Faut il maintrenir en France les privilèges de l’Ecole privée ?
Dès la création de l’Ecole publique obligatoire et gratuite l’Etat a voulu garder la concurrence d’une école privée qui, par ailleurs, répondait à des aspirations évangéliques de familles qui ne se satisfaisaient pas des journées hebdomadaires sans classe pour l’instruction religieuse. De plus, il y a toujours des familles qui ne souhaitent pas se mélanger, par aspiration communautaire. Il s’agit en France des familles les plus riches, ou, c’est plus récent, de familles qui ne veulent pas que leurs enfants côtoient des enfants d’une autre culture que la leur.
Ces familles comme tous les lobbies ont peu à peu exigé que l’Etat, puis les communes, - toujours le contribuable, financent l’essentiel de leurs exigences particulières
Certes, le contribuable paie le transport pour les quelques sièges laissés libres par les enfants adeptes du taxi. Mais leurs familles n’ont pas encore obtenu que le contribuable paie aussi le taxi, ce qui a été obtenu pour l’école privée où l’Etat paie les enseignants et où les communes participent aux dépenses matérielles liées à l’enseignement.
Il n’est pas rarissime de voir des limousines avec chauffeur en livrée déposer des enfants devant l’école privée, et venir les attendre à la sortie. Ne faudrait-il pas payer aussi cette dépense supplémentaire aux riches parents du petit prince ?
L’école privée confessionnelle propose un enseignement imprégné d’évangélisation, c’est son projet propre, communautaire. Mais elle reste ouverte la plupart du temps à de rares familles extérieures à la religion. Elle répond donc à des besoins particuliers. Elle propose par exemple une alternative à la fermeture par l’Etat de l’accueil des enfants de moins de 3 ans à l’Ecole publique. Ce n’est jamais désintéressé, ces tout petits resteront ensuite à l’école maternelle confessionnelle.
Ce n’est pas une concurrence très loyale. Ni le fait que grâce aux paiements des familles ajoutés aux fonds publics abondants, les classes privées puissent afficher des effectifs plus favorables à la pédagogie, que l’Etat refuse à l’école publique.
Je propose donc à nos parlementaires une loi qui imposerait à l’Etat de calculer ses dotations publiques en respectant une parfaite égalité avec les moyennes qu’il connaît à l’école privée qu’il paie. Si l’Etat paye un professeur par classe de 19 enfants en moyenne à l’Ecole privée, alors il devra créer assez de postes de Professeurs dans l’Ecole publique pour que l’effectif moyen y descende aussi à 19.
Actuellement, l’Etat, par ses financements aveugles, contribue à une concurrence immorale à l’encontre de ses services publics
Il n’est cependant pas mauvais que l’école publique n’ait pas le monopole. Il est bon que devant un blocage pédagogique, une insuffisance dans une école de la part d’un enseignant, la famille puisse aller voir ailleurs : elle le fait facilement lorsque l’enfant « mal traité » est à l’école privée, puisque le public est tenu de l’accueillir immédiatement. Elle ne peut pas le faire « automatiquement » pour « fuir » vers l’Ecole privée qui refuse librement des élèves, et il y a des rigidités pour passer d’une école publique à l’autre, l’Inspecteur s’y opposant souvent au nom de l’Etat.
L’Etat républicain ne représente donc plus la justice, l’égalité des citoyens, il favorise plutôt les classes aisées, chaque citoyen le sait aujourd’hui, la balle est donc dans son camp.
Claude BARRATIER
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