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Accueil du site > Tribune Libre > Et si nous supprimions le mariage civil ?

Et si nous supprimions le mariage civil ?

Sur le thème du mariage pour tous, le texte ci-dessous, écrit par l’un des Maquizards, a pour objectif de faire réfléchir. Le débat continue …

C’est fait. Le texte sur le mariage pour tous a été voté par l’Assemblée Nationale. Il aura été, le temps de quelques semaines, au centre de l’attention médiatique. Il aura fallu pas moins de 24 séances, près de 110 heures de débats et 5000 amendements pour en arriver là.

Tout ce temps passé sur un texte de « société » qui ne changera rien à l’impasse dans laquelle la France s’est placée sur le plan économique était-il nécessaire ? La France s'est engluée dans un débat sans fin opposant les « pro » et les « anti », un débat qui, loin des préoccupations réelles des Français, n’a servi qu’à raviver certaines passions jusque-là apaisées. La lutte à coups de communiqués et de manifestations a en fait incarné deux combats d'arrière-garde et passablement réactionnaires. Celui de ceux qui refusent au fond d'eux d'accepter l'homosexualité comme une composante des rapports entre certains individus de notre société, et le combat de ceux qui, en quête de symboles, s'accrochent à une institution civile ancienne et dépassée au nom d'un égalitarisme forcené.

Les anti « mariage pour tous » se trompent de combat. Il est paradoxal de noter qu'ils « défendent » le mariage civil en mettant en avant « leur vision du mariage et de la famille » alors même que la plupart d'entre eux attachent une importance relative au passage devant le Maire, la cérémonie religieuse revêtant pour eux, et on le comprend, une importance beaucoup plus forte en termes d'engagement et de symbolique. Si le mariage religieux était remis en cause nous pourrions comprendre leur réaction. Mais ce n'est pas le cas.

De leur côté, les "pro", dans leur quête éperdue pour l'égalité et la reconnaissance de l’homosexualité, ont perdu de vue ce qui devrait être leur principale valeur : la liberté. Celle de choisir librement avec qui vivre et de contractualiser sans se fondre dans le conformisme et les carcans imposés par une société d'un autre âge.

Et pourtant tout aurait pu être plus simple. Revenons aux origines du mariage civil. Instauré sous la Révolution française, il n'avait d'autre but à l'époque que de singer et faire concurrence au mariage religieux pour s’assurer de la main mise sur les « esprits ». C’est d’ailleurs dans cette droite ligne qu’ont également été, à l’époque, créés par les mêmes révolutionnaires le baptême civil et le culte de l'Etre Suprême …

A l’origine, le mariage civil n'était donc qu'un instrument politique, une façon pour la Révolution de « reprendre la main » sur des esprits trop imprégnés alors des dogmes religieux. Au fil du temps, il est devenu le symbole de l'adoubement par la société de l'union de deux personnes. Petit à petit, la puissance publique s'est arrogée le droit de juger si l'union de deux personnes était légitime ou non. Mais est-ce vraiment son rôle ? Dans une société libre, l’État ne devrait pas se poser en arbitre de ce qui relève purement d'un choix privé. L’État n'a pas à y consentir ou non...et encore moins, dans ce domaine, à décréter le bien et le mal en matière de comportements. L'amour que deux êtres humains peuvent se porter ne regarde qu'eux mêmes. Au lieu de permettre le « mariage pour tous », la bonne solution n’aurait-elle pas été de supprimer l'institution du mariage du code civil ? De fait, en supprimant l’obligation du mariage civil, on supprimerait le symbole qui y est attaché et par là même le besoin des couples homosexuels d’y accéder...

Chacun devrait avoir le droit de passer chez le notaire un contrat avec son conjoint, quel que soit son sexe. Et ensuite de le déposer au tribunal ou en mairie pour le faire valider. Et pour la cérémonie, libres à ceux qui en souhaitent une de s'adresser à leur Église s’ils sont croyants ou à la mairie s’ils préfèrent. Le mariage en mairie ne serait ainsi plus obligatoire mais optionnel. Il serait ramené à ce qu'il devrait être : un simple cérémonial, l'essentiel étant ailleurs, dans le contrat signé entre deux adultes consentants...

Se pose alors la question des enfants. Si le « droit au mariage » que je qualifierais plus volontiers de « droit de s'unir à la personne de son choix » est un droit qui doit être universellement reconnu, il n'en va pas de même pour le « droit à l'enfant ». La nature, et nous n'y pouvons rien, est faite de telle façon que seuls un homme et une femme peuvent avoir des enfants.

