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Accueil du site > Tribune Libre > Et maintenant, faisons chanter ce lendemain

Et maintenant, faisons chanter ce lendemain

L’élection est passée...

Nous avons évité le pire en envoyant se faire voir à Marrakech, au pays de certains de ces immigrés qu’il adorait tant, ce bref, agité et incontrôlé...

Mais, le nouveau président a déjà prévenu, il sera “normal”, et c’est bien le minimum que nous devons attendre de lui. Cependant, ceci signifie clairement qu’à partir du “mieux”, que constitue malgré tout cette normalité, par rapport aux cinq années d’indignité que nous venons de subir, l’exception, et le meilleur quant a eux, demeureront par le fait, à charge de nos seules initiatives de citoyens.

Ce que nous devons attendre de ce nouveau gouvernement, c’est tout d’abord qu’il rétablisse le droit fondamental des uns et des autres, à déjà simplement “être ce qu’ils sont”, dans cette société, selon leur précieuse diversité, dès lors qu’ils ne contreviennent pas à la loi, et d’être donc parfaitement fondés à y “participer”. Ceci, afin qu’étant reconnus par le fait, comme possédant forcément des qualités logiques de ce qu’ils sont, ils puissent user de celles-ci, pour œuvrer positivement, avec la volonté farouche de réussir, dans une société enfin devenue incontestablement “la leur”, pour le meilleur d’eux-mêmes, et celui des autres.

Mettre tous les citoyens de ce pays, dans les conditions où ils pourront donner le meilleur d’eux mêmes, telle est, et demeurera, la lourde et incontournable responsabilité du nouveau gouvernement. Et nous comprenons bien, qu’il ne s’agit pas tant en celles devant être prises, de dispositions aux implications matérielles, même si cela à son importance, mais il s’agit d’abord et avant tout, du rétablissement de la raison d’être de chacun parmi “les siens”, de la jouissance et de la fierté de la pleine “appartenance” à un groupe, sans laquelle l’individu n’est plus qu’un “infirme”, pour le plus grand dommage de ceux qui en l’excluant, le “manquent”.

 Cependant, il doit être bien entendu que ce fantastique défi que constitue, partant de là d’où nous venons, la volonté d’atteindre le meilleur de vivre, ne peut constituer l’objet d’une collection d’énarques, encadrée par deux “éléphants”, dont l’action s’inscrit dans un cadre de “normalité” définie par leur chef, qui ont alors fondamentalement pour fonction, de rétablir si besoin est, et maintenir en état de correctement fonctionner, tout l’appareil d’état, et donc certainement pas, de remettre en cause les mécanismes fondamentaux de celui-ci.

Ainsi, une équipe de gens parmi le plus compétents, professionnels et donc fatalement, carriéristes, spécialistes des sciences politiques et économiques, encadrée par ceux auxquels l’expérience a enseigné à quel point il était périlleux, de tenter de tourner les vieilles valses à l’envers, ne peut-elle selon cette composition même, que mener une politique “conservatrice”. Ceci, eu égard à la nécessité, et même si sur des formes accessoires, il lui sera heureusement possible, d’éviter le pire de la régression sociale dont l’équipe précédente avait fait son credo, dans une marche vers le moyen-âge à laquelle, en lui donnant le nom fallacieux de “réforme”, elle nous obligeait.

Car il est clair que l’actuelle équipe, ne produira aucune de ces “bourdes” dramatiques, et a priori irresponsables, dont l’Histoire témoigne, telles que couper la tête d’un roi de droit divin, et qui, dans un premier temps, ne peuvent entrainer que des désordres et de furieux affrontements, avant que bien plus tard, on puisse constater qu’elles furent cependant, mais à ce prix, les occasions de véritables changements, et finalement d’un nécessaire progrès.

Ainsi, dans la situation dans laquelle nous nous trouvons, le véritable coup de “génie”, et compte tenu du contexte, de “folie”, consisterait à faire défaut sur la dette astronomique qui nous étrangle, et dont nul à cette heure n’est capable de dire, comment serait-il possible autrement d’en sortir.

Bien sûr, un tel coup d’audace ne manquerait pas de nous plonger au départ, dans une grandiose pagaille. Mais, cette “déraison”, permettrait enfin de mettre fin une bonne fois, au moins pour le bénéfice des générations à venir, ce qui n’est pas accessoire, à un système qu’autrement rien d’autre ne semble pouvoir ébranler. Car, il se trouve qu’aujourd’hui, nous sommes tous constamment conviés à nous sacrifier nous-mêmes, afin du salut de ce système, dont la malfaisance totale est due précisément à cette spectaculaire et totale “perversion” de son objet initial, puisque nous sommes curieusement devenus ses instruments, au lieu que ce soit logiquement l’inverse. Cette injure au bon sens, est désormais flagrante, et rien ne doit être négligé, pour y mettre fin.

Cependant, rien de tout cela ne sera jamais le fait d’aucun gouvernement responsable, et ce qu’il nous faut donc comprendre de cette situation, c’est qu’il nous faut “délocaliser” le débat de société, pour l’extraire une bonne fois du champ du débat politique dans lequel il s’enlise, pour laisser ces professionnels qui “administrent”, mais ne “gouvernent” plus depuis bien longtemps, gérer du mieux possible les mécanismes administratifs de la nation, et que nous puissions quant à nous, traiter par ailleurs du devenir de notre société.

C’est ainsi que notre président, mène une campagne auprès de ses pairs, en vue d’une relance de la croissance des pays dans la tourmente. Il s’agit là d’une démarche obligée, pour pouvoir faire face, dans l’état actuel de notre système social, au flot toujours plus grossissant, du nombre de chômeurs. Et ceci, même si cette idée de croissance en vue de ce règlement, repose sur l’axiome contestable selon lequel la croissance implique forcément des créations d’emploi, ce qui est de moins en moins vrai. Car, elle s’obtient également, par des gains de productivité consécutifs justement, à des suppressions d’emplois, et par des produits financiers qui eux, n’en ont jamais créé, et qui permettent cependant grâce aux chiffres qui les mesurent, de donner une illusion de richesse à des pays en réalité dévastés par la désindustrialisation, tels que les Etats Unis d’Amérique, et la Grande Bretagne.

Mais il s’agit la d’une proposition “politico-économique”, logique de ce qu’est devenu par l’usage, la fonction présidentielle, et il ne s’agit pas là, d’une proposition “sociologique”, qui est ce dont nous avons en priorité besoin. Car, nous sommes à l’heure où il existe déjà, davantage de logements vides qu’il n’existe de sans abri ou de mal logés, où une organisation intelligente des transports, devrait permettre à beaucoup de faire l’économie de se procurer un coûteux véhicule particulier, où des agriculteurs sont tenus de tenir des terres en jachère, pour éviter les surplus, et où des immensités de terres cultivées, ne servent plus à alimenter les hommes, mais les gros 4x4 de certains.

D’autre part il apparait assez nettement que les constructeurs d’appareils de grande distribution, s’arrangent pour que ceux-ci soient défaillants, sitôt passé leur période de garantie, afin de maintenir le niveau de leurs ventes, et que d’autres s’emploient à produire des nouveaux modèles de façon de plus en plus rapprochée, pour ne pas nous laisser jouir trop longtemps d’un plaisir de la nouveauté, qui tout ce temps, nous évite d’acheter encore...

Dans ce système qui tend ainsi à devenir de plus en plus celui d’une économie du gaspillage, selon une très haute productivité s’obtenant bien souvent au prix d’une atteinte à l’écosystème, à la question économique de l’intérêt de la croissance, comme étant créatrice d’emploi, doit s’ajouter la question “philosophique”, et donc hors du champ des politiques, de savoir, la croissance de quoi, pour qui, pour quoi faire, et jusqu’à quand ?

Car, nous ne saurions nous contenter de quelques chiffres, nous signifiant notre bien être, et notre bonheur, pour les considérer acquis.

Il nous reste ainsi, par delà ce qui demeure la préoccupation des hommes politiques, à traiter quant à nous de “l’essentiel”, c’est à dire de ce qui participe pour nous, et selon quelle formes, du bien être, de la bonne entente avec nos proches, de la joie de vivre, et du bonheur.

Mais il se trouve que nous inclinons souvent à penser à tort, que ces états ne possèdent qu’une résolution individuelle, alors même qu’il est clair, que la capacité d’agir de chacun, en vue d’y accéder, ne peut pas être étrangère, d’une part, à la réalité sociale dans laquelle il se trouve, mais surtout, à la réalité sociale qui l’a fait tel que lui-même, avec son assurance et sa détermination, ou alors, avec ses craintes, ses torpeurs, et ses frustrations.

Il nous faut maintenant rouvrir ce vaste débat, celui quant aux formes, non pas, de la croissance et de la possession, mais quant aux formes du bien-être, que les technocrates et les politiques continuent de délaisser, parce qu’il n’est pas possible d’avoir en ce domaine, raison contre les autres pour pouvoir se faire élire, et qu’il n’existe pas de professionnel de ces domaines, puisque aucune école nationale de “bonheurologie”, n’a encore été créée.

Et puisque nous sommes encore au mois de mai, redevenons pour ceux qui ont connu cela, comme aux plus belles heures de ce mois de mai 1968, où, alors que toute activité avait cessée, il se formait spontanément tous les cinquante mètres sur les boulevards, des groupes de discussion, où nous refaisions le monde par un débat quant aux finalités de nos entreprises, avec cette ivresse indicible, de ceux qui pensaient alors, avoir pris la pleine possession de leur destinée.

Mais hélas, les mois de mai ne durent généralement, que le mois de mai...

Ce débat est d’autant plus important, qu’on se souvient que, ridiculisant totalement, tous les arguments technocratiques et dogmatiques de productivisme, tels que ceux dont l’ancienne équipe gouvernementale n’a cessé de nous saouler, en s’attaquant aux trente cinq heures censées être la raison de nos difficultés, il se trouve qu’alors que presque toute l’activité économique du pays avait été stoppée durant plus d’un mois, l’année 1968 s’est terminée malgré cela, avec un magnifique excédent... !

Ceci montre que même en matière d’efficacité économique, nous ne pouvons pas ignorer les nécessités philosophiques, psychologiques, et affectives, du fait social, et qu’une société de gens dans le bien-être, sera forcément plus efficace, même de ce point de vue, qu’une société de gens exploités, humiliés, et démotivés.

Il est temps d’autre part de rouvrir ce débat, quant à savoir si le mieux-être se situe dans plus d’avoir, ou bien tout simplement, dans plus d’être...


 Paris, le 21 mai 2012
 Richard Pulvar
 


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