Et si elle avait raison...
Fallait-il écrire cet article ou pas ? Admettez que pour faire de l'audience, la facilité aurait été de faire comme la majorité des médias en ce moment, c'est-à-dire démolir Emmanuel Macron qui vaut bien pour eux une pincée d'audimat en plus. Donc, voilà, parfois, le choix du sujet d'article interroge son auteur. Surtout lorsqu'il s'agit de Brigitte Macron, dont le plus grand défaut est d'être la femme du président de la République. Inutile de le nier, aucun auteur n'apprécie que son texte devienne un défouloir. Certes, on peut critiquer une personne à juste titre ou non, sans pour autant qu'il soit nécessaire d'envoyer une bordée de commentaires outrageants et offensants, voire haineux.
Brigitte Macron était l'invitée de RTL vendredi 10 janvier. Pour l'occasion, elle s'est confiée sur l'état d'esprit de son mari, devenu depuis la dissolution et encore plus qu'avant, une cible de choix pour les réseaux sociaux. La Première dame, à l'évidence touchée au coeur par les attaques "virulentes" contre son époux, avait déclaré :
"Je le sens extrêmement blessé". "Vous imaginez ce taux de violence que vous prenez ? Les rares fois où je vais sur les réseaux, je n'imaginais même pas qu'on arrivait à dire des phrases pareilles à des personnes dont on ne sait rien, que l'on ne connaît pas ou que l'on croit connaître. Comment peut-on assassiner verbalement des gens comme ça ? Je ne comprends pas, ça me dépasse totalement".
Selon elle :
"C'est l'un des grands problèmes de notre société". "On ne peut pas parler, on a besoin d'échanger avec des gens et d'avoir un avis différent, mais là, vous n'avez pas le droit d'être d'un avis différent (...) On est en train de s'abîmer tous mutuellement. Il faut à un moment donné qu'on discute, mais qu'on arrête ce taux de violence, de virulence verbale".
"Meurtri" par "ce qu'il entend" le président est "soucieux absolument de tout et il met toute son intelligence, tout son cœur au service des Français"
Madame Macron semble quand même avoir un trou de mémoire bien commode pour oublier certaines phrases pour le moins désobligeantes prononcées par son Jupiter de mari. Il est vrai qu'il a déjà reconnu avoir prononcé des mots inappropriés à la face des citoyens. S'excuser ensuite, c'est bien, mais le mal est fait durablement.
À ce moment de la rédaction de l'article, son auteur se demande s'il faut encore et encore répéter les remarques indignes et extravagantes d'un chef d'État qui devrait d'abord chercher à rassembler son peuple de "réfractaires" au changement, tout en sachant qu'il n'a aucune chance d'y arriver tant est grande la détestation de la classe politique. Seuls ceux qui n'ont pas encore gouverné peuvent espérer être entendus. Il est exact que de son temps, le Général non plus, n'était pas avare de bons mots adressés aux Français, surtout lorsqu'il était dans l'intimité et qu'il savait que ses propos seraient rapportés. Sauf que notre grand Charles national ne connaissait pas encore la boite de Pandore des réseaux sociaux. On aimerait bien savoir ce qu'il penserait de X et de son propriétaire actuel.
Alors, d'accord, ne cherchons pas à noyer le poisson ni le poison de certains délires présidentiels. En voici un petit échantillon :
- "il y a la société Gad. Vous savez ? Cet abattoir. Il y a dans cette société une majorité de femmes. Il y en a qui sont, pour beaucoup, illettrées." ( Macron était encore ministre de l'Économie)
- "le pognon de dingue" que la France dépense pour les minima sociaux. (toujours à fleur de peau, le mépris des plus faibles)
- "je traverse la rue, du travail je vous en trouve" (traduire par les Français sont des fainéants, c'est bien connu)
- "une gare, c'est un lieu où on croise les gens qui réussissent et les gens qui ne sont rien" (encore le mépris pour les gens qui galèrent)
Depuis, Emmanuel Macron a plus ou moins rectifié le tir en déclarant qu'il fallait que "ces séquences soient plus rares. Je fais beaucoup plus attention. C'est un travail sur moi."
Madame Macron se souvient sans aucun doute de ces petites phrases blessantes de son époux, elle lui a d'ailleurs fait remarquer que ce n'était pas une bonne manière de s'exprimer avec les électeurs. Elle a certainement raison, mais en toute sincérité, si le président de la République avait tenu des propos moins agressifs, il n'en serait probablement pas autrement aujourd'hui sur les réseaux sociaux, suivis par les perroquets médiatiques.
Les personnalités politiques obsédées par la démission du président devront probablement attendre, car un homme qui a l'ambition de se représenter en 2032 ne peut pas se permettre de perdre la face devant le monde entier en démissionnant. Madame Macron, qui n'a absolument aucun pouvoir politique et une influence sur son mari qu'on ne peut jauger avec fiabilité, ne fait que défendre son superman, comme le ferait une autre femme avec le sien. Cependant, elle le connaît mieux que personne et elle sait que son intention est d'aller jusqu'au bout de son mandat. Parce que Macron considère que "c'est la mission que lui avaient donnée les Français. Et il a tellement à cœur les Français (...). Il est absolument soucieux de tout et il met toute son intelligence, tout son cœur au service des Français"
Brigitte Macron qui pense qu'Emmanuel mérite le respect a encore raison lorsqu'elle déclare :"Je pense que c'est l'Histoire qui donnera en fin de compte le sens de cette dissolution, s'il fallait la faire ou ne pas la faire"
Dans quelques années, avec le recul, comme avec les autres présidents de la République, les Français regarderont sûrement Emmanuel Macron et sa femme autrement, sans doute moins sévèrement. Si Macron était réélu en 2032, il faudrait alors encore beaucoup de patience à la population pour le supporter. Et à Madame Macron également, qui devrait subir encore les quolibets sur sa différence d'âge avec l'homme qu'elle aime.
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