Esclavage IV/3- la traite atlantique : XVIIIe Afrique négrière
Ne peut-on pas dénoncer un racisme en réservant la traite aux seuls Blancs ? Les Africains n'étaient-ils que les opprimés subissant, évacués, classés [eux-mêmes les plus volontaires dans cette théorie : quand on visite Gorée au Sénégal les Sénégalais nous culpabilisent au maximum] irresponsables.La pénétration des Occidentaux à l'intérieur du continent noir leur est interdite jusqu'en 1795. Qui donc produisait les captifs destinés à l'exportation sinon les Africains eux-mêmes. Le milieu naturel géographique ouvert des savanes peu arrosée favorise la captation. La côte édentée jusqu'en Sierra-Leone puis éclatée dans la multitude des bras du Niger s'étire indéfiniment vers le sud, la côté est partout défendue par la barre, interdit l'accostage des navires, ou alors c'est la mangrove.Les principales sources de l'esclavage sont le rapt et la guerre. Au moment où les Occidentaux investissent, les Africains en font autant. Rien n'est laissé au hasard : pour fournir plusieurs dizaines de milliers d'Humains par an il faut des armes à feu, des troupes montées à cheval qui intimident et forcent. L'Administration du continent régule la production de captifs, organise des réseaux de distribution avec péages et taxes, points de vente intérieurs en concurrence avec ceux du littoral, raréfie le produit pour faire monter les prix à l'occasion.Des conflits internes multiples [il s'agit d'un continent : il contient une multitude de cultures différentes], rivalités, occupation illégitime de sol, le conflit s'arme vite ; aussi des désaccords internes aux sociétés qu'ils soient sociologique, économique ou politique ; la conséquence est que le captif est emmené loin du lieu de sa capture. Au moment où l'Occident a besoin de plus en plus d'esclave (1670), les sociétés traditionnelles commencent - pour des causes internes - une dégradation. Ce ne sont plus des rivalités de quelques dizaines d'individus, mais des guerres mobilisant plusieurs centaines d'individus. Mongo Park - premier voyageur à l'intérieur de l'Afrique, 1795 - croisent des caravanes d'esclaves ou captifs en direction de la côte. Je ne vais pas exposer ici les conflits internes de l'Afrique il y faudrait plusieurs articles.L'échange se fait sous deux modalités :
-
La troque sous voile
le navire n'est pas à poste fixe. Il est ancré à quelques encablures du rivage, il se transforme en magasin flottant. Certains navires pratiquent le cabotage sur une année. Les Africains sont glanés en petit nombre. Ce qui induit que certains vont rester stockés de très longs mois avant la traversée, il s'ensuit des mortalités élevées par épidémie, des suicides collectifs. La cargaison est "rafraichie" par quelques semaines à terre.
-
La troque à terre
elle se fait aux forts et comptoirs fortifiés. Entre le Sénégal et l'Angola on peut compter 43 de ces installations réparties entre Français, Anglais, Danois, Portugais, Hollandais. Ces implantations ne pénètrent pas l'intérieur des pays, elles n'ont d'autorité que sur leur personnel entre 200 et 300 personnes y compris les esclaves. Entre Gorée et Bissao 3000 km de littoral sans implantation.
Conditions de la traversée
La mortalité des Noirs sur les navires n'étaient-elle due qu'à son faible taux d'encombrement [à la fin du trafic on compte un volume de 1.44 m3 par individu] ?Rappelons que les marins de Christophe Colomb après 3 semaines sans voir la terre suaient d'angoisse. Les Africains sont des terriens, comment vivent-ils l'enfermement, l'entassement, le roulis et le tangage, la chaleur équatoriale ou tropicale, soumis de 1 à 3 mois au calme de la mer qui stoppe la navigation, aux tempêtes ?On leur fait prendre l'air tous les jours, on parfume au vinaigre ou au goudron la cale, on les renvoie dans leurs déjections, vomissures, épidémies, fièvres putrides. Ils coexistent avec la mort, même s'ils meurent moins que les équipages Blancs (voir le IV/3). Ils se révoltent ? on les frappent, on les pend, on leur fait la morale.
Soyons clair : de nombreux passages par l'Atlantique ont atteint au paroxysme de la terreur et de l'horreur, au point de donner à considérer comme vivable ce qui sera le sort futur et commun des esclaves. François Renault dans Les traites négrières en Afrique, Karthala 1985.
à suivre l'abolition qui s'est faite en plusieurs étapes...et si j'ai le courage la traite transaharienne du XVIIIe au XXe.
10 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON