Face à la grogne d’internautes entrepreneurs, le gouvernement fera-t-il marche arrière ?
Après avoir annoncé des mesures sur le plan de budget 2013, le gouvernement est obligé de revoir sa copie. Ce ne sera pas ce mois-ci qu’il fera preuve d’inflexibilité, la grogne d’entrepreneurs internautes se manifestant sur les réseaux sociaux. Qu’est-ce que les « pigeons » et quelles sont leurs revendications ?
A l’origine, un projet de loi de finance 2013 qui n’est pas du tout du goût de tous. L’annonce qui fâche est celle de la hausse des cotisations sociales et de l’alignement de l’imposition des revenus du capital sur ceux du travail.
Cette augmentation des charges sociales serait de 2 à 3.3% selon les activités, et permettrait l’alignement sur celles des autres indépendants. L’Union des auto-entrepreneurs (UAE) et la Fédérations des auto-entrepreneurs (FEDAE) sont montées au créneau, estimant que le régime était sur la sellette. En effet, la particularité du régime auto-entrepreneur est de payer des charges allégées, et de simplifier les procédures afin de rendre l’entreprenariat simple et accessible à tous en quelques clics.
Les premiers à avoir réagi sont les principaux concernés, les auto-entrepreneurs, qui ont fait savoir, via une page Facebook leur mécontentement. Ainsi est né « Les Pigeons : mouvement de défense des entrepreneurs français. ». Si le nom du mouvement peut faire sourire, les revendications de celui-ci sont bien réelles, et ont trouvé un écho indéniable puisque près de 42 000 internautes l’ont « aimé » en quelques jours sur Facebook.
Voici un exemple de la prose des pigeons :
« Pigeons, Pigeonnes,
Depuis le début de notre rassemblement spontané, le premier objectif des Pigeons a été de constituer un indicateur révélateur du malaise que nous ressentions profondément chez de nombreux entrepreneurs et auto-entrepreneurs. Un malaise face au projet de loi de finance 2013 que le gouvernement prépare et s'apprête à soumettre à l'assemblée nationale.
Nous nous réjouissons aujourd'hui de constater que nous sommes nombreux dans notre pays à ressentir ce même problème. Vous avez su vous rassembler dans cette volière et donner un élan extraordinaire au mouvement qui pèse chaque jour un peu plus dans le débat public et qui s'est désormais installé dans l'actualité quotidienne grâce à vous.
Nous sommes rassurés de voir que le gouvernement a décidé de prendre le temps de la concertation mais nous veillons au grain : notre objectif reste toujours le même. Faire en sorte que le projet de loi de finance soit clairement amendé pour ne pas rendre la France un exemple d'hostilité à l'entrepreneuriat en Europe et dans le monde. Nous ne nous contenterons pas de petites avancés, ou de négociations de pacotilles. Ce serait une honte pour notre pays et pour les forces et les talents qui le composent que d'être désormais contraints de s'expatrier pour trouver un terrain compétitif et motivant afin d'exercer sa passion d'entreprendre.
Si la lutte continue, nous avons néanmoins souhaité lui donner une autre forme que celle prévue initialement à savoir un rassemblement devant l'assemblée nationale dimanche prochain.
Nous avons décidé d'annuler cette manifestation pour plusieurs raisons :
- nous pensons qu'il est plus utile de concentrer nos forces bénévoles et volontaires sur la croissance de la communauté des pigeons et unir nos énergies individuelles au service de nos objectifs communs ;
- nous craignons que certaines organisations politiques ou syndicales tentent de profiter de l'annonce du rassemblement pour s'approprier le mouvement dimanche prochain ou essayer le perturber avec violence. Nous avons toujours été clairs à ce sujet et nous ne voulons pas prendre ce risque par respect pour l'engagement et la confiance de la communauté des pigeons entrepreneurs ;
- nous sommes des gens responsables et déterminés. Nous ne voulons faire courir aucun risque de ball-trap à nos amis pigeons déjà bien obligés de développer leur entreprise tout en s'engageant dans cette lutte avec les institutions de leur pays ;
- nous voulons laisser UNE chance aux corps intermédiaires pour se concerter avec les représentants du gouvernement et trouver de vraies solutions.
De notre côté, nous préparons en ce moment des actions simples et concrètes pour continuer à soutenir la cause de l'entrepreneuriat français. Notre plus grande force c'est vous.
Continuez à passer le mot à vos amis, vos proches pour qu'ils nous rejoignent et soutiennent la cause des entrepreneurs en France qui ne demandent qu'à être considérés avec justice et dignité et se refusent à ce que leur pays se place dans une situation dogmatique, rétrograde et non compétitive par rapport au reste de l'Europe.
Plus que jamais, roucoulons pour les faire reculer… »
Une « jacquerie » qui arrange bien l’UMP, qui cherche depuis quelques temps les dossiers sur lesquels attaquer l’action du gouvernement. En effet, la période de grâce des 100 jours est révolue puisque le parti entend accompagner la révolte en appuyant là où ça fait mal :
"Les quatre premiers mois du gouvernement sont anti-entrepreneuriaux, anti-activité, anti-croissance. Nombre de membres du bureau politique (de l'UMP) nous ont fait remonter la véritable fronde, la révolte ou parfois le découragement qui saisissent l'ensemble des entrepreneurs de ce pays, de l'auto-entrepreneur à l'entrepreneur de la start-up", a déclaré le secrétaire général adjoint de l'UMP, Hervé Novelli, lors du point de presse hebdomadaire de l'UMP.
De son côté, Jean-François Copé va encore plus loin, puisqu’il accuse les socialistes de « mettre le pays par terre ». »
Si la récupération politique était inévitable, les Pigeons ont semble-t-il remporté une première victoire en faisant reculer le gouvernement sur son projet de loi de finance. Jean-Pierre Moscovici a en effet indiqué que le gouvernement était disposé à revoir la taxation des plus-values de cession. Dans la foulée, il a affirmé qu’il recevrait avec Fleur Pellerin les représentants des Pigeons afin de discuter d’amendements de la loi de finance 2013.
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