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Accueil du site > Tribune Libre > Etre anticapitaliste, est-ce pour beaucoup une utopie ?

Etre anticapitaliste, est-ce pour beaucoup une utopie ?

Les événements récents, la faillite des « subprimes » entre autres, ont été qualifiés de crise. Crise qui serait d’après les avis compétents de l’ampleur ou supérieure au crash de 1929, qu’en est-il en réalité…Sans doute est-il un peu tôt pour donner un avis péremptoire et justifier cette appellation de crise qui est pour le moins discutable et tendancieuse, disons qu’elle ne reflète peut être pas exactement la situation. Il est fort probable que cette sémantique à volontairement été employée pour cacher sous un terme fort une situation embarrassante pour les capitalistes qui se voient dans l’obligation d’admettre que jouer avec de l’argent virtuelle pouvait conduire à faire exploser une partie du système. Néanmoins le système sur son fondement n’a pas été remis en cause, au contraire, il semblerait qu’il s’en tire bien et l’occasion aura permis de purger les anomalies sur le dos de la population.

 Cependant, les licenciements, le ramdam médiatique autour des subsides accordés aux banques et à l’industrie automobile ont laissé un goût amer au simple quidam qui s’est senti spolié, écarté de la manne providentielle versée aux capitalistes et cela a donné matière à réflexion sur le système à certains. Des voix se sont élevées pour condamner l’ultralibéralisme débridé, d’autres pour vouloir vaseliner le système à la mode Sarkozy, d’autres inconscients pour faire avec dans la mesure où ils n’envisagent pas d’autres solutions, soit par peur de l’inconnu, soit par paresse, soit parce que la pensée unique sert leurs intérêts.

 Ceux qui sont anticapitalistes par réflexion intellectuelle et qui voit dans le capitalisme l’esclavage moderne suivant la vieille expression qui est plus que jamais au goût du jour, « le capitalisme c’est l’exploitation de l’homme par l’homme », se sont sentis confortés dans leurs idées par les événements récents. Puis il y a ceux que la nouvelle donne a titillés et qui ont pris conscience que le système avait quelque chose de mauvais, mais dans qu’elle mesure en ont-ils pris conscience ?

 Certes, on a vu un vrai parti anticapitaliste se constituer, le nom est significatif et ne serait donner lieu à contestation quant au but de ce parti. Mais il y a aussi parallèlement d’autres composantes de la vraie gauche où apparaît un flou artistique posant l’interrogation, vraiment anticapitaliste ou pas ?

 Ce n’est pas moi qui apporterai la réponse pour les gens qui gravitent dedans et autour de ces partis, ce que je peux simplement constater c’est que cette attitude est souvent en fonction des circonstances. Quand on annonce des licenciements abusifs tout le monde est tout d’un coup anticapitaliste et crie haro sur le système. Mais il n’empêche que si certains vont défendre becs et ongles leurs emplois, le respect de la valeur travail, une autre partie des travailleurs, même si cela n’est pas avoué ouvertement, ne voient pas d’un mauvais œil le versement d’une prime substantielle versé lors du licenciement. Je ne dis pas que cela n’est pas justifié, au contraire, mais simplement que par ce biais, souvent âprement discuté, le patronat s’en tire à bon compte sans qu’il y est une véritable remise en cause de l’appréciation qu’ils ont du capital travail. Donc le ver est dans le fruit, et l’anticapitalisme pur et dur s’émousse avec une compensation permettant soi-disant d’attendre des jours meilleurs, ce qui malheureusement est souvent un leurre, on en reparlera d’ici quelques années. Donc, les syndicats qui se veulent d’apparence apolitique favorisent cette approche du problème, ce qui en l’occurrence n’est qu’un règlement de surface qui ne soigne pas le fond, l’exploitation de l’homme par l’homme.

 Il semble évident alors que l’anticapitalisme, la remise en cause du système passe au second plan, ça s’il n’est pas parfait il permet de limiter les dégâts. Cela suffit donc à ceux qui en plus ont la trouille au ventre de l’avenir, une situation plus ou moins quiet et un abonnement à l’équipe de foot du coin.

 Vous rendez-vous compte, tout changer ! Plus de patron, de l’autogestion, mais comment on va faire. La banque, elle est maintenant à nous, comment on va s’en sortir avec tout cet argent à gérer. Et puis on va travailler moins, sans doute différemment, on va déplacer les priorités, la bagnole restera plus souvent au garage, on la changera moins souvent, et puis on aura peut-être un petit jardin familial, un truc ou on verra pousser ses légumes, etc. C’est vrai que c’est un programme dangereux, qui fait peur.

