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Accueil du site > Tribune Libre > Et la médaille d’or de noyade budgétaire ...

Et la médaille d’or de noyade budgétaire ...

Il y a des conjonctions de coordination gênantes. Par exemple être un nageur (certes amateur) et avoir débuté sa vie professionnelle (jadis) dans le contrôle de gestion. Cela conduit à se poser des questions aussi impertinentes que pertinentes. Ou vice-versa.

Il y a par exemple : quel est le coût du nettoyage de la Seine rapporté au temps effectif de baignade ?

Au numérateur, 1,5 Mia. d’euros. C’est le chiffre qui circule pour l’instant. Il est sans doute à parfaire, et peut-être faudrait-il, pour être exhaustif, rajouter le coût induit par l’échec de ce nettoyage. En effet, si les investigations de Médiapart sont conformes à la vérité, chaque athlète serait en droit de déposer une plainte pour mise en danger de la vie d’autrui, et ceux qui ont été malades pourraient songer à une qualification d’empoisonnement. Et réclamer des dommages et intérêts à la constellation d’organisateurs publics et privés qui sont responsables d’avoir fait nager ces athlètes dans un marigot qui n’est pas que financier.

Au dénominateur, il y a le temps passé par les athlètes dans la Seine. Pour les épreuves de triathlon, pour simplifier, autant prendre le chrono dans l’eau du premier, celui du dernier, faire la moyenne et multiplier par le nombre de participant. Cela donne une moyenne de 23 minutes 22 secondes pour les hommes1, 25 minutes 33 secondes pour les femmes. Avec 55 participants à chaque épreuve, ça fait 21 heures 25 minutes et 10 secondes chez les hommes, et 23 heures 25 minutes et 42 secondes chez les femmes2. Pour le relai mixte, l’auteur s’est montré incapable de trouver les chronos individuels dans l’eau sur internet, ils sont trop bien cachés ! Chaque athlète doit nager 300 mètres, estimons une moyenne de 1 minute 20 secondes sortie du chapeau au 100 mètres, soit 4 minutes par nageur, 16 minutes par équipe, il y en a 15, soit 4 heures dans l’eau pour tous les relayeurs3. Total pour les triathlons : 48 heures 50 minutes 53 secondes.

Passons aux épreuves de marathon dans l’eau. 10 kilomètres à nager dans la Seine4. Reprenons le même méthode, établir une moyenne entre le premier et le dernier (1 heure 57 minutes 15 secondes chez les hommes et 2 heures 15 minutes 18 secondes chez les femmes) multiplions par le nombre respectifs de participants, respectivement 25 et 24, nous obtenons des temps passés dans l’eau de 48 heures 51 minutes 28 secondes chez les hommes, et 54 heures 7 minutes 24 secondes chez les femmes. Total pour le marathon aquatique : 102 heures 58 minutes et 52 secondes.

Il serait injuste de ne pas compter les performances de Mesdames Oudéa-Castéra et Hidalgo, ainsi que celles de Messieurs Estanguet et Guillaume, bien que non chronométrées. Estimons le temps passé à 5 minutes par personne, soit 20 minutes pour nos 4 VIP.

Notre dénominateur est donc de 152 heures 9 minutes 45 secondes.

Soit un coût par personne de la minute de baignade de 164 298 euros et 4 cents. Soit environ 7 3/4 Smic annuel brut par personne et minute dans l’eau.

Noix de beurre sur le Kouign-amann5, il convient de ne pas oublier que 174 Millions d’euros ont été investis dans un stade nautique flambant neuf à Saint-Denis. Enfin une piscine digne de ce nom à Paris où les bassins de 50 mètres sont rares et pas du tout adaptés à de telles compétitions, se réjouissait l’amateur ! Patatras, la jauge du public à Saint-Denis est insuffisante pour accueillir des courses en ligne lors de jeux olympiques, un recyclage temporaire (et sans doute coûteux) d’un stade de rugby à la Défense a donc été organisé. Coût des bassins : 26 millions d’euros6, sans compter bien sûr la location du stade. Une paille !

Trois petites conclusions :

Il serait opportun de faire toute la lumière sur ces monstrueuses gabegies, et d’en tirer toutes les conclusions, y compris judiciaires, pour tous les décideurs privés ou publics, qu’ils soient élus ou fonctionnaires.

Je me plains très régulièrement des tarifs de piscine pratiqués par la communauté d’agglomération de Vannes et de leur évolution débridée, mais je remercie M. David Robo de nous éviter, dans ce cas précis, une telle ardoise.

La médaille d’or olympique de la gabegie idéologique est incontestablement remise à la France pour cette noyade budgétaire. Cocorico !

