Et si l’Europe commandait le destin du Dollar ?
Le ’’think tank’’ LEAP/E2020, très controversé mais néanmoins souvent pertinent, vient de publier son bulletin de suivi de la ’’crise systémique globale’’. Comme à l’accoutumée, ce rapport ne mâche pas ses mots, notamment en ce qui concerne la situation budgétaire américaine et le déclin du Dollar.
LEAP/E2020 va même jusqu’à parler de cessation de paiement en marche pour les Etats-Unis, en s’appuyant sur le déclin du dollar ces dernières semaines, ainsi que sur l’impressionnante fuite de capitaux que connaissent actuellement les Etats-Unis.
Et c’est vrai que plusieurs indices sont très parlants. Ainsi, au second trimestre 2009 les banques centrales avaient déjà grandement ralenti leur accumulation de dollars, les achats de devise américaine n’ayant représenté que 37% de leurs achats de devises, alors qu’elle représente 63% de leurs réserves.
LEAP s’interroge également sur les acquéreurs des 100 milliards de dollars de Bons du Trésor émis chaque mois par les USA. Car si les banques centrales ralentissent leurs achats de dollars, il est évident que leurs achat de Bons du Trésor doivent être encore plus tronqués. Dans ce cas, on est en droit de se demander qui achète ces titres de créance.
Pas les citoyens américains, frappés par le chômage et par la crise du crédit. Pas non plus les opérateurs étrangers, qui affichent ouvertement leur inquiétude vis à vis de l’état de santé de l’économie américaine. Il y a encore moins de chance que les achats soient effectués par les banques centrales russes, chinoises et japonaises, qui discutaient encore ces derniers jours d’un possible abandon du dollar dans les échanges pétroliers.
Reste donc un seul suspect : La Fed.
En effet, selon LEAP, la Réserve Fédérale ferait ’’tourner la planche à billets’’ bien plus qu’elle ne veut bien l’admettre afin d’acheter elle même les bons du Trésor, concourant par cet acte au déclin du billet vert. Et il n’y a pas de raison que cela change, car avec l’annonce de budgets fédéraux prévus en déficit de 1000 milliards de dollars par an sur la décennie à venir, le dollar fait de plus en plus figure de monnaie de singe...
LEAP précise donc que contrairement à l’année dernière, où le déclin du dollar avait été stoppé grâce à la panique due à la crise (en raison de son statut de valeur refuge), la dollar ne trouvera pas le salut dans un nouveau vent de panique, d’autant plus que son statut de valeur refuge a été mis à mal, voire oublié.
La situation est donc grave pour les Etats-Unis, et L’Europe va devoir gérer avec le plus grand des soins la préparation de ’’l’ère post-dollar’’ si elle ne veut pas être entrainée par les Etats-Unis dans leur déclin. Il faudra ainsi éviter à tout prix de voir le dollar décliner davantage, car un Euro trop fort serait catastrophique pour les exportations de l’UE.
L’Union Européene va également devoir apprendre à travailler avec les Chinois, les Indiens, les Brésiliens et les Russes indépendamment des Etats-Unis, afin de faire valoir ses intérêts dans cette ère post-dollar.
L’année 2010 sera donc cruciale pour l’Europe, et sa position face au Dollar sera déterminante pour l’avenir de l’Europe, l’avenir du Dollar, et même pour l’avenir de l’ordre mondial, selon LEAP...
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