Faut-il se garder d’une Russophobie excessive ?
Que des commentaires hostiles et négatifs sur la Russie soient publiés à l’encre Orange dans les colonnes du Moscow Times ou sur les sites de l’Open Society, cela n’est pas surprenant. La Russie serait c’est bien connu : « un trou noir au frontières de l’Europe. Un état en décomposition politique, sociale et morale, gangréné par une corruption endémique et une population qui chuterait à la vitesse de la lumière, pendant que son extrême orient sibérien serait absolument envahi des millions de Chinois qui y auraient d’ailleurs déjà installé des villes clandestines. La Russie serait un état totalitaire, dans lequel les droits de l’homme seraient bafoués. Enfin et surtout la Russie serait un état avec des visées impérialistes. Principaux concernés, les pays voisins, innocents et démocratiques, qui d’ailleurs auraient soit fait leur mea-culpa politique en intégrant l’OTAN pour certains, en souhaitant le faire pour d’autres, et enfin en étant secoué par de spontanées et démocratiques révolutions de couleurs pour les derniers ».
Voila la situation en Russie telle que définie par les Jégo, les Goble, les Amsterdam et autres Latynina. C’est aussi le point de vue de Mykola Riabtchouk (10 janvier 2010) qui tenterait de nous faire croire que "la révolution orange serait un mouvement libre et spontané" et que " Ni la Pologne, la République tchèque ou même la petite Estonie ne sont devenues des espèces de « républiques bananières » occidentalisées".
Je pense que n’importe quel individu sensé sera de lui même apprécier le concentré de propagande atlantiste que représentent ces deux petites phrases. Ce même individu s’il est doté d’au moins un neurone fonctionnel ne doutera pas une seconde que les Pora, Otpor et autres Kmara soient des mouvements spontanés, et que bien sur la CIA n’a rien à voir la dessous.
Je pense qu’il est inutile d’en dire plus, je ne peux que conseiller pour qui est intéressé par le sujet de lire l’ouvrage de Patrice Vidal à ce sujet ou mes humbles articles sur l’origine des révolutions de couleurs (la, ici et la).
Je me pose la question maintenant de comprendre pourquoi des raisonnements similaires sont tenus sur l’excellent site « Europa-Maxima » par des "patriotes Européens" tel que se présente Pascal Lassalle, par ailleurs également spécialiste de l’Ukraine et de l’Europe. Je voudrais pour commencer rappeler que le concept d’eurosibérie (?), n’a cours que en Europe de l’ouest et dans certains milieux mais n’a absolument aucun sens en Russie et pour les Russes, sauf peut être pour la filiale groupusculaire de T&P à Moscou, sur le site duquel on peut y lire (pour donner un exemple de crédibilité probant) que 40 millions de Chinois et vietnamiens résideraient en Russie en 2020 (!) alors que les chiffres officiels pour 2010 sont sont de 400 à 500.000.
Les aprioris négatifs concernant la Russie sont le fruit soit d’une méconnaissance totale du sujet soit d’’une propagande outre atlantique habilement distillée, puisqu’elle circule même via des réseaux soit disant "patriotes" Francais. Je ne peux que conseiller la relecture des 25 mythes Russophobes ainsi que ma dernière interview qui traite de ces sujets.
Il faut arrêter de fantasmer sur la "corruption en Russie".
Le monde n’est pas comme l’Occident, c’est l’Occident qui est une exception dans le monde d’aujourd’hui.
Alors certes la corruption existe en Russie (personne ne le nie et ne l’a nié) mais elle existe comme partout en Asie, en Afrique et en Amérique du sud soit dans 80% des états de la planète. La Russie n’est pas plus "corrompue" que des états comme la Chine ou l’Inde, pourtant premiers de la classe en matière de croissance économique et toujours cité par les journaux Occidentaux. On pourrait en parler de la corruption en Russie, et différentier la corruption publique ou privée. On pourrait rappeler que ce que l’on appelle de l’ouest "la corruption" en Russie n’est pas ce que l’on entend en France (et inversement).
