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Accueil du site > Tribune Libre > Et si Houellebecq avait raison ?

Et si Houellebecq avait raison ?

« Naturellement, la sagesse était du côté des défaitistes, et nous ne répétions que trop : ‘’Encore un instant de bonheur, c’est toujours bon à prendre….’’[1] »

En publiant Soumission, roman de politique fiction, Houellebecq fait fort. Une habitude chez lui. Tendant à notre société un miroir dans lequel celle-ci aura du mal à se trouver la plus belle, il glisse à nouveau un doigt malicieux dans nos plaies. Et ça fait mal. Pour les rares lecteurs qui ne la connaîtraient pas encore, rappelons ici l’intrigue en quelques lignes.

Nous sommes en 2022, l’élection présidentielle est remportée par Ben Abbes, le candidat de La Fraternité musulmane soutenu par l’UMP et le PS. Marine Le Pen est défaite. Le vainqueur, sorte d’Octave-Auguste musulman, choisit Bayrou comme Premier ministre fantoche – dans la grande tradition de la Ve République. Ambitieux et charismatique, il se lance dans une politique internationale de haut vol, visant la reconstitution d’un Empire romain gonflé à l’hélium, s’étendant du Nord de la Finlande au Sud du Maroc, avec la France comme Etat-pivot. Excusez du peu[2]. Dans le même temps se déroule une islamisation du pays : les université se mettent à l’heure musulmane, la polygamie est légalisée, les femmes sortent de l’espace public et professionnel. Le tout se fait sans heurts. Naturellement. Le héros du livre, professeur d’université spécialiste d’Huysmans, solitaire, désabusé, se nourrissant de plats réchauffés au micro-ondes, athée par défaut, se laissera finalement convaincre, pour retrouver sa place d’enseignant, de se convertir à l’islam.

Bon, en abordant un thème aussi délicat, Houellebecq s’est très consciemment lancé dans une entreprise casse-gueule. Il méritait donc d’être exécuté pour avoir ainsi joué avec les tabous de l’époque. Cela n’a pas manqué. Ainsi, Sylvain Bourmeau, en amoureux déçu, peine à garder son calme et parle de « suicide littéraire français », « d’abjection politique[3] ». Joffrin, sans surprise, inscrit l’auteur dans une longue lignée de réactionnaires allant de Burke à Finkielkraut. Il prétend que Houellebecq, par l’islamophobie qui imprègne son livre selon lui, a « chauffé la place de Marine Le Pen au café de Flore[4] ». Bref, il n’a pas aimé. Pour Ali Baddou, c’est pire, ce brûlot islamophobe supposé fout carrément la gerbe[5].

Arrivé à ce point de l’article, même l’esprit le plus fatigué a compris le reproche fait à l’auteur des Particules élémentaires  : il aurait sombré dans l’islamophobie, rejoignant le sombre troupeau des xénophobes et des racistes – puisque, dixit Bourmeau, le rejet de l’islam serait une forme de racisme.

Le contresens est monumental. A vrai dire, seuls des esprits superficiels, enferrés dans leurs réflexes pavloviens, pouvaient passer à ce point à côté du message de Soumission et y voir une charge islamophobe. Ce faisant, les mâtins de Panurge du politiquement correct ont démontré, une fois de plus, l’opacité des oeillères qui leur obscurcissent l’esprit.

En réalité, Houellebecq creuse dans ce roman le sillon entamé avec Extension du domaine de la lutte : la critique de la société occidentale. Il le fait à travers une sorte de neurasthénique, un de plus - qui s’appelle François, cette fois -, miroir d’un monde fatigué. François est un type sans avenir, sans relations, totalement désabusé. Un solitaire qui se nourrit essentiellement de plats préparés, arrosés de beaucoup d’alcool, et qui, à l’occasion, se vide les couilles dans des putes de luxe. Comme ça. Pour l’hygiène. Sans y trouver aucun plaisir.

Ce livre est donc du Houellebecq pur jus. Une charge à la fois flegmatique et terriblement dure contre notre civilisation. Avec Soumission, l’auteur rédige l’acte de décès de la philosophie des Lumières et du monde qu’elle a créé, qui n’ont « plus de sens pour personne, ou presque[6] ». En tous cas c’est son objectif. Il constate notamment la faiblesse de l’athéisme à travers sa propre expérience, et donne raison au recteur fictif de sa Sorbonne islamisée, ancien catholique converti à l’islam. En revanche, pas de Suicide français chez lui : si la société française est telle quelle condamnée, si le catholicisme, qui l’a déjà vitalisée une fois, lui paraît incapable de recommencer, un autre départ semble possible à l’écrivain. Sur d’autres bases. Il va jusqu’à imaginer que la France, forte de sa démographie, regagnera une partie de son lustre. Finalement, c’est là presqu’une forme d’optimiste de la part de l’auteur, qui semble décrire une sortie possible de l’acédie dans laquelle nous sommes selon lui plongés. Bref, il n'annonce pas la fin du monde. Il annonce la fin de notre monde.

