On n’en a décidément pas fini en effet avec les mensonges grossiers sur les djihadistes : le 14 juillet dernier, c’est donc une
autre vidéo qui apparaît sur
Al-Arabiya : celle d’un garçon bien connu : Faisal Shahzad, l’auteur de l’attentat de Manhattan, si pitoyablement effectué, en grande tenu de djihadiste.. la kalachnikov (et le Coran) à la main ! En y regardant de plus près on s’aperçoit que le fusil-mitrailleur a été surajouté en trucage vidéo dans le décor...pour faire plus "guerrier", sans doute, car ses vêtements fraîchement repassés ne le font pas vraiment. Le coup du repassage impeccable fait étonnamment penser au drapeau qu’avait déployé cet autre clown d’Adam Gadhan lors de l’une de ses premières prestations médiatiques, le turban noir également, Gadham ayant toujours eu des problèmes de serpillère à se mettre sur la tête pour faire plus taliban qu’il ne l’était. Dans une de ses récentes vidéos, tournée dans les combles d’une maison, au mur étaient accrochés une kalalchnikov et un gilet similaire à celui de Faisal. Dans un des reportages vidéos censés montrer l’atelier vidéo de Ben Laden, deux "assistants" monteurs portaient le même uniforme clair que Faisal : décidément, le magasin d’accessoires semble le même pour tous... Gadhan avait commencé sa carrière, rappelons à... Times Square : un site "israélien" avait noté le Daily News (celui du SITE ?) avait annoncé un attentat à la "bombe sale" signé Gadhan
dès 2007 déjà.. le même endroit ; quelle coïncidence !
L’erreur cette fois n’étant pas le
célèbre mug du bureau de Gadhan mais bien le montage, fait avec un peu trop d’entrain semble-t-il : la kalachnikov n’existe pas, c’est une simple photo rapportée, mais ce qui intrigue davantage c’est l’image de gauche : celle des saisies vidéos des préparatifs du 4x4 Pathfinder qui a servi à Times Square. Monter ces images signifierait que le témoignage de Faisal a été réalisé après sa tentative avortée. Or à peine 53 heures après, notre jeune déboussolé était déjà aux mains de la police new-yorkaise, ceinturé à bord du Boeing d’Emirates qu’il tentait de prendre pour s’échapper vers l’Arabie Saoudite. Dans ce cas, c’est simple : les auteurs du témoignage en sont ni talibans ni djihadistes. Vous allez me dire que son témoignage aurait pu être fait avant. Certes, mais le montage de l’ensemble a bien été fait ces deux derniers mois ... Le gag serait que dans sa déposition notre djihadiste amateur ait lui-même commenté l’incrustation à sa droite, mais je suis désolé je n’ai pas réussi à comprendre ce qu’il voulait bien nous dire, son Coran à la main. En tout cas, cette vidéo tardive sent fort le faisandé. La "collaboration" vantée tout de suite de Faisal avec les autorités US sent fort le passage par la cabine d’essayage... et l’atelier commun d’accessoires partagé par Gadahn. Celui de notre
célèbre Jack Idema...
Mais il n’y a pas que ça, il y aussi le contenu. Dans les bribes compréhensibles, un vibrant hommage est rendu à une idole. Et pas n’importe laquelle ! Faisal Shahzad,
"un « amateur » qui a laissé trop d’indices", est en effet venu vanter une dernière fois les grands mérites d’Abu Musab al-Zarqawi, très certainement le plus grotesque des djihadistes, l’islamiste aux baskets Converse ou Nike ou aux bagues au doigt, bien incapable de tirer correctement à la mitrailleuse
(même en plein désert !). Une chose moquée par la presse, mais également par le général Rick Lynch, porte-parole de l’armée américaine en Irak. Une fabrication complète de djihadiste, qui n’a pas toujours eu droit au label Al-Qaida tant son image faisait peu sérieux : avant d’être adoubé, son groupe s’appelait Tawhid wal-Jihad et non Al-Qaida. L’homme monté en épingie qui a octroyé
ses galons à McCrystal, qui avait fini par l’avoir... pour attraper un tel pantin, il avait en effet fallu mobiliser la Joint Task Force 145, les Delta Force et les Navy Seals de la JSOC ( le Joint Special Operations Command de Fort Bragg, sous la direction de McCrystal )... du mois c’est ce qu’on avait raconté, pour finalement le tuer sous
deux bombes laser de 500 kilos larguées par deux F-16...qui avaient
volatilisé sa maison d’emprunt. Bush avait félicité McCrystal en personne sur ce coup-là... mais on ne sait pas ce que le général avait alors ou dire dans son dos, puisqu’il semblait habitué à la chose... et encore moins ce que pouvait en penser Colin Powell...
