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Accueil du site > Tribune Libre > Être « père au foyer » ça vous tente ?

Être « père au foyer » ça vous tente ?

« Vous pensez qu’à notre époque l’aventure n’existe plus... eh bien moi je dis que si. C’est simplement un changement de rythme, un changement de ton. L’aventure c’est partir à la découverte de quelque chose et pas forcément une découverte géographique de pays inconnus - il n’y en a plus des pays comme ça - non l’aventure, elle, est dans le cœur de l’homme. Elle est toute aussi excitante aujourd’hui qu’il y a cent ans mais elle est différente.

L’aventure est ce que l’homme peut trouver de mieux pour vivre. Mais l’aventure n’est pas n’importe quoi, c’est quelque chose qui doit être enrichissant pour soi, utile pour les autres et qui comporte une part de risque. »

Paul Emile Victor

J’ai 52 ans et je suis papa au foyer depuis 14 ans. J’ai 3 enfants (21, 14 et 7 ans) Il y a encore 6 ou 7 ans quand je disais que j’étais père au foyer, et heureux de l’être, je me heurtais très souvent à un scepticisme courtois : on ne croyait pas d’emblée qu’un père puisse être heureux au foyer... : « Ça n’est pas normal ! », comme si ça cachait quelque chose ou que je faisais semblant.

Aujourd’hui (tout du moins pour la jeune génération et certainement à cause de la conjoncture économique difficile) il n’y a plus de scepticisme à mon égard mais un intérêt bienveillant. Pour les jeunes, ça apparaît plus comme un choix presque militant pour une autre qualité de vie que comme une contrainte. Etre père au foyer est devenu « tendance »...

Un couple qui serait tenté par cette aventure doit, au préalable, se poser un certain nombre de questions de fond. Les questions sur les modalités de fonctionnement sont importantes mais néanmoins secondaires et consultables sur www.pereaufoyer.com où vous pourrez trouver tous les renseignements techniques et les témoignages en la matière. Mais il ne faut pas mettre la charrue avant les bœufs ni planer, les plus grosses difficultés ne sont pas d’ordre technique mais de nature psychologique.

Il n’y a ni de bonnes ni de mauvaises réponses à ces questions de fond, il faut simplement avoir le courage d’y répondre ensemble avec le plus d’honnêteté possible et de coller au plus prêt au « principe de réalité ». Exemple (toutes ces questions sont pour les deux conjoints, pas seulement pour le père) :

- Quel est mon degré de dépendance par rapport au regard des autres et de la famille ?

- Quel est mon degré de recherche de pouvoir et de reconnaissance sociale ?

- Qu’est-ce que je mets en premier : réussir dans la vie ou réussir ma vie ?

- Quelle est ma place dans l’éducation des enfants ?

- Quel est mon degré de plasticité au changement par rapport au partage des tâches ménagères ? (c’est aussi une question pour les femmes !)

- Quel est mon degré de plasticité au changement par rapport à l’image de « ce que doit être et ne pas être un homme » ? Le père : « Suis-je sûr de pouvoir encaisser le changement d’image de moi-même... » La mère : « Suis-je prête à encaisser cette nouvelle image de mon mec ? »

- Qui suis-je dans le couple ? Définition des identités de père et de mère indifféremment des rôles. Exemples : la mère accepte-t-elle de perdre certains rôles (nourricier, habillement, infirmier, éducatif et autres) sans se sentir menacé dans son identité de mère : « Suis-je une mauvaise mère si je ne fais plus, ou moins, toutes ces choses comme les faisait ma propre mère ? »

Un jour ou l’autre toutes ces questions (et bien d’autres encore !) viendront sur la tapis. Il faut s’y préparer si l’on veut tenir la longueur dans cette aventure.

