Et ma carte à 75 % ?

Je suis un combattant, moi, et il m’en a fallu du courage pour œuvrer pour la nation. J’y ai mis toutes mes forces et, croyez-moi, il fallait bien que la bourse soit pleine pour offrir à ces jeunes pousses des biberons et des biberons.

J’ai voulu former leur jeunesse et le voyage en était le viatique tout désigné. Croyez-vous que j’aurais pu faire ces escapades cultuelles (un mot que j’adore car il ne veut rien dire) avec mes sept marmots et ma moitié qui avec le temps est devenue mon double ? 75 % de réduc. ça ne se refuse pas. C’est une question de principe et moi les principes je les honore ! Tudieu. J’ai de l’éducation et de l’économie. Je sais compter, jusqu’à sept d’abord et ensuite je connais mes règles de trois et quand on m’annonce que je n’aurais à débourser (oui je sais facile) que 25 % du prix de base hors promotion, je ne crache pas dessus. Mais voilà que tout est fini. Cette jeunesse va devoir se résoudre à ne plus voyager que dans les livres empruntés à la bibliothèque municipale. Ils ne verront de la jungle que Mowgli alors qu’avant... avant avec cette carte magique tout était possible même Vierzon et ses flonflons !

Avec Mathilde, qui n’est pas revenue car elle n’est jamais partie, suivant les préceptes que nous ont enseigné les natalistes et prenant comme modèle Villiers, non pour ses positions nationales, mais celles du Kama Sutra et pour son coup d’épée qui ma foi m’impressionnait en son temps nous avons besogné dur. Cela c’était avant que je mette en application la méthode Ogino en bon samouraï et juste stakhanoviste de l’amour, mais en inversant les dates et les températures car fort ignorant en japonais. Résultats : sept sur sept ! Non d’un coup comme dirait le tailleur, mais un par un. En bon processionnaire. A la queue leu leu, si j’ose m’exprimer ainsi. En attendant, vous avez devant vous une race qui s’éteint, celle du reproducteur actif. Une fin de race en somme. Plus personne pour prendre la relève. Que va-t-on faire dans un monde de brutes, nous qui avons travaillé même la nuit, surtout la nuit, pour que vos paisibles et confortables retraites soient assurées, où tous ces bobos, néo cons, NAP et autres groupuscules égotiques (mot qui me plaît aussi) n’ont plus qu’un enfant par-ci, un enfant par-là et plus aucune réduction sur nos voies impénétrables et ferrées.

Mais ce n’est pas que le voyage que l’on raccourcit ainsi. Avec ma carte (entre parenthèse valable trois ans, oui vous avez bien lu, jaloux, trois ans ! Ah ces avantages scandaleux des fonctionnaires, ces privilégiés à gros budget !) nous pouvions en bande désorganisée nous offrir des œillades instructives au musée ou profiter d’un bon petit film sur les Ch’tis à moindres frais.

Le gaz augmente (Merci qui ? peut-on demander à Suez et à Desmarais, Frère et Cie) et les réductions s’évaporent. Là, je reconnais que notre sinistre du Budget s’y connaît en économie. D’un côté, moins une très très grosse dizaine de millions d’euros (de sévères gains budgétaires) de l’autre à peine quatorze tout petits, mais tout petits comme dirait Funès, milliards d’un paquet fiscal que la commission des finances juge inefficace et coûteux (mauvaise langue cette commission).

Voilà, c’est à vous les jeunes que je m’adresse, ceux qui étaient prêts, l’arme au fusil et larme à l’œil, le cœur à l’ouvrage, pour muscler les courbes de natalité. Vous n’aurez plus de carte de famille nombreuse. Nib. Nada. Zéro. Plus un kopeck de remise, pas un flèche de réduction. La dèche absolue et définitive. Mais je fais confiance à votre sens de l’honneur. N’oubliez pas que le Seigneur nous l’a appris : le coitus (interruptus ou non) ne doit se faire que dans un objectif fécondatoire et en position du missionnaire s’il vous plaît ce qui correspond le mieux à votre abnégation et à l’Œuvre à accomplir accouplés comme disent les chansonniers. Plus de carte SNCF, plus de boogie woogie !

PS : Heureusement grâce à la divine bonté élyséenne, il y a la Castafiore ! Elle n’a pas modulé son dernier air. A moins que comme nous l’ont prouvé ses postures antérieures ce ne soit (pardonnez-moi l’expression) que de la gueule et qu’effectivement nous n’ayons plus qu’un hymne aux morts à trompéter en l’honneur de la défunte carte.

Adieu !