Zarqawi, qu’il fallait de toute façon mieux retrouver mort que vivant pour une raison simple : sans lui, souvenez-vous, pas de "preuve" de liaison entre Saddam et Al-Qaida ! Vital, stratégiquement, le Zarqawi pour Bush !!! Rappelons-nous donc : Zarqawi c’était en effet AUSSI la pièce maîtresse de l’argumentaire de
Colin Powell à lONU !! Aussi important que la fiole à Anthrax (contenant du lait !).
"Le méchant Wahabite est apparu lorsque Colin Powell à tenté de convaindre l’ONU d’un soutien à l’invasion de l’Irak. Notre homme était la clé de la preuve d’une collusion entre Saddam Hussein et Al-Qaïda. Zarqawi, ayant perdu une jambe au combat, avait une jambe artificielle qui provenait d’un des hôpitaux de Saddam Hussein, avait clamé Powell. Curieusement, il était censé se cacher parmi ses ennemis jurés dans le territoire sous contrôle kurde, alors protégé par les États-Unis grâce à une zone d’exclusion aérienne. Vraiment ?" se pose comme question Nick Possum, non sans ironie. La jambe n’a jamais été retrouvée, bien entendu...Car il n’y avait pas plus d’ailleurs de jambe artificielle que d’armes de destruction massive : Zarawi avait toujours les deux valides. Mieux encore :
"Après l’invasion de l’Irak l’Autorité provisoire de la coalition a « découvert » un CD contenant une lettre de Zarqawi à Oussama ben Laden dans lequel l’insurgé pestait contre la majorité chiite de l’Irak et présentait son plan visant à fomenter la guerre civile dans le pays. Naturellement, le porte-parole de la Coalition a sorti cette preuve de la méchanceté de la résistance à chaque occasion possible. Non seulement Zarqaoui était derrière chaque attentat à la voiture en Irak, mais il a ensuite été derrière des attentats internationaux et même orchestré l’attentat de Madrid !". Ben Laden insaisissable, ou plutôt déjà mort, il fallait bien en diaboliser un. Et ce fut ce branquignol qui fut choisi. Zarqawi.
Qui est, alors, Zarqawi ? Un mafieux plutôt pommé : « Gangster accroc aux drogues et avec un penchant pour les agressions sexuelles » dans sa jeunesse, tatoué, alcoolique désoeuvré et dépourvu d’éducation secondaire ou religieuse, il aurait trouvé sa rédemption dans le djihad en Afghanistan. Jean-Charles Brisard, expert financier devenu « spécialiste » tout terrain d’« al-Qaida », écrit alors à son propos : « Zarqawi ne compte pas faire carrière, il cherche à prendre sa revanche sur la vie. Il n’obéit à aucune logique, sinon à celle d’une violence qui ferait presque passer les talibans pour une joyeuse bande d’enturbannés. Zarqawi donne des leçons à l’enfer, pour reprendre l’expression d’André Malraux, et fait des émules. L’Irak pourrait être son tombeau, mais lui-même le conçoit comme un tremplin. Il est temps d’en prendre conscience"
Plus fort encore : "(...) juste à temps pour lutter contre le choc du scandale de la prison d’Abou Ghraib, Zarqawi décapitait l’entrepreneur américain porté disparu, Nick Berg. Le problème, c’est que terroriste à la jambe de bois (de fer) avait été vu sur la vidéo de la décapitation en train de brandir le couteau. Ah, avec désinvolture, le porte-parole des États-Unis, a admis, alors, que, "peut-être sa jambe n’avait-elle pas été coupée après tout, peut-être nous sommes-nous trompés à ce sujet..." "Mille excuses pour les 100 000 Irakiens environ qui sont morts lors de l’invasion, mais, hé, tout le monde fait des erreurs". Zarqawi, un jour en jambe artificielle, l’autre pas : on conçoit qu’un tel superman puisse devenir le héros de djihadistes faisant à leurs heures perdues.. de la peinture sur chevalet ! Après sa mort, l’autopsie de Zarqawi montra qu’il avait bien encore ses deux jambes ; dont une avait un ancienne fracture à la jambe droite, sans plus. Les américains avaient bien inventé un personnage complet : comme Frankenstein, son corps semblait composite.
