Esclavagisme et bombe atomique. Quel rapport ?
Demandez donc au gouvernement polonais, il vous fera un dessin frisant la caricature. La morale à géométrie variable ne fait pas moins de victimes que les peurs (ou phobies) du même genre. On craint la Corée du Nord en tant que dictature stalinienne à la puissance mille susceptible d’avoir tôt ou tard la bombe atomique mais un pays de l’OTAN, la Pologne, achète sa main-d’œuvre à Pyongyang. Le principe est le même que celui qui a détruit le Vieux Continent après les années 60 sauf qu’en l’occurrence les ouvriers nord-coréens n’ont aucun droit. Pas même les droits les plus vitaux 80% de leurs maigres salaires garnissant les caisses d’un Etat supposément en passe d’avoir la bombe atomique. Les autorités de Séoul se démènent comme de beaux diables espérant secouer les manitous du Nouvel Ordre, c’est à peine si on ne les raille.
Alarmisme gratuit ? Rumeurs exagérées ? Ils sont entre 46.000 et 200.000 – estimations fort divergentes la première étant fournie par l’ONU la deuxième par l’EAHRNK – à travailler dur dans les mines, sur des chantiers souvent périlleux, dans les fermes ou, au mieux, dans les restos. Autant préciser sur le champ qu’on en trouve plus que modérément sur le marché russe et en Chine mais à ma connaissance ce ne sont pas ces deux pays-là qui font des cauchemars obsessionnels au sujet d’un éventuel apocalypse made in Pyongyang. Je n’en dirais pas autant de l’OTAN les States criant au loup tout en se livrant à des manœuvres assidues près des côtes de la RPDC.
La Pologne est un membre de l’OTAN et quel membre ! Elle a le mérite d’être plus catholique que le Pape ou, dans le cas présent, plus otanienne que les Etats-Unis d’Amérique. Mais ses autorités ont un défaut notoire : rien de ce qui est humain ne leur est étranger pas même l’appât du gain. Or, dans le système capitaliste, ce menu péché rime à esclavagisme. La compagnie polonaise Armex en sait quelque chose elle qui recrute de pauvres hères sur le chantier naval de Gdynia sis dans la baie de Gdansk. Inutile d’évoquer leur condition sachant qu’ils se voient confisqués leurs portables et que leur journée de labeur dure environ 12 heures avec un jour férié pour ne pas crever. Loin de jouer aux Zola et de me répandre en « J’accuse », ma seule prétention est ici de montrer à quel point les supposés vrais cauchemars de l’OTAN sont faux quand on sait que ce trafic hallucinant de main-d’œuvre biberonne le programme nucléaire nord-coréen à raison de 2-2,5 milliards de dollars par an. Si cependant l’on admet que Pyongyang représente un danger réel, l’on constatera alors que l’esclavagisme pourrait faire beaucoup de mal à l’Europe occidentale.
Mais il y a pire si on se tourne vers des menaces ô combien plus réelles ou plus tangibles. On peut réduire en esclavage un groupe de personnes mais on peut aussi, par des moyens certes détournés mais non moins efficaces, en faire autant d’un pays. C’est le cas de l’Ukraine après les galipettes béates de la première vague du Maïdan. Abstraction faite du mal indicible et, j’en ai bien peur, abyssal qui a été fait par un Système banquier assoiffé de gain (donc de sang) et russophobe jusqu’au dernier magot de ses lingots, il n’est pas du tout certain que les pays du système atlantiste en profiteront à terme. Tous sauf les USA qui ont l’Atlantique pour rempart. Fin 2015, Associated Press publiait un article plutôt inquiétant faisant état de l’achat par l’EI à l’Ukraine d’un nombre important de FN-6 (système de missile sol-air portatif guidé par infrarouges de 3ème génération). Cela ne signifie naturellement pas que le ministère de la Défense ukrainien ait vendu quoi que ce soit aux salafistes mais bien qu’il existe, sur fond de déstabilisation ambiante du territoire, des filières de trafic et de contrebande d’armes régulièrement exploitées par Daesh.Ce sera le cas tant que la guerre fratricide menée contre le Donbass ne prendra pas fin.
Fantasme mégalomaniaque ou pas, Al-Baghdadi a maintes fois affirmé que l’EI se munirait tôt ou tard de la bombe atomique. Certains liens avec le Pakistan avaient été prudemment évoqués et puis on en était restés là tant l’hypothèse semblait invraisemblable. Reste-t-elle invraisemblable si l’on suppose que l’EI aurait les moyens de se munir d’une bombinette radiologique, voire de plusieurs engins de ce type ? Avec Shengen et ses merveilles, rien ne l’empêcherait de se venger des mécréants occidentaux qui accueillent ses combattants par paquets sous couvert d’accepter de jeunes réfugiés de sexe masculin sensiblement aguerris. La zone d’exclusion ou d’aliénation de Tchernobyl regorge de déchets radioactifs. D’ici 2017 un site de stockage des déchets nucléaires provenant de l’UE devrait y être crée. Avec 45 hectares de détritus radiologiques dans un pays ou un député de la Rada, L. Gerashenko, exhorte impunément l’EI à tuer les pilotes russes, il n’est pas exclu que le fonds de commerce Ukraine/EI acquiert de nouveaux éléments.
Comme quoi, l’esclavagisme ne paie pas. Quelles que soient son échelle et sa nature.
Françoise Compoint
http://novorossia.today/esclavagisme-et-bombe-atomique-quel-rapport/
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