Effectivement, au sein d’un couple, on ne peut se permettre d’échanger les rôles qu’à partir du moment où on a une identité individuelle vivante. L’identité est spécifique à chacun et n’est pas interchangeable, alors que les rôles, eux, le sont. Jusqu’à la révolution du tertiaire, un homme travaillait à l’extérieur du foyer parce que le travail nécessitait de la force physique (chasse, agriculture, industrie...) Aujourd’hui, il n’est plus nécessaire d’être « costaud » pour travailler dans un bureau. Les rôles peuvent donc changer... en matière de rôle on peut changer les « formules ».

Par contre l’identité de chacun, elle, n’est pas résumable en formules. De se sentir une personne par rapport à soi-même, aux autres, à ses enfants, à la société... est lié à notre histoire de vie, au sens que l’on cherche à notre existence. C’est un mystère que l’on cherche toute sa vie... à deux dans le cas du couple.

Pour ma part, ma paternité au foyer s’articule autour de deux axes :

1- Père au foyer n’était pas, au départ, le résultat d’un choix mais d’une adaptation à une réalité socio-économique d’alors. Je n’ai pas choisi d’être père au foyer : ça s’est fait... mais aujourd’hui, avec le temps, ni ma femme ni moi-même ne voudrions changer notre vie. Ce qui au début se voulait comme une simple parenthèse entre deux missions de travail est devenu partie intégrante de toute notre vie. Ma paternité au foyer s’inscrit aujourd’hui en totalité dans un projet de vie... dans une mouvance de vie. Mais pour ça il a fallu se débarrasser de beaucoup de préjugés et de pesanteurs "normatives" personnelles et sociales. Ici le fond du dialogue dans le couple ne se fait pas en premier autour des modalités de fonctionnement du couple (les rôles respectifs) mais autour de : « Qu’est-ce que c’est être père et mère aujourd’hui ? »

2- On est d’abord « père » avant d’être « père au foyer ». Aujourd’hui, alors que beaucoup de repères ont bougé et même sauté, être père s’apparente plutôt à une quête initiatique qu’à une prise de rôle au sein du couple et/ou de la société.

D’abord : être père... c’est une quête à deux, une quête de couple. Ensuite : au foyer... c’est une modalité. Chaque couple invente son propre mode de fonctionnement en fonction de ses capacités financières, intellectuelles, psychologiques, etc. Ce n’est pas le « au foyer » qui compte en premier, c’est « être père ». On ne peut plus être père comme l’étaient nos pères et nos grands-pères.

Une mère se fait toute seule, naturellement (on est sûr à 100% que notre mère est bien notre mère, mais on ne peut pas être vraiment sûr que notre père est bien notre père), alors qu’un père c’est sa femme et la société qui le font et qui lui donnent sa place symbolique parce qu’elles le reconnaissent comme tel. Un père ne pourra jamais se sentir père si sa femme (et/ou la société) lui refusent cette identité. Tous les pères divorcés avec un enfant en bas âge comprendront tout de suite de quoi je parle (la blessure terrible et profonde de se sentir un simple géniteur/payeur de pension alimentaire) ! Voir à ce propos le livre de Nabati : Un père à quoi ça sert ? Editions Jouvence

Un père à quoi ça sert ? Posez cette question autour de vous et vous serez surpris des réponses qui sont pour la plupart négatives, interrogatives ou gênées. La question elle-même met mal à l’aise. On sait ce qu’est un géniteur, mais on ne sait pas ce que c’est qu’un père, c’est flou. Ça n’est pas nouveau, ce flou est historiquement inscrit dans toutes les cultures, chacune à ses propres réponses religieuses ou philosophiques et ses propres lois pour les encadrer.

Pourtant on peut retrouver un « plus petit dénominateur commun » à toutes les civilisations. Un père ça sert à :

a) Séparer l’enfant de la mère dans leur relation fusionnelle (l’eden infernal).

b) Dire la loi, planter les règles sociales et les interdits. Apprendre la loi du triangle : "L’enfant n’a pas être au centre du couple il doit être en périphérie..." (Winnicott)

c) Transmettre sa propre filiation.

