Faudra-t-il abandonner la stratégie du front républicain face au RN ?
Depuis les dernières élections législatives des 30 Juin et 7 Juillet, avec la composition des groupes politiques à l’Assemblée Nationale le 18 Juillet 2024, l’année 2024 aura connu quatre premiers ministres différent(e)s en la personne de François Bayrou, et son sixième depuis 2017, date de l’élection d’Emmanuel Macron. Une situation inédite sous la 5e république depuis sa création en 1958.
Une situation inédite qui résulte des dernières élections législatives ou trois forces politiques et non plus deux sont dominantes à l’Assemblée Nationale. N’est-ce pas aussi à cause de choix politiques stratégiques ?
Il suffit de rappeler le résultat des dernières élections législatives où depuis le 18 Juillet 2024, date de mise en place de la nouvelle Assemblée Nationale, sa composition est la suivante : NFP et apparentés 193 député(e)s, dont LFI 72, PS 66, EELV 38, PC 17. Camp Présidentiel 166 député(e)s, dont Ensemble 99, Mv. Démocrate 36, horizons 31.
RN 143, dont 3 apparentés de Reconquête plus 16 UDR de Ciotti. Droite Républicaine 47 député(e)s dont 39 LR et 8 apparentés.
LIOT 21 député(e)s.
Non inscrits 8 député(e)s. Soit un total de 577 députée(e)s dont la majorité absolue est de 289.
Aucune des trois principales forces politiques n’a de majorité relative qui se distingue des autres pour constituer par une alliance avec des partis politiques minoritaire une gouvernance à l’abri d’une motion de censure, comme ce fut le cas entre 2022 et 2024 où les partis présidentiels en recul par rapport à 2017 obtenait 234 député(e)s ( NFP 147 député(e)s. RN 90 Député(e)s. LR 75 Député(e)s. LIOT 22 Député(e)s). Il y avait 11 député(e)s classés divers. Même si le RN avait voté une motion de censure avec le NFP comme il le fit pour Michel Barnier, y compris avec le soutien des divers et de quelques LR, cela n’aurait pas été suffisant à renversé le gouvernement par la motion de censure. Il est évident, alors que rien ne l’obligeait, sans la bourde du président de la république qui a dissout l’Assemblée Nationale le 9 Juin 2024, la France n’aurait pas connu les troubles institutionnels actuels.
Faut-il préciser que si le Président de la République peut, après consultation du Premier ministre et des Présidents des Assemblées, même s’il leur expriment un désaccord, il peut prononcer la dissolution de l'Assemblée nationale et conformément à l’article 12 de la Constitution alinéa 4, Il ne peut être procédé à une nouvelle dissolution dans l'année qui suit ces élections. Dès lors une nouvelle dissolution ne pourrait intervenir qu’à partir du 9 Juin 2025.
Une coalition NFP et RN c’est 335 député(e)s, donc largement suffisant, même s’il y avait quelques défections au PS pour voter une motion de censure et renverser tout gouvernement, comme ce fut le cas pour Michel Barnier. La même menace pèse donc également sur le gouvernement de François Bayrou. Ce qui signifie, sachant que la France Insoumise (LFI) a annoncé qu’elle votera préalablement ( donc avant tout examen et débat de textes) une motion de censure et nul doute qu’elle le fera souvent, qui pour des raisons électoralistes pourrait obtenir le soutien de ses partenaires du nouveau front populaire (NFP). Si toutefois le RN et son partenaire UDR d’Eric Ciotti, bien qu’ils aient déclaré ne pas voter préalablement la censure, s’ils changeait d’avis ou s’y joignaient ultérieurement, c’en serait fait du gouvernement Bayrou, de même que pour les suivants jusqu’au 9 Juin 2025. Autrement dit, vu l’attitude de la FI et de ses partenaires au sein du NFP, le RN est devenu un arbitre incontournable de la vie politique parlementaire.
De dissolution en dissolution, une situation financière de l’Etat plus qu’inquiétante
En cas cas de motion de censure, soit préalable ou à l’issue de l’examen d’un texte, budget par exemple, qui recueillerait la majorité des 289 voix, cela conduirait inévitablement à une paralysie de la vie de l’exécutif. Avec une dette qui ne cesse d’augmenter et qui atteint d’après l’Insee un nouveau sommet à 3 303 milliards d’euros, soit 113,7 % du PIB au troisième trimestre 2024, sans action résolue de l’Etat, la hausse risque de se poursuivre jusqu’en 2030, estime l’agence Moody’s. Cette agence de notation note par ailleurs la difficulté de l’État à faire face à cette situation avec des dissolutions successives de l’Assemblée Nationale. Ce qui ne va pas améliorer la situation sociale et sociétale du pays. Mais il est vrai que pour Jean-Luc Mélenchon et son parti LFI, seul semble compter le chaos social qui le portrait au pouvoir suprême pour mener une politique intérieure de type Vladimir Poutine à la Française.
Le RN, bien que ses déclarations semblent plus soucieuses de la situation financière du pays en affirmant, contrairement à LFI, qu’il ne voterait pas préalablement la motion de censure, n’hésite pas pour autant ne pas l’exclure. Bien qu’il exprime différemment et avec des nuances, il campe sur des positions similaire à LFI et Mélenchon sur le plan social. Mais contrairement à ce parti, sachant que sur le plan électoral il est dans une trajectoire dynamique, il peut attendre sereinement de nouvelles élections législatives en Juin / Juillet 2025 et ensuite avec un certain optimisme les élections présidentielles de 2027. Mais attention ! Une élection n’est jamais gagnée d’avance...
Pour rappel par rapport à la dette, évolution des taux d’intérêt (en pourcentage) appliqués aux obligations souveraines à 10 ans des États membres de la zone euro entre avril 2022 et avril 2024.
Avril 2022 France 1,00 %. Allemagne 0,52 %. Italie 2,08 %. Espagne 1,46 %. Pays-Bas 0,79 %. Portugal 1,37 %. Grèce 2,59 %.
Avril 2024 France 2,87 %. Allemagne 2.36 %. Italie 3,72 %. Espagne 3,19 %. Pays Bas 2,62 %. Portugal 3,04 %. Grèce 3,31 %. (Source : commission des finances, d’après les réponses de la direction générale du Trésor)
La charge des intérêts de la dette de l'État qui est détenue par Plus de 53% d’investisseurs étrangers. représente pour la France en 2024, plus de 50 milliards d'euros. Comme on peut le constater ci-dessus, ce montant est appelé à croître fortement en raison de l'augmentation des taux d'intérêt et à un rythme soutenu ces prochaines années, jusqu’à atteindre 71,2 milliards dans en 2027. Selon Bercy, la France devrait alors connaître la hausse la plus importante, en points de PIB. Parmi les États européens de la zone Euro cette tendance est d’ailleurs générale.
Sur le plan politique, est-ce un retour à la quatrième république avec règne clivant des partis politiques ?
Instituée par la Constitution du 4 octobre 1958, les rédacteurs de la Constitution de la 5e République souhaitaient se distinguer des régimes précédents, en particulier, des IIIe et IVe Républiques, sur au moins trois points. En effet, selon eux, elle devait se caractériser par un exécutif fort, par une stabilité gouvernementale et par la création d’une justice constitutionnelle. Contrairement Avec la Ve République, l’exécutif était renforcé.
Le Président de la République ne devait plus être réduit à « inaugurer les chrysanthèmes » selon l’expression employée par le Général de Gaulle au cours d’une conférence de presse du 9 septembre 1965 comme cela a pu être le cas sous les IIIe et IVe Républiques. Le chef de l’État, qui est élu au suffrage universel direct à partir de 1965, dispose de pouvoirs importants. La primauté présidentielle est cependant limitée en période de cohabitation, c’est-à-dire lorsque la couleur politique du Président et celle de la majorité des députés sont différentes.
La Constitution de la 5ᵉ République n’avait pas prévu la cohabitation. Elle en a pourtant déjà abrité trois depuis 1981 ( deux avec François Mitterand, une avec Jacques Chirac) et depuis le 7 juillet 2024, elle en a vu naître une quatrième. Mais avec l’émergence de trois forces politiques dominantes, ce que les fondateurs de la 5e République n’avaient probablement pas envisagé, compte tenu de la situation politique à l’époque où la Constitution fut surtout écrite pour le général De Gaulle qui souhaitait un chef d’Etat fort. C’est la raison pour laquelle la fonction présidentielle a été renforcée en donnant au président de la république des outils lui permettant de bloquer certaines initiative d’un gouvernement qui passerait outre ses desiderata. Tel que cela peut se produire en période de cohabitation ?
En période de cohabitation, au cours de laquelle c’est le chef du Gouvernement, soutenu par la majorité parlementaire dont il est issu, qui gouverne. Cette lecture littérale de la Constitution correspond au premier alinéa de l’article 20 qui prévoit que c’est le Gouvernement, et non le Président de la République, qui « détermine et conduit la politique de la nation ». En période de cohabitation, le centre de gravité du pouvoir se déplace donc de l’Élysée à Matignon siège du premier ministre. Cet affaiblissement de la primauté présidentielle ne signifie pas pour autant que le chef de l’État est dépossédé de tout pouvoir. Il dispose en toutes circonstances de ses pouvoirs propres, c’est-à-dire des pouvoirs dispensés de contreseing énumérés à l’article 19 de la Constitution. Le contreseing a été conçu par les auteurs de la Constitution de 5e république comme « l’un des précieux garde-fous du régime parlementaire ».
Jusqu’à présent la vie politique Française résultant des élections législative et était régulé par deux forces politiques différentes l’une à droite dominée par LR ex UMP et l’autre à gauche dominée par le PS qui depuis 1981 ont alterné à certaines périodes. Mais depuis 2022 le RN ex FN a émergé au point d’être incontournable actuellement à l’Assemblée Nationale. Ce parti marqué à droite de la droite se caractérise par un projet global de société de type populiste et nationaliste, alors que la droite traditionnelle n’a cessé de décliner et n’est plus que l’ombre de ce qu’elle était il y a encore 15 ans.
A gauche il en va de même pour le PS qui est désormais dominé par la France Insoumise (LFI) de Jean- Luc Mélenchon ex PS, dont il fut longtemps sénateur et même ministre sous le gouvernement Jospin en 1997. Ce parti, aujourd’hui marqué très à gauche, antithèse du RN par rapport à l’immigration s’en rapproche parfois par des relents populistes sur le plan social et sociétal. Mais les prises de position de certains de ses responsables en faveur du Hamas Palestinien qui est classé comme organisation islamiste terroriste, mais de résistance par la présidente du groupe des député(e)s LFI ou d’autres parlementaires de ce parti est particulièrement choquante. Alors que cette organisation criminelle Islamiste venait de massacrer plus de 1200 Israélien(ne)s le 7 Octobre 2023, prenant des otages et faisant des centaines de blessé(e)s ? Les propos tenus par les responsables de LFI, dont certain(e)s de ses parlementaires contre Israël qui frisait l’antisémitisme le rend désormais plus infréquentable que le RN pour les populations de culture hébraïque et bien au delà...
Que le premier Ministre Israélien Benjamin Netanyahu, dont la politique est contestée par une grade partie de la population du Pays, soit un problème, il n’en demeure pas moins qu’Israël reste une démocratie de type Occidental baignant dans un océan confessionnel musulman menaçant jusqu’à son existence, au premier rang desquels, le Hamas palestinien et ses fidèles alliés dans la région. On peut comprendre sa réaction à Gaza, même si on est loin de la partager et que l’on puisse condamner des bombardements imprécis qui frappent des populations civiles, semant mort et destruction...
Modifier le mode de scrutin législatif permettrait-il de retrouver une majorité mettant à l’abri d’une dissolution ?
Certain(e)s responsables politiques réclament l’élection des 577 député(e)s au scrutin proportionnel intégral quand d’autres le souhaitent partiel avec le maintien d’une partie en uninominal à deux tours à l’instar du scrutin Sénatorial. Par exemple en instituant la représentation proportionnelle au scrutin de liste pour les 12 Métropoles ( Paris, Lyon, Marseille, Lille, Toulouse, Bordeaux, Nice, Nantes, Strasbourg, Rennes, Grenoble et Montpellier), et en conservant le scrutin uninominal majoritaire à deux tours actuel hors de ces grandes métropoles.
Il semble désormais qu’avec la montée des populismes de type nationalistes en Europe, à l’instar du RN en France, dus à des problématiques sociales et sociétales, mal ou pas appréhendées par la classe politique traditionnelle, font que le RN en France est désormais au porte du pouvoir et quel que soit le mode de scrutin législatif, croire que l’on va le stopper par tel ou tel mode de scrutin relève de l’illusion. Même la formule « du Front Républicain » ne stoppera pas à terme la dynamique électorale du RN, car il ne faut pas oublier le numérique et les échanges directs entre citoyens par les réseaux sociaux, avec en arrière plan la griffe du Président Russe et ses services particulièrement performants, mais nuisible pour la vie politique Française... Plutôt que se perdre en combinaisons et marchandages politiciens, lors des prochaines élection législatives les organisations politiques seraient mieux inspirées de s’en tenir à leur projet politique, si tant qu’elles en ont un, et laisser leurs candidat(e)s émettre un avis éventuel de désistement ou de soutien. L’histoire récente à démontré que lorsqu’une force ou parti politique connaît une dynamique électorale, quelle qu’en soit les raisons, il n’y a que l’exercice du pouvoir qui peut la freiner ou la stopper.
