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Accueil du site > Tribune Libre > Europe 2009 : a-t-on raison de haïr les politiques ?

Europe 2009 : a-t-on raison de haïr les politiques ?

1989, la chute du mur, événement plus qu’historique, entraînant la fin de la guerre froide, l’adhésion des pays de l’Est aux règles du marché et chez les intellectuels, une longue mélancolie européenne qui ne finit pas de finir, un peu comme l’ère de la technique, une fin qui ne finit pas selon Heidegger. Les élections européennes dévoilent ce long marasme entamé depuis 20 ans. Les trublions de la politique y vont de leurs belles séductions. Tapie, Le Pen, Bayrou, Cohn-Bendit, il n’y a rien à sauver dans le lot. Même les Verts, qui s’y croient, ont montré un vide politique abyssal. Des incantations, des croyances, quelques personnalités choc et on emballe l’électeur un peu comme la pute bien gaulée emballe le client sur le trottoir. Le bon bourgeois vote vert. L’écologie est devenue une religion. Au 19ème siècle, les bons bourgeois allaient à la messe le dimanche et leurs épouses participaient aux œuvres des bonnes sœurs. Depuis 1989, l’Europe est un vieux continent qui parvient à jouer un rôle de premier plan en économie mais la crise étant là, les lignes vont se redessiner. Le protocole de Lisbonne est un échec. Barroso est un incapable. La croissance par l’économie du savoir est une idiotie, tout comme peut l’être la croissance verte. Mais les électeurs ont voté pour l’UMP et les Verts. Le Modem est éjecté et c’est tant mieux. Il n’a rien d’une lame de fond sociale, quand le soir, la nuit tombée, les gens se réunissent aux quatre vents pour refaire le monde autour de ballons de rouge. L’amitié s’est égarée, l’imagination flétrie, l’élan assoupi, les masses assouvies se repaissent de leur tribut gagné à la dure devant leur écran, les masses inassouvies sont frustrées et vont claquer quelques sous à la Française des jeux pour quelque rêve offert à peu d’élus. Tout ce monde bosse sans savoir pourquoi. Les gens la tête sur le guidon ont fini par se dire, en 2009, allons à la pêche, pour ne pas mordre à l’hameçon de tous ces bonimenteurs et autres escrocs de la politiques motivés par leur ego, leur narcissisme, leur gloire, mais autistes devant l’éternel du genre humain. L’Europe n’existe pas. Seules fonctionnent les institutions européennes. Des malades technocrates qui se sont demandé s’il ne fallait pas supprimer les carrelets dans l’estuaire de la Gironde et qui maintenant se demandent si on peut faire du rosé en coupant du rouge et du blanc. Le projet a été abandonné dieu merci mais le plus inquiétant, c’est que cette idée ait été prise au sérieux. Alors, comment ne pas détester cette Europe. Dont les élus et les gouvernants sont en contact avec les lobbies mais jamais avec les citoyens. C’est un non sens, une aberration politique insupportable. L’Europe n’est qu’une communauté d’intérêts, après avoir été une communauté économique. L’euro reste pourtant une belle réussite mais c’est une victoire économique à la Pyrrhus. Il n’y a pas de gouvernance politique derrière. Une aberration de plus.

Le cours naturel, sain et citoyen de la vie politique aurait dû logiquement aboutir à un résultat sans appel contre le pouvoir en place, avec un très bon score d’une formation d’opposition qu’on image être un PS en bon état de marche, avec des figures et des idées. Rien de tout cela. En 2009 comme en 1994, les européennes ont ouvert la voie à quelques opportunistes ayant su surfer sur les modes médiatiques du temps présent. Les gagnants ont joué en tirant les dividendes de la banque de la colère, du ressentiment ou de la dévotion face à des idéaux complètement chibrés. L’abruti qui vota Tapie en 1994 a été remplacé par le dévot bobo qui croit que le dessein européen est de sauver la planète. Un projet complètement inepte. Quel intérêt à sauver la planète pour que prolifère cette espèce humaine en voie de décomposition mentale, cet être addictif qui a perdu le sens de sa voie et s’abîme dans un gouffre consumériste, avec des télés, des jeux, des binge drinks, des drogues, une bête que cette humanité qui se défonce avec des anesthésiques qu’on donne aux bestiaux. La culture aurait été un grand idéal, l’art, or c’est l’industrie de la guimauve chantante et de ces réalisateurs de film insipides que les gouvernants soutiennent, en envoyant leurs émissaires à Cannes. Le peuple n’invente plus. Il n’a plus les moyens. Il est devenu une masse servile au profit du nazisme financier, des intérêts privés, des aventuriers de la politique. Le projet européen n’existe pas. l’Europe se meurt dans la débauche, la déliquescence des élites et la décomposition des peuples. Mais quelle belle œuvre d’art, esthétique au possible, plus sublime que le nazisme, que le spectacle de ce lent suicide européen, avec ses télés réalités, ces frasques à la Berlu et la Sarko, le tout accompagné des souffrances des déclassés. La loi Haartz en Allemagne qui nous rappelle que ce pays possède une belle expérience en la matière pour faire travailler les gens, depuis Buchenwald. En France, le RSA entérine l’enlisement des déclassés dans des existences secondaires. A titre individuel, c’est mieux que le RMI sauf qu’à titre général, cela risque de créer une classe de sous travailleurs avec la vénalité d’entrepreneurs peu regardants. Mais Martin Hirsch, aussi polytechnicien qu’il soit, a montré sa vision tronquée de la réalité vue de son seul et unique point de vue pour satisfaire sa libido de bête politicienne. Noir il n’y a plus d’espoir. Pour ces gens là, ces déclassés. Gris, c’est la vie futile dans l’ennui, pour les classes moyennes. Les élus de la classe supérieure et les vieux pleins de fric peuvent se gaver. La machine productive produit. L’Europe, c’est une belle usine. Qui connaît la crise mais ne connaît plus l’humain !

Ce réquisitoire pourrait s’étendre sur des pages et des pages, pour peu que l’auteur ait le souci d’aller chercher les arguments, les faits, et de se passionner pour ce délicat moment de haine envers les politiques. A-t-on raison de haïr les politiques ? Oui si on admet qu’ils ont trahi les vertus et les idéaux en profitant d’une gloire usurpée. La haine est-elle un sentiment louable ? Tout dépend du contexte. N’oublions pas que la haine est une passion, qu’une passion fait l’Histoire, que cette haine a donné aux Français la force de résister aux nazis et que sans doute, elle donne un élan aux Talibans mais c’est une autre histoire. L’amour est aussi une passion, qui pourrait habiter l’Europe, un prochain jour, dans dix ans, vingt ans, à moins que le ressentiment ne laisse aux commandes de piètres gouvernants. Alors autant jouer de la haine et renverser l’histoire. Quoi qu’il en soit, je me dois d’être honnête. Je pense que les gens comme Barroso, Barnier, Bertrand, sont des êtres haïssables. Et d’autres avec. Bayrou et Cohn-Bendit me semblent plus égarés qu’haïssables. Aubry, carrément pitoyable, Besancenot insignifiant et lassant, comme Villiers. Mélenchon reste un chevalier appréciable mais égaré lui aussi. Le Pen, n’en parlons pas, il est mort, comme Bongo, et sa fille est talentueuse mais elle aussi égarée. Je cherche un visionnaire. Aidez-moi, fichtre ! Fillon, terne. Sarkozy, bon gestionnaire du chaos. Bové, un illuminé à la moustache gauloise sympathique, obsédé par les OGM. Moscovici, très méritant, une abnégation exemplaire pour rester au PS en ayant tant de talent. Valls, fourbe, pas humaniste pour un sou. Peillon, bonne pâte qui se demande ce qu’il fait au PS. Dati, détestable, tout ce que l’on doit refuser quand on a quelques valeurs à défendre. Besson, haïssable, sans hésitation, un type qui aurait été collabo en 40. Albanel haïssable aussi. Pour d’autres raisons. Ségolène Royal, on ne peut la haïr, à ranger aux côtés des illuminés, avec Bové et Cohn-Bendit. Delanoë, absent, mais fringuant maire de Paris, pour la frime. DSK, dégoûtant. Fabius, carrément décevant. Borloo, sympathique mais carrément insignifiant. Lagarde, sur ses gardes, énigmatique, pièce rapportée comme Borloo. Copé, le jeune loup, pas minable mais pas transcendant.