Le travail sur elle-même de la mère ou de la future mère est (entre autres, mais avant toutes autres questions) de se demander quelle est la nature et le degré de son désir d’enfant :

- désir de maternité ? (être 1 : moi avec moi-même) ou,

 - désir d’enfant ? (être 2 : moi avec mon enfant en tant que prolongation de moi-même) ou,

- désir d’enfant de l’homme qu’elle aime ? (être 3 : accepter véritablement l’autre dans ma vie).

Contrairement à une idée fortement reçue et répandue un père au foyer n’est pas un « papa-poule », une mère de remplacement, un sous-produit maternel, un ersatz de maman : il est et reste un homme... un homme père, un père au foyer.

A la question : « Pourquoi êtes-vous heureux d’être père au foyer ? » je ne peux répondre que : « Parce que ma femme m’a donné toute la place pour entrer dans ma dimension de père et « au foyer » n’est qu’une modalité liée à notre situation d’aujourd’hui dans laquelle, par caractère ou par autre chose (ça n’a en fait que peu d’importance), je me sens très bien. » C’est le regard que porte ma femme sur ma paternité qui me rend heureux d’être père... le « au foyer » n’est qu’un arrangement mutuel qui nous satisfait tous les deux aujourd’hui mais qui peut évoluer demain.

Je n’ai pas trouvé mon identité de père dans les premières années de nursing de mes enfants, (c’est peut-être le cas pour d’autres pères, il n’y a pas de règle en matière d’identité), c’est la parole de ma femme qui m’a construit à pouvoir être père aujourd’hui. C’est elle qui m’a donné les fondations de ma paternité. Avant de pouvoir « transmettre » j’avais besoin de fondations à ma paternité. C’est la parole de ma femme qui m’a donné ces fondations, d’abord en reconnaissant que ma filiation était bonne (je veux un enfant de toi) et ensuite en me donnant le goût d’être père, l’espace d’être père, l’autorité d’être père... et surtout la confiance d’être père.

Quelques chiffres pour terminer : les écoliers ont 15 jours de vacances toutes les 6 semaines, 2 mois l’été. Il faut les occuper pendant ces temps-là. S’occuper correctement d’une maison et des enfants c’est grosso-modo un mi-temps (4 heures par jour) 7 jours sur 7 soit 28 heures par semaine x 52 semaines (pas de vacances). Toutes les mamans au foyer savent de quoi je parle ! Etre « au foyer » ne veut pas dire « ne rien foutre »... pour ceux qui en douterait je les invite à me suivre une journée... et ils comprendront rapidement le « rock and roll » de l’affaire, ça n’est pas triste ! Je ferai peut-être une suite humoristique à cet article : « 24 heures de la vie d’un père au foyer ! ».

J’étais un jour sur un plateau télé* (TF1 je crois) et Wolinski qui était l’invité de Christophe Dechavanne a dit en rigolant : « Mais pourquoi on a invité ce mec-là ? Il fait le même travail que font des millions de femmes tous les jours et elles on ne les invite pas ! » Il avait raison.

* C’est un avantage d’être « père au foyer » depuis longtemps : on est invité sur les plateaux et on a des journalistes qui viennent faire des reportages et des interviews à la maison. C’est sympa et ça amuse beaucoup les enfants... en ensuite ils sont les vedettes à l’école.


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21 réactions à cet article    


  • claude claude 30 mai 2007 20:39

    cher alain,

    quel bel ode à la paternité qui touche la maman que je suis ! smiley

    dans quelques années vous pourrez vous aussi suivre les pas de ce cher victor, afin d’écrire votre « art d’être grand-père »

    amitiés,


    • La mouche du coche La mouche du coche 30 mai 2007 21:48

      Voilà un article qui traite bien d’un sujet dont on parle peu ; L’auteur sait de quoi il parle et cela se sent. Cela contraste bien avec ses précédents articles un peu trop généraux. Il y a du vécu là coco smiley Bravo l’auteur smiley


    • Alain Michel Robert Alain Michel Robert 30 mai 2007 20:47

      Merci Claude pour votre si gentil commentaire, ça me touche beaucoup venant d’une femme ! Ma femme qui vient de vous lire se joint à moi pour vous adresser nos amitiés respectives.

