Et le soleil se levait sur le no man’s land...
Cette chanson de Pierre Bachelet s'ouvre sur une envie de liberté, dans une nature accueillante et prodigue : là sont réunis tous les éléments d'un décor généreux... "un chemin, un peuplier, des foins, un sentier, plein de rosée, un ruisseau."
Le narrateur s'exprime à la première personne et dans sa fuite à travers la nature, il profite de tout ce paysage qui s'offre à lui : on le voit "boire" au "ruisseau", "regarder" l'eau, faire le plein de sensations.
Dans le refrain, son regard s'attarde aussi sur le "soleil qui se lève", symbole d'espoir et de renouveau, des "oiseaux" qui s'en vont vers le "no man's land".
L'expression désignait pendant la première guerre mondiale la zone située après les barbelés entre les deux tranchées opposées.
Et bien sûr, on comprend alors que le personnage fuit l'enfer de la guerre, essayant de se fondre dans une nature complice et bienveillante.
On perçoit les pensées du personnage qui nous semble ainsi très proche et familier : "je croyais voler... On me chercherait bientôt, bientôt je ne serai plus là..."C'est un personnage qui rêve d'évasion et de liberté...
Et le contraste de la vision qui suit est saisissant : "j'ai vu sur le versant Un faisan à aigrette qui marchait tranquillement, repéré la frontière du côté opposé, plein de militaires, un champ de barbelés".
La guerre symbolisé par "les militaires, les barbelés" s'oppose à une nature somptueuse et tranquille représentée par ce "faisan à aigrette".
"J'rentrerai pas ce soir, j'rentrerai plus jamais
Je m'suis caché pour voir le côté liberté..." pense et affirme le personnage, comme pour se rassurer. Et on est sensible à son humanité, à ses espoirs réitérés.
L'emploi du futur marque une sorte de certitude et d'assurance, de même que la négation absolue : "plus jamais."
Le personnage s'attarde alors pour contempler le paysage :
"En bas dans la vallée y avait comme un hameau
Et de tendres fumées. fumées qui donnaient chaud", on perçoit une image réconfortante de bonheur faite de tendresse, de chaleur.
Il lui reste "cinquante mètres à faire" et soudain, sa fuite est interrompue :
"J'ai entendu tirer, je suis tombé par terre..."
Une nouvelle sensation apparaît : le bruit d'un fusil, et le personnage s'affaisse... on assiste à la mort en direct du soldat.
On entend encore les pensées du personnage :
"J'ai la vie qui s'enfuit au milieu de ma chemise
Mais que c'est beau la vie, même s'il y a des surprises."
On perçoit la blessure qui l'a atteint et aussi tout l'amour de vie qu'il ressent à travers cette structure exclamative : "Mais que c'est beau la vie..."
Et, une dernière fois, il affirme son amour de la nature, en observant les nuages, "les flocons du ciel bleu", belle image poétique qui restitue son attachement au monde :
"Je regarde les nuages, j'aimerais être comme eux
On tire pas au passage les flocons du ciel bleu..."
Les nuages hors d'atteinte lui donnent encore une impression de liberté.
Et les derniers vers du poème sont à nouveau une réaffirmation de la beauté du monde que le personnage regarde avec ferveur et admiration :
"Étendu sur le dos, je regarde une dernière fois
Mais que le monde est beau, est beau autour de moi..."
Ce poème qui dénonce la guerre avec sensibilité, pudeur est aussi un magnifique hymne à la nature.
La mélodie rythmée restitue une envie de liberté, un amour de la vie qui contraste avec la violence de la guerre.
Paroles : Jean-Pierre Lang, musique : Pierre Bachelet.
Le blog :
http://rosemar.over-blog.com/2017/11/et-le-soleil-se-levait-sur-le-no-mans-land.html
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