Exit Kadhafi et viva la Charia !
La polémique s’enfle mais elle est inutile. Kadhafi a été salement liquidé et non atteint d’une balle errante ou victime d’un « tir croisé » (1). Que ce soit pure vindicte ou sur ordre afin de le faire taire définitivement, cela fait une vilaine tache sur la robe qui se voudrait virginale de la « révolution » libyenne alors que le niaiseux Obama appelle ses groupies de Benghazi – dans un discours de circonstances calqué sur celui qui suivit l’exécution extra judiciaire du pseudo Ben Laden – à « continuer à respecter les droits de l’homme ». Nous cauchemardons éveillés. Obama serait-il l’homme le moins bien informé de la planète ?
Au demeurant, l’homme à abattre s’appelle désormais Saïf al-Islam, fils aîné du Guide, dauphin et héritier des secrets de son père… Un spectre de chair et d’os destiné n’en doutons pas, à hanter Ganelon McBeth de Nagy Bocsa. Tout n’est donc pas achevé avec la « Libération » de la Libye et tout n’est pas encore réglé avec le martyr du Raïs tombé en combattant comme il l’avait souhaité et annoncé. S’ouvre en effet, dès aujourd’hui, devant le pays fraîchement libéré d’intéressantes perspectives de luttes intestines intertribales… Car ce n’est pas demain la veille que la libre Libye retrouvera un homme en mesure de fédérer – fût-ce d’une main de fer - la mosaïque ethnique qui le compose.
L’Irak est plus lointain, la Libye nous fait quasiment face. Soyons donc reconnaissant aux factotons de la Grande Amérique, les Blairs, Sarkozy et Berlusconi, dont la brillante initiative aura abouti en fin de compte, à installer à notre porte des Émirats islamiques – bientôt rebaptisés, soyons en sûr, pour la circonstance, sur le modèle turc du Parti pour la Justice et le Développement – dont le prosélytisme militant, voire conquérant, nous réserve certainement d’agréables surprises.
Révolution… Mort où est ta victoire ?
Révolution, nom pompeux donné à une guerre civile très ordinaire et bien sanieuse avec les 150 000 morts et les 100 000 blessés que revendique le Conseil national de transition (2)... oubliant de dire que ce ne sont pas les forces armées du Raïs défunt qui en sont la cause mais la furie des assaillants au sol appuyé per les forces aériennes d’une coalition tripartie, É-U/R-U/République française, hexagonale et sarkozienne. Alors quand le Figaro du 21 octobre veut nous faire croire que la guerre n’aura creusé nos déficits publics que de 300 millions d’€, l’on a beaucoup de mal à ne pas sourire face à une telle éhontée menterie … car il faudrait - par exemple - adjoindre à ce modeste bilan les coûts exorbitants liés au « dégâts collatéraux »… ainsi les1500 blessés libyens pris en charge gratis pro deo par les hôpitaux d’Île de France. C’est ce que ne dit pas le Figaro : la guerre n’émarge pas seulement sur la ligné budgétaire des dépenses militaires, mais sur bien d’autres chapitres, celui de la Santé entre autres.
Il n’y donc eu finalement à travers le monde– outre les ineffables duettistes Cameron-Sarkozy - que l’inénarrable Obama pour se féliciter de façon particulièrement inconséquente du lynchage de Kadhafi sans se rendre compte que les trois quart de l’Afrique pleure un bienfaiteur grand pourvoyeur (3) en hôpitaux, dispensaires, écoles, bourses étudiantes, infrastructures… une réalité qui cadre mal avec la légende noire tissée autour du fantasque colonel, vraisemblablement ethniquement juif par sa grand-mère (4) et né – peut-être - des œuvres d’un Corse naufragé du désert (5).
Un enfant perdu renié par Eretz Israël, terre de promission, qui semble avoir voulu avancer ses pions aussi vite que les rebelles progressaient à travers les ruines – fumantes – de villes naguère prospères. En mai dernier c’est le quotidien israélien Yediot Aharonot qui mange le morceau en publiant les termes d’un accord vraisemblablement conclu entre le Conseil national de transition et Tel-Aviv en vue d’établir en Libye une base militaire israélienne aux Monts verts, à proximité de la frontière algérienne. En contrepartie Israël s’engageait à obtenir la multiplication de frappes aériennes de l’Otan contre les forces loyalistes et l’adhésion renforcée des pays arabes à la cause des rebelles. C’est sans commentaire.