Un Zarqawi décapitant Nick Berg alors que venait d’éclater le scandale de la prison d(’Abou Ghraïb,voilà qui tombait pile aussi, ma foi. Un étrange Nick Berg qui communiquait étrangement par mail avec Zacarias Moussaoui, inculpé de participation aux attentats du 11 septembre ’(et condamné à vie pour ça le 13 mai 2006), une situation qualifiée de simple "coïncidence" par Fox-News... alors que d’aucuns émettaient l’hypothèse que Berg aurait très bien ou être tué dans les
locaux même d’Abou Ghraib... trop de
détails clochaient en effet dans l’affaire Berg. Les parents du pauvre,
incrédules, n’ayant toujours pas été clairement informés de ce qui s’était réellement passé... leur fils avait arrêté par la police irakienne, à un barrage routier de Mossoul le 24 mars, et des gens du FBI seraient venus les voir et le voir lui là-bas à trois reprises pour leur proposer de le rapatrier, ce qu’il avait parait-il refusé. Relâché le 6 avril, il n’avait plus donné signe de vie à partir du 9. Son corps sera découvert accroché par les pieds à une passerelle de Bagdad, et sa tête jamais retrouvée. Toute
l’affaire a toujours gardé l’odeur
d’une manipulation complète. Pour beaucoup, Zarqawi n’avait même jamais assisté à la décapitation de Berg... et le décor, chaise en plastique blanc comprise de l’éxécution de Berg était bien le duplicata complet de
l’intérieur d’Abou Ghraïb.
Un Zarqawi "SuperLeg" qui avait son fan club sur des sites islamistes que seul
IntelCenter,SITE ou le
MEMRI pouvaient détecter en priorité !!! "
Ce qui nous amène jusqu’à la dernière semaine de mai, quand la presse mondiale a commencé à courir après des histoires racontées par des journalistes ’embedded" selon lesquelles Zarqawi avait été blessé dans une embuscade. Au début, ce genre de choses a été attribuée aux déclarations sur ces sites mystérieux islamiques (« dont l’authenticité n’a pu être confirmée") que seuls les journalistes embarqués connaissent et qui disparaissent après quelques heures." note encore l’excellent Nick Possum, qui nous explique avec humour comment on a fait d’une marionnette manipulée un véritable mythe si pratique... perdant sa jambe quand il le fallait, la retrouvant quant il en avait besoin pour effectuer son sport favori, la décapitation ; etc. Et le diaboliser au maximum. Et c’est celui-là que viendrait encenser notre artiste peintre amateur de feux d’artifices ? Mais à qui va-t-on tenter de faire avaler ça une fois de plus ? Sur le site du SITE Group ?