      Véronique et Alain


      • La Taverne des Poètes 30 mai 2007 20:59

        Liberté, égalité, paternité !


        • Luigi Chiavarini Luigi Chiavarini 30 mai 2007 21:12

          belle preuve d’amour que voila celui pour son épouse et pour ses enfants, mais comme vous le dite très bien c’est le même hymne à ce même amour dont font preuve des milliers de mère au foyer aujourd’hui, bravo à vous tous et toutes qui préparez d’une façon responsable la future génération . Le seul probléme est que notre société ne vous donne pas la place que vous méritez en terme de reconnaissance.

          Mais en fait j’aurais voulu vous poser une question : Quel est le rôle d’un père (fut il au foyer ou pas) ?


          • gloups 30 mai 2007 22:36

            Bonsoir Alain, Merci pour ce riche et bel article.

            Rien n’est plus beau que de donner sens au quotidien simple et aux milliers de petits gestes répétés encore et encore. Aussi merci de nous partager votre questionnement avec votre femme, votre vision et votre matière si incarnée !!


            • DeminuL DeminuL 30 mai 2007 22:49

              Histoire de legs.

              Par rapport aux congés paternités, j’ai pu entendre mon père dire : « ça c’est bon pour ceux qui s’ennuyent dans leur boulot » !
              - Pour un fils, c’est dur à entendre, mais je trouve que ça exprime pas mal l’esprit de cette génération (60a), directement hérité de leurs parents.

              J’espère que votre article aidera ma génération (30a), encore bien marquée par une répartition rigide des rôles parentaux, à trouver sa fibre paternelle.


              • Alain Michel Robert Alain Michel Robert 31 mai 2007 09:50

                Alain : Luigi pose la question : « Qu’est-ce que le rôle d’un père ? » C’est une question très difficile. Ma Véro, qu’est-ce que tu pourrais répondre à Luigi ?

