Est-on vraiment conscient à 18 ans ?
On est pas sérieux quand on a 17 ans " écrit Arthur Rimbaud en 1870. Il a alors 16 ans. Regard lucide ou mauvaise foi ? Le jeune poète prodige soulève une question intéressante. Le plan pour y répondre est assez simple, mais réaliste. Il y a deux sortes de jeunes : les passifs et les actifs.
Vous trouverez dans la première catégorie des jeunes qui ne se connaissent pas. Je ne parle pas de se connaître au sens du " Après 4 verres je sais qu’il faut que je m’arrête " ou du " Je me connais, si je m’attache trop, je vais être déçu(e) ", mais d’une connaissance plus profonde. Qui suis-je réellement ? Vers où je vais ? Savoir se replacer dans le monde dans lequel nous vivons.
Des jeunes qui ne se préoccupent que des choses matérielles et bien souvent futiles et contingentes. Des jeunes que les malheurs et les grands moments de la vie n’ont pas encore touché. Ceux-là ne sont pas conscients de la richesse et de l’immensité de la vie qui les attend.
Nous sommes des êtres de culture. L’éducation que nous reçevons est capitale. Si l’on ne vous a jamais appris certaines valeurs, ou que tout vous a été donné sans le moindre effort, la vie n’aura pas ce ton de découverte et d’étonnement qui doit lui être propre. Etre conscient, c’est aussi savoir faire la part des choses entre nécessaire et contingent. Ces jeunes là attachent de l’importance à des choses qui n’en valent pas la peine. Un flirt passager se transforme en grand amour, une engueulade entre ami(e)s devient une catastrophe, savoir ce qu’on va porter demain au lycée se retrouve plus important que de téléphoner à la grand-mère malade.
Ils ne connaissent pas la politique (ça ne sert à rien) et l’Histoire (inutile d’apprendre des vieilles choses) et trouvent que la philosophie reste réservé aux intellectuels.
On pourrait également parler ici de la mauvaise foi sartrienne. Qu’est-ce que c’est ? C’est une attitude de la conscience qui, se masquant la vérité, se ment à elle-même. Ainsi, si l’on se dit qu’à 17 ans, on est pas sérieux, c’est se mentir à soi-même et se trouver des excuses. C’est se voiler la face sur la réalité : " Je n’ai que 17 ans, on pardonnera ma jeunesse. "
Au contraire, il y a les autres. Pas forcément plus intelligents (qui est intelligent, qui ne l’est pas ? - c’est d’ailleurs le philosophe Alain qui écrit : " Je suis las d’entendre dire que l’un est intelligent et l’autre non. "), mais ils ont pris conscience de certaines choses. Ils ont su, à un moment donné, se détacher de l’innocence de l’enfance. Déclic naturel, évènement marquant dans la vie, qu’importe, ils sont conscients. Mais de quoi me direz-vous ?
De la vie tout simplement. Qu’elle est bien trop importante pour rester accroché à s’occuper des choses inutiles. Le travail est primordial, la famille sera ma priorité, mes enfants seront bien éduqués, je ferai de ma vie un exemple pour les autres, etc... Les projets divergent, mais la prise de conscience est là. Il y a tant à voir, à lire, à découvrir, à entendre et surtout à comprendre. Ces jeunes là sont enthousiastes car ils savent que la vie vaut la peine d’être vécue à fond. La mort d’un proche, la maladie d’un ami, les prises de consciences sont diverses. Il suffit parfois d’un rien pour que l’esprit s’éveille à la réalité de la vie.
Ce n’est pas une question d’âge non plus. Les parents ont tous utilisé le même refrain : " Tu es trop jeune pour comprendre " ou bien " A ton âge tu n’as pas d’expérience. " Mais c’est Kant le philosophe qui a écrit que le devoir est une valeur a priori. Autrement dit, l’expérience ne nous fournit pas la notion du devoir. On peut être tout à fait conscient à 16 ans, comme on peut l’être plus à 18 qu’à 40.
On trouve certainement plus de gens immatures et inconscients chez les jeunes mais il serait dommageable de faire l’amalgame entre jeunesse et inconscience.
Ce n’est pas une question générale, mais propre à chacun. Espérons alors que tous arrivent à ouvrir leur esprit à la vie.
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