Eric Sy et Hapsatou Zemmour : deux amuseurs publics !
Hapsatou, drôle de prénom, non ? Apparemment c’est une forme affectueuse de « Hafsa », au même titre que Nafy a donné Nafissatou (mondialement connue, elle !).
Nous avons donc un individu nommé « Zemmour » (qui signifie « olive » en arabo-berbère) qui critique une personne dont le prénom est tout autant exotique … l’hôpital qui se moque de la charité !
Là où ça ne va plus c’est quand cette demoiselle « Sy » en profite pour lancer une pétition visant à réduire la liberté d’expression, comme si on nous avait joué un joli morceau de clarinette avec comme simple objectif : nous faire signer une pétition liberticide !
Mademoiselle Sy, je vous livre ici un témoignage, le mien, il y a des luttes bien plus nobles que cette offensive contre nos droits fondamentaux, et qui devraient vous motiver bien plus :
« Coudi, perdue à Ouro Sogui (Sénégal)
Coudi, je l’ai rencontrée lors de ma première venue au Sénégal, en 1985. Nous étions là pour construire une banque de céréales, dans un village transformé en ville à cause de la sécheresse, à 700 Km de Dakar, près de la frontière mauritanienne. Là, presque personne ne parle le français, excepté les hommes qui ont été à l’école et les autorités.
Deux ou trois jours après notre arrivée Coudi est venue nous voir. Elle parlait un français parfait et voulait travailler pour nous, comme cuisinière ou comme lingère. On avait déjà trouvé quelqu’un pour ces travaux mais c’est vrai que quelqu’un qui connaissait bien et le français et la langue locale, cela nous arrangeait.
Dans cette région du Sénégal, ce n’est pas si simple d’embaucher une jeune fille. D’abord elles arrêtent d’aller à l’école dès qu’elles ont leurs premières règles, restent à la maison pour apprendre leur métier de femme, et sont aussitôt que possible promises en mariage. Coudi nous raconte. Elle est née ici et est partie en France avec son père et sa mère quand elle avait deux ans. Son pays, c’est la France. Mais ses parents eux ont gardé les traditions, et quand Coudi est devenue une jeune fille, on a commencé à lui parler de retour au pays. Le temps de collecter l’argent pour le billet d’avion n’a pas suffit pour convaincre Coudi, et il a fallu un subterfuge. “Ecoute, Coudi, tu vas là-bas avec ton oncle et si ça ne te plait pas tu reviens”.
Coudi, elle, n’a pas vu que son billet était un aller simple. Elle est maintenant bloquée dans ce trou pour le restant de ses jours, elle le sent, et notre venue a ramené au grand jour sa nostalgie. Moi, je suis allé voir sa famille, car il fallait son autorisation pour embaucher Coudi le temps de notre séjour. Puis, avec Béatrice, une collègue de travail qui était avec moi sur ce chantier, nous avons cherché comment l’aider. Le mieux, c’était de lui trouver un travail qui ne dépende pas de notre présence dans sa ville. Nous avons cherché à l’école, cela n’a pas marché. Nous avons cherché à l’hôpital et le Médecin Chef a été de suite coopérant. Un peu trop et Coudi nous a demandé de lui trouver rapidement autre chose, d’autant plus que la réputation de ce médecin faisait déjà que les gens considéraient Coudi comme une fille de rien.
Il nous restait à inventer quelque chose et là Béatrice (qui est de confession juive et a probablement entendu parler des Kibboutz) a été géniale. « Et si nous créons un jardin collectif et que Coudi en soit la gestionnaire ? » Il nous suffit d’obtenir un terrain vague pas trop éloigné d’un point d’eau, de descendre à Dakar acheter des engrais et de faire faire par nos ouvriers une clôture en épineux pour éviter que les chèvres ne viennent tout manger. Le Marabout a accepté cette idée, et quand nous sommes rentrés en France, Coudi pleurait mais elle avait une certaine sécurité, celle que lui donnait cette petite indépendance d’avoir un travail et un salaire.
Nous sommes restés longtemps en relations par correspondance, je lui envoyais parfois des colis puis un jour, à l’occasion d’une traversée en 4X4 de Paris à Dakar, je décide de faire étape à Ouro Sogui. C’est l’occasion de la revoir, nous sommes en 1989. Coudi travaille toujours au jardin collectif, elle ne s’est pas mariée car “personne ne m’a demandé”, par contre j’ai senti qu’elle avait fini de lutter. Ses vêtements, ses multiples boucles d’oreille sur des oreilles trouées à l’emporte pièce, son allure. Je n’avais plus en face de moi la petite parisienne qui voulait rentrer en France, mais une adulte déjà usée par les conditions de vie du Sahel, soumise à un destin qu’elle ne maîtrise pas. Coudi venait d’avoir 21 ans, elle en paraissait 35 ou 40. »
(extrait de mon livre Aventures, contes et histoires africaines publié chez L’Harmattan)
au fait son nom complet est Coudi Sy !
Vous voyez, Mademoiselle Sy, les jeunes filles Peuhl n’ont pas toutes les mêmes chances … et tout le monde sait que "Qui Peuhl plus, Peuhl moins !" ... saluez bien Monsieur Olive de ma part !
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