Euro 2024 : faut-il soutenir l’Équipe de France ?
A-t-on déjà vu une équipe aller jusqu'aux demi-finales d'un championnat de football d'Europe sans marquer un seul vrai but ? Eh bien, tel est le cas de la France, menée par Didier Deschamps qui s'apprête à affronter l'Espagne en demi-finale alors que depuis le début de la compétition elle ne doit son succès qu'à des CSC ou à des penaltys (parfois immérités, faut-il le dire). En plus d'avoir un jeu offensif mou, les "Bleus" se distinguent aussi par une forme de lassitude blasée qui transparaît aussi bien sur le terrain qu'en dehors. Et, d'après plusieurs journalistes sportifs, il y aurait en outre des conflits et des jeux de clans tant au sein de l'équipe, entre les joueurs, qu'au sein du staff.
Pour la première fois, des footballeurs ont tenu à prendre la parole sur des sujets politiques et même à user de leur notoriété pour donner des consignes de vote à leurs supporters. Ainsi, Mbappé avait appelé à "faire barrage aux extrêmes" avant même le premier tour. Le samedi 6 juillet, à 00 heures 32, soit après la fin officielle de la campagne électorale, c'est Jules Koundé qui a pris le microphone pour appeler à "faire barrage au RN", ce qui constitue une infraction au Code Électoral.
Au vu de ce jeu sportivement dégoûtant et de cette politisation outrancière, faut-il encore soutenir "notre" équipe, surtout en tant que dissidents ?
Avant toute chose, un petit tour d'horizon s'impose afin de comparer l'état d'esprit français avec celui des autres pays sur le sujet. Voici comment l'on voit les choses en Europe de l'Est (c'est un Franco-Russe qui écrit ces lignes). Le passé communiste, sous lequel on exaltait le culte du corps et la performance, et où le sport était un terrain d'affrontement idéologique avec l'Ouest capitaliste, fait qu'encore à notre époque les populations de ces pays ont un énorme respect pour leurs sportifs. La forme de condescendance que l'on peut observer en France de la part des prétendus intellectuels (souvent malingres et chétifs) envers le sport serait totalement étrangère, et même très choquante pour ces peuples qui considèrent que chacun contribue selon ses compétences à la grandeur du pays, qu'il coure, joue au handball, compose de la musique classique ou construise des fusées. Le clergé lui-même n'est pas en reste puisque, selon la religion des pays concernés, des cardinaux catholiques et des patriarches orthodoxes ont solennellement reçu les sportifs – et sportives – concourant sous les couleurs nationales afin de les bénir comme ils le feraient pour des soldats partant défendre la patrie. Dans un pays sécularisé et archipélisé, cela peut paraître étrange, mais dans des pays conservateurs – et homogènes culturellement – il est tout à fait naturel que l'ensemble de la nation, religieux compris, vibre pour ceux qui en assurent la grandeur.
Ainsi, en pleine guerre, le gouvernement ukrainien qui va jusqu'à mobiliser des femmes enceintes et des malades mentaux, a exempté de service militaire les sportifs de haut niveau afin qu'ils puissent continuer à concourir et ainsi contribuer à rendre le pays fier par leurs performances. Passons sur le fait que la plupart de ces sportifs sont des russophones…
En France, la situation est différente, à tous points de vue. Une première vérité s'impose, c'est qu'au moins dans le football, la plupart de nos compétiteurs de haut niveau sont issus des banlieues, soit des territoires sous la mainmise de la gauche culturelle et de son discours revendicatif (pour ne pas dire antipatriotique) qui a infusé depuis le plus jeune âge dans l'esprit de ces sportifs. Il en résulte que par leurs prises de positions et leur comportement, ils sont moins les représentants du "pays réel" (qui pourtant constitue le vivier de leur fan club), que de cette construction républicaine artificielle créée par la gauche et déconnectée des aspirations réelles des Français. Pire, par leurs consignes de vote, ils vont jusqu'à outrager ce pays réel qui vote pour les "extrêmes" seulement parce qu'il se sent abandonné par la classe politique et la société civile. En se joignant aux donneurs de leçon, ces joueurs confirment le sentiment d'abandon qu'éprouve le peuple, lequel, désormais, ne pourra guère plus se reconnaître dans son équipe qui le conspue et lui intime de bien voter.
Évacuons tout de suite un sujet : la diversité ethnique ne nous semble pas, en soi, problématique pour que le peuple s'identifie à son équipe, dès lors que cela ne débouche pas sur une archipélisation culturelle et politique où des intérêts particuliers primeraient sur l'intérêt général de la nation. La Russie elle-même a acheté et naturalisé plusieurs joueurs brésiliens, sans que quiconque ait eu quoi que ce soit à redire, y compris dans les franges les plus radicales des hooligans russes (à côté desquels nos "ultras" sont des enfants de chœur…). Ces joueurs ont appris le russe, parfois épousé des femmes russes, et l'un d'eux est même devenu un orthodoxe pratiquant. Tous, ils portent avec fierté les couleurs de la Russie ; et même lorsque leur pays d'adoption a été mis au ban du sport par l'Occident à partir de 2022, ils ne l'ont pas abandonné. À part, peut-être, quelques bas du front, qui trouverait à leur en remontrer au seul motif de leur origine différente ? En France, la plupart des joueurs sont nés Français et ont grandi en France. S'il y a donc désamour chez les supporters, ce n'est pas au nom de considérations essentialistes, mais plutôt du fait de l'attitude et des discours de ces joueurs. Là où la Russie a une approche intégrative, en France ce sont au contraire les attitudes et discours centrifuges qui sont encouragés. Cela ne peut déboucher que sur l'archipélisation dont nous faisions mention plus haut. Mais la faute en revient-elle vraiment aux joueurs ? N'est-ce pas trop facile de ne cibler qu'eux et de négliger le sommet de la pyramide ?
Depuis les années 1990, et plus particulièrement la Coupe du Monde 98, le football est éminemment politisé en France, même s'il est convenu d'affirmer tout haut que "la politique n'a rien à faire dans le sport". En vérité, les performances des Bleus sont exploitées sans vergogne par la gauche culturelle pour en faire un argument en faveur d'une république "ouvert", multikulti qui, in fine, favorise le grand capital. Dans le climat actuel, une victoire française à l'Euro serait, de l'aveu même d'un journaliste sportif que nous avons interrogé, un "message positif" pour une bien-pensance humaniste qui perd son assise culturelle et morale sur l'opinion publique. Ici, ce ne sont donc pas les joueurs qui posent problème, mais l'oligarchie politico-médiatique qui les instrumentalise pour culpabiliser le peuple. Par ailleurs, cela en dit long sur le mépris de classe de cette oligarchie qui pense sincèrement que le peuple est assez moutonnier pour qu'une victoire sportive lui fasse changer de suffrage, comme si cela résolvait l'inflation, l'insécurité et le déclin géopolitique de la France.
Le football est à notre époque ce que la gladiature était pour les Romains, le jeu par excellence pour divertir les foules, à la différence que les sommes engrangées par le business du ballon rond sont autrement plus faramineuses. Au vu des prises de positions moralisatrices des joueurs de l'équipe de France, en décalage profond avec celles du peuple français ; au vu de la certaine instrumentalisation à laquelle une victoire des Bleus donnerait lieu dans les médias mainstream ; et au vu de la mainmise du grand capital sur le football actuel, il apparaît plus que prudent – a fortiori en se plaçant dans une perspective dissidente – de nuancer le soutien à cette équipe dans le climat actuel.
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