Expertise de John Large sur l’affaire des Drones survolant les centrales nucléaires
Il ne s’agit pas de développer les analyses de John Large livrées dans un rapport dont on n’a qu’un aperçu et des allusions dans son interview au Figaro.
Comme si le contenu de ce rapport importait moins que ses conclusions.
Ceux qui font des analyses de géopolitique et qui observent la politique extérieure de la France ne seront pas étonné du fait que le gouvernement français et les parlementaires laissent entendre qu’un expert étranger, connu pour ses références d’études à charge sur le nucléaire, avec des arguments et interprétations non valables comme on le verra à propos de son étude sur l’impact de la chute, très hypothétique, d’un gros porteur sur l’enceinte d’un EPR, puisse tenir le rôle de leur conseiller en sûreté nucléaire sur la question qui concerne les survols de centrales nucléaires par des drones. Opération planifiée et coordonnée sur tout notre pays qui s’est déroulée pendant plus d’un mois dans un mystère total.
On ne sera pas surpris non plus de retrouver à la conclusion de ces manœuvres qui ont un sens, une propagande médiatique imposée sur le thème de la dangereuse fragilité de nos centrales nucléaires.
En examinant les éléments publics relatifs à ce problème, dans leur chronologie et dans leur ensemble, on peut se faire une idée des buts poursuivis.
Chute d’un gros porteur sur l’enceinte d’un EPR.
John Large, expert de l’anti nucléaire, est déjà intervenu dans l’analyse d’un document de l’EDF sur la résistance de l’EPR à la chute d’un gros porteur. Résumé par SDN 2003
John Large se sert dans ses remarques critiques des attentats du 11 septembre 2001 pour contrer l’analyse EDF qui part des calculs de résistance du béton armé de l’enceinte au choc provoqué par un chasseur arrivant sur elle.
Avec des approximations et déformations des faits
1) Si tant est qu’un gros porteur puisse toucher la cible relativement très petite de l’enceinte d’un EPR c’est en approche type atterrissage et non dans un virage comme pour les tours. Donc pas du tout la même vitesse d’impact.
2) tout le monde a pu constater que le kérosène des avions qui avaient frappé les tours a brulé à l’extérieur. C’est même un élément dans l’argumentaire de ceux qui doutent que les tours se soient écroulées, à la vitesse de la chute libre, à cause de feux à l’intérieur des tours.
John Large invoque des explosions à l’intérieur des enceintes de l’EPR à la suite de cette projection d’un gros porteur. Il faudrait d’abord qu’il montre comment suffisamment de kérosène se retrouve à l’intérieur de l’enceinte. Et puis le 11 septembre n’a pas montré d’explosions fortes à l’intérieur des tours. Des centaines d’experts américains du bâtiment ont constaté que les projections de structures des tours ressemblaient plutôt à une destruction contrôlée.
L’EDF dit une chose juste que conteste John Large : EDF affirme ne pas se considérer comme responsable de la protection de son installation contre l’ensemble des actes terroristes imaginables, ceci ne relevant que de la seule responsabilité de l’Etat français.
C’est une évidence. EDF n’a ni les moyens ni la compétence pour prévenir les attentats terroristes en France. C’est de la responsabilité de la sécurité intérieure et du renseignement. Le fait que l’on n’ait pas identifié les auteurs de l’opération coordonnée et programmée de survols des drones au-dessus de centrales et installations nucléaires concerne la sûreté nationale dans son ensemble. [En fait ce sont sans doute des actions de Greenpeace couvertes par les pouvoirs publics]
A propos des survols de drones ce que l’on sait du rapport de John Large
Son rapport est un empilement de si pour aboutir à des situations qui ne sont même pas identiques à celles qui ont entrainé les accidents nucléaires de Fukushima Daiichi.
Si on coupe l’alimentation du refroidissement secondaire en détruisant les pompes d’alimentation en eau extérieure, si on coupe l’alimentation électrique de la centrale nucléaire, si on empêche les forces de sécurité de livrer des groupes électrogènes…
En fait, il y a une méconnaissance des conditions exactes à Fukushima Daiichi, ce qui est gênant pour un expert. La similitude n’est pas facile : Centrale inondée, particulièrement le front de mer où se situent les échangeurs eau/eau de mer destinés à l’évacuation de la puissance résiduelle, communications internes coupées, alimentation électrique extérieure détruite par le séisme, tableaux électriques noyés, environnement dévasté qui retarde l’envoi de générateurs électriques et de pompes haute pression, instrumentations défaillantes, nécessité de faire des injections d’eau [l’eau de mer qu’il a fallu aller pomper] dans un circuit en haute pression.. à Fukushima Daiichi. Malgré cela il a suffi d’un générateur diésel préservé miraculeusement en Front de mer pour sauver les réacteurs 5 et 6 de la tranche n° 2. Les actions qui ont conduit à la limitation des accidents nucléaires [stop des corium avant qu’ils n’entament sérieusement le béton de base des enceintes, partie Drywell], ont été menées par une centaine de techniciens et des pompiers et policiers, pour 6 réacteurs nucléaires en situations d’accidents graves.
Les phases accidentelles qui ont abouti aux rejets radioactifs extérieurs à Fukushima Daiichi ne sont pas arrivées en 1 heure comme le dit John Large mais en beaucoup plus de temps que cela. De l’ordre de dix heures.
Il faut certainement intervenir avant cela, mais on n’a pas Fukushima Daiichi en moins de ce temps là, sans compter que les REP sont un autre type de réacteur.
Responsabilité
Dans le scénario évoqué par John Large, on ne se situe plus dans une action terroriste avec des drones, mais dans une véritable action de guerre coordonnée, avec un nombre conséquent d’intervenants.
Ce n’est ni à l’EDF, ni à l’ASN de prévenir de genre d’action d’envergure, mais aux services de renseignements. John Large souligne le fait que ceux-ci n’ont pas d’expérience du nucléaire, mais à vrai dire ici le nucléaire est subalterne. Il s’agit de repérer un groupe terroriste important, organisé et avec des moyens technologiques, bénéficiant sans doute de complicités intérieures. Une action comme celle-ci ne peut se réaliser sans repérages antérieurs.
On ne voit pas non plus pourquoi les services de renseignement et de sécurité n’auraient pas de compétences nucléaires. Quand on se pose des questions sur ce que l’Iran fait réellement dans son programme nucléaire, c’est plus que nécessaire.
Déroulement de l’opération Drones sur centrales nucléaires
Le résumé de cette affaire apparait maintenant en toute clarté :
* Une opération coordonnée sur tout notre territoire envoyant des drones survoler les centrales nucléaires et des centres d’études nucléaires. Celle-ci a débuté apparemment en octobre 2014 et s’est déroulée sur plus d’un mois.
* Un silence complet des autorités en dehors du message sur l’aspect inoffensif de ces survols qui ne colle pas trop avec les menaces potentielles que l’on nous décrit.
* Une certaine publicité est donnée à la thèse de Bruno Comby qui cible un repérage géographique GPS des transformateurs de sortie des centrales nucléaires. L’attaque de ceux-ci créerait un problème réseau, les réacteurs nucléaires s’arrêtant, qui permettrait, dans un amalgame facile, de mettre en cause l’électronucléaire dans le Black out qui en résulterait.
* L’arrivée sur la scène de Greenpeace. D’une manière vraiment amusante, on ne dit pas : des militants de Greenpeace ont été repérés près de centrales nucléaires …. mais, des membres de Greenpeace ont constaté la mise en place de radars militaires près d’une centrale nucléaire. Heureusement, que nous avons cette courageuse organisation pour nous protéger de manœuvres militaires suspectes aux alentours de centrales nucléaires !!
* Puis fin novembre apparait le rapport de John Large commandité par Greenpeace soi-disant le 11 novembre, mais on a du mal à croire qu’un rapport qui se veut important et sérieux soit réalisé en moins de dix jours. On peut penser que ce rapport a été en fait commandé à peu près au début des survols de drones sur les centrales nucléaires et fait donc partie de l’opération
* Ainsi les membres de l’office parlementaire pour les choix technologiques et scientifiques et le premier ministre auraient besoin d’un expert britannique pour comprendre les dangers qu’impliqueraient ces survols de drones.
* Le Figaro a interviewé John Large ; Il en résulte des réponses d’une banalité et d’une généralité confondantes. Dont la presse unanime a tiré le fait que nos centrales nucléaires étaient très exposées aux dangers terroristes.
Conclusion
Avec cette liste chronologique, on a l’impression qu’une action programmée, réalisée avec la complicité des pouvoirs publics voit son aboutissement dans les conclusions qu’en tirent nos médias.
Greenpeace qui est selon toute vraisemblance à l’origine et à la réalisation de ces survols est, à la fin, instituée officiellement comme le conseiller en sûreté nucléaire de nos gouvernants.
Ainsi notre gouvernement n’a pas seulement perdu sa souveraineté budgétaire et son pouvoir législatif pour l’essentiel, ainsi la Loi sur la transition énergétique qui vient d’être votée n’est qu’une transposition du scénario Négawatts que l’Allemagne veut imposer d’abord chez elle, sans y parvenir, puis ailleurs dans l’Europe inféodée, mais aussi sa compétence sur notre singularité nationale, notre nucléaire.
On peut se poser la question : où va-t-on ?
Ce que l’on peut constater est que Hollande ne parvient pas à fermer Fessenheim.
On peut donc imaginer que toute cette mise en scène a deux objectifs :
1) conditionner l’opinion. Aujourd’hui c’est de toute manière une constante.
2) faire pression sur le pouvoir politique en place et sur les partis politiques dans leur ensemble, pour voir plus loin que Hollande estimé à juste titre peu fiable.
D’une certaine manière on peut aussi y voir une nouvelle forme de pression anglo-saxonne sur la France afin de lui faire abandonner un des piliers de son indépendance.
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