Escroquerie à l’OPAC de Paris
Plusieurs jours durant, les médias (Le Parisien, Libération, RTL, France 2...) se sont fait le relais de l’indignation de l’OPAC de Paris. Les faits : des locataires du très cossu quartier des Champs-Elysées ont eu la mercantile idée de sous-louer leur logement social à des étrangers en visite à Paris. Les faits découverts « par hasard », c’est l’indignation à l’OPAC de Paris qui « estime que ces pratiques illégales portent atteinte à son image ». Jean-François Gueullette, directeur général de l’OPAC de Paris se fait le porte-parole de cette indignation dans les journaux télévisés de France 2 du 13 avril. Pour laver son image salie, l’OPAC porte plainte.
Si les faits révélés constituent une infraction punissable, il n’en demeure pas moins qu’il s’agit là d’un fait divers banal, d’une escroquerie à la petite semaine. Mais cette affaire a permis à l’OPAC, avec l’aide des médias, de pointer du doigt ces locataires de logement social qui abusent du « privilège » qu’ils ont de bénéficier d’un logement à loyer modéré dans la capitale. L’OPAC est la victime de ses locataires. Mais à escroc, escroc et demi. Les escrocs et les victimes ne sont pas toujours ceux et celles désignés à la vindicte populaire. L’OPAC de Paris s’est offert une campagne de publicité à moindres frais. Une campagne sur le dos de tous ses locataires qui se voient stigmatisés au travers d’une affaire surmédiatisée. Mais l’Opac et les médias ne disent pas tout. Ils se gardent bien de dévoiler que dans ce même immeuble du 8e qui cachait des pratiques illégales, des pratiques honteuses sont à l’œuvre, sans jamais être dénoncées. Des pratiques qui n’intéressent aucun média mais concernent tout les locataires de l’OPAC de Paris. Pas des escroqueries au montage ingénieux, juste le sort quotidien des locataires qui éprouvent les pires difficultés à se faire entendre de leur bailleur. L’OPAC de Paris ne répond jamais ou apporte des réponses qui n’en sont pas aux courriers et e-mails des locataires concernant les problèmes de gestion locative au quotidien. Mieux, à l’occasion d’une rencontre entre les représentants de l’amicale de la rue de Washington et leur gérant, il leur a été demandé, avec un peu d’agacement, de cesser de faire des e-mails pour signaler les dysfonctionnements et les problèmes en tout genre rencontrés par les locataires. Certains locataires du 36 rue de Washington ont dénoncé cette situation, en juin et septembre 2006, sur le blog « Dans mon HLM ». Ils témoignaient de cette attitude faite de supériorité, de condescendance et d’agacement que l’OPAC de Paris affiche envers tous ses locataires. Après un an, rien n’a changé, malgré les engagements de l’OPAC qui présentait aux locataires, en début d’année, un « Pacte de la proximité ». Curieux pacte, en fait, que ce document réalisé unilatéralement et présenté, à quelques locataires, à l’occasion d’un grand show à l’anglo-saxonne à la Villette, avec en vedette américaine le maire de Paris venu rappeler son attachement au service public du logement social. Si dans les médias, l’OPAC de Paris se présente comme la victime, les véritables victimes ce sont les locataires et au-delà tous les contribuables parisiens qui paient, sans le savoir, la mauvaise gestion locative au quotidien d’un bailleur social qui semble avoir oublié sa mission première de bailleur. Dans ces conditions, comment croire que l’OPAC est une victime ? Le week-end dernier, Jean-Yves Mano, président de l’OPAC de Paris, maire adjoint socialiste au logement à la mairie de Paris et conseiller d’arrondissement d’opposition PS à la mairie du 16e arrondissement de Paris, fustigeait ces pratiques hors-la-loi de sous-locations occultes « si » répandues dans les logements sociaux et demandait à tous les bailleurs sociaux de la capitale de faire le ménage. Il est gênant que l’OPAC de Paris se présente comme un bailleur social exemplaire et donne des leçons alors que ses services et collaborateurs passent leur temps à refuser de prendre en compte les problèmes locatifs au quotidien des locataires, leur indiquant qu’ils sont les seuls responsables de leurs problèmes.
Avant de jouer la victime naïve et de s’attaquer à quelques locataires peu scrupuleux, l’OPAC de Paris devrait revoir ses méthodes de gestion locatives, mélange de mépris et de condescendance, qui consistent à nier les locataires et leurs amicales, tout particulièrement quant elles sont indépendantes. L’OPAC devrait gérer correctement les marchés publics qu’il passe (entretien des ascenseurs, TNT, nettoyage des parties communes, entretien des espaces verts...) comme le fait tout opérateur public. Faute d’une gestion réactive et d’un manque de suivi, ces contrats, dont les locataires ne sont pas signataires, sont de véritables escroqueries. Exemple le plus flagrant de ce mode de gestion aberrant : les réhabilitations du patrimoine immobilier de l’OPAC de Paris. Ces opérations, censées permettre une amélioration de l’habitat, sont en fait le seul moyen pour l’OPAC de Paris d’augmenter les loyers (après augmentation de la surface corrigée des logements). Il s’agit surtout d’un véritable gaspillage des subventions publiques perçues pour financer ces opérations. Depuis plus d’un an les locataires de l’OPAC de Paris ont décidé de se mobiliser et de témoigner sur le blog « Dans mon HLM ». Ils ont décidé de s’exprimer face au silence des médias et des élus d’hier et d’aujourd’hui, complices de ces pratiques.
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