“Être Belge”, deux mots qui ne signifient plus grand-chose
“Être Belge”, une qualification devenue au fil du temps vide de sens politique et patriotique.
“Être Belge” n’est plus, selon moi, qu’une expression de pure forme, une qualification devenue au fil du temps vide de sens politique et patriotique. Le scrutin législatif du 13 juin vient de le démontrer une nouvelle fois.
La Belgique n’est pas une nation au sens où l’entendait Ernest Renan, elle ne l’a jamais été puisqu’il s’agit d’un Etat créé de toute pièce par les vainqueurs de Waterloo, un Etat tampon censé éviter de nouvelles invasions françaises.
Il y a deux ‘pays’ au royaume de Belgique, deux tout petits pays dont l’antagonisme permanent et la domination de l’un sur l’autre n’ont rien à voir avec un quelconque Clochemerle. C’est du sérieux. Cette évidence géopolitique, nul ne devrait l’ignorer. Pour faire simple, on trouve au nord une Flandre de droite, nationaliste et dominatrice et au sud, une Wallonie de gauche, belgicaine et soumise.
La dichotomie n’est pas neuve, elle est née avec la création de l’Etat Belge en 1831. En 1911, Jules Destrée, un homme politique wallon prestigieux et visionnaire, prônait déjà l’autonomie de la Wallonie après avoir constaté que la minorisation politique de la région faisait des Wallons « des vaincus gouvernés contre leur mentalité ». Il ne s’était pas fait prier pour le dire dans sa fameuse Lettre au Roi (août 1912) : « Sire (…) Vous régnez sur deux peuples. Il y a en Belgique des Wallons et des Flamands, il n’y a pas de Belges ». Et le Roi Albert Ier l’avait approuvé mais non sans réalisme politique : « J’ai lu la lettre de Destrée (…). Tout ce qu’il dit est absolument vrai, mais il est non moins vrai que la séparation administrative serait un mal entraînant plus d’inconvénients et de dangers de tout genre que la situation actuelle[] ». La séparation administrative est intervenue soixante ans plus tard avec une fédéralisation débridée de l’Etat. On voit le résultat.
Être Belge, vraiment ?
Pour la plupart des citoyens qui peuplent ces deux petits ‘pays’ et particulièrement celui du sud, être Belge est un sentiment naturel, spontané et irréfléchi : je suis né en Belgique, je suis donc Belge. Certains ajoutent « et fier de l’être ». En fait, ce sentiment d’appartenance est inconsciemment lié à leur petit terroir local, aux gens qui y vivent, à un certain art de vivre, et non pas à la « Belgique » en tant que telle. J’ai interrogé nombre de citoyens lambdas, pas militants ni politisés pour un sou : c’est le hic quand on leur demande pourquoi ils se sentent « belges ».
Etre Belge, pour moi, ce n’est rien d’autre qu’une mention sur une carte d’identité ou un passeport.
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