Post-scriptum : l’auteur ne s’offusquera pas d’être tenu pour un peine-à-jouir gnagnagna à fucker par certains édiles. La bave du crapaud, la blanche colombe, tout ça …

 

CC BY-SA 2.0 Eric Salard

1https://olympics.com/OG2024/pdf/OG2024/TRI/OG2024_TRI_C73A_TRIMOLYMPIC-----------FNL-000100—.pdf

2https://olympics.com/OG2024/pdf/OG2024/TRI/OG2024_TRI_C73A_TRIWOLYMPIC-----------FNL-000100—.pdf

3https://dicodusport.fr/blog/triathlon-jo-2024-lallemagne-sacree-sur-le-relais-mixte-la-france-malchanceuse/

4https://www.worldaquatics.com/competitions/2943/olympic-games-paris-2024/results?disciplines=&event=568bd338-b6aa-41f2-a1ae-950dc5e1325f

5En Bretagne, il ne faut pas parler de cerise sur le gâteau …

6https://fr.news.yahoo.com/vont-devenir-bassins-paris-d&eacute ;fense-070000410.html


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7 réactions à cet article    


  • tashrin 16 août 10:33

    C’est pas faux...

    Ca reste une paille dans l’ocean de pognon gaspillé, mais l’image est forte

    C’est pour l’heritaaaaage !


    • Buzzcocks 16 août 11:58

      C’est n’importe quoi cet article... mais digne d’agoravox.

      Exemple, jusque là, les péniches foutaient leurs eaux usées dans la Seine (Canal de L’ourq etc...), maintenant, elles sont obligatoirement reliées au réseau de retraitement des eaux usées. Alors, oui, ça a couté un bras mais c’est un truc qui ne semble pas débile et qui est investissement pour le futur sans rapport aux JOs même si ce sont eux qui ont motivé ces travaux.

      Je ne vois donc pas bien en quoi on rapporte le cout de ces travaux aux KMs parcourus par les triathlètes. Ca n’a aucun sens.

      Heureusement que vous êtes un catholique un brin écolo... J’auria splutôt écrit dans votre protrait « je sui sun catho, un brin demago ».


      • Seth 16 août 12:57

        @Buzzcocks

        Les péniches ne sont qu’une goutte dans l’océan de merde qui ne vaut même pas la peine d’être mentionnée tant elle est dérisoire.

        Selon le très officiel SIAAP en charge de l’assainissement francilien, il y avait entre 63000 et 126000 mauvais branchements en amont de Paris dont une partie seulement a été mise en conformité (13000 en juin 2024).

        Faut vous faire un dessin ?


      • Buzzcocks 16 août 14:33

        @Seth
        Faites un dessin... ça ne change rien que ramener le km de triathlon nagé au cout de la dépollution au fleuve est une connerie sans nom... C’est comme si je disais que prolonger la ligne 14 à Orlu a couté 5 milliards, or Leon Marchand ne l’a jamais prise, donc on s’est fait entuber de 5 milliards. C’est l’argument de chiotte pour agoraxien de base... que vous êtes surement.


      • Rémy Mahoudeaux Rémy Mahoudeaux 16 août 17:31

        @Buzzcocks
        Vous avez le droit de ne pas apprécier cet article et de le faire savoir. Et même de faire des généralités comme « digne d’agoravox ». Le constat du contribuable lambda que je suis, c’est que 1.5 Mia d’€ ont été dépensés et que la Seine n’est pas plus propre qu’avant, et qu’on a fait nager des athlètes dans la m... au mépris de leur santé pour des raisons idéologiques. Vous avez le droit de penser que c’est de l’argent public bien employé. Laissez moi je vous prie le droit de ne pas vous suivre et de le dire. Et si agoravox vous semble un média indigne, rien ne vous oblige d’y revenir. Bonne soirée. 


      • ETTORE ETTORE 16 août 18:19

        Excellent calcul, qui même si réfuté par certains, a le mérite d’avoir été énoncé, posé, et de fait « indéboulonnable » dans sa présentation.

        C’est rationnel !

        Nier la réalité, est une obsession, quand on veut noyer le chien qui aboie.

        L’argent dépensé, EST une des réalités !

        L’état de la Seine, qui selon l’humeur, et les vues des organisateurs, semble passer de cloaque, à l’eau minérale.....EST une des réalité.

        Le temps passé, dans cette eau, qui change d’état, selon les besoins du moment,

        EST une des réalité. !

        Les futures plaintes, qui se feront jour, SERONT une réalité.

        Qui peut croire, un seul instant que les péniches soient seules responsables de cette stabilité en pollution, quand on sait quel est le « bassin humain » déversoir de miasmes, qui borde, ce cours de « plus » d’égout que d’eau ?

        Et par quel bénéfice, immédiat, de versement de liquidités à grand seaux percés de la finance, la Seine, devient« autorisable » sur commande ?

        Qui sont ces abrutis CON-générés, qui se prennent pour des Moïses, capables sur un simple plongeon merdiatisé, de séparer, les crottes, des eaux, et de crier ahuris de leur in-con-science :

        OHHHH MIRACLE ! ?

        Peut être, un futur pélerin-nage nautique en vue ?


        • Eric F Eric F 17 août 10:58

          L’assainissement de la Seine est en soi une bonne chose, les JO étaient un catalyseur pour amplifier l’opération et faire de la com sur celle-ci, mais elle aurait de toute façon été mise en oeuvre.

          Le problème est que le gain de qualité de l’eau n’est pas (pas encore ?) suffisant pour clamer que la Seine est baignable, c’est plutôt contre-productif d’avoir voulu maintenir à tout prix les épreuves (dire que l’eau est polluée les jours d’entrainement et correcte les jours d’épreuve, ils se sont discrédités).

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