 Et puis, en dehors des peureux ils y a ceux que l’inconscient dirige, la pensée unique étant le seul moteur de leur culture il ne peut être d’autre avenir que sous forme d’utopie ? Tout changer, vous rêvez, c’est impossible ! Ce qui est sur c’est qu’on le saura pas si on n’essaye pas. Bon, après tout, pourquoi changer, on est pas si malheureux que cela. On crève pas de faim, y-a la télé, le match de foot avec les copains…

 Donc, ces apparences de bien-être font que sont vite oubliées les chaines qui de plus en plus asservissent les individus à l’entreprise. Celle-ci, qui devrait permettre à l’homme de tirer sa monnaie d’échange de par son travail, est devenu avant tout un instrument au service d’une oligarchie sans foi ni loi. Du moins, avec des lois qui sont les leurs, et une foi, celle du profit, la religion ne servant qu’à donner le change et bonne conscience. Mais la foi en l’Homme avec un grand H, ainsi que le respect qui est une valeur obsolète pour les exploiteurs.

 Ces réflexion sont aussi venues après les élections européennes et les commentaires sur divers articles que j’ai commis. Les européennes, si l’on ne peut les considérer comme vraiment significatives de la pensée profonde des citoyens, néanmoins on peut en tirer quelques enseignements. Il est évident, et c’est un constat amer que je fais, que l’anticapitalisme véritable n’atteint pas les objectifs qui devraient être les siens. C’est pourquoi, on a vu un peu plus de voix se reporter sur une alliance comme le FdG qui a donné une sorte de flou à l’anticapitaliste où se sont retrouvés des septiques, des pas tout à fait convaincus, dès qui sentent que c’est une bonne solution mais qui n’osent pas faire le saut… Force est de constater que cette frange de la population est encore dans l’expectative et envisage l’anticapitalisme comme un vague projet, certes intéressant, mais à leur yeux un peu utopiste.

 Quand je vais à fond dans mes articles en dénonçant haut et fort le capitalisme, entre autre pour l’écologie, je sens tout de suite des résistances car effectivement je fais souvent des réflexions sans concession qui, si elles peuvent paraître provocatrices, on l’avantage d’amener le vrai débat. Et à partir de là, j’ai constaté qu’il y a beaucoup de réticence à la remise en cause totale du capitalisme. Pour ceux qui sont englués dans un système de pensée conceptuelle, il y a toujours l’argument plus ou moins valable qui freine l’évolution intellectuelle vers le changement.

 Il est évident, que le but des hommes conscients et lucides est maintenant de faire sentir le véritable poids des chaines à ceux qui n’en ont pas conscience ou qui s’en accommodent pour divers raisons plus ou moins valables. Et surtout de démontrer qu’une société autre que celle que l’on veut nous imposer n’est pas une utopie.

le-ragondin-furieux.blog4ever.com

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8 réactions à cet article    


  • Jean-Pierre Llabrés Jean-Pierre Llabrés 22 juin 2009 12:25

    à l’auteur

    « Et à partir de là, j’ai constaté qu’il y a beaucoup de réticence à la remise en cause totale du capitalisme ».
    Je ne pense pas qu’il soit nécessaire de remettre en cause le Capitalisme. Au contraire ! ! !

    Voir :« Le Parti Capitaliste Français (PCF) et l’Allocation Universelle ! »
    http://www.agoravox.fr/actualites/economie/article/le-parti-capitaliste-francais-pcf-51707


    • EXPAT456 22 juin 2009 14:37

      @ Jean-Pierre Llabrés (xxx.xxx.xxx.82)

      Le coucou a encore frappé


    • Jean-Pierre Llabrés Jean-Pierre Llabrés 23 juin 2009 07:33

      Jaloux ! ! !


    • Jean-Pierre Llabrés Jean-Pierre Llabrés 23 juin 2009 08:50

      Quote

      Par EXPAT456 (xxx.xxx.xxx.253) 25 avril 14:33

      @ l’auteur : merci pour ce très bon article. Vous me donnez encore plus envie de continuer à travailler le concept d’écosocionomie :
      http://www.agoravox.fr/actualites/e...

      Unquote


    • EXPAT456 22 juin 2009 14:41

      Tout changer ... sans rien changer.
      La question de fond sur un tel sujet reste : quoi d’autre que le capitalisme ?
      La crise actuelle est un veritable revelateur des exces du capitalisme et du libre echange.
      Reflechir aux moyens de maitriser l’un et l’autre parait plus productif que de penser a tout detruire pour reconstruire ... quoi d’ailleurs ?


      • SALOMON2345 23 juin 2009 09:59

        Paul savait ce qu’était TEMPS mais ne pouvait le définir. Tous savent ce qui est INJUSTE mais personne ne peut dire ce qu’est la JUSTICE, sauf à tenter d’en démontrer la substance par son contraire, le noir exaltant le blanc, raisonner en creux si vous préférez !
        Il en est de même avec le capitalisme : on peut hurler contre le bordel atrocement inhumain qu’il porte en lui et vomit sur le monde mais quel autre système « DEMOCRATIQUE » (valeur absolue) lui substituer, sans que les anciens rentiers, chassés voire supprimés dans un accès de fureur, ne soient remplacés par d’autres profiteurs du travail collectif - les planqués nomenklatutristes - qui reproduiraient (d’une autre façon) d’autres injustices amenant à d’autres paupérisations ? Robespierre croyait sincèrement que son PLAN était juste et que c’était les hommes qui avaient faux : il coupa donc les têtes !!!
        La nature ayant horreur du vide il faut combler effectivement ce que notre dégout détruirait et si l’on songe, par exemple, aux chauffards sur les routes : ce n’est pas la voiture qui est responsable d’accident mais bien le conducteur ; il en est de même pour l’argent que certains ici ou là voudraient supprimer - remplacé par des grains de sel - mais oubliant que même avec le troc il est encore possible de tricher donc, vive la colère mais vive la réflexion qui - à mon humble avis - doit accompagner voire précéder les actes provoqués par cette rage légitime !


      • x79y 22 juin 2009 17:06

        Jamais le libéralisme économique ne laissera s’exprimer d’autres formes de société ’social, troc, médieval, simplicité volontaire et cetera ’ ou de façon fortement marginalisé et avec de gros bâtons dans les roues pour empêcher son épanouissement via le gouvernement ou des idéaux libéralistes (taxes sur la propriété, la terre, marchandisation totale, liberté de commerce bla bla bla) et cela tant qu’il n’aura pas piller entièrement la planète.
        Le capitalisme va réussir à mettre la planète à genoux en très peu de temps, on aura vécu 1 siècle comme des rupins et on vivra des milliers d’années comme des miséreux.


        • hieronymus73 23 juin 2009 14:11

          Je pense qu’on ne sortira pas de ce mode de fonctionnement « nationalement », si je puis dire. Nous autres, en occident, nous sommes englués dans le capitalisme depuis bien trop longtemps et bon nombre d’entre nous avons déjà mangé le vers qui était dans la pomme en considérant qu’après tout, celui-ci est une source de protéines.

          Pour se réveiller, il faudrait avant tout se couper des médias traditionnels dont les capitaux sont tenus par ceux qui nous gouvernent (non pas nos dirigeants), ou plutôt parvenir à passer au travers des grilles de lecture qui sont instaurés depuis bien longtemps.

          C’est un processus qui est déjà en cours pour une partie d’entre nous en ce qui concerne les crimes d’Israël sur la population palestinienne.

          Même chose pour la Bolivie et surtout le Vénézuela avec Hugo Chavez. Je pense que bon nombre de français et d’européens se rendent compte que les dirigeants politiques de ses 2 pays, élus par le peuple, se battent justement pour leur peuple et contre le capitalisme.

          Les choses sont différents, bien entendu en ce qui concerne la Palestine puisqu’elle n’est pas considérée encore comme un état et que le parti politique du Hamas n’a pas été reconnu par les dirigeants génocidaires d’Israël. Et donc, par la communauté internationale.

          Et puis, évidemment, n’oublions pas l’Iran qui se trouve actuellement dans la tourmente puisque l’élection de Mahmoud Ahmadinejad et de son parti ne passe pas ou plutôt, a du mal a passer. Pour ma part, même si je maîtrise mal les alléats de cette élection, j’espère bien qu’elle va passer. Tout comme j’espère que, dans ce cas de figure, le soutien des russes et de la Chine au dirigeants iraniens pourra assurer à ce pays une paix royale vis à vis des USA, de l’état criminel d’Israël et de l’Europe via Sarkozy en première ligne. Mais je ne me fais guerre d’illusion.

          Qu’est-ce que je disais ? C’était quoi le sujet déjà ? Ah oui, le capitalisme, comment en sortir ... Avec toute cette globalistion, on en perdrait son latin.

          Sur un autre plan, celui de l’environnement, peut-être que si on nous montrait tout à fait là où le capitalisme vert peut nous amener, nous déciderions de nous battre pour sauver la planête. Et donc nous déciderions de trouver un autre système plus respectueux de Madame Nature. Qui a envie, par exemple, d’avaler des nanotechnologies pour supporter le possible futur état d’insalubrité de la planête ?

          En faite, pour essayer de faire simple, il faudrait que les peuples, et seulement les peuples et pas leurs dirigeants qui sont tous dirigés, à quelques exceptions près, remettent en question notre histoire, leur histoire, pour se rapprocher le plus possible à ce qui ressemble à la vérité afin d’orienter l’avenir vers quelque chose de vrai et de juste. Donc, vers quelque chose de beau. Parce que la vérité, comme l’a dit Monsieur Yahia Gouasmi durant la campagne du Parti Anti Sioniste à propos du sionisme pendant les dernières élections européennes, c’est que : le capitalisme, c’est moche.

          Oui, le seul moyen pour se défaire le plus définitivement de l’état passif d’asservissement dans lequel nous sommes.

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