Fake News de guerre 16
Querelle des Anciens et des Modernes
En d'autres termes, la guerre - était-ce mieux avant ? (révisions en vue du bac)
Un grand Ancien, Paul Valéry, a dit : « La guerre, c'est le massacre de gens qui ne se connaissent pas, au profit de gens qui se connaissent et ne se massacrent pas. »
Ça reste pertinent mais, au 21e siècle, nous avons fait mieux : nous avons supprimé la guerre ! J'entends déjà les protestations : « C'est faux ! T'es aveugle ou quoi ? »
Mais oui, vérifiez : la Russie n'est pas en guerre contre l'Ukraine, de même que l'Ukraine n'a a pas déclaré la guerre à la Russie. Ils ont simplement un échange de vues un peu vif à coups d'artillerie.
Jadis, il y avait des demi-dieux, comme Hercule, ou des héros qui avaient l'oreille de Dieu, comme le roi Arthur, Jeanne d'Arc et plein d'autres.
Oui, mais nous on a Poutine, qui fait des miracles : grâce à lui, le gaz de schiste, naguère si décrié, est devenu écologique... Et aussi fort que Jésus, il a ressuscité l'Otan, qui était en état de mort cérébrale selon Macron. Au départ, Poutine voulait relancer le débat sur l'otanasie... quelque chose a merdé, et le choc s'est transformé en défibrillateur !
Il n'y a plus de héros ? Nous sommes des nains sur les épaules de géants ? Et Marioupol alors ?
Cet épisode aura le rang de mythe, une épopée qui ne pourra se comparer qu'à Thésée partant tuer le minotaure : les Russes, moins courageux que Thésée, ont préféré ne pas se risquer dans le labyrinthe des sous-sols d'Azovstal, où s'étaient réfugiés près de deux mille minotaures, laissant Ariane la civile à son sort. Jusqu'à ce que la faim et la soif les fassent sortir.
Vous vous demandez peut-être pourquoi les soldats d'Azovstal sont d'abord sortis environ trois cent, et pas cent-quarante, ou deux-cent-vingt survoltés ? Ou les deux mille, tous ensemble ? C'est parce qu'ils ont déjà signé avec Hollywood pour un remake moderne des Spartiates à la bataille des Thermopyles : « Les 300 de Marioupol » ! D'où la présence avec eux d'hommes d'affaires américains, et l'intervention de Zelensky à Cannes.
Interrogés sur le principe des boucliers humains, les chefs du bataillon Azov ont répondu : « Achille et Hector eux-mêmes combattaient avec des boucliers, c'est humain. »
Car dans les sous-sols de l'usine, il y avait également des civils : c'est dingue, non ? Même pendant la guerre, et sans être payés, y a des gens qui veulent aller à l'usine ! Et tous les jours, les soldats leur donnaient la météo : « Aujourd'hui, averses de bombes, pouvez pas sortir... »
Pour leur reddition, Ils ont exigé l'absence de journalistes : héros oui, mais de grands modestes.
De l'héroïsme, il y en a toujours eu. Il faut chercher la modernité du côté de la vitesse : autrefois, pour avoir un aperçu de la bataille, il fallait attendre que le tableau soit peint, ou que la tapisserie de Bayeux soit brodée.
Maintenant, vous avez des images le soir même sur les réseaux sociaux, et des tas de gens pour broder dessus !
Quant au lobby militaro-industriel, rien de plus classique car déjà nos ancêtres les Gaulois comptaient un forgeron dans chaque village, voire un commercial vantant aux Romains la qualité de son glaive (erreur fatale) :
- Voyez comme le glaive gaulois coupe mieux les mains que le gladius, ô César !
- Mmm, moui, tu vas venir comme esclave et me faire des gladius made in Roma. J'aime sabrer local.
- Euh.. Oui, puissant César.
Donc, ne commettons pas l'erreur de sous-estimer notre héritage culturel : l'industrie militaire, le commerce et le lobbying existaient déjà dans l'antiquité.
Les « fakes » alors ? La propagande, la censure, les manips, la guerre psychologique ? Non, que du classique : déjà Pénélope était importunée par des baratineurs, soi-disant porteurs de nouvelles d'Ulysse, pour l'inciter à se remarier.
La mondialisation de la guerre, peut-être ? Même pas : Alexandre, César, Attila, Napoléon, les partisans de Conquêtes sans frontières (CSF) sont déjà légion (romaine).
À ce sujet, petit aparté : quels enquiquineurs quand même, ces Finlandais ! À cause d'eux, on va devoir mettre tous nos dictionnaires au pilon, parce que le mot « finlandisation » vient de changer de sens, passant de « neutralité » à « otanisation » !
On a aussi prétendu que les guerres d'autrefois étaient joyeuses, festives, tandis qu'elles seraient devenues tristes, voire dramatiques, pleines de crimes de guerre. Voyons ce qu'il en est.
Nous avons tous en tête des images de ces jeunes mobilisés faisant des adieux émouvants à leur famille, leur femme ou leur fiancée, embarquant dans les trains, débordant d’enthousiasme, répondant par les fenêtres aux derniers au revoir de la foule réunie, puis traversant les beaux paysages du pays qu'ils partaient défendre, l'âme pleine de bravoure et le coeur gonflé d'orgueil. Tandis que d'autres, moins chanceux, restaient dans les ministères et les banques pour gérer les affaires courantes.
Il faut reconnaître que la guerre moderne a changé tout cela. C'est même plus la peine de faire un appel à la mobilisation : la sirène aura à peine eu le temps de se faire entendre que, déjà, un puissant missile aura franchi la frontière ! On sera cramé chez soi en train de faire sa valise ! Comme on dit au 21e siècle, si tu ne vas pas à la guerre, la guerre viendra à toi !
