Etablir la confiance (triangle vertueux n°1)
La confiance est le résultat d'une force ternaire, de la confrontation de trois éléments ou plutôt d'"acteurs". Elle est le fruit de la liberté d'une part et de l'amour et l'autorité d'autre part. Le triangle symbolique "Enfant" (liberté), "Mère" (amour), "Père" (autorité) est ce qui constitue le terreau de la confiance. Ce triangle n'a pas de sommet ; chaque élément est d'égale valeur. Il est dit vertueux parce qu'il produit quelque chose de sain, en l'occurrence, il crée la confiance.
Dans "Les mots", Sartre raconte son enfance et dit ceci : "On ne m'a pas appris l'obéissance". Son père est décédé très tôt et n'a pas été présent comme autorité. Son grand-père n'a pas suppléé le père manquant. Plus loin : "Si mon père vivait, je connaîtrais mes droits et mes devoirs ; il est mort et je les ignore." Et le résultat est : "Je respecte les adultes à condition qu'ils m'idolâtrent". Un autre exemple d'écrivain bien connu me vient ici en mémoire, celui de Romain Gary, idolâtré par sa mère et qui se vivra dans la toute-puissance.
L'AUTORITE
L'autorité est autant utile par ce qu'elle prescrit (droits et devoirs : autrement dit les limites) que par ce à quoi la liberté vient se heurter avec violence. L'opposition à l'autorité est nécessaire, la révolte est saine en ce sens qu'elle permet à l'enfant de grandir par crises parfaitement utiles. L'autorité contre quoi se révolter a manqué cruellement et le petit Jean-Paul Sartre n'a pas pu vivre de saines révoltes : "Contre qui, contre quoi me serais-je révolté : jamais le caprice d'un autre ne s'était prétendu ma loi" (Les Mots). Par transposition, un peuple muselé et dont le pays ne connaît aucune opposition digne de ce nom, ne mûrit pas.
Comment agit le triangle vertueux ?
Pour qu'il soit générateur d'un confiance saine et équilibrée, ses trois composantes (liberté, amour, autorité) doivent non seulement être présentes, elles doivent être d'une certaine qualité.
Par exemple, l'autorité ne doit pas brider ou humilier la liberté, ni user envers elle de moyens d'intimidation excessifs (la peur, la terreur). Elle doit en outre posséder d'autres vertus pour jouer son rôle : stabilité, cohérence, exemplarité, etc. La bonne autorité est l'autorité qui permet à l'Enfant (la liberté) de grandir. La mauvaise autorité est, a contrario, celle qui brise ou bride cette croissance. Dans ce triangle vertueux, l'autorité est appellée "le père" par convention car, bien qu'elle soit également partagée par les père et mère (en France, l'autorité paternelle a cédé la place en 1975 à l'autorité parentale), des siècles d'histoire ont véhiculé ce stéréotype qui s'avère ainsi commode pour la démonstration. L'autorité possède un attribut bien particulier : la clémence. Depuis l'Antiquité, cette qualité est reconnue comme intrinsèque à l'autorité. Le pardon est plutôt féminin. : voir la religion catholique notamment.
L'AMOUR
L'amour maternel est un phénomène qui s'observe dans la nature chez les mammifères sociaux. La maman éléphant protège son petit bien plus que le papa éléphant. Si elle décède ou en cas de défaillance, une autre éléphante prend le relai. On n'a pas constaté un phénomène analogue chez le genre masculin. C'est pour cela que j'ai (là aussi par pure convention et par commodité) opté pour associer l'amour à la mère, même s'il se voit dans nos sociétés que des pères peuvent témoigner autant d'amour envers leur progéniture que les mères. Un amour exclusif ou étouffant peut nuire au développement mental de l'enfant si aucune autorité ne fait pendant. Par conséquent, on peut en déduire que, tout comme l'autorité, l'amour doit posséder un certain nombre de caractéristiques de base pour qu'il soit sain et permettre à l'enfant de grandir sainement. L'amour doit notamment être constant, inconditionnel et donner des preuves, des gages, de sa force et de sa bienfaisance.
