J’ai longtemps hésité avant d’écrire cet article, je me se suis dis, encore un n-ème article sur l’affaire Zemmour. Mais, en fin de compte, j’ai cédé, non pas pour partager avec vous mon opinion sur le sujet, et bien non, mon opinion sur cette affaire, je le garde pour moi et en plus, il n’intéresse personne.
M. Zemmour reconnait dans sa
lettre adressée à LICRA, d’être piégé par Ardisson, une chose que je ne peux pas contester vue la réputation sulfureuse de cet animateur. En conséquence, je vais me limité uniquement au contenu de sa lettre, puisque c’est son contenue qui reflète avec fidélité les propos de M Zemmour.
Dans sa lettre adressée à la Licra, M. Zemmour se plaint du fait que ses propos ont été sortis de leur contexte, mais lui-même a commis exactement la même erreur. M. Zemmour a sorti lui aussi ses propres chiffres&statistiques de leur conteste, voire même, il ne les a pas validé ni vérifié.
Extrait n°1 :
« Pourtant, devant une commission parlementaire du Sénat, Christian Delorme, surnommé « le curé des Minguettes », ne déclarait il pas : « en France, nous ne parvenons pas à dire certaines choses parfois pour des raisons louables. Il en est ainsi de la surdélinquance des jeunes issus de l’immigration qui a longtemps été niée, sous prétexte de ne pas stigmatiser. On a attendu que la réalité des quartiers, des commissariats, des tribunaux, des prisons, impose l’évidence de cette surreprésentation pour la reconnaître publiquement. Et encore, les politiques ne savent pas encore en parler. »
Extrait n°2 :
« Il y a quelques années, une enquête commandée par le ministère de la justice, pour évaluer le nombre d’imans nécessaires, évaluait le pourcentage de « musulmans dans les prisons » entre 70 et 80%. En 2004, l’islamologue Farhad Khosrokhavar, dans un livre « L’islam dans les prisons (Balland) confirmait ce chiffre. »
Tout d’abord, on n’évalue pas le nombre « d’Imans » mais « d’Imams ».
Dans la proposition «
Etude sur les étrangers détenus » de la Commission National Consultative des droits de l’Homme, Adoptée par l’assemblée plénière du 18 novembre 2004), on peut lire
« Au 1er Janvier 2004, les étrangers incarcérés représentaient 22,2% (13 123 personnes) de la population carcérale. Dans certaines prisons, cette proportion dépassait 30% des détenus, voire les 50% comme à la maison d’arrêt de Paris La Santé ou celle de Villepinte. Alors que ce nombre connaissant une baisse constante depuis plusieurs années, cette population a augmenté de 10% en 2003, soit un rythme plus élevé que l’augmentation carcérale ».
Juste une précision, ici on parle bien d’étrangers et non pas de musulmans. Au passage, on peut aussi se poser la question sur qui était ministre de l’intérieur en 2003 ?
Vous pouvez lire aussi l’interview de Farhad Khosrokhavar parue dans
l’Expresse le 15/03/2004 . Dans cette interview, on voit bien la difficulté pour Farhad Khosrokhavar d’annoncer des chiffres fiables. D’un coté il dit que son étude a été réalisée auprès de 160 détenus dans trois prisons situées en Ile-de-France et dans le Nord. D’un autre coté, le chiffre estimé par M Khosrokhavar concerne les détenus musulmans dans les établissements
proches des quartiers sensibles. (Un détail qui a échappé à M Zemmour)
Et pour aller plus loin, lire l’étude « Les jeunes issus de l’immigration » dans la presse écrite. Sur la théâtralisation médiatique d’une altérité politique »
Extrait n°3
« En 2007, dans un article du Point, qui avait eu accès aux synthèses de la Direction Centrale de la Sécurité Publique (DCSP) et de la direction centrale de la police judiciaire (DCPJ) on évaluait entre 60 et 70% des suspects répertoriés issus de l’immigration. Il y a près de dix ans, la commissaire Lucienne Bui Trong, chargée des violences urbaines à la direction centrale des RG relevait que 85% de leurs auteurs sont d’origine maghrébine. »
Ce que je ne comprends pas, comment M. Zemmour peut se référer à un article du Point pour confirmer sa thèse. En plus, dans l’article en question (qui date, je le rappel du 24/06/04) on peut lire « Il y a près de dix ans, la commissaire Lucienne Bui Trong, chargée des violences urbaines à la Direction centrale des RG, relevait que 85 % de leurs auteurs sont d’origine maghrébine et qu’ils agissent en raison d’une sorte de « paranoïa » vis-à-vis de la société française. » Aujourd’hui encore, M Zemmour dit que « Il y a près de dix ans, …. » Franchement, je ne comprends pas !
Extrait n°4
« Dans un article du Monde, du 16 mars 2010, les rapports des RG sur les bandes violentes, établissaient que 87% étaient de nationalité française ; 67% d’origine maghrébine et 17% d’origine africaine. »
Tout d’abord, j’ai feuilleté le monde du 16 mars 2010, et je n’ai pas trouvé ce fameux article, mais en fouillant un peu plus sur le Net, je me suis aperçu qu’il s’agit d’un article de Piotr Smolar publié dans le Monde du 25.02.06 intitulé
Bandes : la spirale de l’ultra-violence ... et dont voici l’extrait évoqué par M Zemmour «
Les renseignements généraux ont établi un profil type des principaux délinquants dans ces groupes, à partir de l’étude de 436 meneurs, recensés dans 24 quartiers sensibles. Parmi eux, 87 % ont la nationalité française ; 67 % sont d’origine maghrébine et 17 % d’origine africaine. Les Français d’origine non immigrée représentent 9 % des meneurs, selon les RG. »
Je ne vais pas rentrer dans les coulisses de cet article qui a fait couler pas mal d’encre dès sa publication, ajoutant à cela les chiffres liés aux émeutes de 2005.
Bogdan