Le triomphe de Babar Sarkozy… une Bérézina diplomatique
Maintenant il va falloir payer la facture diplomatique de la Libération libyenne close par l’assassinat en forme d’apothéose du Guide. C’est une Libye riche hier encore – insistons : une sorte d’austère pétromonarchie laïcisante épanouie sur la rive Sud de la Méditerranée - et par voie de conséquence objet de convoitise, qui vient de tomber, avec armes et bagages, sous l’empire de la Charia (6). Au Conseil de Sécurité, Russie, Chine, Brésil et Inde qui ont laissé faire et laissé passer la Résolution 1973, ont été en somme ridiculisés. On ne les y reprendra pas sitôt. Pire, la trahison du mandat onusien par les puissances directrices de l’Otan et le sabotage avéré et délibéré des négociations conduites au printemps dernier par des pays tiers (Afrique du Sud entre autres) avec la Jamahiriya libyenne (comme ce fut le cas en 1990 avec l’Irak et en 1999 avec la Yougoslavie), ont définitivement ruiné le principe de « protection des population » adopté en 2005 par les Nations unies. À l’avenir des massacres de civils pourront être perpétrés à travers le monde sans que la Communauté internationale se croie obligée de bouger le petit doigt.
Or la guerre est assimilable à une réaction en chaîne. L’on sait quand et comment elle commence, mais nul ne maîtrise les événements qui en découlent à plus ou moins court ou long terme. Comment la Libye va-t-elle se reconstruire ? Retrouver un régime stable alors que les rivalités tribales ancestrales peuvent se donner à présent libre court dans un territoire surarmé travaillé par des mouvements salafistes ? Le triomphe de M. Sarkozy risque à ce titre d’être de courte durée. Mais ce sera à l’arrivée à la France et à l’Europe d’honorer une note qui s’annonce salée. Et ce n’est pas le pétrole libyen qui nous sauvera quand il faudra partager le gâteau avec toutes les puissances, déclinantes ou émergentes, assoiffées d’or noir et prêtes à en découdre pour s’en octroyer le monopole.
Notes :
1 - Le Réseau Voltaire présente sous la plume de T. Meyssan une analyse originale des circonstances de la mort du Raïs Libyen : « Jeudi 20 octobre 2011, vers 13 h 30 GMT, le Conseil national de transition libyen annonce la mort de Mouammar el-Kadhafi. Bien que confus, les premiers éléments laissent à penser qu’un convoi de voitures a tenté de quitter Syrte assiégée et a été bloqué et partiellement détruit par un bombardement de l’Otan. Des survivants se seraient mis à l’abri dans des canalisations. M. Kadhafi, blessé, aurait été fait prisonnier par la brigade Tigre de la tribu des Misrata qui l’aurait ensuite lynché. Le corps du « Guide » [a été] acheminé comme trophée par les Misrata dans la ville éponyme. La tribu des Misrata, qui a longtemps hésité à choisir son camp et est quasi absente du CNT, aura finalement investi Tripoli après son bombardement par l’OTAN, et aura lynché el-Kadhafi. Elle aura transféré son corps dans sa ville pour marquer son triomphe. En juillet, le « Guide » avait maudit les Misrata, leur enjoignant de partir à Istanbul et Tel-Aviv, faisant allusion au fait que leur tribu est issue de juifs turcs [sabatéens] convertis à l’islam. Le lynchage d’el-Kadhafi montre la volonté de l’OTAN de ne pas le déférer devant la Cour pénale internationale qui n’aurait pas été plus en mesure de le condamner pour crime contre l’humanité que le Tribunal pénal pour l’ex-Yougoslavie ne put prouver la culpabilité de Slobodan Milosevic malgré deux années de procès ».
