Et maintenant, à qui le tour ?
Après le funeste attentat de Manchester, c’est à chaque fois la même question qui se pose. Où et quand, la prochaine fois ?
Après « je suis Charlie », « je suis Nice, puis Londres ou autres », nous sommes tous aujourd’hui Manchester. Le terroriste aura bientôt ses portraits et identités étalés dans les medias, bref instant de gloire du boucher ; les dirigeants de nos pays libres nous assureront tous de leur plus parfaite fermeté, nous aurons droit à de belles commémorations voire des déclarations poignantes sur les réseaux sociaux et, ….et, nous attendrons patiemment le prochain attentat.
La liste des décérébrés prompts à se faire voler en éclats étant sans fin, nous apprendrons ainsi peu à peu à vivre avec le terrorisme. L’exception de l’état d’urgence deviendra la règle et nos enfants seront bientôt heureux de pouvoir se rendre à un concert s’il n’y a pas d’explosion au clap final.
Ce n’est pas la société que je souhaite.
Ce n’est pas, non plus, ce que je souhaite transmettre à mes enfants.
La lutte contre l’obscurantisme ne se gagnera pas par l’action des ligues de vertus. La guerre est sale et la guerre contre le terrorisme doit l’être encore plus.
Mais le pire de nos ennemis, et le quinquennat passé en est la preuve, reste l’inaction.
Je ne dis pas que nos services sont restés au repos pendant cinq ans, mais il a manqué une véritable volonté politique et au-delà du « faire » un « faire savoir ».
Le constat de notre situation est plus qu’alarmant. Nos armées sont engagées sur différents théâtres d’opération malgré nos moyens limités. Un nain militaire ne peut avoir la prétention de sauver à lui seul le monde occidental et malgré toute la vaillance de nos troupes, nous ne pourrons continuer longtemps à occuper, seul, le devant de la scène.
Sur le front intérieur, notre police est exténuée par l’ensemble de ses missions et la population paraît résignée.
Je crois pourtant qu’à l’aune de ce nouveau gouvernement se présente l’occasion unique de lancer véritablement le combat contre les Fous de Dieu. Il est important dans un premier temps de préserver la liberté inscrite au fronton de nos mairies, liberté pour chaque citoyen de suivre librement la religion qu’il a choisie. Ensuite, il convient de ne faire aucun amalgame entre un kamikaze et un pratiquant. En d’autres termes, et pour éviter toute stigmatisation, je ne crois pas plus ceux qui ont trouvé par le passé la source de l’Inquisition dans la bible, que celui ou celle qui me dit aujourd’hui qu’en chaque musulman un apprenti terroriste sommeille.
En revanche la liberté nous est offerte grâce aux sacrifices de tous ceux qui nous ont précédés et si nous voulons la transmettre aux générations futures, il en va désormais de notre responsabilité, ce qui ne peut se traduire que par des actes.
Nous sommes toujours en réaction face aux attentats, notre ancien Président s’étant particulièrement distingué par son action dans les commémorations en tout genre. Mais réaction n’est pas action, et discours grandiloquent n’est pas fermeté.
En tant que citoyen, j’ai le droit d’attendre des actes de mes dirigeants, et des actes forts.
En premier lieu, pourquoi garder sur notre sol les délinquants étrangers ? Au nom de quel principe, de quelle règle, continuons-nous à héberger des fauteurs de trouble. Il nous faut des conventions d’extradition en bonne et due forme, si elles n’existent pas déjà, pour agir dans un cadre légal et expulser dès le prononcé de la peine les délinquants étrangers et/ou binationaux. Ce n’est certes pas la solution miracle pour combattre la surpopulation carcérale, mais cela irait dans le bons sens. Aucune démagogie dans une pareille mesure qui, si elle était soumise à referendum serait certainement portée par la majorité de nos concitoyens. Vous me rétorquerez que sur la liste de nos kamikazes on trouve en majorité surtout de bons français, certes primo délinquants mais qui n’auraient pu être expulsés. Je vois pourtant dans cette mesure trois avantages majeurs :
- Signifier clairement aux yeux du monde la fin du laxisme à la française et faire enfin preuve d’autorité.