LA LIBERTE
La liberté enfin est le lot de l'Enfant. L'Enfant, c'est la progéniture mais symboliquement un enfant demeure en tout adulte. Ici aussi, il faut comprendre cette attribution comme symbolique et non exclusive. Si l'un des parents (voire les deux) sont de grands enfants et ne remplissent pas leurs rôles de parents, l'éducation en pâtira. L'enfant peut donc s'exprimer chez chacun des personnages du triangle mais par tout le temps (sauf chez le petit enfant). L'Enfant est le siège où résident la vitalité, l'appétit de vivre, la liberté totale.
Il ne suffit pas que l'amour et l'autorité remplissent les caractéristiques pertinentes précitées, il faut aussi qu'elles soient réglées en termes de proximité et d'éloignement. Un certain éloignement (symbolique) sied à une autorité pour qu'elle se fasse respecter alors qu'au contraire une proximité physique et d'affection est l'apanage de l'amour.
Transposé à la vie démocratique, dans les relations entre les citoyens et l'Etat, le triangle vertueux doit suivre le même schéma que dans une famille harmonieusement équilibrée.
L'Etat ne doit pas intimider les citoyens ou brider leur liberté plus qu'il n'est nécessaire, ni omettre de leur fournir une explication légitime et sérieuse à ses décisions capitales. Dans le triangle vertueux, je l'ai dit en ouverture, il n'y a pas vraiment de sommet. En conséquence, l'Etat n'est pas le Père en toutes occasions. S'il monopolise ce ce rôle, il en abuse et la démocratie s'en trouve menacée. Par exemple, si les gouvernants, pour parvenir à leurs fins, privilégient la propagation de l'ignorance ou de la peur. Et cela même si c'est pour le "bien" proclamé du peuple. De la même façon, si le Père efface totalement la mère (symbole de protection), il exerce alors une autorité abusive. La Mère représente tout ce qui est protection de proximité (les soins, l'empathie, la compréhension).
Aujourd'hui en France, l'autorité (le Père) fait montre de manquements et de négligences parfois sources de malentendus et d'effets durables désastreux. Certaines caractéristiques propres à l'autorité, comme la cohérence ou la stabilité sont absentes. L'abus de l'édiction d'interdits est également contraire aux intérêts des citoyens. Elle est devenue comme contagieuse... Je cite, sans exhaustivité, quelques interdits anti-démocratiques :
- Le confinement généralisé de toute la population au lieu de la mise en quarantaine des individus à risques et de la surveillance médicale de certaines régions et de la mise à l'écart des personnes âgées notamment dans les EHPAD,
- L'obligation du port du masque en extérieur hors des zones très populeuses et assortie de sanctions,
- Certains arrêtés tout bonnement scandaleux de préfets dont l'un est encore en poste alors qu'il aurait dû être démis de ses fonctions iimédiatement après sa décision odieuse de réprimer des supporters de football.
Outre ces abus d'autorité, l'infantilisation des citoyens est pernicieuse et constitue une déplorable politique, tout comme l’est la désignation d’une catégorie de bouc-émissaires (les jeunes).
L'Etat en tant que Mère protectrice cette fois - et plus comme Père et autorité - ne joue pas suffisamment son rôle non plus quand il se place en situation de ne pas pouvoir fournir les équipements médicaux à toute personne qui ne a besoin : les masques pour tout citoyen soumis à l'obligation d'en porter et d'en changer régulièrement, et surtout les surblouses et autres choses indispensables aux personnels soignants ou accompagnants.
Si le triangle vertueux ne se met pas en place correctement, nous risquons de glisser progressivement vers une société autoritaire qui ne respectera ni la vie ni la liberté des individus.
En conclusion
Liberté, amour et autorité doivent pouvoir s'exprimer sans se heurter au sein d'un triangle vertueux dont le sommet n'est accaparé par aucun des trois acteurs. C'est à cette condition que la confiance pourra se rétablir.
L’autorité ne peut se défaire de la responsabilité particulière qui lui échoit. Ses décisions fondées sur des impératifs non légitimes (comme la santé publique), sont illégales et inadmissibles. Je veux parler des arrêtés pris sur la base du principe de précaution interprété de façon abusivement extensive ou pour des raisons étrangères au but poursuivi (objectifs électoraux, recherche d'aprobation populaire).
En certains endroits ou à certains moments, on en vient à se demander si la question « qui doit porter le masque ? » n'est pas devenue « qui va porter le chapeau » ? Cette préoccupation ne doit pas prendre le dessus sur les nécessités pointées par ce que j’ai énoncé comme le « triangle vertueux » générateur de la confiance.
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