2 - France 24 vendredi 19 octobre. Les observateurs internationaux estiment le nombre de décès à 25 000 et autant de blessés graves. À titre de comparaison la « répression » des émeutes syriennes a fait sur neuf mois, depuis février 2011, moins de 2500 morts.
3 - Ce sera Kadhafi qui, en finançant la majeure partie du satellite Africain RASCOM 1 - à hauteur de 300 millions de $ sur 400- offrira à l’Afrique sub-saharienne sa vraie première révolution des temps modernes, cela en permettant d’établir la couverture du continent pour la téléphonie, télévision, radiodiffusion et diverses applications telles que la télémédecine et l’enseignement à distance. Après avoir attendu pendant 14 ans que la Banque Mondiale, le FMI, les USA, l’Union Européenne tiennent leurs engagements, en 2006 que Kadhafi relance le projet en partenariat avec la Banque Africaine de Développement (50 millions $), la Banque Ouest Africaine de Développement (27 millions). À la suite de cette percée, Chine et Russie rejoignent le mouvement et contribuent au lancement de nouveaux satellites, sud-africain, nigérian, angolais, algérien avant un deuxième satellite panafricain mis sur orbite en juillet 2010.
4 - Grand-mère juive convertie à l’Islam après avoir épousé en deuxièmes noces un cheikh grand père de feu Kadhafi. Fin 2010 la chaîne de télévision israélienne Channel 2 News donne l’antenne à deux israéliennes d’origine libyenne affirmant être des parentes de Mouammar el-Kadhafi. Guita Brown prétendait ainsi être la cousine de Kadhafi, sa propre grand-mère étant la sœur de la grand mère du colonel qui ayant épousé en première noce un juif « elle l’avait quitté et épousé un cheikh Musulman ». Leur fille sera la mère de Kadhafi. Cependant même passée à l’Islam par son mariage, celle-ci restait ethniquement juive eu égard la loi religieuse hébraïque… Il est vrai que certains israélites s’entendent à souvent désigner comme juif leurs pires ennemis. Une façon habile de les discréditer auprès de leurs suiveurs. Il n’empêche qu’en mars 2011 un reportage d’Al-Jezirah tourné dans l’un palais du Guide de la ville de Baïdha, après son pillage par les rebelles, montrait une riche collection d’ouvrages relatifs à la Cabbale, c’est-à-dire à la sorcellerie et à la nécromancie hébraïques. http://www.dailymotion.com/video/xb...
5 – Une rumeur persistante (démentie par l’institution militaire en 1999 !) voudrait que Kadhafi fût le fils d’un officier corse des Forces aériennes françaises libres dont la base aérienne, dite de Solenzara, en Haute-Corse, porte aujourd’hui le nom. « BA 126 - Capitaine Preziosi » étant la dénomination officielle de l’aérodrome militaire d’où les avion anglo-français décollent pour tapisser la Libye de bombes intelligentes, au moins jusqu’au 1er novembre. Le capitaine Albert Preziosi avait été accidenté dans le désert libyen en 1941 où il aurait été recueilli par des bédouins de la tribu Senoussi. La ressemblance de Kadhafi né le 19 juin 1942 à Syrte avec son père putatif est paraît-il frappante. Celui-ci périra en 1943 en Russie où il servait au sein de l’escadrille Normandie-Niémen.
6 – Pour ne pas commettre d’erreur il est nécessaire de préciser que la Charia, qui varie d’un pays à l’autre, est un code jurisprudentiel interprétatif du Message coranique dont il peut parfois s’éloigner de façon significative. Ainsi le Coran ne prévoit pas expressément le port du voile (les femmes doivent avoir des tenues décentes) et restreint la polygamie à trois épouse (devant être traitées équitablement). La Tunisie qui entend derechef rétablir cette pratique (qui n’est pas proprement musulmane - pas plus que la lapidation, voir les évangiles et la parabole de la Femme adultère - mais aussi judaïque : elle était encore fréquente dans les communautés juives irakiennes jusque dans les années soixante) en autorisant un nombre non restrictif d’épouses au nom de la Liberté et par conséquent, du Progrès.
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