Et moi, et moi, et moi
BHL nourrit une dévotion sans partage pour... lui-même !
Après l’échec très médiatisé de sa pièce de théâtre « Hôtel Europe », une visite ratée en Tunisie du gentleman-aventurier (dans le Parisien, BHL a affirmé que le comité d’accueil contestant sa venue était composé « d’exilés Kadhafistes » et de « poignées de fanatiques drogués à l'antisémitisme le plus enragé ») et même un article fielleux sur le site du Monde, intitulé « BHL en 5 fiascos », on pouvait se demander si l’écrivain avait encore le vent en poupe. BHL est en effet très jalousé : il a présidé le conseil de surveillance d’Arte (qui a financé en partie son « Serment de Tobrouk »), il est membre du conseil de surveillance du Monde, il est actionnaire de Libération, il dispose d’une chronique hebdomadaire dans Le Point et surtout il est riche : sa fortune personnelle est estimée à 160 millions d’euros, à la suite notamment de la vente de l’entreprise de son père à François Pinault.
Le 22 janvier 2015, un événement hors-norme se tenant à l’Assemblée générale des Nations Unies à New York l’a remis en selle. 37 pays membres ont demandé au Secrétaire général des Nation Unies, M. Ban-Ki Moon, ainsi qu’au Président de la 69ème session de Assemblée générale, M. Sam Kutesa, la tenue d’une plénière exceptionnelle consacrée à la montée de l’antisémitisme dans le monde. C’est à Bernard-Henri Lévy que M. Sam Kutesa a demandé de prononcer le discours solennel d’ouverture de cette session.
On a souvent brocardé le faux talent de l'écrivaillon BHL, ainsi que sa propension à se mettre en scène et à s'observer lui-même. Eh bien ce texte ne risque pas de démentir la dite impression. En effet, la harangue (censée glorifier l’Islam tolérant) est au principal une conjugaison en creux du concept : BHL est au cœur de tous les combats. Décidément, il est incorrigible !
"(…). Je me souviens de Malika C., musulmane et féministe, m’expliquant, à Alger, à l’heure où les fous de Dieu décapitaient comme on déboise, que le Prophète était l’ami des femmes, celui de leur visage et que, selon les textes ou, en tout cas, certains de ces textes, seules ses épouses avaient obligation de se couvrir – islam sans obscurantisme… islam sans abaissement d’une moitié de l’humanité… n’écoutez pas, me disait-elle, ces braillards pro-voile qui creusent la tombe de l’islam… Je me souviens de Massoud, en 1998, dans son sanctuaire du Panchir où Le Monde m’avait envoyé l’interviewer : le tout premier jour, qui était un vendredi et où il m’avait invité, retour d’une inspection aux lisières de la plaine de Chamali, à partager son frugal dîner, n’a-t-il pas eu l’infinie délicatesse d’envoyer un émissaire s’enquérir de mon degré de fidélité aux prescriptions en usage le soir de chabbat ? (…). Je me souviens de Milana Terloeva, rencontrée chez André Glucksmann au lendemain de la deuxième guerre de Tchétchénie et alors que paraissait son terrible « Danser sur les ruines » : Mashkadov contre Bassaev… l’islam de douceur et de modération dressé, même s’il sera provisoirement vaincu, contre l’idéologie mortifère des wahhabites… étroite est la porte du destin, mais jamais définitivement fermée… Je me souviens de Yasser Abd Rabbo, cet ancien compagnon d’Arafat qui, avec son ami israélien Yossi Beilin, inventa, il y a douze ans, le fameux plan de Genève, qui fixe, jusqu’aujourd’hui, les justes paramètres de toute paix à venir entre les frères inconciliés : nous sommes dans l’avion qui nous ramène du Maroc ; nous allons, dans quelques heures, tenir meeting à la Mutualité ; et je le revois m’expliquer, très grave, très concentré, les poings projetés devant lui comme s’il était un haleur tirant deux cordes imaginaires et entrant, après elles, dans un pays confus mais promis, que sa Palestine sera une terre laïque et tolérante, autre îlot de démocratie dans une région en proie aux fièvres extrémistes. Je me souviens de Salwa Bugaighis, l’avocate courage, la militante des droits de l’homme et de la femme qui paya de sa vie cette vaillance rare – je me souviens d’elle me disant, au premier jour de mon premier voyage à Benghazi, qu’elle entrait en révolution pour renverser les deux maledictions jumelles du kadhafisme et de l’islamisme… (…) Je me souviens d’Abdelwahab Meddeb, un soir, à Tanger, aux portes de cette Méditerranée plusieurs fois millénaire que le monde arabe a en partage avec l’Europe : chez ce savant, ce docteur en saintetés qui savait de quelle maladie l’islam doit impérativement guérir, démocratie était un mot qui avait un sens presque religieux."
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