On pourrait aussi rappeler qu’il y a des traditions à part en Russie, et qu’elles sont adaptés à des situations qui ont été parfois chaotiques, par exemple lors de longues périodes sans état réel et ou le citoyen lambda était livré à de la débrouille etc. On pourrait dire qu’une forme de "corruption" existe qui s’apparente plus à des arrangements, mais il est relativement difficile de percevoir tout cela sans le ressentir et sans habiter sur place. On pourrait également expliquer que les traditions ne sont pas les mêmes dans tous les pays et que la Russie a les siennes, qu’elle a ses habitudes de fonctionnement humain.
Cette "corruption" existe sous sa forme actuelle partout dans l’ancien espace Soviétique (pour des raisons structurelles liées à la désorganisation qui fait suite à l’effondrement du système commun qui régissait ces pays) mais paradoxalement, et c’est un fait absolument incontestable qu’il faut le rappeler, c’est bien en Ukraine ou en Géorgie (dans ces zones molles de l’espace eurasiatique) qu’elle est la plus forte.
Pour quiconque "vit" et "travaille" en Russie la situation à ce niveau s’est considérablement améliorée depuis quelques années. Toujours dans ce sens, les récentes actions du président Medvedev de démettre des hauts responsables et les nombreuses affaires d’arrestations de responsables politiques de villes importantes (même proches du pouvoir) qui ont commis des actes délictueux (Smolensk, Saratov, Mourmansk ..) montrent bien la volonté du pouvoir Russe de mettre un grand coup de balai. On aimerait plus souvent entendre nos médias interroger les investisseurs étrangers de Kalouga par exemple, savoir ce qu’ils pensent.
Par ailleurs, certains pays comme l’Ouzbékistan (dont j’ai signalé dans cet article la bonne santé évolution économique en comparaison des autres pays de l’ex espace Soviétique) ont comme la Russie également lancé une chasse à la corruption.
Non l’extrême orient n’est pas sinisé et la Russie n’est pas en train de perdre la Sibérie.
Il est fréquent de lire dans les médias Occidentaux que l’avenir de la Sibérie serait de devenir Chinoise. Selon ces médias, des millions de clandestins Chinois seraient déjà en Russie et des villes Chinoises non déclarés existeraient. Cette obsession du "péril jaune" vient surtout de la presse Occidentale, dont les cœurs émetteurs outre Atlantique font tout pour empêcher l’alliance la plus crainte : l’alliance Russo-chinoise. La réalité encore une fois est toute autre : l’état reprend totalement en main cet extrême orient, et par tous les moyens (lire ici : réaffirmation de la voix Russe en extrême orient). Aujourd’hui une ville comme Vladivostok est tout autant Européenne que Kiev ou Saint Petersburg, voir bien plus que "Moscou l’eurasienne" par exemple. Evidemment on y trouve des produits Coréens et Japonais dans les magasins, mais tout comme Irkoutsk, Khabarovsk, Krasnoïarsk ...Autre exemple Blagovetchensk ville frontalière de la Chine n’est elle même pas envahie du tout comme le reconnaissent les journalistes Français qui ont daigné aller y faire une visite.
Contrairement à ce que la presse Occidentale écrit, il n’y a "aucune" invasion Chinoise en Russie, en tout cas pas plus que d’invasion Russe côté Chinois. A l’occasion de la visite du plausible futur président Chinois à Moscou ce mois de mars 2010, il est d’ailleurs confirmé que "le nombre de Russes permanents en Chine est plus important que le nombre de Chinois permanents en Russie" et que "la frange de population peu nombreuse, mais scandaleuse qui avait intimidé les gens au moyen d’une "pression démographique" chinoise avec un peuplement de la Russie par des Chinois qui pourraient s’emparer de terres russes... Était composée de prédicateurs connaissant peu la langue et la culture de la Chine".
Imagine t’on que la population Chinoise recensée d’extrême orient (400.000 personnes) est moins nombreuse que la communauté Chinoise de France ? Pourquoi ne dit on pas que la France est en train de se siniser à ce moment la ?