 

Que penser de cette thèse ?

Beaucoup de bien, à mon avis. Comme Houellebecq, je pense que notre problème n’est ni économique, ni politique. Il est moral. Et mystique. Par renoncements successifs, nous avons abandonné toute idée de transcendance et, rattrapés par la réalité de ce qu’est l’homme, tout espoir de paradis sur terre. Revenus de tout, riant de tout, ne croyant plus en aucun absolu, même au Progrès, nous sommes devenus des fruits secs, ultimes avortons de l’esprit des Lumières. Désenchantés, nous souffrons d’une terrible gueule de bois. Alors, pour tuer le temps, on danse, on se passionne pour le foot ou la lecture, on se rend aux concerts, on sillonne les festivals ; certains s’investissent encore dans le travail ; peu dans la politique, ce champ de ruines.

Tout ça remplit difficilement une vie. Beaucoup le ressentent. Certains en souffrent. Houellebecq est de ceux-là. Lui qui porte les manquements de l’époque comme des stigmates, promène son corps cabossé de plateau en plateau, clochard génial qu’un regard empreint d’une gentillesse profonde protège, en désarmant l’agressivité de ses interlocuteurs les plus remontés. Jusqu’ici en tous cas.

Cela pourrait changer, l’époque étant à la crispation.

En effet, ayant, pour beaucoup, perdu toute certitude quant au bien et au mal, voire tout intérêt pour l’un et l’autre ; ne sachant plus trop qui nous sommes ; nous voyons, inquiets, débarquer chez nous des populations qui n’ont pas ce genre de problème. Et nous avons peur. Peur de perdre les lambeaux d’identité qui nous reste : quelques traditions, l’hédonisme, une certaine idée de la liberté aussi... C’est peu ; peu et beaucoup à la fois.

Aujourd’hui, pleins de culpabilité et réveillés par la brutalité des djihadistes, nous jetons à la maigre partie de l’héritage que nous n’avons pas brûlée le regard attendri que Simone Weil porta un jour sur la France, qu’une défaite humiliante avait précipitée dans le ruisseau.

Alors, dans un sursaut, et après avoir tant traîné, nous demandons aux musulmans de s’intégrer. De s’assimiler, même. Mais à quoi ? A la laïcité devenue athéisme ? A la liberté devenue anomie ? A un certain art de vivre devenu festivisme généralisé ? A une grande culture qui n’existe plus ? A la liberté de blasphème[7], peut-être ? 

Pourquoi pas ? On peut toujours essayer. Je pense cependant qu’ils ont mieux en magasin. Ils ont des certitudes. Et l’espoir.

Non, la vérité, et c’est sans doute la plus belle intuition de Houellebecq, c’est que personne ne se battra sérieusement pour sauver ce que nous sommes devenus. Nous sommes des peuples fatigués. Quittant ce qu’est devenu notre société, nous n’aurons comme François rien à regretter. Muray à eu tort : nous perdrons.

Nous perdrons parce que nous sommes les plus morts.

 

[1] Michel Déon, Les Poneys sauvages.

[2] Stéphane Rati a très justement décelé, dans le roman de Houellebecq, l’influence de l’ouvrage Le Déclin, publié en 2013 par l’historien belge David Engels. Voir http://www.lefigaro.fr/vox/culture/2015/01/16/31006-20150116ARTFIG00358-michel-houellebecq-et-l-empereur-auguste-fiction-ou-modele-historique.php

[3] Ceci dit, l’interview de Houellebecq par le même Bourmeau vaut le détour : http://blogs.mediapart.fr/blog/sylvain-bourmeau/020115/un-suicide-litteraire-francais 

[7] Tellement usée par l’absence de cible qu’avant le massacre Charlie Hebdo était tombé à 30.000 exemplaires par semaine. 


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35 réactions à cet article    


  • howahkan Hotah 19 janvier 2015 08:59

     et si il avait totalement tort ?


    • howahkan Hotah 19 janvier 2015 13:42

      cela dit je ne sais même pas de quoi il s’agit... smiley


    • Le p’tit Charles 19 janvier 2015 09:16
      Et si Houellebecq avait raison ?....comme Zemmour et quelques autres...Mais en démocrachie la vérité dérange... !

      • Fergus Fergus 19 janvier 2015 09:43

        Bonjour, La Mangouste.

        Allons donc ! La France n’est pas très différente de la plupart des pays qui l’entourent, où l’individualisme et le consumérisme sont devenus les grands marqueurs de la société. Et cela, vous avez raison, dans un contexte de recul mystique évident. Mais pas absent pour autant chez de nombreuses personnes qui trouvent le moyen de donner un sens à leur vie dans le cadre d croyances privées de toutes natures, débarrassées des dogmes et des rites.

        Qui plus est, les moyens de donner un sens élevé à sa vie ne manquent pas dans le cadre de nos sociétés modernes pour ceux qui le souhaitent, et sans qu’il soit nécessaire de s’en remettre à une religion : action humanitaire, sociale, culturelle, sportive, la liste est longue des activités qui permettent de valoriser sa vie sans verser dans des excès dictés part un désespoir existentiel !

        Pour ce qui est des musulmans, la demande d’intégration est d’autant plus forte qu’une minorité pourrit la vie de tous, coreligionnaires ou pas. Et quoi que vous en pensiez, il n’est pas illégitime de demander à ces personnes de s’adapter à la laïcité française ou d’aller vivre ailleurs à leur guise. Les Maghrébins arrivés dans les années 60 à 90 y sont parvenues, beaucoup ayant d’ailleurs abandonné peu à peu leur religion pour verser dans l’athéisme ou l’agnosticisme., et l’écrasante majorité étant parfaitement en harmonie avec les règles laïques. La question qui est posée aujourd’hui est donc celle des vecteurs de la radicalisation.


        • La Mangouste 19 janvier 2015 13:02

          Bonjour Fergus,


          La fatigue du sens me semble évidente chez nous : nous ne tomberons donc pas d’accord là-dessus. Même si la vision que développe MH dans son livre est excessivement noire et que, quoique dit ci-dessus, je ne la considère que comme une possibilité, elle me semble correspondre à une réalité : peu de nous se battrons pour défendre notre société telle qu’elle est devenue.

          Sinon, pour ce qui est de l’envie d’intégration des musulmans, je crois que vous vous leurrez. Jusque dans les années 90, c’était peut-être le cas. Aujourd’hui, ils ont des modèles qui ne sont pas les nôtres : les djihadistes pour une minorité, les sociétés libérales-conservatrices qatarie et turque notamment pour beaucoup d’autres. 

          Merci pour la courtoisie de votre commentaire en tous cas. 


        • velosolex velosolex 19 janvier 2015 18:05

          Je doute que ces gens reflètent un modèle attractif..


          Les événements actuels d’ailleurs n’apportent pas d’eau au moulin, et ça ne va pas s’arranger. Les gens sont ulcérés par l’irruption de cette violence, d’inspiration religieuse.

           N’ergotant pas sur les différences à faire, entre vrai musulman du faux,...
          En ce moment les faux semblent partout envahir les vrais écrans.

          Je pense qu’aux concours des gens paumés, nous ne somment pas les seuls. 
          « On va faire les soldes.... » ont crié les frères Kouachi....

          Paroles à mon avis plus lourdes de sens que ce fameux « allah alkar » qu’ils ont lancé après la tuerie ; révélant très bien leur psychologie. 
          Le dénommé Coulibaly semblait lui aussi plus dominé la playstation que les versets du coran.
          Voilà de magnifiques figures de têtes de gondole. 
          S’identifie qui veut à ces barges !
          On n’y trouvera pas beaucoup de monde, même en ratissant la crème partie en syrie. 
          Au niveau contreproductif, il n’y a pas mieux pour la promo....

          Houellebecq a fait un bouquin en mettant dans sa tambouille les ingrédients sulfureux qui traînaient sur l’étagère, sur fond d’islamisation rampante. 

          Je n’aime pas son style, je n’aime pas le personnages exilé du fisc en Irlande, je ne ferais donc pas chier à lire sa daube égotiste. 

          Trop de bons bouquins pour lire les mauvais. Voltaire en ce moment pique des lecteurs à Houellebecq !
          Pan sur le bec, dirait le canard
          Voilà une des conséquences assez savoureuse de la chose. 
          le canard fait lui aussi de nouveau un malheur. 
          Et si l’intelligence était une idée neuve en europe ?




        • Phoébée 19 janvier 2015 09:56

          ’Pour ce qui est des musulmans, la demande d’intégration est d’autant plus forte qu’une minorité pourrit la vie de tous, coreligionnaires ou pas’

          .

          Selon un récent sondage les musulmans de France sont à 55 % pour l’application de la charia dans le pays.


          • Le p’tit Charles 19 janvier 2015 10:08

            55%...une sacrée minorité... ?


          • VICTOR LAZLO VICTOR LAZLO 19 janvier 2015 10:31

            Je viens de finir la lecture de « Soumission » , et je suis grosso-modo en accord avec l’analyse de l’auteur de l’article.


            Concernant les Bourmeau, Badou, Joffrin, on se demande s’ils ont seulement ouvert le livre.
            J’ai tout de même lu et entendu des critiques radio tresser des louanges pour des motifs qui laissent pantois. Ainsi certain trouvait formidable cet Islam décrit par Houellebecq parce qu’il triplait le salaire des profs....

            Ceci dit Houellebecq n’est ni prophéte ni visionnaire. Ce qu’il décrit, c’est aujourd’hui, notre vacuité, nos lâchetés. Et avec quel humour et quel cynisme !



            • Olivier Perriet Olivier Perriet 19 janvier 2015 11:02

              On dit que l’herbe est toujours plus verte dans le pré du voisin.

              Le regard envieux jeté sur l’islam sous-estime sans doute beaucoup le mal être qui règne là aussi. La production en série de frères Kouachi ne me semble pas vraiment la preuve d’une santé morale meilleure que celle de l’Occident désabusé (même si ces frères là appartiennent à notre monde aussi).

              Le propos tape juste, c’est vrai, mais finalement c’est si facile d’être pessimiste. Je reste pour ma part plus convaincu par les analyses d’Emmanuel Todd sur la question


              • velosolex velosolex 19 janvier 2015 18:09

                Je préfère les frères Coen aux frères Kouachi, au niveau de la production j’entend..


              • Robert GIL Robert GIL 19 janvier 2015 11:22
                Nous partageons les sentiments de celles et ceux qui sont descendus dans la rue. Mais ces manifestations ont été confisquées par des pompiers pyromanes qui n’ont aucune vergogne à s’y refaire une santé sur le cadavre des victimes. Valls, Hollande, Sarkozy, Hortefeux, Copé, Merkel, Cameron, Juncker, Erdogan, Orban, Netanyahu, Liebermann, Bennett, Porochenko, les représentants de Poutine, Bongo… : quel défilé d’abjecte hypocrisie. Cette mascarade indécente masque mal les bombes que les Occidentaux ont larguées sur l’Irak depuis une semaine sur décision de ce carré de tête ; les milliers de morts à Gaza où Avigdor Liebermann imaginait employer la bombe atomique quand Naftali Bennett se rengorgeait d’avoir tué beaucoup d’Arabes ; le million de victimes que le blocus en Irak a provoquées. Ceux qu’on a vus manifester en tête de cortège à Paris ordonnent ailleurs de tels carnages....lire la suite

                • leypanou 19 janvier 2015 11:58

                  « Comme Houellebecq, je pense que notre problème n’est ni économique, ni politique. Il est moral. » : bien sûr, avec un bon moral, les gens pourront payer sans problème ce qu’ils ont à payer en gaz, électricité, nourriture, transport, frais de santé, etc, etc

                  Au lieu de lire Soumission d’Houellebecq, je conseille plutôt de lire le livre de P Lévy, ce qui est en train de se mettre en place doucement et sûrement et ce ne sont pas les négociations actuelles en catimini du TAFTA qui me contrediront.


                  • Olivier Perriet Olivier Perriet 19 janvier 2015 14:22

                    lol, l’un n’empêche pas l’autre, l’économique n’influence pas nécessairement le spirituel, et réciproquement.


                  • leypanou 19 janvier 2015 15:23

                    l’économique n’influence pas nécessairement le spirituel : c’est vrai, les ventres affamés gardent toute leur lucidité en toute circonstance et c’est pourquoi que les prédicateurs de tout accabit, genre Eglise Evangéliste ou Mormons, ne font leur « métier » que dans les pays où les gens ont une vie décente !!!


                  • Olivier Perriet Olivier Perriet 19 janvier 2015 18:58

                    La France n’est pas (encore ?) le pays des ventres affamés, malgré tout...Puisque c’est de notre situation que parlait l’article


                  • La Mangouste 20 janvier 2015 16:38

                    On ne peut pas nier que la prospérité détourne souvent une partie des population des religions et, plus largement, des questions métaphysiques. Cependant, il faut se garder d’être caricatural : les évangélistes, notamment, font un carton dans la nouvelle classe moyenne urbaine brésilienne, après avoir percé aux USA. Pas précisément des gens qui meurent de faim, donc. 



                  • DanielD2 DanielD2 19 janvier 2015 12:58

                    La critique de l’Occident est sans doute juste, mais imaginer une seconde que l’Islam pourrait être une solution c’est délirant. Suffit de voir l’état du monde musulman, et l’état des villes en France et en Europe où il y a beaucoup de musulmans : Pauvreté, chômage, délinquance, maladies mentales, intolérance, etc.

                    S’islamiser, c’est prendre un aller simple pour le tiers-monde.

                    Commençons par enterrer définitivement Mai 68, virons ce régime pourri jusqu’à l’os qui coule la France depuis 40 ans, et on y verra déjà beaucoup plus claire sans avoir besoin de se suicider en tant que civilisation. 


                    • La Mangouste 19 janvier 2015 13:06

                      Bonjour Daniel,


                      Les musulmans ne regardent pas le Yemen ou le Mali pour se donner envie. Ils regardent la Turquie ou le Qatar, notamment. Et là, il y a plus de motifs de fierté. 

                    • DanielD2 DanielD2 19 janvier 2015 13:51

                      Turquie et Qatar ? 2 allies des USA, un pays quasi sous-développé ( 73 ans d’ espérance de vie, c’est moins que l’Algérie ) et un confetti de la taille de son gisement de gaz. Si c’est ça leurs exemples ...


                    • velosolex velosolex 19 janvier 2015 18:14

                      daniel


                      C’est délirant, le mot est juste. 
                      Sans doute faut il effectivement voir au delà du motif l’instrumentalisation. 

                      Sil la France paye en ce moment c’est qu’elle offre sans doute une opportunité à ces opportunistes d’al caïda.....

                      Voilà que les chinois s’y mettent aussi, nous font les gros yeux pour la couverture de fluide glacial !



                      Quelqu’un a t’il glissé un coussin péteur sur le siège de Hollande ?

                    • ZenZoe ZenZoe 19 janvier 2015 15:35

                      Je n’ai pas lu le bouquin de MH, mais d’après ce que j’en lis, et d’après le Maître lui-même, le propos est double.
                      1) on va se faire bouffer par les musulmans, ça tout le monde a compris et tout le monde en parle.
                      2) la nature a horreur du vide, et une société a besoin d’une religion. Ca personne n’en parle et c’est à mon sens le plus important.
                      Le propos de Houellebecq est qu’une religion se révèle en fait bien pratique, parce qu’elle règle tous les problèmes de la vie. Une religion, c’est un mode d’emploi pour la vie privée, la vie collective, on n’a plus besoin de se poser des questions, suivez le guide, c’est tout. Il faut avouer que c’est tentant non ?
                      Car les sociétés occidentales sont en bout de course à force de se poser des questions existentielles et de se chercher des modes d’emploi. La plus grande menace d’une société est le doute qui accompagne le vide, ça la mine de l’intérieur.
                      Face à un adversaire qui lui ne doute de rien et agite avec certitude son bouquin sacré, son code de lois gravées dans le marbre et son prophète intouchable, qu’est-ce qu’on peut bien faire, je vous le demande ? Eh bien, on se laisse bouffer, voilà.
                      On ne va pas perdre parce qu’on est mort, on est déjà mort parce qu’on doute, parce qu’on ne sait même plus où on va.


                      • La Mangouste 19 janvier 2015 16:39

                        Pardonnez-moi mais j’ai du mal à saisir en quoi votre conclusion s’oppose à la mienne ?


                      • karibo karibo 19 janvier 2015 18:06

                        @ zenzoe.

                        Je ne pense pas que nous ne sachions pas ou nous allons, une minorité nous l’ impose et nous muselle, quand nous nous dressons pour le refuser :
                        C ’est une nuance qui fait toute la différence.
                        Ceux qui hurlent depuis 20 ans et plus que ce sabordage est induit, sont fustigés, stigmatisés, pointés du doigt par cette UMPS bien pensante, à la botte de cette gôche qui s’ octroie le monopole du coeur, de l’ humanisme, qui s’ arroge l’ exclusivité du penser correcte, avalisé et financé par les sionistes .
                        Nos services d’ ordre payés / nos impôts sont à leur botte, et servent exclusivement à leur protection, protéger les exactions qu’ ils commettent chez nous, ces cités mouroir ou sont parqués ces indésirables, ou nos supers flics n’ osent même plus rentrer , exactions à chaque manif commises par les casseurs israéliens d’ extrême droite, (dénoncés par des Soral, zemmour ou Dieudonné) qu’ il ne faut surtout pas stigmatiser, avec la complicité d’ un vals ou sarko, entre autres pour ne pas chatouiller le bourreau victimaire constructeur du NOW, et qui viennent défiler à la barbe de tous après avoir assassinés par centaines des innocents dans Gaza, au nom de la liberté, qu’ ils contribuent à tuer et de les faire chanter :« je suis kon , nous sommes tous kons » seule et unique reparti politiquement toléré et de feindre la niaiserie de ne savoir ou nous allons, tout en sachant parfaitement ou vous nous amenez : l’ islamisation de la france, pour mieux la saborder et assassiner.
                        Obligés de monopoliser et s’ accaparer tous les services d’ ordre, armée, GIGN et flics polymorphes disponibles pour médiatiser leur humanisme de mes 1+1 que vous continuez à nous IMPOSER, et auquel les musulmans vous répondent en brulant vos drapeaux, invitant au djihad, détruire votre hypocrisie, ce que vous appelez culture et de vous OBSTINER dans ce suicide, asservi au manipulateur, qui invite ses ressortissant qui se sentiraient ,après bien y avoir mis le « WHY » : menacés, à rentrer au pays promis par ces auto proclamés élus , et de s’ étonner d’ antisémitisme ?
                        Une HONTE !
                        Bien sur que Hoellebecq a Raison !


                      • Olivier Perriet Olivier Perriet 19 janvier 2015 19:02

                        @ zenzoe

                        "Face à un adversaire qui lui ne doute de rien et agite avec certitude son bouquin sacré, son code de lois gravées dans le marbre et son prophète intouchable, qu’est-ce qu’on peut bien faire, je vous le demande ?"

                        J’ai l’analyse inverse : aller faire un carton dans la salle de rédaction d’un journal satirique ne révèle pas une grande confiance en soi et ses valeurs.


                      • TicTac TicTac 19 janvier 2015 17:15

                        Il a au moins raison sur le premier point, l’existence d’un parti, lequel pourrait fort bien se déclarer chez nous.

                        Je rappelle que chez nos voisins belges, un parti Islam existe depuis 2012.
                        Le reste, c’est peut-être de la fiction, mais il est écrivain alors quoi de mal ?

                        • vachefolle vachefolle 19 janvier 2015 17:41

                          Cela fait maintenant un siecle que d’aprés tous les historiens, l’occident se détruit, depuis la guerre de 14, d’après eux....

                          Enfin, on pourrait aussi remonter aux guerres du 19ieme siècle, et faire remonter la décadence de l’Europe a Louis 16.

                          Seulement voila depuis tout ce temps, cette décadence a fourni un progrès technologique incroyable qui a étendu incroyablement le niveau de vie européen et mondial, et a augmenté énormément l’espérance de vie.

                          Ainsi donc aujourd’hui en Europe, les 3/4 de la population vivent mieux que Louis 16 a son époque, qui aurait bien aimé se payer n’importe quel dentiste du 21ieme siècle.

                          Quelle décadence ? ZERO guerre en France métropolitaine depuis 1945.
                          Plus de guerre importante en Europe depuis 70 ans.

                          Alors en ce qui concerne la France, (car parler de tous les pays européens de la même façon serait ridicule, les anciens pays de l’Est ne sont pas dans la même situation) nous serions en perte totale...

                          Tellement en perte totale qu’il n’y a jamais eu autant d’exploration scientifiques mondiales chez nous (LHC, LMJ, ITER), tellement en perte totale que nous avons 2 Nobel en 2014, ...

                          Le défaitisme est certes important, mais l’avenir n’est pas écrit.


                          • velosolex velosolex 19 janvier 2015 18:21

                            vache pas si folle que ça


                            Face à la sinistrose ambiante, c’est vrai, l’heure est à la reprise des esprits. 
                            Ce gachis a eu le mérite non houellebecquien de nous réveiller. 

                            Ca c’est passé à plusieurs moments de notre histoire, et l’auteur, semble t’il passionné d’histoire, aurait grand mérite à le rappeler. 
                            Il n’y a rien de plus redoutable qu’un peuple qui se reprend. 

                            La république en danger, tout ça, en 1790 et les années qui suivirent, et instituèrent sur fond de crise, avec les pays autour qui voulaient la peau de la France, et égorger les parisiens qui avaient sacrilège osé guillotiner le roi

                            Caricatures ? 
                            Caricature de roman prophétique en tout cas, déjà en décalage de l’histoire, à peine sorti des rotatives.

                          • CHALOT CHALOT 19 janvier 2015 19:30

                            une invitation à discuter de l’avenir d’AGORAVOX
                            à l’occasion de son 10ème anniversaire
                            http://www.agoravox.fr/tribune-libr...


                            • dixneuf 19 janvier 2015 20:29

                              Non, ça ne se passera pas comme dans ce roman. Que l’islam devienne la première religion, c’est bien parti pour. Mais a quoi croyez-vous que feront tous les cinglés de dieu, à quoi serviront les armes et les explosifs des dépôts clandestins ? 


                              • exocet exocet 20 janvier 2015 02:08

                                Jaurès, Zebda, 2009 https://www.youtube.com/watch?v=EUoxRR5aRlI


                                Une vie de moins, Zebda, 2012 https://www.youtube.com/watch?v=fDGR_1gYFtM&feature=player_detailpage


                                Pour « ....avoir le courage de ne pas faire écho de nos mains et de notre bouche aux applaudissements imbéciles et aux huées fanatiques.... » Jaurès, peu avant la grande tuerie que fut la Guerre de 1914-1918 .


                                Il y avait déja des fanatiques dans les 2 camps....comme aujourd’hui, et des fauteurs de guerres qui se délectaient......comme aujourd’hui.


                                • Chamiot 20 janvier 2015 13:06

                                  Bonjour Mangouste sachant écrire

                                  Il y a longtemps (bien 25 ans sinon plus) que j’ai fait mon diagnostic : un cadavre (qui ressemble encore, vu de loin à un corps, mais tous les processus vitaux sont éteints : la faculté d’exclure et de hiérarchiser. Tout ne se vaut pas (ni les sexes, ni les races et les Peuples, ni les individus, ni les âges de la vie) La Grande Egalité est une monstruosité, ses anti-valeurs sont mortelles.

                                  >>> Même si la vision que développe MH dans son livre est excessivement noire et que, quoique dit ci-dessus, je ne la considère que comme une possibilité, elle me semble correspondre à une réalité : peu de nous se battrons pour défendre notre société telle qu’elle est devenue.>>>

                                  Bien sûr, puisque

                                  - ceux qui comme moi, sont assez vieux et durs pour être capables de se battre exècrent et vomissent cette fange des « valeurs » (la mal nommée parité, l’anti-racisme, l’enfant-roi adipeux et analphabète, l’assistanat larmoyant des modestes, la xénophilie dissolvante, l’Eglise ONG, la pitoyable laïcité, la domination juive exacerbée, un Etat totalitaire, une propagande étouffante) A part la barbe (qui peut gratter) qu’ai-je à perdre ?

                                  - la masse, le troupeau (les moutons à Smartphone) qui sont pétris des « valeurs » sont, par définition, inoffensifs : je suis mouton...

                                  - ceux (les bergers cosmopolites de naissance ou convertis) qui, dans leur intérêt (passer inaperçus) ont largement contribué au délabrement du pays (par infusion « forcée » de valeurs anti-hiérarchiques) partiront sous d’autres cieux quand cela se gâtera vraiment pour leurs profits et positions (mais ils laisseront un désert, on ne peut PAS se relever des « valeurs »)


                                  >>Nous perdrons parce que nous sommes les plus morts.>>

                                  Très bon détournement, en 39 aussi, nous étions, au relatif, les plus morts.
                                  La défaite européenne de 45 trouve aujourd’hui ses conséquences logiques, à savoir que les valeurs dites fascistes/nazies étaient évidemment les bonnes, nullement en rupture avec l’Histoire, compatibles avec la vie, tentant même de créer ex-nihilo une nouvelle transcendance (le Mythe de l’Homme auto-créateur enraciné sur son sol) pour surmonter la mort de Dieu en Occident, donner un sens à ce qui n’en pouvait plus avoir dans une société technique.
                                  Les infinis abstraits du communisme et du libéralisme (la mondialisation) ne peuvent assurer a contrario (démonstration est faite d’ailleurs) aucun renouvellement mythique (un mythe ne pouvant être QUE localisé)

                                  La Nature a horreur du vide. Ce n’est pas du tout l’Islam qui est spécialement fort (il est simplement vivant parce que primitif, encore au stade religieux) Quand l’Europe n’était pas encore énervée, elle construisait des églises dans ces pays et les mettait sous son joug. C’est, comme vous le dites bien (vous l’avez donc perçu), simplement NOUS (au collectif) qui sommes morts.


                                  • La Mangouste 20 janvier 2015 16:48

                                    Merci pour le compliment, Chamiot. 


                                    J’avoue cependant que, si nous partageons grosso modo le constat d’une société qui a perdu l’énergie permettant de se défendre, je ne vous suis pas du tout sur les mérites que vous attribuez au nazisme et au fascisme, qui sont pour moi deux formes particulièrement hystériques et néfastes d’idéologie athée. 

                                  • Chamiot 21 janvier 2015 16:09

                                    Pourtant Mlle ou Mme Mangouste...

                                    Admettez-vous que Dieu est mort depuis longtemps en Occident ? = l’Eglise en tant qu’entité structurante, violente, sûre de sa bonne Foi, avec 2 morales, une pour la masse des fidèles (obéissance ici bas, consolation au-delà), une autre, aristocratique, pour les prélats, partie de la Cité.

                                    Avez-vous perçu que la Science et la civilisation technique ont créé un vide en Occident ? On ne peut plus croire comme on croyait, mais rien n’est là pour remplir ce vide. Toujours plus de biens matériels, toujours moins de sens. Le problème du renouvellement mythique dans une société post-religieuse, avec un ciel vide et un Homme affreusement seul et libre. Tout ne tenait que par le principe aristocratique (une identification au Prince, figure pérenne) La Grande Guerre l’a fait voler en éclat.

                                    Il était normal que surgisse en Allemagne, de l’Allemagne quelque chose. Parce que le pays avait subi un traumatisme plus que tout autre : annexions, occupations, pillage organisé par le Traité, perte de tous les repères princiers, véritable guerre civile entre les bandes armées Rouges et ce qui restait d’ordre = la Reichswehr.

                                    Lisez, (si ce n’est déjà fait !) l’ouvrage admirablement documenté et si bien écrit de Benoist-Méchin « Histoire de l’Armée allemande ». En 6 volumes, de 18 à septembre 39, déjà de quoi bien tordre le coup à l’ignorance et à la propagande post-45. Les sources primaires existent, non détruites, à voir pour qui est capable de les voir. Sur le plan des images et des vidéos d’amateurs, elles sortent même en grand nombre des greniers. Elles montrent une population incroyablement heureuse (jubilatoire) et pour le moins consentante à ce qui est décrit comme une affreuse dictature (cf. aussi les résultats des divers votes et plébiscites, normalement organisés, tant qu’il y en eut). Dès lors, on peut commencer à se poser des questions, processus dangereux je l’admets. Vu ma profession, j’avais du temps (et des moyens), j’avais aussi une exigence intérieure (= propreté intellectuelle).

                                    Si la couche « populaire » et politique du mouvement a conduit à des excès de tous ordres (mais comment combattre la violence sans violence ?), la superstructure idéologique constitue, pour ce que j’en vois et connais, la seule tentative délibérée de re-construction mythique dans l’Occident post-chrétien. Ou comment surmonter le hiatus mortel (l’individualisme) entre l’homme animal social et le rêve individuel (par nature stérile, qui isole) en donnant (créant de toutes pièces) un type (appelé l’Aryen) permettant le processus d’identification : un rêve commun, sanctifié, approuvé chaque jour par le regard des autres.

                                    Si on en juge par l’adhésion massive de la population, son allégresse dans un très dur labeur social, la « mayonnaise » mythique commençait à prendre. Elle résista même presque jusqu’au bout d’une guerre ayant requis des efforts inimaginables (en vain) et s’étant achevé dans un océan de sang et dans la barbarie la plus totale (telle que l’Europe n’en avait plus vue depuis les incursions mongoles). On était loin de l’entrée des troupes allemandes à Paris en juin 40 (hommage allemand aux valeureux adversaires, Arc de triomphe, devant un parterre de civils vraiment très peu terrorisés)

                                    Comparez maintenant avec la situation actuelle en France. Voyez comment la Propagande est dans un cas, vécue par le Peuple (un but, l’évènement vécu en commun, plus qu’un outil). Voyez comment elle est, dans l’autre, une lutte contre le Peuple (ce qui..était le Peuple) pour perpétuer (imposer par la violence policière et judiciaire) des « valeurs » morbides, et même, à terme, mortelles.

                                    PS : j’espère que vous avez trouvé à vous employer avec votre Master.


                                  • La Mangouste 21 janvier 2015 20:30
                                    Chamiot,

                                    C’est Monsieur Mangouste, à vrai dire : ça m’apprendra à utiliser un pseudo féminin. smiley

                                    Je ne pense pas que Dieu soit mort en Occident : la foi en lui est toujours bien vivante chez beaucoup d’entre nous. Elle s’exprime de différentes façons. La religion, par contre, en tant qu’entité structurant la société, est bien malade en effet. Certains s’en réjouissent. Pas moi, car je pense qu’elle répond à un vrai besoin de l’homme - ce qu’avait très bien compris un penseur comme Auguste Comte, que personne n’accusera de bondieuserie.

                                    Le nazisme a été, en effet, une tentative de remplacer cette religion. Le fascisme également, et c’est en cela que je les disais athées, ce qui pourrait être discuté - pour le nazisme en tous cas. Le communisme poursuivit cette voie encore plus clairement. Chacun de ces mouvements souleva un enthousiasme certain dans une plus ou moins grande partie des populations où ils se développa. Chacun fascina des intellectuels du monde entier. Chacun fit couler un fleuve de sang. D’ou mon manque d’enthousiasme rédhibitoire pour les trois.

                                    Et sinon, merci pour la courtoisie de vos réponses - et votre sollicitude : j’ai bien trouvé à employer mon master. smiley





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