Cette expérience de pensée a au moins un mérite, elle explique l’abstention. Quant à plaider pour la haine des politiques, je ne pense pas que ce soit un combat utile ni louable. Les citoyens ne sont guère plus honorables du point de vue politique. Mais il existe une vie après la politique. Des matins lumineux, des soirs pleins d’espoirs. Cultivons cette âme mystérieuse que nous avons en nous. Il se peut bien que rien ne soit impossible pour peu qu’on soit ensemble avec soi-même ! Il se peut aussi que la vie politique soit du passé parce que les citoyens n’ont plus rien à partager ! Drôle d’époque. Le destin de l’Europe se joue entre la haine et l’amour !


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5 réactions à cet article    


  • mylena mylena 9 juin 2009 13:45

    C’est archi-nul.


    • omar omar 9 juin 2009 15:38

      Intéressante démonstration du fossé qui sépare les élites du populo. En effet comment croire encore aux discours des hommes politiques après tant de trahisons et d’affaires ?

      Mais plus que de la haine c’est surtout de l’indifférence que l’individu lambda oppose à toute cette agitation qu’on nous présente comme primordiale pour notre avenir.

      Non consultés à la base pour savoir comment et pourquoi faire cette europe, le passage en force opéré au grand dam des premiers concernés laissera vivace en eux un sentiment de défaite et de détachement d’un monde politique qui ne se souvient des citoyens qu’une fois de temps en temps, lorsque vient l’heure de nous faire signer le chèque de caution démocratique.

      On a beau jeu de blâmmer le peu d’intérêt et de responsabilité des citoyens, on ne pourra pas dire que tout n’est pas mis en oeuvre pour qu’il en soit ainsi. Après les élections le spectacle continue et les médias, fidèles serviteurs des pouvoirs auront tôt fait d’attirer notre attention sur des sujets sensasionnalistes et de peu d’intérêt.

      Pensez-vous sincèrement que la politique puisse changer les choses dans le sens d’une amélioration de nos conditions de vie, d’éducation, la préservation de notre santé, en plus de faire de la France / Europe un modèle pour le reste du monde ?

      Ne croyez-vous pas plutôt qu’une fois élus nos politiques se découvrent des urgences et des préoccupations toutes personnelles et narcissiques, comme de rempiler ou de faire profiter les petits copains.

      Que pensez-vous d’un référendum à mis-mandat, quel homme politique aurait le courage de se soumettre réellement au couperet des décisions populaires, s’il travaille véritablement dans le sens de la mission politique qui lui est impartie par les électeurs, il ne devrait rien avoir à craindre ?


      • Diva Diva 9 juin 2009 17:54

        @ Bernard Dugué

        Analyse très interessante.
        La situation de la politique (qui n’est qu’un instrument du capital), est réellement désespérante !


        • Marianne Marianne 9 juin 2009 19:22

          « La situation de la politique (qui n’est qu’un instrument du capital), est réellement désespérante » .

          « Ils ne sont grands (les tyrans) que parce que nous sommes à genoux ».
          La Boétie, décédé à l’âge de 18 ans.

          Que tous (ou presque) se mettent à faire de la politique - au sens grec et noble du terme - et elle sera un instrument au service de tous.

          Nous devrions à cet égard davantage regarder ce qui se fait et ce qui évolue dans les pays d’Amérique Latine...


        • Marianne Marianne 9 juin 2009 19:27

          D’accord avec vous cependant Diva, je vote pour ce texte sans retenue.

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