                Véro : il y a une question derrière sa question : « Comment est-ce que moi, Luigi, je vois mon rôle de père ? » Le père a aussi un travail à faire sur ce qu’il s’imagine, lui, être un « bon père ». Par quelles les images est-il tenu ? Quel est son modèle de père qu’il a au fond de lui ? Alors, de là, il peut parler des rôles qu’il a envie de prendre et /ou de ne pas prendre. Il n’y a pas une façon mieux qu’une autre de faire, il y a celle qui correspond le mieux au réel du moment, celle qui est la plus créative dans le couple parce que tu sais lire ce qu’il s’y passe : « Pourquoi j’ai eu des enfants ? Comment est-ce que j’assume mon désir ou mon non-désir d’enfant ? » Entre le désir d’enfant et la réalité c’est toujours extrêmement différent, pour une femme et pour un homme. Il n’y a pas, comme ça, des rôles, dans l’absolu. La seule question que l’on peut se poser c’est : « Quel est mon rôle de père ? »... Et non pas « Quel est le rôle du père ? » Mon rôle de père va être fait de tout le travail que j’ai fait sur moi-même : « Pourquoi je suis très heureux, heureux, moyennement heureux, pas heureux du tout avec mes enfants ? Est-ce que je suis bien dans ma vie ? Est-ce que je suis déçu d’avoir eu des enfants ? Est-ce que c’est plus difficile que ce que je pensais ? Pourquoi ? Est-ce que la communication avec ma femme pourrait être meilleur ? Est-ce que j’ai voulu vraiment avoir des enfants ou est-ce que j’ai simplement dit oui au désir de ma femme ?... » C’est de te poser continuellement ce genre de questions qui te fait avancer dans ta paternité et dans ta maternité. C’est une capacité d’introspection et de relecture continuelle. En plus notre société est tellement faite de cultures différentes qui se mélangent : le père africain n’a rien à voir avec le père savoyard ! Et aux réunions de parents d’élèves tu te retrouves avec les deux, on se retrouve confronté à plein de valeurs différentes. Alors, en même temps, c’est une occasion de se poser des tas de questions pour soi-même, c’est cette possibilité, en étant parents, de se réapproprier nos choix, nos engagements, la responsabilité de les avoir eu... et puis de travailler la dimension de couple. On peut, on doit, se poser des questions, parce qu’on peut espérer ne pas subir sa vie, vivre des choses différentes avec nos enfants que ce que nous, en tant qu’enfants, nous avons vécu avec nos propres parents, on peut remodeler nos schémas parentaux. Les rôles changent continuellement, de génération en génération, ils changent aussi parce que le réel est mouvant. Quand tout va bien et que tu ramènes ta paye à la maison, tu vois ton rôle de père d’une certaine façon. Et puis, d’un seul coup, tu es malade, un gros truc de tombe sur la tronche, tu te retrouves au chômage, ou autre chose... Eh bien, forcément, tu vas voir ton rôle de père d’une manière différente, ta vision du père va changer, tu vas voir d’autres choses. C’est cette malléabilité au réel qui est intéressante, c’est le trajet d’un père qui est intéressant, ce n’est pas le rôle, c’est le trajet qu’un père va faire dans sa vie qui a de la valeur... Et de pouvoir se dire à un moment donné : « Est-ce que j’ai aimé être père ? Est-ce que ça m’a apporté quelque chose ? » C’est une question que j’aurais aimé poser à mon père : « Qu’est-ce que ça t’a apporté d’être père de 5 filles ? »... et puis, plus loin encore : « Qu’est-ce que ça t’a apporté d’être mon père ? » Redoutable comme question !

                Alain : Merci Véro.


                • Alain Michel Robert Alain Michel Robert 8 janvier 2011 10:37

                  Suite à un bug Agoravox, la mise en page de ce commentaire l’a rendu difficile à lire. Je réitère donc le même commentaire avec une mise en page plus lisible ; Ci-dessous :

                  Alain : Luigi pose la question : « Qu’est-ce que le rôle d’un père ? » C’est une question très difficile. Ma Véro, qu’est-ce que tu pourrais répondre à Luigi ?

                  Véro : Il y a une question derrière sa question : « Comment est-ce que moi, Luigi, je vois mon rôle de père ? »

                  Le père a aussi un travail à faire sur ce qu’il s’imagine, lui, être un « bon père ». Par quelles images est-il tenu ? Quel est son modèle de père qu’il a au fond de lui ? Alors, de là, il peut parler des rôles qu’il a envie de prendre et /ou de ne pas prendre.

                  Il n’y a pas une façon mieux qu’une autre de faire, il y a celle qui correspond le mieux au réel du moment, celle qui est la plus créative dans le couple parce qu’on sait lire ce qu’il s’y passe : « Pourquoi j’ai eu des enfants ? Comment est-ce que j’assume mon désir ou mon non-désir d’enfant ? »

                  Entre le désir d’enfant et la réalité c’est toujours extrêmement différent, pour une femme et pour un homme. Il n’y a pas, comme ça, des rôles, dans l’absolu. La seule question que l’on peut se poser c’est : « Quel est mon rôle de père ? »... Et non pas « Quel est le rôle du père ? »

                  Mon rôle de père va être fait de tout le travail que j’ai fait sur moi-même :

                  - Pourquoi je suis très heureux, heureux, moyennement heureux, pas heureux du tout avec mes enfants ?

