Faut-il radier Pôle emploi ?
Pôle emploi est dépassé et la fusion montre une chose, c’est que la priorité de ses priorités est avant tout comptable. Les agents sont déstabilisés, et la culture du chiffre les place devant un dilemme : se radier eux-mêmes ou survivre en apesanteur avec des hauts le cœur chaque jour.
De la fusion ANPE-Assédic il ne reste qu’une sale impression, celle d’un service public, déjà en proie au doute, qui s’est transformé en une chambre d’enregistrement, doublée d’une annexe de quasi traque au chômeur, quel que soit son statut.
Tout le monde est concerné, même les handicapés tenus à l’écart du marché du travail depuis plus de dix ans. Objectif : vider les listes, faire baisser les chiffres du chômage.
Les convocations à des prestations d’accompagnement tombent sans distinction et parfois même sans justification aucune. Aucun tri n’est fait entre les personnes autonomes et ceux qui ne disposent même pas de l’internet pour détecter les offres d’emploi.
Ne pas s’y rendre, c’est prendre le risque d’une radiation. Le suivi personnalisé ne pouvant plus être systématisé, il n’est pas rare que certains trouvent dans leur boîte aux lettres une convocation sèche pour une prestation avec de drôles de noms de baptême, sans qu’aucun entretien de diagnostic préalable n’ait été effectué de visu.
Le temps de conseil se réduit, et à force on ne retient plus que l’acte administratif… froid et distant.
Le demandeur d’emploi se vit, quant à lui, comme un suspect en puissance, sinon comme un fraudeur potentiel. Des services de Pôle emploi, il ne connaît que Pole-emploi.fr, un site où nul ne répond à ses candidatures transmises par mail. Pas plus les recruteurs, qui semblent se cacher, que les services de Pôle emploi chargés de filtrer les demandes. Parfois, un laconique « Poste pourvu » sans mention, ni bonjour, ni merci, vous parvient en retour sur votre boîte mail.
L’enregistrement sur le site de Pôle emploi vous permet de recevoir des alertes, souvent des offres auxquelles vous avez déjà répondu, et dont vous attendez toujours le verdict quant à la suite qui y sera donnée.
Pôle emploi est nu, ses services sont dépassés comme le prouve son système informatique anti-diluvien. Côté agents, c’est l’information descendante qui mine et qui sape le moral et côté demandeurs d’emploi, on relève l’extrême faiblesse des services, sans parler de la documentation dépassée, guides de recherche d’emploi datant de plus de deux ans, bornes de CV erratiques et qui, quand elles fonctionnent, vous impriment un C.V de looser.
Tout est à refaire. Le constat est accablant.
Certains trouveront que la charge est dure, mais il faut avoir le courage de le dire haut et fort : tout est à refaire.
Mieux que les Maisons de l’emploi chères à Jean Louis Borloo, qui semblent entrées en sommeil depuis son départ, le gouvernement ferait bien de s’inspirer de l’expérience des Cités des métiers qui elles, ont cassé le mille feuille, prenant ce qu’il y avait de meilleur dans le service public de l’emploi et de l’orientation, c’est-à-dire l’intelligence et l’expertise de professionnels aguerris, sinon remobilisés, pour les mettre au service de l’usager, sans distinction de chapelle, logique de guichet et surtout sans enregistrement comptable préalable. D’après les élus, ce modèle, encore trop rare sur nos territoires, fonctionne à la satisfaction des usagers. Il y avait donc des solutions… des opportunités de faire autrement.
Fusionner, à quoi bon ! si c’est pour ne retenir que le côté comptable des choses.
Indemniser le chômeur est un métier qui ne peut se confondre avec celui d’aider et de conseiller l’usager. Un hiatus pourtant signalé maintes fois par les professionnels mais qui, malheureusement, n’a pas été relevé… un cri dans le désert…une faute certainement.
11 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON