Evian, Genève, chasse aux terroristes
« Vous-vous rendez compte de la situation où se trouve la France ? Vous-vous en rendez compte ? ». « Pas la peine de vous énerver .. je vous le conseille pas, pas du tout ! ». Les échanges avec les douaniers ne sont pas des plus cordiaux, c’est le moins qu’on puisse dire. Au milieu du flot continu ralenti par les Zigzags entre les plots, à la frontière, une voiture au hasard : la nôtre. Au hasard ?
Mais commençons par le commencement. Nous avions pris le chemin des écoliers, par Nernier , Chens, Collonge-Bellerive, les bords du Lac, enchanteurs, tout animés d’oiseaux et de promeneurs, jusqu’à Genève. Le temps de passer le pont, d’admirer les grands hôtels aux façades d’Ancien Régime où les élites du monde entier ont pris l’habitude séculaire de se retrouver, le temps de méditer sur la puissance du chocolat et de l’horlogerie, de Prada et de la bijouterie, nous voilà remis sur le chemin de la France, direction Lyon-Paris.
C’est là que, au poste frontière comme je vous ai dit, nous voici
Lili conduit. Une équipe de trois douaniers, très militaire d’aspect, revolver au côté, nous intime, avec force gestes qui ne supportent pas la contradiction..
Lili pile à l’endroit indiqué, quittant la file.
Elle sort .. je reste assis, immobile, le regard au loin, flegmatique, normalement pas – ou peu – concerné, n’est-ce-pas ? Qu'auriez-vous fait ?
Une des fliquettes de la bande, très-svelte, petite queue de cheval bien tirée, très-vive, très-autoritaire, la presse de questions, avant même de se présenter, sans dire bonjour ni bienvenue ..
- Vous venez d’où ? Vous avez acheté des choses en Suisse ? Vous avez retiré de l’argent ? vous avez de l’argent sur vous ? plus de 10 000 ? des objets ?
- Lili répond non
- Ouvrez le coffre !
La jolie petite douanière-fliquette, revolver au coté, Sig-Sauer SP 2022 chambré en 9 mm Parabellum j’avais cru remarquer, et pas du tout un P 38 comme avant, commence à fouiller. De ma place, je l’entends tirer les fermetures éclair avec application, remuer les fromages, les caleçons, les computers..
Moi toujours assis devant, flegmatique.
L’un des deux autres de l’équipe, lui aussi d’aspect très militaire, même revolver, mais mine plutôt patibulaire, un homme lui, plutôt basané comme on dit, Italien je dirais, vient toquer à mon carreau ..
Je m’éxécute, mais, je dois-dire, à gestes lents, l’air absent. Mon attitude l’agace visiblement. La sienne aussi.
Il me toise, me presse de questions .. je réponds non. Il me demande de vider sur le siège du véhicule, tout ce que j’ai dans les poches, tout répète-t-il avec insistance.
Je m’éxécute, de toutes mes poches .. Phone, billets en leur pince-argent, des “Français”, quelques Euros sonnants et trébuchants, des papiers, cartes et tickets, les stylos-publicité de l’Hôtel Beaurivage, mon bonnet même, de laine, noire, retroussé, un peu commando d’opérette.. Mais je vais lentement, très lentement, me disant qu’il n’y a très certainement pas de règlement, pas de lois pour réprimer la cadence lente et insuffisante des contrôlés.
De plus, je pose pas, je jette, très négligemment, de loin, sur le siège, tout en vrac, contrarié, de circonstance. Ça l’énerve visiblement.
- C’est tout ? c’est tout ce que vous avez ?
Il a l’air quelque peu dépité, mais, surtout, pas content du tout !
Ah si ! J’oubliais ! J’ai toujours au coté, à la ceinture, un porte chargeurs ancien .. un porte chargeurs comme celui qu’on accrochait au ceinturon M 1936 et qui permettait de ranger 2 chargeurs complets, un peu comme le porte chargeur d'USM1, vous voyez ?
Le douanier s’en aperçoit, recule un peu, porte sa main droite sur le côté et se met à gueuler “kes-cékça ! “
- Mes papiers, ma carte bleue, mes pillules .. y’a pu rien comme ce qu’on mettait avant je me fends, avec un sourire déplacé
- ..ça le fait pas rire lui, Ouvrez ! et mettez sur le siège, continuez !
Nous avons eu droit à la totale comme on dit, moi et Lili .. Normal.
A la fin, tout danger étant écarté de part et d’autre, nous avons échangé quelques impressions en ambiance Presque sympathique
- Avouez, Madame, Messieurs, que nous, pékins moyens, on est pas obligés d’exulter quand on se fait arrêter .. fouiller, contrôler de fond en comble
- Oui, oui, mais de vous voir agacés de la sorte, ça nous agace aussi .. on fait notre boulot, nous, on est pas suffisamment nombreux
- Certes, certes, mais des vieux comme nous, avec nos têtes ..
- Il n’y a pas de bonnes têtes ou de mauvaises têtes Monsieur .. J’en ai arrêté un qui s’appelait Wagner Monsieur ! Wagner ! et il était recherché, Wagner ! pour activité terroriste islamique !
- Oui .. mais nous !
- Vous-vous rendez compte de la situation où se trouve la France ? Vous-vous en rendez compte ?
- Oui, oui .. on vous comprend ..
Je remettai en place mon porte chargeurs colt 45 avec mes médicaments dedans et je pensais au même instant que le Général Piquemal, celui de la Légion, venait d’être arrêté lui aussi .. Mais pour de vrai.
Le sujet est d’actualité.
Citations graphiques
http://www.notrehistoire.ch/ & http://www.us-militaria.com/
https://www.francebleu.fr/theme/douane pour les douanier - Libre de droit selon Google policy
Plus Wikipedia pour le Colt 45
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