Reconnaître le droit à la PMA, voire à la GPA, aux couples homosexuels, au-delà des débats, pour le coup ici infondés, sur la nécessaire égalité - par nature, les hétérosexuels et les homosexuels ne sont pas égaux sur leur capacité à avoir des enfants - pose de véritable problèmes éthiques. En son temps, le débat autour de la PMA pour les couples hétérosexuels avait d’ailleurs déjà soulevé de nombreuses questions sur la tentation de la sélection génétique et les limites du « libre choix ».

Pour les couples homosexuels, ce débat est décuplé. Leur donner la possibilité de recourir à la PMA équivaut, de fait, à leur permettre de faire un choix sur le « donneur », nous faisant rentrer ici de plain pied dans la sélection génétique. Bien sûr, d'aucuns diront que la loi pourrait garantir une sélection anonyme du donneur de sperme ou d'ovocytes. Mais ce système trouvera à n'en pas douter rapidement ses limites... Au nom de la liberté de choix et du « droit à l'enfant », on autorisera sans nul doute les couples homosexuels à choisir le « type » de donneur en leur permettant de choisir « l’origine » (géographique, sociale, culturelle…) du donneur, ne serait ce que pour garantir une « cohérence d’origines » entre les parents et l’enfant. Le début de la sélection génétique...

A l'inverse d’Erwann Binet, le rapporteur à l'Assemblée Nationale du projet de loi sur le mariage pour tous qui a encore récemment affirmé qu'il considérait qu'attendre l'avis du Comité d'éthique pour se prononcer sur la reconnaissance de la PMA pour les couples homosexuels était anti-démocratique, il s'agit de prendre le temps de la réflexion et du débat.

Permettre la PMA aux couples homosexuels reviendrait à ouvrir la boîte de Pandore, celle de la sélection des gènes et du meilleur des mondes. Une telle décision, lourde de conséquences, ne doit pas être prise à la légère sous le coup de l'émotion et par des politiques davantage mus par des considérations électoralistes de court terme que par le sens des responsabilités en la matière...

 


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16 réactions à cet article    


  • Rounga Roungalashinga 26 février 2013 09:28

    Un intervenant d’agoravox a fini par ma lâcher un bel aveu, il y a quelques jours :

    "Mais bon, la seule chose qui importe, c’est de voir votre petit monde pourri finir de crever.

    On va bien être soulagé de pouvoir l’enterrer et même s’il bouge un peu, on l’achèvera à coup de pelles avant de finir de combler le trou !


    Vous verrez, vous aussi vous finirez par aimer un monde débarrassé des cathos et autres fachos du même tonneau."


  • Rounga Roungalashinga 26 février 2013 10:56

    Effectivement, puisqu’il faut laisser la place aux jeunes, je me suis dit que choisir pour avatar un petit bébé tout choupinet serait dans l’air du temps.


  • Rounga Roungalashinga 26 février 2013 12:21

    julius,
    Si ça vous intéresse, la conversation complète se trouve ici.


  • Folacha Folacha 26 février 2013 14:35

    Quelque chose comme Sinistrounours


  • Francis, agnotologue JL 26 février 2013 09:39

    Le concept de droit à l’enfant est, à ma connaissance, le plus hideux concept jamais instrumentalisé : il chosifie l’enfant, et par delà, l’humain.

    Nul ne peut se prévaloir de ses turpitudes ; valoriser ce concept condamnable est une turpitude, par définition.

    Ceux qui se prévalent du « droit à l’enfant » sont dans la perversion la plus avérée.


    • BlackMatter 26 février 2013 15:22

      « Ceux qui se prévalent du « droit à l’enfant » sont dans la perversion la plus avérée. »


      C’est tout à fait ce que je pense de mes voisins qui ont fait un enfant « parce qu’ils en avaient envie ». Non mais vous vous rendez compte ? Même les hétéros sont pervertis à notre époque !

    • Francis, agnotologue JL 26 février 2013 15:37

      Blackmatter,

      vous mélangez le droit naturel d’user des fonctions corporelle dont nous a dotés la nature et qui sont vitales pour les espèces vivantes, avec un droit qui serait fondé sur un concept hideux, contre nature et qui serait acquis au forceps. C’est dire !


    • BlackMatter 26 février 2013 21:14

      Ah ? Ben excusez moi d’être aussi bête alors. J’étais absolument persuadé que la nature n’a jamais fait de droit et que la force de l’homme c’est justement de s’émanciper des forces de la nature. Mais pourquoi réserver l’argument contre-nature au sexe ? Les vêtements, les habitations, les médicaments c’est pas très naturel non plus... Mais bon, je suis bête alors je ne peux pas comprendre.


    • Francis, agnotologue JL 26 février 2013 21:28

      BlackMatter,

      je ne suis pas l’un de ces illuminés qui ne jurent que par le droit naturel, je veux parler des ultra-libéraux.