                  - Est-ce que je suis bien dans ma vie ?

                  - Est-ce que je suis déçu d’avoir eu des enfants ?

                  - Est-ce que c’est plus difficile que ce que je pensais ?

                  - Pourquoi ?

                  - Est-ce que la communication avec ma femme pourrait être meilleur ?

                  - Est-ce que j’ai voulu vraiment avoir des enfants ou est-ce que j’ai simplement dit oui au désir de ma femme ?...

                  C’est de te poser continuellement ce genre de questions qui te fait avancer dans ta paternité et dans ta maternité. C’est une capacité d’introspection et de relecture continuelle. En plus notre société est tellement faite de cultures différentes qui se mélangent : le père africain n’a rien à voir avec le père savoyard ! Et aux réunions de parents d’élèves tu te retrouves avec les deux, on se retrouve confronté à plein de valeurs différentes. Alors, en même temps, c’est une occasion de se poser des tas de questions pour soi-même, c’est cette possibilité, en étant parents, de se réapproprier nos choix, nos engagements, la responsabilité de les avoir eu... et puis de travailler la dimension de couple.

                  On peut, on doit, se poser des questions, parce qu’on peut espérer ne pas subir sa vie, vivre des choses différentes avec nos enfants que ce que nous, en tant qu’enfants, nous avons vécu avec nos propres parents, on peut remodeler nos schémas parentaux. Les rôles changent continuellement, de génération en génération, ils changent aussi parce que le réel est mouvant.

                  Quand tout va bien et que tu ramènes ta paye à la maison, tu vois ton rôle de père d’une certaine façon. Et puis, d’un seul coup, tu es malade, un gros truc de tombe sur la tronche, tu te retrouves au chômage, ou autre chose... Eh bien, forcément, tu vas voir ton rôle de père d’une manière différente, ta vision du père va changer, tu vas voir d’autres choses.

                  C’est cette malléabilité au réel qui est intéressante, c’est le trajet d’un père qui est intéressant, ce n’est pas le rôle, c’est le trajet qu’un père va faire dans sa vie qui a de la valeur... Et de pouvoir se dire à un moment donné : « Est-ce que j’ai aimé être père ? Est-ce que ça m’a apporté quelque chose ? » C’est une question que j’aurais aimé poser à mon père : « Qu’est-ce que ça t’a apporté d’être père de 5 filles ? »... et puis, plus loin encore : « Qu’est-ce que ça t’a apporté d’être mon père ? » Redoutable comme question !

                  Alain : Merci Véro.





                • phlbest 31 mai 2007 11:50

                  Merci pour ce témoignage, ayant démissionné il y a quelques semaines parce que je ne m’épanouissais pas dans mon travail d’informaticien (plus généralement dans le monde de l’entreprise), je réfléchis depuis à franchir le cap pour devenir père au foyer. J’ai une petite fille de 17 mois et je n’arrive pas à me faire à l’idée qu’elle passe 10 heures par jour chez une nounou, aussi parfaite soit elle, j’ai vraiment l’impression que je me débarasse d’elle.Je culpabilise énormément, et bien sûr je pense lui apporter beaucoup plus que n’importe quelle nounou. Bref pour moi c’est une situation insupportable. Il est vrai que le regard des autres ne sera pas évident, mais lorsque l’on aime on passe au dessus. Concernant l’aspect financier, il va falloir être plus que raisonnable, mais finallement ce n’est pas plus mal, car on ne peut trouver le véritable bonheur dans la course à la consommation. Vous êtes une preuve que l’on peut le faire, et cela me conforte.


                  • caroline 18 juillet 2007 19:38

                    Bonjour, Je suis très intéressée par votre démarche et j’aurais souhaité vous poser des questions à ce sujet... Je vous laisse mon e-mail au cas où vous accepteriez de me répondre : [email protected] D’avance, merci. Caroline


                  • kador 31 mai 2007 18:08

                    Bel article sur les peres au foyer

                    Toutefois , le site des PAFs ( www.pereaufoyer.com ) est aussi la pour augmenter la visibilité des peres au foyer dans notre societe et aider les PAFs potentiels a franchir le pas, ce qui est souvent le plus difficile. Le regard des autres (le pire etant pour ma part le regard des nounous proffessionnelles , qui doivent penser qu’on leur enleve le pain de la bouche !!!) mais aussi l’aspect financier en font un vrai choix de vie.

                    je l’ai choisi il y a bientot 8 ans et je ne le regrette pas

                    jc (kador)


                    • claudia 1er juin 2007 14:47

                      cher Alain Merci pour ce beau texte avec ces reflexions que tous parents devraient se faire. Cela concerne autant les hommes que les femmes si le choix d’avoir un enfant et de vivre ensemble est une décision du couple. J’aime cette façon de vivre sa vie avec le sens qu’on y donne chacun que l’on soit père, mère ou célibataire et non pas uniquement à partir d’un rôle transmis de génération en génération par notre culture ou notre société même si nous en sommes imprégnés. Il faut oser remettre en question les images acquises dans son éducation et véhiculées par la société pour construire sa propre vie, originale !

                      Avec votre témoignage vous me transmettez de votre courage et de votre vision large de la vie.


                      • Christoff_M Christoff_M 2 juin 2007 06:39

                        j’aimerais être à votre place mais je ne suis tombé que sur des femmes qui voulaient arrêter de travailler à partir de deux enfants...


                        • Alain Michel Robert Alain Michel Robert 2 juin 2007 08:59

                          Sur « CA M’INTERESSE » de ce moi-ci :

                          « Si une »femme au foyer"(ou un père) était une profession, elle mériterait un salaire annuel de 110 445 euros (9 200 euros par mois) selon l’institut américain Salary.com. Le calcul tient compte des qualifications requises, de psychologue à cuisinière."


                          • Niamastrachno Niamastrachno 18 juillet 2007 19:49

                            Et aurait le statu de prestataire extérieure smiley

                            c’est pas très gentil...


                          • ZEN zen 2 juin 2007 09:20

                            @ Alain, Bonjour

                            Cela a-t-il un sens de chiffrer de telles activités ?C’est bien américain..Elever un enfant n’a pas de prix, dans les deux sens du terme...Mais je suis pour une allocation en faveur de la mère ou du père au foyer.


                            • Jimd Jimd 3 juin 2007 08:59

                              je ne vais pas faire dans le tres original ... je souhaite simplement vous remercier pour ce temoignage ! etre pere est une aventure merveilleuse. je travaille, mais je me regale avec mes 3 filles.

                              je vous admire car on sent un reel equilibre et une certaine serenite dans votre maniere de parler de votre experience.


                              • idyllique 3 juin 2007 12:07

                                Quelle drôle d’idée... en tant que femme cela ne m’a jamais effleuré l’esprit... faut dire que la maternité non plus d’ailleurs smiley)



                                  • Alain Michel Robert Alain Michel Robert 7 octobre 2013 14:00

                                    A l’intention des médias :


                                    Octobre 2013

                                    Bonjour, 

                                    Si vous souhaitez nous contacter pour un reportage.
                                    Il n’y a plus rien à filmer ! Notre grande fille vole maintenant de ses propres ailes et la petite a 14 ans. Il n’y a donc plus « d’enfants » à la maison... donc, plus rien de « visuel » qui puisse intéresser vraiment la caméra... d’autant plus que je ne suis maintenant « plus tout jeune » (58 ans) et ne suis donc plus très représentatif d’un jeune père au foyer avec les gamins à s’occuper et tout le bazar...
                                    Par contre, si vous souhaitez un témoignage de couple sur ce « parcours » atypique de plus de 20 ans... il y a matière à ! 

                                    Cordialement à tous



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