Euro 2016 de football : combien de morts ?
Entre le plan Vigipirate et l’Euro de football qui se déroulera en France du 10 juin au 10 juillet, c’est le dispositif estival de surveillance des plages par les maîtres-nageurs sauveteurs qui se trouve gravement remis en cause. Avec à la clé des risques accrus de noyade, notamment dans le sud-ouest...
C’est en 1958 qu’a été mis en place pour la première fois le déploiement de CRS maîtres-nageurs sauveteurs (MNS) durant les deux mois d’été sur les principales plages du littoral français, de la mer du Nord à la Méditerranée, en passant par la Manche et l’Atlantique. Depuis cette date, des dizaines de milliers de personnes ont été secourues et, pour nombre d’entre elles – hommes, femmes, enfants ; français et étrangers –, sauvées d’une probable noyade.
Or, si l’on en croit les syndicats UNSA Police et SGP Police, une grave menace pèse cette année sur la présence des MNS aux postes de secours de nombreuses plages sur le littoral de notre pays. Les syndicats évoquent même une absence totale des CRS durant le mois de juillet. En cause : le plan Vigipirate renforcé, l’organisation à haut risque de l’Euro 2016 de football et les célébrations du 14 juillet sur fond de menace terroriste. Sans oublier le Tour de France qui réclame toujours plus de participation des forces de police.
À l’évidence, tout cela va nécessiter des présences policières renforcées guère compatibles pour la haute hiérarchie avec la surveillance des plages qui, chaque année, mobilise près de 500 MNS. À cet égard, les élus locaux, et notamment les maires des communes du littoral dénoncent depuis plusieurs années, avec le soutien des syndicats de police, la tentation des pouvoirs publics d’alléger le dispositif, voire à terme de retirer des postes de secours tous les agents appartenant aux corps des CRS.
Or, qui dit CRS dit « sécurité » comme l’indique la troisième lettre du sigle. Et s’il est un endroit où cette sécurité n’est pas un vain mot, c’est sur les « plages à risques » du territoire, et notamment celles du sud-ouest où, entre les forts rouleaux et le phénomène spécifique des baïnes, la baignade est parfois rendue périlleuse.
Le maire de Lège-Cap Ferret, Michel Sammarcelli, en charge d’une trentaine de kilomètres de plages océanes, ne dit pas autre chose, et l’on comprend aisément son inquiétude. Chaque année, l’on compte en effet sur le territoire national près de 20 000 noyades dont environ 500 se terminent par un décès. Sur ce nombre, environ un quart est imputable à la baignade en mer. Comment ne pas envisager avec crainte la désertion des MNS durant un mois entier sur les côtes, et notamment sur ces plages de Gironde et des Landes, si belles mais si dangereuses lorsque se mettent en place les courants de baïne ?
Certes, les communes peuvent avoir recours à des MNS civils. Mais ces derniers sont insuffisamment nombreux et souvent moins bien formés que leurs homologues des CRS. Qui plus est, « Ils n’ont pas de pouvoir de police pour faire respecter certains règlements et tous n’ont pas l’expérience pour diriger un poste de secours », souligne non sans raisons Marc Lesage, délégué national de l’UNSA.
Rien n’est encore définitivement arrêté par les pouvoirs publics. Mais la pression du contexte terroriste en concomitance avec l’organisation de l’Euro 2016 fait peser une grave menace sur la sécurité des vacanciers. Nous croisons tous les doigts pour que cette compétition se déroule sans incidents, mais comment ne pas craindre qu’en marge de celle-ci, l’Euro 2016 ne fasse des morts sur les plages de France ?
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