Les Francais se demandent ils ce que doivent penser les Russes des Chinatown de Bucarest ou New York, ou du 13ième arrondissement à Paris ? Le mythe de l’extrême orient sinisé est comme le mythe d’une Russie qui s’islamiserait. L’islam n’est "pas un facteur déstabilisant" en Russie comme il l’est en Europe. L’Islam russe est indigène, natif et existait en Eurasie avant l’orthodoxie. Il a été depuis totalement intégré dans la société russe, totalement russifié et est sous contrôle de l’Etat. Confortant l’adage selon lequel "en Russie la vodka a dissous le Coran", même si la religion musulmane représente 15 à 20% de la population, selon un sondage de 2006 seulement 6% des citoyens de Russie se considèrent comme musulmans. Symbole de cette coexistence pacifique, le Tatarstan, devenue une des zones économiques les plus dynamiques de Russie et ou la mosquée de Kazan trône à côté du Kremlin de la ville.
Non l’ultra centralisation n’est pas un obstacle ni un problème !
La centralisation politique est un fait très important, gage de l’unité de ce pays, pour ne pas que les grands espaces ne créent des effets d’inertie incontrôlables. C’est dans ce but que Medvedev à lancé ce projet de réduction des fuseaux horaires qui sera effectif ce 28 mars 2010 afin d’augmenter la concentration et donc l’unité et la stabilité de la fédération de Russie. Il faut bien comprendre qu’il est relativement difficile de maintenir l’unité "pratique" d’un état relativement décentralisé lorsqu’on sait que jusqu’à 11 heures de différence horaire peuvent exister entre villes de ce même pays. Désormais, la différence ne sera plus que de 9 heures entre l’ouest (Kaliningrad) et l’est (Vladivostok).
Dans le même sens, on constate facilement lorsqu’on est sur place cette réaffirmation territoriale totale de l’état Russe dans cet extrême orient avec par exemple les budgets développés pour le développement de la région. Cela est palpable à Vladivostok par exemple, dans le cadre du sommet de l’APEC qui s’y tiendra en 2012. J’en reviens et je peux garantir que la ville est entièrement reprise en main, et que l’autorité de l’état central y est totale.
Par contre il y a en Russie une très grande décentralisation culturelle et linguistique que l’UE et la France en tête ferait bien d’observer.
Non il n’y a que peu de tensions entre Slaves et non Slaves en Russie.
Je voudrais bien que Monsieur Lassalle m’explique s’il arrive à définir, classifier et reconnaitre les 200 ethnies qui peuplent la Russie. C’est tout simplement impossible et les mélanges ont été très nombreux. Affirmerait-il par exemple que les Tatars en Crimée ont des tensions avec les Ukrainiens parce qu’ils sont Tatars ? Ou car pro-Russes ?
Certes des groupes ultranationalistes, plus ou moins manipulés (et non pas par le pouvoir mais par l’étranger comme les suspicions ont portées sur un financement du DPNI par Berezovski) assassinent, tuent et agressent des étrangers mais très rarement des citoyens Russes ! Il s’agit généralement d’étudiants Africains, d’Asiatiques (Coréens ou travailleurs étrangers d’asie centrale) et non pas de minorités Russes fut ce t’elles d’ascendances asiatiques ou caucasiennes. Même dans cet univers multiethnique, il y a un multi ethnisme Russe et un multi ethnisme non Russe. Je le reconnais, cela est dur à comprendre pour un Occidental.
Les étapes historiques de la Russie, de son agrandissement au cours de 5 derniers siècles, puis à ses déplacements de peuples sous Staline et enfin à son retour à ses identités locales aujourd’hui (mais au sein d’un ensemble fermé) ont entrainé que les Russes de souches slaves sont présents sur tout le territoire, et presque partout en majorité. Cela aussi bien dans les entités plus ou moins décentralisées (correspondant généralement à des territoires dits d’ethnies) que dans les régions peu peuplées de l’est. Il y a aujourd’hui en Russie près de 200 nationalités et groupes ethniques, tous Russophones, seule une minorité (moins de 1% ne parle pas le Russe).