Ça promet des discussions peu glorieuses au paradis :
Un vieux (oui, tout le monde n'y est pas jeune et beau, c'est pas tout à fait au point) est de corvée (oui, ça existe aussi au paradis, mais les patates sont déjà pelées) pour accueillir les nouveaux :
- Moi j'ai fait l'Indochine, lui le Vietnam et lui l'Irak, et toi ?
- Euh.. moi, j'étais chez moi, je regardais la télé, y a eu une sirène, et paf ! Le missile est tombé, je l'ai même pas entendu arriver !
Que deviendront les discussions nostalgiques entre anciens combattants ?
On a perdu en poésie, c’est vrai, mais notre époque sait encore sourire des guerres, nous allons le démontrer.
Aux infos françaises, on a récemment vu des micro-trottoirs où chacun indiquait ses trucs pour remplir son chariot de micro-courses. Cela rappelle une vieille blague soviétique : un jeune couple s'installe dans un immeuble, et le concierge, très serviable, leur glisse un conseil : « S'il vous manque quelque chose, surtout n'hésitez pas : dites-le moi, et je vous expliquerai comment vous en passer. » Les Français n'ont pas l'habitude de la pénurie de guerre, mais il faudra bien qu'ils s'y fassent.
Une autre de la même époque :
Zelensky a discouru devant tous les parlements ou presque, et même au festival de Cannes : il est partout, sur toutes les chaînes ! L'autre jour, j'arrive au travail, je m'apprête à allumer mon ordi, et là, je reste bloqué, paralysé. Mon chef passe et me demande :"Un problème ? ton ordi est en panne ? - Non, c'est moi, j'ai... j'ai peur que Zelensky apparaisse à l'écran !"
Dans les régions du Donbass passées sous contrôle russe, l'armée a organisé des structures civiles temporaires (ce que les USA voulaient faire en France en 1945, l'AMGOT). Nos médias ont alors montré la russification forcée des écoliers (qui parlaient russe à l'école et à la maison depuis plusieurs générations), le rouble devient la monnaie locale, l'eau courante et l'électricité sont petit à petit rétablies, les retraites payées (l’Ukraine avait cessé de le faire depuis longtemps) et, pour mieux faire accepter le changement de souveraineté, les dettes des gens ont été annulées (les factures impayées). Mais les enfants n'ont pas été oubliés : les études d'ukrainien étant supprimées, on a aussi promis de leur enlever... leurs mauvaises notes passées dans cette matière !
Les USA avaient promis d'accueillir douze mille réfugiés ukrainiens : ils en sont à douze... (l'UE, elle, en a recueilli 5 millions)
Oh ! Les farceurs ! La bonne blague !
L'UE s'est portée au secours de la Moldavie pour lutter contre des attaques envers les pro-russes (formulation alambiquée pour éviter de mettre en cause l'Ukraine...). Résultat : l'UE va en même temps soutenir l'Ukraine contre la Russie, et la Moldavie contre l'Ukraine ! C'est là qu'on mesure notre chance d'avoir un président Macron qui est un pro du "en même temps" !
En même temps je suis jeune, en même temps je suis un vieux président.
En même temps président, en même temps premier ministre (22 jours avant de la nommer)
En même temps on donne (à l'Ukraine), en même temps on vole (les Russes)
En même temps je donne des canons Caesar, en même temps j'en donne pas beaucoup...
En même temps j'en donne, en même temps ils sont détruits !
En même temps je fais la guerre (économique) à la Russie, en même temps je fais le médiateur
En même temps je fais le médiateur, en même temps je suis pas au milieu
En même temps je parle, en même temps on comprend rien !
Macron a d'ailleurs une influence considérable, puisque Zelensky l'imite, lui qui est en même temps ukrainien, américain et anglais (sa famille a déjà les passeports) !
Vous avez peut-être vu la vidéo d'un groupe de soldats ukrainiens posant autour d'un poteau sur la frontière russo-ukrainienne, et entendu nos télés présentant ça comme le symbole d'une contre-attaque victorieuse ? Eh bien, une vidéo circule montrant ce même groupe transportant ce même poteau en trottinant à travers champs, le plantant apparemment au hasard pour la photo historique ! De vrais Pieds Nickelés, il n'est même pas certain qu'ils aient été jusqu'à la frontière. Bravo quand même ! Un peu de déconnage de guerre genre MASH fait du bien.
Poutine lui-même est un sacré plaisantin, à ses moments perdus. Il a téléphoné au président finlandais : "Est-il vrai que les Russes se fassent souvent tabasser par des poivrots finlandais dans les bars d'Helsinki ? Non, parce que nous, on protège nos frères..."
Conclusion ouverte (comme il se doit en philo).
On doit admettre que l'apport du 21e siècle n'est jusque là guerre épais(!). Pourtant, on ne va quand même pas en rester toujours à Sun Tzu ou Machiavel.
Nous fondons beaucoup d'espoirs sur les générations biberonnées aux jeux vidéos en réseaux, futurs cyber-experts, qui sauront nous apporter demain des guerres encore plus ludiques.
Ne désespérons pas de l'esprit humain, le siècle débutant n'a pas dit son dernier mot : on va war ce qu'on va war !
(Note de lectures pour l'année du bac : « Les Saigneurs de la guerre » de Jean Bacon,
"Voyage au bout de la nuit" de Céline.)
PS : Si vous êtes en panne de conclusion, vous pouvez toujours vous rabattre sur une autre citation classique :
« Je ne sais pas comment sera la troisième guerre mondiale, mais je sais qu'il n'y aura plus beaucoup de monde pour voir la quatrième. » (A. Einstein), mais le côté pessimiste peut déplaire. Faut de la joie !
31 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON