Escroqueries intellectuelles et tromperies politiques
Le mensonge à tout prix ou quand les escrocs intellectuels et politiques s’inquiètent de leur monde qui change à leur détriment
I- La trouille des Bien-Pensants
Trente écrivains internationaux, dont plusieurs Prix Nobel, ont lancé ce samedi 26 janvier 2019 un appel à la mobilisation contre la montée des “dangers qui menacent l’Europe” que l'on peut lire dans une tribune publiée par le quotidien Libération.
Dans ce texte intitulé “L’Europe en péril” voilà que surgit l’appel à “un nouvel esprit de résistance” en vue des élections européennes du mois de mai prochain qui “risquent d’être les plus calamiteuses que nous ayons connues", écrivent les 30 écrivains qui ont entendu la Voix de Bernard-Henri Lévy.
“Les signataires sont de ceux qui ne se résolvent pas à cette catastrophe annoncée, nous dit-on. Ils sont de ces patriotes européens, plus nombreux qu’on ne le croit, mais trop souvent résignés et silencieux, qui savent que se joue là, trois quarts de siècle après la défaite des fascismes et trente ans après la chute du mur de Berlin, une nouvelle bataille pour la civilisation”, poursuit la tribune.
Effectivement.
“Il faut, quand grondent les populismes, vouloir l’Europe ou sombrer. Il faut, tandis que menace, partout, le repli souverainiste, renouer avec le volontarisme politique ou consentir à ce que s’imposent, partout, le ressentiment, la haine et leur cortège de passions tristes. Et il faut, dès aujourd’hui, dans l’urgence, sonner l’alarme contre les incendiaires des âmes qui, de Paris à Rome en passant par Dresde, Barcelone, Budapest, Vienne ou Varsovie jouent avec le feu de nos libertés”, soulignent encore les auteurs dans ce texte également publié en allemand, arabe, hébreu, néerlandais, polonais, russe, et turc.
“Car tel est bien l’enjeu : derrière cette étrange défaite de l’Europe qui se profile, derrière cette nouvelle crise de la conscience européenne acharnée à déconstruire tout ce qui fit la grandeur, ce sont l’honneur et la prospérité de nos sociétés, la remise en cause – sans précédent depuis les années 30 – de la démocratie libérale et de ses valeurs”, concluent les auteurs de cette tribune.
« Victoire des naufrageurs ; disgrâce de ceux qui croient encore à l’héritage d’Erasme, de Dante, de Goethe et de Comenius (de Botul, peut-être ?) ; mépris de l’intelligence et de la culture ; explosions de xénophobie et d’antisémitisme ; un désastre », peut-on lire, à ceci près que contrairement à ce que pensent les rédacteurs de cet « Appel » les lecteurs européens et français ne sont pas dupes et ont parfaitement identifié les véritables « naufrageurs » et les responsables des explosions xénophobes dont fait état l’inventeur du « prêt-à-porter philosophique ».
« En finir avec la construction européenne, retrouver « l’âme des nations », renouer avec une « identité perdue » qui n’existe, bien souvent, que dans l’imagination des démagogues, tel est le programme commun aux forces populistes qui déferlent sur le continent », peut-on lire, à ceci-près que la construction européenne, l’âme des nations et l’identité perdue sont précisément les buts que tentent de préserver les Européens et les Français qui ont parfaitement conscience d’un monde dont ils ne veulent pas et qui signifie leur disparition-même.
« Attaquée de l’intérieur par des mauvais prophètes ivres de ressentiment et qui croient leur heure revenue, lâchée, à l’extérieur, outre-Manche et outre-Atlantique, par les deux grands alliés qui l’ont, au XXe siècle, deux fois sauvée du suicide, en proie aux manœuvres de moins en moins dissimulées du maître du Kremlin, l’Europe comme idée, volonté et représentation est en train de se défaire sous nos yeux ».
Tel est le paysage mental désastreux qui anime les signataires de cette tribune dont l’indigence intellectuelle le dispute à l’ignorance historique qui use d’une russophobie bien ingrate pour un pays dont la Grande Guerre Patriotique et ses 25 millions de morts sont difficiles à avaler pour les reconstructeurs de l’Histoire côté anglo-américain. Voilà bien un chiffre et un effort de guerre exceptionnels qui « entravent toute tentative de transformer la deuxième Guerre Mondiale en une guerre des (seuls) Etats-Unis et (de) leurs alliés contre l’Allemagne, ou (comme on le pressent en filigrane) une guerre de sauvegarde du peuple juif contre la barbarie nazie. »
oeildebrutus.over-blog.com/article-bhl-le-seigneur-et-maitre-des-faussaires-les-intellectuels-faussaires-111295369.html
Outre Bernard-Henri Lévy, qui serait bien inspiré de lire ce qu'écrit Igor Chafarevitch à propos de la Russophobie, on retrouve ainsi parmi les signataires de cette tribune et comme garantie de sérieux le recours à tous les poncifs possibles (« étrange défaite », avec M. Bloch, « cortège de passions tristes », avec B. Spinoza, « incendiaires des âmes », avec E. Vermersch), auxquels il ne manque curieusement qu’H. Arendt, pourtant habituellement bonne fille et prodigue en citations et "standards" de référence, l’écrivaine franco-marocaine Leïla Slimani, l’auteur tchèque naturalisé français Milan Kundera, l’écrivain britannique d’origine indienne Salman Rushdie et le prix Nobel 2006 de littérature, l’auteur turc Orhan Pamuk.
Les gens ne sont pas idiots, fort heureusement, et on se félicitera du peu d'écho que recueillera cette triste petite équipe de "consciences internationales" auto-proclamées.
II- Réponse unique à un Referendum à questions multiples : « Dégage ! »
Et voilà qu’en écho à cet appel au secours calamiteux la nasse politique dans laquelle M. Macron s’est enfermé le conduit à explorer plusieurs solutions qui sont toutes des impasses :
-Le remaniement gouvernemental ? Il n’est pas à l’ordre du jour et ne fait pas partie des demandes formulées par les Gilets jaunes.
-La dissolution de l’assemblée nationale ? On ne voit pas M. Macron se priver de la « majorité » parlementaire qui lui sert encore de pseudo-légitimité politique et se mettre dans la situation inconfortable d’une cohabitation qui le réduirait à moins que rien.
-Le recours au Referendum ?
Voilà que surgit l’idée d’une consultation nationale qui aurait lieu le 26 mai 2019 en même temps que le premier tour des élections européennes.
Faut-il rappeler que le referendum est déjà prévu par la Constitution dont l’Article 3 dispose que : "La souveraineté nationale appartient au peuple qui l'exerce par ses représentants et par la voie du référendum."
Il n'y a donc pas à discuter de sa possibilité et encore moins de la possibilité de l’exercer en usant d’une souveraineté dont la mise en œuvre n’appartient pas à l’exécutif.
Quant à sa nature, la porte est étroite comme dirait A.Gide (je plaisante) pour tenter de proposer une consultation qui « viendrait d’en-haut » et ne répondrait pas à l’aspiration profonde qui serait celle d’un « referendum d’initiative populaire », formule dont le pouvoir exécutif ne veut surtout pas tant elle signifierait la reconnaissance d’une défaite face à des aspirations venues d’un mouvement dont les désormais douze semaines d’existence n’entendent pas quitter le terrain et l’enjeu politiques au fur et à mesure que se rapproche la consultation européenne dont le véritable enjeu, précisément, est perçu par tous les acteurs dont la survie et l’avenir sont le pivot.
Pour un referendum, il faut une question simple et non ambiguë.
Nul besoin de questions multiples pour tenter de "noyer le poisson" à la suite d'un "pseudo-débat" dont les données initiales ont été faussées par des questions fermées ou faussement ouvertes.
Un exemple parmi les questions qui devraient être posées à l'occasion d'un véritable Referendum digne de ce nom mais qui ne le seront pas :
1- Voulez-vous que la France retrouve sa pleine et entière souveraineté politique, économique et sociale par rapport à l'Union européenne, l'Euro et l'OTAN ?
Autre question cardinale qui intéresse en réalité tout le monde et dont l’unique intéressé ne veut surtout pas entendre prendre le risque de proclamer officiellement la réponse qu’il connaît déjà.
2- Faut-il que le Président démissionne ?
Le côté pratique du Referendum est indiscutable puisque la réponse est OUI ou NON.
Allez ! Un peu de courage, M. le Président.
Il ne tient qu'à vous, tant qu'il en est encore temps, de vérifier la réalité de votre légitimité politique auprès de vos concitoyens.
Peut-être pourraient-ils vous créditer de l'honnêteté intellectuelle du Grand Débat national auquel vous les avez conviés et constater que vous avez réellement entendu les doléances présentées, qui sait ?
Le respect de la démocratie, la restauration de la paix économique, politique et sociale de la France sont à ce prix.
Notes :
Véra Nikolski, « La critique des notions politiques occidentales en Russie contemporaine : entre rejet et réappropriation », in Sylvie Martin (dir.) Circulation des concepts entre Occident et Russie, [en ligne], Lyon, ENS LSH, mis en ligne le 10 décembre 2008. URL : http://institut-est-ouest.ens-lsh.fr/spip.php?article149
Les essais « Rusofobiâ » [« Russophobie »] et « Rusofobiâ : desât’ let spustâ » [« Russophobie : dix ans plus tard »] sont republiés dans Šafarevič, I., Russkij vopros [La question russe], Moskva, Algoritm, 2005.
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