Le Caucase est un bel exemple de concentration de populations différentes, 43 langues y sont parlées. Dans la seule république du Daguestan, 40 peuples différents cohabitent, ne pouvant communiquer entre eux qu’en Russe !
Pour une liste incomplète des ethnies et peuples de Russie, il faut regarder ici (2de moitié de page) ou surtout cette carte assez fascinante.
Oui le pouvoir Russe et ses structures de jeunesses jouent la paix entre les peuples
Le pouvoir fera tout pour que ce grand pays multiethnique ne se transforme pas en une Yougoslavie bis, ce que souhaiterait certains. Les NASHI sont un mouvement politique qui est destiné à former des cadres pour l’état Russe et prône un patriotisme de réconciliation et d’unité de tous les peuples de la Russie. Comme je le disais plus haut, il n’y a pas ou peu de tensions entre Russes de souches (Russkis) et Russes de papier, d’identité (Rossianini). La cohabitation est plutôt pacifique et bien loin des tensions que l’on peut rencontrer en Europe de l’ouest, une Europe de l’ouest qui ferait bien de prendre des leçons en Russie pour le traitement de ses minorités ethniques et religieuses, chose que même les Américains semblent avoir compris puisque même Madeleine Albright lors de sa dernière visite à Kazan a félicité l’état et la ville pour leur gestion "exemplaire" et "harmonieuse" des divers groupes ethniques et religieux.
Quand à Vladimir Jirinovski, politicien extrêmement intelligent, il a le mérite de capter un électorat dont il vaut mieux qu’il soit (via lui) canalisé par le Kremlin que par un réel "impérialiste" qui prenne le pouvoir et soit tenter d’appuyer sur le bouton. Je rappelle que ses scores électoraux sont souvent entre 12 et 18% et que sa ligne politique est "national-impériale".
Enfin pour ce qui est de la politisation de la jeunesse, la jeunesse Russe n’est pas plus ou moins politisée que la jeunesse Européenne de l’ouest, par contre ce qui est sur c’est qu’elle est bien moins abrutie et globalement beaucoup plus "patriote" et "traditionaliste".
Et oui, bien sur que l’héritage communiste est présent et actif et il influe sur la mentalité et les esprits, c’est le cas pour les "subbotniki" qui existent encore aujourd’hui (les étudiants prennent une journée pour nettoyer leur faculté par exemple ..) ou pour l’ordre social qui règne entre les gens, ordre hérité de la période Soviétique. Il faut bien voyager en ex URSS pour comprendre le sens réel des mots "ex union soviétique" et "homo Soviéticus".
L’idée que la Russie serait un état impérial, source des conflits avec ses voisins est une totale contre vérité.
Mais enfin quel état la Russie a t’elle envahie depuis la chute de l’URSS ?
Il faut "lire" l’analyse de Stratfor qui décrit bien les obligations de la Russie d’avoir un étranger proche neutre à son égard (neutre et non hostile) afin de compenser son absence de frontières naturelles et pour sécuriser son immense territoire. La Russie n’est pas enclavée, elle a besoin d’un pouvoir fort pour maintenir l’autorité de l’état sur son territoire immense, mais aussi pour le sécuriser.
Sans frontières réellement effective, la Russie ne "peut" se baser que sur des zones tampons, c’est à dire neutres à son égard.
J’aimerais néanmoins rappeler en 10 points ce que la Russie a subi depuis 10 ans :
1/ La Russie a été victime d’une tentative de pillage de ses matières premières (par les sociétés pétrolières Américaines et leur relais locaux, les Oligarques) dans les années 90.
2/ La Russie a donné des gages à l’ouest à la chute du rideau de fer, mais "l’ouest" n’a pas tenu ses engagements de non extension à l’est via l’OTAN (cf. cette carte).
2/ La Russie a vu en 1999 son allié historique détruit militairement et l’OTAN installer une base énorme en Serbie (contre qui ?).
3/ La Russie a vu son étranger proche bouleversé par des révolutions de couleurs colorées (fomentées par l’ouest) qui ont permis la prise non démocratique du pouvoir par des leaders qui lui sont hostiles, de 1999 à 2005 avec la bénédiction de l’ouest et des Européens, on peut donc imaginer toute la bienveillance et la confiance qu’ont les Russes à notre égard.
Ce faisant, en bouleversant l’équilibre des fameuses zones tampons vitales à l’équilibre géopolitique Russe, l’ouest à créé un cordon hostile de containment via des structures politiques vide de sens tel le GUUAM.
4/ La Russie a ensuite vu suite à ces changements de pouvoir certains de ces voisins proches rejoindre ou tenter de le faire l’OTAN (qui n’est pas la plus amicale des structure à son égard) et ce au mépris des volontés des peuples concernés. Elle a observé ce même OTAN s’installer en Asie centrale et déstabiliser une région a haut risques (Afghanistan, Pakistan..) etc.
Lorsque l’Amérique rapatriera misérablement ses troupes de ce nouveau Vietnam que va t’il se passer ? Contre qui vont combattre ses milliers de combattants Islamiques si ce n’est contre la Russie ?
5/ La Russie a vu ses citoyens dans les états Baltes voisins devenus indépendants être traités comme des citoyens de seconds rangs, avoir un non statut total, et cela je le répète au cœur de l’UE, devrait elle s’en réjouir ?
6/ Toujours en 2005, la Russie a été montrée du doigt en Europe comme étant coupable dans l’affaire du gaz, mais doit on rappeler que c’est l’Ukraine qui ne payait pas la facture et a créé par ricochet les coupures en Europe ? Doit on rappeler que pour être sur que l’alimentation se fasse, la Russie construit d’autres pipelines pour éviter ces états tampons et créateurs de problèmes et afin de pouvoir assurer la livraison aux Européens ?
7/ La Russie se voit qualifiée de fournisseur non fiable mais elle n’a eu des problèmes de transit que via l’Ukraine, et non via la Biélorussie, la Turquie, l’Asie centrale ou l’Asie du sud est ! Ne doit pas par conséquent douter de la bonne foie de l’Ukraine plutôt que de la Russie ?
Doit-on rappeler que la Turquie n’a JAMAIS de problèmes d’alimentation via Blue Stream, preuve que la Russie est un fournisseur fiable ? Toujours pour l’extrême orient, doit on également rappeler que la Russie vient par exemple de lancer la construction de l’oléoduc Purpe-Samotlor destiné à transporter du pétrole de l’arctique à destination de la Chine via la Sibérie orientale. Sa mise en service est prévue pour le début de 2012.La mise en service du premier tronçon de l’ESPO au mois de décembre dernier a provoqué une ruée des raffineurs asiatiques vers le pétrole exporté par la Russie au détriment d’autres régions exportatrices. La Russie est jugée comme une source d’approvisionnement proche et fiable par les pétroliers asiatiques et également par la Grande Bretagne, cette dernière espérant ainsi éviter la pénurie d’approvisionnement énergétique.
8/ La Russie a été attaqué militairement en 2008 par une étrange coalition Américano-géorgienne dirigée par un de ces leaders issus d’une révolution colorée et a du défendre ses soldats pourtant sous mandat de l’ONU et ce alors que les médias du monde entier l’accusaient d’impérialisme (!)
9/ La Russie a vu en 2010 après l’élection du démocrate Obama le nouveau mur de Berlin s’établir a quelques kilomètres de ses frontières, ce mur de batteries anti missiles US qui s’étend des pays baltes à la Bulgarie par la Pologne.
10/ La Russie voit se dérouler chaque hiver depuis 2 ans de manœuvres militaires de plus en plus intenses, sous pavillon OTAN dans l’arctique et devant ses frontières (péninsule de Kola).
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Je pose la question à mes lecteurs Francais, imaginez une seconde que la France subisse tout cela, que diriez vous ?