Qu’il s’agisse d’un scrutin législatif proportionnel partiel similaire aux sénatoriales, pourquoi pas, en distinguant les métropoles du reste du territoire, mais à l’évidence ce n’est pas cette formule qui impactera peu ou prou la dynamique électorale du RN et ses alliés. On peut aussi envisager la formule du scrutin législatif Proportionnel intégral à un tour que certain(e)s réclament ou à deux tours, tel que municipal ou régional que certain(e)s autres suggèrent, mais l’un et l’autre auront l’effet d’un cataplasme sur une jambe de bois et contribueraient même à amplifier son score électoral, vu les sentiments de rejet de la population à l’égard de la classe politique traditionnelle.
Les exemples avec LR, PS ou les actuels partis présidentiels ont démontré que très rapidement, seul l’exercice du pouvoir et ses contraintes pourra être l’antidote au dynamisme électoral du RN et le stopper dans sa progression électorale. Nous ne sommes plus dans les Années 30, malgré les dangers qu populisme nationaliste actuel, Mme. Le Pen et sa politique n’est ni celle de Mussolini, ni celle des Nazis Allemands.
Un décalage total entre la réalité sociale et sociétale, son évolution et la réalité politique
Cette classe politique qui est incapable d’anticiper les nouvelles problématiques sociales et sociétales, dues, notamment, aux nouvelles évolutions du numérique avec « l’intelligence artificielle »(IA), mais aussi aux rapports démographie – occupation de l’espace territorial disponible avec ses impacts sur l’environnement et l’énergie, ce qui impose en urgence de protéger un maximum de biodiversité animale et végétale incompatible avec les besoins humains liés à un nombre sans cesse croissant.
L’intelligence artificielle est l’un des fondements de la nouvelle mutation anthropologique que nous vivons et le coeur de la 4 eme révolution industrielle, ainsi définie par les experts du forum économique mondial de Davos, en cours depuis le début des années 2010. Or, depuis cette période, il y a eu 3 élections présidentielles et législatives mais pendant les campagnes électorales et après, ce fut une ignorance totale de la part des responsables politiques de ces problématiques et de leurs conséquences tant par rapport aux perspectives de développement que certains risques majeurs de l’IA, tel que celui des ressources en métaux rares qui sont une ressource fossile, donc épuisable.
En effet, il se pourrait demain que presque plus aucune tâche humaine ne soit nécessaire, obligatoire pour la survie. Mais nous pourrions continuer à travailler, non plus par obligation, mais par choix. Nous pourrions aussi réfléchir aux moyens de supprimer la souffrance et l’ennui.
Il est évident que dans ce domaine, on ne peut pas dire que les responsables politiques du RN se montrent particulièrement performants par leurs analyses et propositions comme par ailleurs leurs concurrents du centre de la droite et de la gauche, y compris des Verts.
Autre problématique avec l’immigration
Concernant l’immigration qui est une thématique essentielle du RN, une immigration choisie est préférable à un rejet total de celle-ci. N’oublions pas que depuis des siècles et des siècles, la France, vu sa position à l’ouest du continent Euro Asiatique au climat tempéré, bordée par deux mers et un Océan fut et reste un pays d’immigration, même si parfois cela a été marqué par des violences. Mais encore faut-il aujourd’hui appréhender correctement cette problématique pour stopper des dérives liées au nombre.
S’il faut traiter les effets de l’immigration ici en Europe en général et en France en particulier, l’immigration qui pour des raisons de sécurité et économique ne cesse de s’aggraver du à son nombre croissant, Il faut que les pays Occidentaux du nord traitent en urgence le problème surtout à la cause, car dérèglement climatique aidant, des migrations de plus en plus nombreuses se déplaceront du Sud vers l’Europe, quitte à prendre le risque de transformer la Méditerranée en immense cercueil, sans compter les violences que cela générera ici.
Pour conclure
Si en Europe, mais aussi en France le populisme de type Nationaliste ne cesse de progresser au point d’accéder aux gouvernances de plusieurs pays Européen et qu’en France le RN de Marine Le Pen est aux porte du pouvoir, c’est essentiellement du au mal vivre des populations que les responsables politiques refusent d’en analyser objectivement les causes et de prendre des mesures préventives adaptées. Dès lors ce n’est pas une modification du mode de scrutin législatif ou bricolage constitutionnel, de même que la formule « du Front Républicain » qui stoppera pas le dynamique électorale du RN. Nous ne sommes plus dans les années 1970/80, il ne faut pas oublier l’impact de la communication tant positive que négative du numérique par les échanges directs entre citoyens via les réseaux sociaux, avec en arrière plan la griffe du Président Russe et ses services particulièrement performant, mais nuisible pour la vie politique Française... Seul l’exercice du pouvoir et ses contraintes peut être l’antidote au dynamisme électoral du RN et le stopper. Nous ne sommes plus dans les Années 30, malgré les dangers qu populisme nationaliste actuel, Mme. Le Pen et sa politique n’est ni celle de Mussolini, ni celle des Nazis Allemands.
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