"L’émergence fulgurante d’Abou Moussab al-Zarqawi sur la scène médiatique et politique internationale est un cas d’école. De fait, l’apparition de cette figure nous renseigne sans doute moins sur la situation et la stratégie des insurgés en Iraq que sur les mécanismes de notre système d’information et de propagande. Rarement un ennemi aura été autant « construit » pour personnifier avec autant de perfection la menace, et pour caricaturer une situation politique pourtant particulièrement complexe. En l’espace de quelques mois au cours de l’année 2004, s’est répandue autour de cette figure de « voyou du jihad » un discours mythologique repris à l’envie par un grand nombre d’acteurs aux objectifs différents : journalistes, experts, chercheurs, décideurs et... insurgés" nous dit
Pascal Bonnefoy. Les américains avaient besoin d’un emblème, et pousseront assez loin le bouchon dans le genre "
« Nous avions besoin d’un méchant, quelqu’un d’identifiable par le public afin qu’il puisse s’y attacher et nous en avons trouvé un », reconnaît dès 2004 un agent des services américains à un journaliste du quotidien britannique The Telegraph. Quand Donald Rumsfeld, secrétaire américain à la Défense, compare le rebelle jordanien à « Hitler qui, dans son bunker, [est] incapable de satisfaire ses objectifs politiques mais apparaît maintenant décidé à tout détruire autour de lui », il tente de façonner une représentation bien particulière, faisant appel à des références historiques partagées par ses auditeurs. Dans le même discours, il assimile les attentats des partisans d’al- Zarqawi à des actes de désespoir semblables à ceux des kamikazes japonais de la fin de la Seconde guerre mondiale"
A la fin de l’exrtrait diffusé sur Faisal, une sorte de reportage montrant Faqir Mohammed, le chef taliban de Bajaur, au Pakistan, escaladant un sommet pour y faire des remarques au journaliste présent. Lui aussi béni des médias pro-guerre comme
The Long War Journal, où il est présenté comme le successeur de Baitullah Mehsud,
annoncé tué par une volée de Hellfires tirés par des drones le 8 mars. Un Faqir Mohammed annoncé enfin comme définitivement mort le 3 juin dernier. Un "proche" (un de plus !) d’Ayman al-Zawahri. Un homme aussi accusé de jouer un autre jeu : celui de l’Indian Intelligence Agency... et son Research and Analysis Wing...
ou RAW. Manipulation ou non, le problème demeure à l’étude de l’assemblage artificier de Faisal : comment a-t-il pu faire pour s’y prendre aussi mal ? C’est Faqir Mohammed qui lui aurait appris à mal faire les bombes ? On aurait voulu rater exprès l’attentat qu’on ne s’y serait pas pris autrement, en effet, note le Time : "
En dépit de l’allégation selon laquelle il a été formé dans le Waziristan, Shahzad ne peut vraiment pas se voir décerner d’’étoile par son professeur djihadiste : l’engin qu’il est présumé avoir construit était tellement dysfonctionnel qu’il aurait pu illustrer un manuel de "comment ne pas fabriquer une bombe". La bonne nouvelle est peut-être que la formation de djihadiste s’est détériorée et que les réseaux basés en Afghanistan et au Pakistan depuis qu’ils ont fait l’objet des attaques répétées des États-Unis et ses alliés..." Le syndrome des bombes anglaises au chapatti ? Le Time, on le sait, a toujours servi de porte parole du pouvoir en place : mais d’en arriver a expliquer un tel ratage par l’action des bombardements par drones est une prouesse difficilement égalable...
Un reportage français de M6 sur le personnage laissait le même goût de manipulation d’un faux converti, resté essentiellement un mafieux, tout disposé a verser du côté de celui qui offrait davantage d’argent. Emprisonné par la Jordanie, Zarqawi avait été accueilli à bras ouverts par la Syrie, qui se faisait pincer plusieurs soldats et même un général en Irak, déguisés en djihadistes eux aussi (*). L’endroit est un billard où l’on joue à plusieurs bandes, et la Syrie n’est pas le moindre des pays actifs dans les attentats ou les escarmouches irakiens. Au milieu de cet enfer, Zarqawi devient un nouveau Lucifer, ou plutôt on le présente comme tel : "« Psychopathe sans pitié » et « pervers vicieux », selon le journal populaire britannique The Sun, al-Zarqawi est assurément « le plus sanguinaire de tous les guerriers de l’Apocalypse qui se bousculent en Irak depuis l’invasion américaine en 2003 », confirme le quotidien de référence français Le Monde."
Idôlatré par notre jeune homme, Zarqawi est un homme à qui on a bel et bien taillé un costume trop grand : "Les interrogations ne manquent pas, constate par exemple le journal Le Monde en juin 2005 : « Comment une ancienne petite frappe du djebel jordanien, sans argent, sans profession ni viatique intellectuel, devient-elle, en moins de trois ans, l’ennemi public numéro un de l’hyperpuissance en Irak ? Comment réussit-on si vite, avec quelques centaines de fanatiques, à rendre ingouvernable une bonne partie d’un vaste pays en guerre, patrouillé nuit et jour par 160.000 soldats étrangers et au moins 130.000 autres militaires et policiers nationaux ? Comment obtient-on à 39 ans, sans titre ni bagage religieux, la notoriété quasi mythique qui est celle de Zarqawi dans tous les milieux, islamistes et au-delà ? Beaucoup d’Irakiens pensent que c’est l’Amérique elle-même qui a en quelque sorte “fabriqué” Zarqawi ». Comme elle aurait fabriqué aussi son admirateur du jour ?
Notre jeune homme de si bonne famille (son père est un général pakistanais, un
Air Vice-Marshal à la retraite de la Pakistan Air Force) admirateur d’un tel clown, voilà qui pose effectivement question sur la conversion de notre allumeur de feux d’artifices.
Chez lui, dans une maison quasi-vide, on avait trouvé un matelas gonflable et un nécessaire de peinture à l’huile.... et un.... Coran, bien sûr, mis tellement en évidence par la télévision que là encore ça paraissait assez grotesque. Les signes de radicalisation qu’il montrait ces derniers mois étaient évidents, la séparation de sa femme et de ses deux enfants, la vente de sa maison, etc... mais on du mal quand même à expliquer le passage à l’acte, sauf s’il avait pu recevoir une aide venue de loin. Le 3 juillet 2009, il se serait envolé vers le Pakistan et aurai visité Peshawar, la passerelle connue vers les régions occupées par des militants des tribus Pakistanaises, où il aurait séjourné du 7 au 22 Juillet . Il y serait retourné depuis pendant 5 mois pour y subir un entraînement djihadiste, d’octobre 2009 à février 2010.. Cinq longs mois de formation pour apprendre à comment rater un attentat ?
"Shahzad a dit qu’il a demandé et reçu une formation de cinq jours en explosifs avant de retourner aux États-Unis en février pour réaliser un attentat solitaire devant apporter la mort et la destruction à la New-York, avec le financement du groupe militant. L’acte d’accusation a dit qu’il reçu 5000 dollars en espèces le 25 février à partir d’un co-conspirateur inconnu au Pakistan et 7 000 dollars de plus le 10 avril, envoyé par la direction des co-conspirateurs".
L’attentat est raté, et son testament de djihdiste ne vaut guère mieux
" La préparation semble manquante. Il y a le bégaiement, l’usage du doigt pour insister sur certains passages, la lecture du livre en face de lui pour son explication du djihad. Nous ne sommes pas experts, mais n’aurait-il pas au moins pu mettre en mémoire ce genre de choses ?" note un observateur attentif. Artificier amateur mais aussi comédien débutant ? Tout l’inverse de sa déposition au tribunal, préparée d’avance.
"Le terroriste reconnu Faisal Shahzad était si pressé de dire comment il comploté pour tuer des Américains à Times Square, qu’il s’est rendu à la cour avec une déclaration préparée," note l’Associated Press"...
Balbutiant son testament, mais tenant à décrire par écrit au tribunal tous les détails de son entraînement ? Ne l’aurait-on pas un peu aidé ?
Car durant toute l’année 2009, un dénommé David Headley, visiteur régulier du
Lashkar-e-Taiba, a joué les sergents recruteurs de jeunes djhadistes, avant de se faire arrêter. Comme assistant il avait le Major Abdul Rahman Saeed, jeune retraité... de l’ISI. Headley ne sera pas soupçonné d’être un recruteur avant l’article de The Hindustan Times qui le mettra en cause en décembre seulement. Il sera inculpé le 8 du même mois.
"Une dépêche de l’Associated Press du 24 Novembre, 2009 disait que cinq officiers de l’armée pakistanaise, y compris un brigadier à la retraite et deux ieutenants-colonels d ’active, avaient été détenus pour être interrogé au Pakistan. Ils avaient tous été en contact téléphonique avec Headley". Le 10 décembre, deux jours après son inculpation, on apprend que cinq Américains ont été arrêtés lundi à Sargodha, dans le Pendjab pakistanais, chez un homme soupçonné d’appartenir au Aish-e-Mohammed (JeM), l’autre groupe radical pakistanais. Dans le Figaro, une très étrange phrase signée Marie-Franc
e Calle fait le lien entre les groupes : "Parmi les Américains qui viennent au Pakistan pour le djihad, il y a de vrais « pros », comme David Coleman Headley, et des « amateurs ». Le cas, sans doute, des cinq étudiants fraîchement débarqués de leur État de Virginie, dans la banlieue de Washington. Tous musulmans, certains d’origine pakistanaise, ils étaient bien « venus pour la guerre sainte », comme l’a déclaré l’un d’entre eux à la police pakistanaise". David Headley, le "pro" de l’histoire !
Le "pro" qui vient recruter les "amateurs", les envoie se former et attend qu’il ne reviennent au pays poser des bombes, ça se tient comme théorie... on est à peine sorti du mondial de foot, on retombe dans un autre mercato.
."Ceci est l’exemple fou des poulets qui rentrent à la maison pour s’y percher," a résumé un diplomate américain au Pakistan au Los Angeles Times. "Vous ne pouvez pas injecter des milliards de dollars dans un jihad anti-communiste, d’y accepter la participation de tous les coins du monde et en ignorer les conséquences. Mais nous l’avons fait".. Mais pour notre jeune candidat un mystère demeure : "
Celui que ses proches au Pakistan décrivent comme un Pakistanais « moderne » se laisse pousser un collier de barbe, mais l’imam de Bridgeport, Cheikh Hassan Abu-Mar, ne l’a « jamais vu » à la mosquée. Les enquêteurs essaient aujourd’hui de comprendre quand et où il s’est radicalisé". Tout s’est donc passé au Pakistan semble-t-il, où il est devenu une cellule dormante qui s’est soudainement réveillée aux USA :
"Une chose semble certaine, selon les autorités, seulement deux mois après avoir obtenu son citoyenneté, il a disparu au Pakistan"... note ABC. Et étrangement, à l’autre bout, on retrouve très vite ses "contacts’ (figurant sur les carnets d’Headley ?) :
"le jeudi, les interrogateurs des États-Unis et du Pakistan interrogeaient quatre membres du groupe militant interdit Jaish-e- Muhammad, dans la capitale pakistanaise, Islamabad, dans le cadre de l’attentat de Times Square, selon la sécurité officielle pakistanaise. Le fonctionnaire n’a pas identifié les militants" nous apprend le New York Times : on sait pertinemment qui, mais on ne tient pas à le dire. Pour les autres étudiants, on avait été plus disert...
`
Car il y a une logique à trouver un Faisal, artificier plus qu’amateur en grand admirateur d’une petite frappe devenue mythe djihadiste à la conversion plus que douteuse nous disait prophétiquement Pascal Bonnefoy
"En se fondant sur l’image du « voyou du djihad », de « desperado » sans foi ni loi, le discours de propagande parvient à occulter les revendications éminemment politiques des insurgés, notamment leur nature anti- impérialistes. Violents et nihilistes, leur seule fin serait à Manhattan comme à Bagdad, la destruction et la mort." Etonnante conclusion, qui nous ramène à une autre manipulation plus qu’évidente : si Ben Laden est issu d’un sérail d’hommes riches à souhait, il ne peut devenir l’idole de gamins désorientés qui rêveraient d’en découdre les armes à la main. L’inculte Zarqawi, au lourd passé de délinquant notoire peut en revanche attirer davantage les gamins désœuvrés de banlieue : "
de manière sans doute moins évidente mais tout aussi significative, le passé trouble d’al-Zarqawi vient lui-même illustrer l’inanité des insurgés. Il revient aussi indirectement à entretenir l’analogie avec les « voyous » dans les quartiers défavorisés américains et européens. Il s’établit de fait une continuité entre la délinquance et le terrorisme".
Notre jeune djihadiste bégayant et maladroit a visiblement été manipulé de bout en bout. A finir par croire à son djihad et à sa bombe, alors que tous les experts s’accordent sur une chose : cet engin n’aurait jamais pu exploser tel quel. Manipulé, au point d’être aujourd’hui la risée sinon de subir les moqueries de ceux à qui il aurait dû servir d’exemple de martyr : car au final, tout le monde a oublié deux choses : dans son testament, notre bonhomme perdu indique qu’il aurait dû se faire sauter le caisson avec son SUV. Or, il a abandonné son poste de kamikaze une fois sa bombe activée et est rentré tranquillement chez lui avec une deuxième voiture... personne non plus s’est aperçu qu’il fallait être deux pour faire ça. Malgré l’avancée technologique, une voiture ne peut en suive une autre sans conducteur. Et la seconde ne semble pas avoir été déposée bien avant, ce qui aurait permis un retour en métro ou en autocar. Un kamikaze annoncé rentre tout aussi rarement chez lui, après ne pas avoir assumé son rôle de kamikaze, et s’apprêter encore moins à prendre l’avion pour rejoindre sa femme ou ses amis restés aux Emirats. Je ne pense pas que c’est comme ça qu’il va pouvoir quand même revendiquer les vierges promises aux sacrifiés, et après une prestation vidéo digne de grand guignol...où il annonce qu’il est prêt pourtant à mourir... manipulé, l’homme l’est, et à coup sûr. Le second personnage de l’attentat, l’homme obligatoire pour amener la voiture de retour, celui vu en train de changer de t-shirt en pleine rue n’a jamais été retrouvé : on ne l’a jamais beaucoup cherché non plus, remarquez...
(*) M6, dans un reportage "d’Enquête Exclusive" (quel nom !) du 11 septembre 2005 de Mohamed Sifaoui, « Sur la trace de Zarkawi : le nouveau visage de la terreur » essayait de faire le point sur cas Zarkawi : c’était plutôt raté. Trop axé grand public, il essayait de traiter le sujet à grand coups de louches médiatiques. Avec tout le tatouin "grand spectacle, hélas : caméra cachée, la parano des interviewés, le "frangin du héros", "ses amis d’enfance", etc. Les grandes phrases accrocheuses : "le sujet est tabou"... "avant c’était un voyou" et il est "devenu très religieux". "A plusieurs reprises des proches s’en sont pris à des journalistes". Pas difficile de distinguer les manipulations à toutes les étapes du reportage. Pascal Bonnefoy tordra le coup à ce genre de commentaires à la va-vite :"Incapables de se rendre en Iraq du fait de l’insécurité qui y règne, nombreux sont les journalistes en mal de scoops qui voyagent à Zarqa, tentent d’y interroger les frères d’al-Zarqawi, ses voisins ou son épicier. Découvrant que la maison familiale est construite en face d’un cimetière, ces journalistes en tirent la conclusion qu’al-Zarqawi nourrit depuis l’enfance une fascination pour la mort." Or, c’est aussi dans ce reportage, justement ! Le "charisme" étalé de Zarqawi est en fait clairement un cas typique de chef mafieux et d’un ascendant sur d’autres, rien d’autres. Puis vient encore dans le même reportage un député syrien qui vient vendre des photos 250 000 dollars et des "documents" qui se trouvent partout sur le net. Et juste après Louis Caprioli, ex-DST, l’invité des plateaux télés pour ne jamais rien dire que l’on ne sache déjà. Au moins, on y dit qu’il n’avait aucun lien avec Saddam, et que son rôle a été très largement exagéré par les américains. Le reportage insiste en revanche lourdement sur la manipulation de la Syrie et sur l’implication du pays, qu’il démontre sans problème. Zarqawi protégé des Syriens, et des américains...
PS : le reportage était visible à ces trois adresses, il n’y est déjà plus ! Qui l’a retiré et pourquoi ?
il manquait le 4eme épisode, déjà introuvable ; trop sulfureux ??
à noter que le reportage
était présenté ainsi ". Aux côtés du présentateur se trouve le réalisateur de cette enquête documentaire,
Mohamed SIFAOUI. Ce dernier évoque les conditions de tournage et les pistes suivies pour la réalisation du document." Le sulfureux Sifaoui !
reste ça :
l’article fondamental sur la question est celui de Laurent Bonnefoy "Le mythe al-Zarkaoui ou la légitimation de la guerre en Iraq", visible ici :
"