscalisation des intérêts des emprunts, constituent deux mesures qui
visent à soutenir la demande des consommateurs. C’est une politique
classique en France, menée en 1981, 1995 et 2002, et qui a, à chaque
fois, mis nos finances publiques à plat et abouti, à plus ou moins
brève échéance, à des corrections de cap qui ont suscité de l’amertume
et du désarroi. Ce n’est quand même pas pour rien qu’à chaque élection
depuis 1986 en France, le pouvoir exécutif est remercié. Un phénomène
qui n’existe dans aucune autre démocratie.
Donc, Nicolas Sarkozy et
François Fillon ont classiquement inauguré leur action politique par
une politique de soutien à la demande. Maintenant, survient la question
de la TVA sociale. Elle est exactement l’inverse, un encouragement à
l’offre, c’est-à-dire tournée vers les conditions de production et
posant la question, cruciale, de la compétitivité des entreprises. Là
où une politique contredit l’autre, c’est que le pouvoir d’achat que
l’on a voulu donner aux consommateurs par la défiscalisation, le
pouvoir peut être amené à le reprendre par l’augmentation de la TVA.
C’est à des indices de cette nature que l’on comprend que les gens qui nous gouvernent sont géniaux puisqu’on ne comprend pas bien la pente de la logique qu’ils privilégient pour régler nos problèmes.
Deuxième remarque, celle du moment. Confier une mission sur la TVA
sociale, objet explosif, dans un entre-deux-tours d’élection, c’est
faire un formidable cadeau à l’adverse. La gauche, qui ne savait pas
quoi dire dans cette campagne électorale, a sauté sur l’occasion depuis
deux jours. Une dépêche AFP éditée à 17 h 18 hier est titrée ainsi : "Un
bandeau du PS dans toutes les fédérations socialistes : votez contre la
TVA à 24,6 %".
Concrètement, cela veut dire que, par exemple, Arnaud
Montebourg, ou bien Julien Dray, ou bien DSK, peuvent trouver dans ce
débat la petite part d’oxygène qui leur amènera les quelques électeurs
qui, dimanche prochain, pourraient faire la différence en leur faveur.
Les plus retors des lecteurs de ce blog jugeront peut-être que c’est
fait exprès, que la politique qui n’est jamais selon eux que le produit
de mille et un calculs, a imaginé ce coup à dix-huit bandes pour sauver
des personnalités adverses afin, par exemple, que la zizanie demeure
dans le PS, ou une toute autre raison que des imaginations enfiévrées
trouveront sans peine.
La réalité me paraît plus prosaïque. Une
succession de maladresses et une mauvaise maîtrise des sujets, une
préparation plus approximative des dossiers aussi, contrairement aux
discours officiels qui nous serinent que tout est prêt depuis deux ans,
ont abouti à cette bizarrerie qui voit un pouvoir ouvrir un dossier
complexe et électoralement à quatre jours d’un deuxième tour de scrutin
législatif.
Pour une rupture, c’en est une.
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