- Envoyer un signal de fermeté à la communauté internationale en exhortant nos voisins à faire de même et valider la mise en place de contrôle ferme aux frontières européennes. L’Europe ne doit évidemment pas se scléroser mais un contrôle strict de toute personne cherchant à entrer sur notre territoire, migrant ou pas, devrait au moins pouvoir compliquer la tâche des apprentis djihadistes.
- Couper les circuits de logistique des kamikazes. Je ne crois pas à la thèse du loup solitaire ; avant de commettre un attentat, il faut une planque, de l’argent, des armes,……que l’on trouve aisément dans la petite délinquance. Et le fait de traduire en justice a posteriori celui qui aura aidé sur un plan logistique n’a aucune valeur éducative pour l’avenir. C’est en termes de prévention qu’il faut agir pour neutraliser en amont les sources logistiques.
Ensuite se pose clairement la question des « revenants ». Ceux qui rentrent de Syrie, auréolés de gloire et à la recherche de leurs milles vierges. Une seule réponse, la détention. Je ne crois pas dans les unités de déradicalisation pour celui qui est passé aux actes.
Enfin, il nous faut inverser la funeste proportion du sang versé. Pour chacun des soldats du Djihad qui vient se faire péter sur notre sol, combien d’innocentes victimes, de vies brisées et de personnes qui ne pourront jamais se reconstruire. Vous n’aurez certes pas notre haine car vous ne la méritez pas, en revanche, nous nous engageons à une tolérance zéro envers vos actions ou sympathisants. Ce qui peut se traduire par l’expulsion immédiate de tous les prêcheurs ou colporteurs de haine autant que par la sanction, immédiate là aussi, de celui qui véhicule cette idéologie sur les réseaux sociaux ou consulte simplement un site. Et si le droit ne permet pas de punir celui qui va naviguer sur ces sites de haine, il faut amender la loi, sinon un jour nous prenons le risque de tous finir égorgés en ayant la bonne conscience d’avoir respecté la loi.
Il est évident que pour tout ce qui précède, il faut que les journaux radios et télés en fassent la plus grande diffusion. Les chaînes d’information continue qui colporte aujourd’hui l’horreur en boucle retrouveront ainsi une possible vertu. Une expulsion de délinquant, un refus d’accès à l’espace Schengen, ou une condamnation ferme de sympathisant, autant de raison de se réjouir d’une petite victoire sur le terrorisme, mais cela ne saurait suffire.
Arrêtons de mettre en une la photo des bourreaux. Ni identité, ni photo ni lieu de sépulture. Ni exemple, ni gloire.
Cessons de diffuser aussi les communiqués de Daesh dont certains sont devenus in fine les porte-paroles.
Par ailleurs, il est temps qu’une véritable coalition internationale aille débusquer la racaille là où elle se trouve et la fin justifiant les moyens, si cela doit passer par la bénédiction de Monsieur Poutine, ne nous en privons pas.
La France ne pourra seule assumer la défense militaire de l’Europe et il est plus que temps que nous cessions de nous croire gendarme du monde. Une présence militaire au Mali, en Syrie, en Irak ou ailleurs paraît indispensable mais à proportion d’une contribution de chaque pays européen, en hommes et/ou à défaut en moyens financiers pour, au moins, renouveler et entretenir les équipements.
Il ne faut pas se leurrer, cette guerre sera longue et même si l’Irak et la Syrie seront un jour « nettoyés » il y a fort à parier que l’hydre renaîtra de ses cendres ailleurs sur la planète.
Le seul moyen durable de combattre l’obscurantisme restera la culture.
Et ce combat se gagnera par le combat des femmes vers plus de dignité en Arabie Saoudite, dans les madrasas du Pakistan ou d’Egypte lorsque ces pays auront explosés de ne pas avoir voulu se réformer, et, beaucoup moins loin, dans nos banlieues, lorsque la bataille du chômage sera enfin gagné et lorsque les gamins sortiront de l’école primaire, comme l’a dit M. Blanquer en sachant lire, écrire, compter et le respect dû à autrui.
Il nous faudra plusieurs générations pour gagner cette guerre, mais les bonnes décisions se prennent aujourd’hui et le dernier vote à l’élection Présidentielle en Iran en est la preuve.
Alors nous pourrons peut-être faire le deuil des morts de Manchester.
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