Eva, et moi et moi
L’aboiement serait-il le nouveau signe de ralliement Politique dans un jeu déjà réputé dangereux ? C’est tout à fait possible, une sorte de mutation du langage comme palliatif au dialogue historique. Ce qui peut expliquer l’utilisation intempestive des « ultimatum » dans cette métamorphose naissante des modes de communication.
Pour l’aboiement politique, il faut apprendre à bien ouvrir la bouche en soulevant légèrement la lèvre supérieure pour y laisser dépasser quelques dents. Il ne vous reste plus qu’à parler et le tour est joué. Avoir des canines pointues est un plus.
C’est donc à ce jeu qu’Eva Joly s’est faite un peu plaisir sur le plateau de France 3 Basse Normandie, dimanche dernier. A la hussarde, tel robin des bois face à Don Quichotte dans un couloir de métro, elle s’est investie de la mission de faire peur. Faire peur à la Gauche, faire peur à François Hollande et faire peur aux Français qui sont de gauche et qui soutiennent François Hollande. La boucle de la peur est bouclée.
Cachée derrière le rideau de sa loge, elle a couru pour rejoindre la lumière des caméras. Le regard droit, elle a porté le coup comme on plante ses dents dans entrecôte saignante. Elle a sorti l’étendard effrayant de l’ultimatum du compte à rebours nucléaire. Attention, ça va faire peur… Je suis donc je pèse !
Assis sur mon fauteur club, j’ai ressenti ce frisson horrible que seuls les grands traumatisés peuvent éprouver. Ô oui que ma peur fut grande ! Ô oui Eva, de toi, j’ai été effrayé !
Ma femme inquiète est venue poser sa main sur mon bras pour calmer ma tension artérielle. Quelques minutes furent nécessaires pour retrouver mon calme et encaisser la violence d’une femme qui jusqu’à présent ne m’avaient fait aucun mal. Moi qui aimais tant ces lunettes rouges et rondes de petite femme espiègle… Mais que diable lui avais-je fait ! Pourquoi cette violence ? Pourquoi Eva t’es-tu lancée dans cette impasse buccale où les mots sont devenus des armes ? Pourquoi vouloir faire mourir ton ami ? Etre seule sur terre pour regarder la lune en solitaire sans jamais personne à tes côtés, c’est ça que tu veux ?
Eva, la violence d’un ultimatum dans la bouche de ceux qui veulent faire fermer les centrales nucléaires, symbole s’il en est, de la puissance guerrière, est un surprenant adage de contre sens idéologique. L’atomisation de tes mots, Eva, les Français n’est veulent plus. Aimons-nous. Plantons des arbres pour batifoler dans les branches, mais s’il te plait, pas d’ultimatum qui me font penser à l’uranium.
Moi aussi je suis. Ne m’ignore pas. Ne me blesse pas. J’ai eu mal en t’écoutant car tu t’es fait mal toute seule. En attaquant, tu as perdu la première. La guerre, c’est bien là une drôle de façon de traiter ses partenaires politiques. Pas joli de faires des menaces quand on prône sur tous les toits « faire de la politique autrement ». Surprenant comme méthode de travail. La menace comme force de négociation… C’est ça la nouvelle façon de faire de la politique ? Pas comme ça Eva, pas toi. Recevoir des coups sans jamais en donner, est une force bien plus importante, me disait mon grand père en mastiquant son élastique de pantalon en regardant PPDA quand il avait encore des cheveux.
Au fait, que veut dire le 19 novembre comme ultimatum ? Tu as un truc de prévu à partir du 20 et tu souhaites partir l’esprit tranquille ?
On ne changera pas en faisant pire.
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