      Mais je vous trouve pitoyablement comique sur ce coup-là : en effet, le mariage gay et tout ce qui s’ensuit est une revendication typiquement libérale ! Un comble pour des fanatiques du droit naturel, que de réclamer quelque choses qui s’oppose précisément au droit naturel : le mariage gay et la procréation artificielle !

      Bien entendu, je ne vous demande même pas comment vous expliquez cette contradiction : comme vous le dites vous-mêmes, vous êtes bien trop bête. Et vous démontrez par le fait, une fois de plus que le libéralisme est une non-pensée, pour ne pas dire une imbécillité.


    • Shawford42 26 février 2013 10:05

      Là c’est le post rabatteur typique de fatalis. 


      Je m’en explique : en point d’orgue de son raisonnement il y a le fameux Ordo Ab Chao. 

      Or qui veut méditer après s’être renseigné sur cette locution considérée comme la grande question de l’Univers, sait qu’elle est en vogue chez les mystiques, chez les alchimistes tout autant que chez les Francmac donc. 

      Cette question est en fait irrécupérable, applicable pour tout et partout même dans une dynamique 100% cartésienne et personnelle.

      Sauf que « elle » donc, elle l’utilise à sa sauce en désignant la seule Franc maçonnerie (pour eux ça devient sans doute beurk caca boudin de s’y référer, mais je répondrais alors : ils existent, tout comme les gays, ostracisés vicieusement au passage)

      Alors je dis juste à toutes et tous : achtung, fatalis c’est le stratège Canadry de l’Agora smiley

    • Shawford42 26 février 2013 10:11

      Oups Canada dry, la pub où on dit : on dirait un « ange », son discours sonne comme celui d’un ange pour certain, mais ce n’est pas l’ange que vous croyiez smiley smiley


    • fcpgismo fcpgismo 26 février 2013 10:04

      Arrêtez vos fantasmes débiles la génétique n’ est rien à coté de l’ environnement offert à un nouveau né. Le droit à l’ enfant existe pour tous les hétérosexuels alors on n’ en veut notre part nous aussi. J’ ai toujours été contre la mariage avec mes copines le mariage est une prison une monstruosité ( ce que j’ ai été est trop différent de ce que je suis )et pourtant si mon amour me demande en mariage je l’ épouse.Je ne souhaite pas d’ enfant mais tous les amis homos que je rencontre dans la vie je les encourage à le faire, si ils le souhaitent. 

      Maquizards (Permettre la PMA aux couples homosexuels reviendrait à ouvrir la boîte de Pandore, celle de la sélection des gènes et du meilleur des mondes. Une telle décision, lourde de conséquences, ne doit pas être prise à la légère sous le coup de l’émotion et par des politiques davantage mus par des considérations électoralistes de court terme que par le sens des responsabilités en la matière...)Stupide... la génétique n’ est rien.

      • Rounga Roungalashinga 26 février 2013 10:51

         Le droit à l’ enfant existe pour tous les hétérosexuels


        Non. Ce n’est pas parce qu’on a le pouvoir d’avoir des enfants, de par la nature de la relation qu’on a (hétérosexuelle), que ce pouvoir procède d’un droit. J’insiste bien sur « nature de la relation qu’on a », car ce pouvoir n’a rien à voir avec le fait de ressentir une attirance pour les personnes d’un sexe ou d’un autre. En effet, les homos ont aussi le pouvoir de faire des enfants, s’ils ont une relation sexuelle avec une personne de l’autre sexe. Donc arrêtez de nous bassiner avec ces histoires d’égalité. Vous êtes déjà égaux aux hétéros, que vous l’admettiez ou pas.


      • voxagora voxagora 26 février 2013 12:20

        C’est drôle, je viens de poster un commentaire sous un autre article pour dire que être pro ou anti mariage pour tous ne se résume pas aux deux positions extrémistes que sont

        - d’un coté les négationnistes de l’origine hétéroséxuée de l’humanité,
        - de l’autre des ultra-catholiques qui font beaucoup de bruit, mais ne sont que la partie émergée
        d’un iceberg dans lequel on peut ranger, outre les autres religions hypocrites qu’on entend peu,
        ceux et celles qui réfléchissent aux EFFETS de la loi, dans une perspective dépassant les querelles mises sur le devant de la scène où les acteurs, surtout du coté « anti » sont réduits à des catholiques racornis, ce qui est loin d’être le cas.


        • Eleusis Bastiat - Le Parisien Libéral Eleusis Bastiat - Le Parisien Libéral 26 février 2013 15:02
          Et si nous supprimions le mariage civil ?

          excellente proposition

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