« Faillite », le kärcher de Fillon
Horreur ! François Fillon a osé parler de « faillite » à propos de la situation économique de la France. Tout le monde en parle. Et personne ne relie ceci au « kärcher » de Nicolas Sarkozy. Et si les buts poursuivis étaient les mêmes ?
Bizarrement, les medias, les spécialistes, les politologues ont les mêmes réactions à propos de la "faillite" de François Fillon qu’à propos du "kärcher" de Nicolas Sarkozy et pour l’instant personne ne constate que les réactions sont les mêmes (indignation, retour sur le mot, énoncé de synonymes) et personne n’imagine un instant que ce mot n’ait été prononcé dans un but précis, comme l’a sans doute été le "kärcher". Pourtant, Nicolas Sarkozy et François Fillon ont à maintes reprises montré et signifié leur attelage commun et tout le monde comprend à présent que l’action de Nicolas Sarkozy est en majeure partie de la communication mise en scène par elle-même (avec, espérons-le, l’idée que la présentation et la forme des choses est plus importante que les choses elles-mêmes et que donc, par la communication, les choses changeront - rappelons la phrase de Laurent Solly à ce sujet ;-))
Nicolas Sarkozy a souvent utilisé la même méthode pour arriver à ses fins :
- Donner un coup de pied dans la fourmilière sémantique
- S’étonner des réactions
- Attendre que, suite à ce mot, les personnes visées ou celles qui ne sont pas d’accord s’offusquent, s’énervent ou se rebellent
- Se mettre en scène en train de lutter contre le problème créé ou agravé par le mot et donc contre les personnes réagissant (3)
- Conclure en montrant (par un sophisme) que (liaison complètement illlogique) PUISQU’il lutte contre le phénomène (qu’il a créé ;-)) il EST la personne idéale pour préserver la tranquilité ou les acquis.
Tout est en place pour le même enchaînement avec le "faillite" de Fillon.
Parler de faillite a déjà créé des réactions indignées ou modératrices. La suite sera donc de se mettre en scène en train de colmater les brèches économiques qui auront été créées par ce mot (il suffira de se montrer en train de visiter une usine au bord de la "faillite" ou de dialoguer avec des ouvriers licenciés qui reprendront eux-mêmes le mot ou encore plus finement d’échanger quelques propos économiques avec des acteurs qui se plaignent en disant "ce n’est pas encore la faillite MAIS...")
En se mettant ainsi en scène, Fillon (et bien sûr Sarkozy car on imagine mal l’inventeur de la méthode ne pas être à l’origine de ce coup de billard à 3 bandes) non seulement prépare la rigueur, mais se donne définitivement l’image du lutteur et donc la pôle position dans l’esprit de la catégorie d’âge la plus utile à Nicolas Sarkozy, celle qui l’a fait président : les + de 65 ans (voir les fameuses études Ipsos et IFOP du deuxième tour des présidentielles).
Nul besoin d’expliquer la perméabilité des retraités à une mise en scène de responsables qui s’agitent au milieu des habituelles expressions qu’affectionnent naturellement la majorité des retraités (je vous l’avais bien dit, il n y pas de fumée sans feu, tant va la cruche à l’eau qu’à la fin elle se casse, les chats ne font pas des chiens, etc.).
Espérons que la "guerre" de Kouchner ne soit pas de la même veine.
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