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Je rappelle les propos de certains que "c’est la Russie qui est un état menaçant et impérialiste" et que " les stratèges de Moscou seraient obsédés d’être dans une forteresse assiégée" et que "La fierté nationale Russe est déclinée avec une paranoïa obsidionale et toujours une phobie atavique de l’ennemi intérieur et extérieur"
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Non l’effondrement démographique n’a pas eu lieu !
L’effondrement n’est pas seulement maitrisé, la population recommence à augmenter.
Il est fréquent de lire que "la Russie perdrait inexorablement 700 000 habitants par an" et que sa situation démographique serait catastrophique. J’analyse de façon lucide cette évolution démographique sur mon blog.
Pour résumer on peut dire que ce n’est pas le cas du tout.
En 2005 la population russe a décrue de 760.000 habitants, ce qui était le record absolu.
En 2006 la baisse n’a été « que » de 520 000 habitants.
En 2007 la baisse n’a été « que » de 280 000 habitants.
En 2008 la baisse a été d’à peu près 116 000 habitants
En 2009 la population aurait augmenté de 15.000 à 25.000 personnes, la natalité ayant augmenté de 3% sur l’année 2009 et ce malgré la crise économique. Les mesures Medvedev de 2005 ont donc eu un résultat absolument foudroyant.
La hausse de la population est également due à l’immigration à hauteur d’un 1/3. Le gros des populations acquérant la nationalité étant d’Ukraine et d’Arménie, du Kazakhstan ainsi que de Serbie. En 2009, près de 400.000 personnes (majoritairement de ces groupes) ont acquis la nationalité Russe.
Aujourd’hui, les prévisions démographiques Russes ne sont donc pas plus pessimistes que celles de la Chine ou bien de pays du G7 comme l’Allemagne.
Non la population n’est pas préservée de flux migratoires massifs venus de l’étranger, bien au contraire !
La Russie est aujourd’hui le pays Européen qui accueille le plus d’étrangers ! Les statistiques officielles font état en Russie (en 2008) d’une population totale de 142 millions d’habitants, avec 8 à 12% d’étrangers soit 12 à 17 millions de personnes, dont peut être une moitié de clandestins. 90% viennent de l’ex URSS et notamment des républiques asiatiques d’Asie Centrale (ex-soviétiques). Ils travaillent en Russie comme "gaustarbeiters", principalement dans la construction.
Pour comparaison le nombre d’européens/d’occidentaux (ressortissants de l’OCDE) ne doit pas dépasser en Russie les 150 000 personnes.
Il faut bien voir la différence avec la situation en Europe et notamment en France. Contrairement à ce qu’affirment certains milieux totalement désinformés, ces immigrés sont une main d’œuvre à bas prix mais peu créatrices de troubles. Sans activité ceux ci sont expulsés des villes, voir de Russie. Depuis le début de la crise, les autorités russes auraient expulsé 8 millions de personne et cela sans aucunes protestation.
L’UE, France en tête ferait bien de s’inspirer des méthodes de gouvernement Russe au lieu de donner des leçons à toute la planète sur les droits de l’homme.
Plus que cela, le pouvoir a depuis 2005 pris de nombreuses mesures pour "protéger" le marché national, que ce soit des mesures de préférence nationale, des expulsions de clandestins, des quotas par nationalités dans les attributions de permis de travail ou de séjour, etc.
Enfin, la chasse aux étrangers étant à la mode chez de nombreux groupes nationalistes radicaux, la Russie est un pays ou les étrangers ont plutôt tendance à faire profil bas et à "travailler" pour survivre.
La Russie a de très grosses capacités assimilatrices, intégratrices et une aptitude à digérer les autres cultures facilement. Exemple type : la ville de Moscou ou la proportion de population « slave de souche » (russe / biélorusse / ukrainienne) serait inférieure à 50% mais ou nulle part on ne se sent en insécurité, ce qui est le cas de la quasi totalité du territoire Russe, hormis certaines zones du Caucase.
Non la crise n’a pas plus touché la Russie que les autres pays Européens (même moins).
Contrairement à ce qui est affirmé, la Russie n’a pas été finalement "rattrapée" par la crise, elle a été touchée "bien avant" les autres pays par la crise. Le pétrole a commencé à baisser en 06/2008, les bourses en 05/2008.
Par contre il semble si l’on lit les analyses de Jacques Sapir que la crise en Russie est passée également "bien avant" les autres pays.
En outre la crise n’a pas été "plus forte" en Russie que ailleurs bien au contraire, la monnaie a été progressivement dévaluée, j’ajoute que le rouble a récupéré déjà plus de 60% de ce qu’il a perdu durant les 12 moins de crise, face au dollar et à l’euro. Les autorités ont également parfaitement utilisé les énormes réserves de change de la Russie pour sauver certains secteurs et certaines sociétés, tout en en laissant mourir d’autres. A ce jour les réserves ont recommencé à augmenter et se situent à un niveau très élevé, laissant une marge de manœuvre au gouvernement pour pouvoir agir sur l’économie si besoin, un levier puissant dont ne dispose aucun pays Européen puisqu’ils sont tous endettés par des décennies de mauvaise gestion politique.
En outre si le PIB s’est contracté de près de 8% en 2009, après une croissance de près de 6% en 2008, les prévisions les moins optimistes tablent sur 3 à 5% de croissance pour 2010, des chiffres qui feraient rêver n’importe quel gouvernement Européen !
Même le LEAP reconnait dans son dernier rapport que la Russie est de loin le plus prometteur et le mieux paré d’Europe pour faire face à l’éventuelle "suite" de la crise. Aujourd’hui le taux de chômage y est inférieur à celui de la zone euro !
Non les médias Russes ne sont pas si verrouillés et le ton y est aussi libre qu’à l’ouest.
Peu de gens ne lisent attentivement les médias Russes car presque personne ne lit le Russe. on peut facilement trouver des exemples ici de désinformation des journaux français et des exemples de ce qui se dit dans la presse Russe, libre aux lecteurs de se faire une idée.
En outre si l’on parle de la presse Russie, Novaya-Gazetta, ou la scène de blogueurs sur live journal sont autant de supports au ton bien plus dur et critique que les articles de Marianne ou de Minute.
Idem regarder ici la différence entre ce que l’on "dit" sur la Russie et la réalité.
Récemment une journaliste que l’on ne peut suspecter d’amitiés suspectes avec la Russie (c’est le moins qu’on puisse dire), Marie Mendras affirmait même que sur le net Russe :" on peut dire et écrire ce que l’on veut, il est totalement libre".
Je rappelle que ce n’est pas "du tout" le cas de la France, il n’y a qu’à suivre l’affaire Zemmour pour s’en convaincre. Les Russes eux en tout cas en sont en grande partie déjà convaincus !
Non la Russie ne va si mal bien au contraire !
Et si elle n’est qu’une puissance régionale émergente, elle est bel et bien une puissance en réveil, en expansion. La Russie devrait être selon les pronostics la première puissance économique Européenne en 2030 et le "seul" contrepoids Européen à un monde du 21ième siècle dominé par des pays non Européens !
Non la Russie n’est pas en mauvaise santé elle se développe et se prépare à faire face "seule" aux défis du siècle prochain.
Non la Russie ne va pas mal, son identité est en bonne santé, sa démographie se ressaisit en partie via une immigration choisie (en grosse partie l’immigration est Ukrainienne ce qui devrait faire plaisir à Pascal ;).
Non la Russie ne va pas mal la mortalité baisse, le sida aussi, le pouvoir politique à « sauvé » le pays de la crise de 2008, ils ont un plan à longue durée (plan2020) pour le pays et la Russie est doucement en train de redevenir LA puissance dominante du Heartland.
Il y aurait des milliers d’exemples.
Pour qui habite en Russie, le pays est ressenti comme en activité permanente, en ébullition et "prêt" à faire face aux défis à venir.
La Russie aurait des infrastructures dignes d’un pays du 1/3 monde ?
Evidemment que les infrastructures ne peuvent être du niveau du Danemark ou de la France mais l’auteur de ces lignes est il déjà allé dans l’Oural ou sur la Volga depuis 10 ans ? A t’il déjà emprunté les routes du sud du pays ? Peut il nous trouver des photos de ces infrastructures décadentes ? Peut il nous commenter par exemple les photos de la 78ième ville du pays et nous dire si cela fait 1/3 monde ?
Peut il imaginer que il y a 10 ans les caisses de l’état était VIDES et qu’équiper un pays qui s’étend sur 11 fuseaux horaires soumis à des hivers très rigoureux ne se fait pas en 10 ans ? Peut il daigner jeter un œil sur ces quelques projets, sur les 6 derniers mois !!
Que dire de ces nouvelles rocades construites autour des 15 ou 18 plus grandes villes du pays et dont un "ami" me disait l’autre jour :" A chez moi a Samara c’est bien, la Porsche je la pousse à 270 Km/heures".. On imagine la route du 1/3 monde que ca doit être.
Peu être que cette Française qui traverse la Russie en Peugeot 206 peut affirmer que les routes sont praticables même si bien sur pas du niveau Européen (!), mais de la a dire que c’est du niveau du 1/3 Monde, non. L’auteur de ces affirmations est il déjà allé dans le réel 1/3 monde africain ou asiatique ?
*
Mais nous arrivons toujours au point clef de la "question Russe" telle qu’elle se fait sentir depuis quelques années, et depuis quelques mois dans certains médias Francais mais surtout dans une certaine sphère politique : les Russes (dont le pays se relève) ont ils besoin de nous (dont le pays s’effondre) ?
Oui répond Pascal Lassalle, "ils ont besoin de contingents Européens pour établir une veille vigilante sur l’amour dans une grande Europe à créer" et cela même si il est plausible que "la branche Grand Russienne se soient détaché de l’arbre Boréen". Il serait d’ailleurs préférable que les patriotes Européens ne "manifestent pas une adhésion aveugle aux évolutions de la Russie Poutino-Medvedienne" mais au contraire "sensibilisent les Russes qui le souhaitent à un retour en Europe" et ce afin d’éviter "l’écueil d’un pacte Russo-Européen qui abandonne des petits frères aux convoitises de Moscou".
La lecture de ces phrases me font moi penser que à l’inverse, le mariage Pan-Européen ne "peut" avoir lieu car les pays d’Europe de l’ouest se sont coupés du tronc Européen.
Mais enfin a quelle Europe Pascal Lassalle fait il allusion lorsqu’il appelle "certains Russes à un retour en Europe" ? A cette Europe composée de nations Occidentales épuisées ("nations musées" dit Mikalkhov) bannière étoilée au vent ? A ces nations Bruxellisées, sans aucune volonté politique sauf celle dictée par l’OTAN ? A ces nations qui sont en train d’être détruite par une immigration "massive" et qui n’ont plus aucune identité ? Pense t’il que l’UE fait envie aux Russes (ou d’ailleurs à quelque peuple que ce soit dans le monde hormis ceux du 1/3 monde) ?
Enfin soyons sérieux, les Européens de l’ouest n’ont aucun projet, pas plus que les fonctionnaires de Bruxelles, ni même les patriotes Francais d’ailleurs.
Les Russes eux ont un projet de réorganisation intérieure et extérieure colossal, clairement et légalement défini jusqu’à 2020.
L’opposition d’une "Europe" (de l’ouest) à une "Russie plus vraiment européenne" et les deux à une "chine" témoignent un axe de vue totalement Occidentalo-centré qui mélange Europe et occident et tente vainement de prouver que l’Occident = l’Europe.
Ce point de vue est généralement également celui d’une génération. Nostalgiques de la guerre d’Algérie, et anti-communistes primaires, ils ont soutenu les talibans contre les Russes (par anti communisme) dans les années 80, (alignant à l’époque leurs positions sur celles de la CIA et de l’Amérique libérale en Eurasie) puis fidèles partisans de l’OAS et adversaires de De-Gaulle ils ont fait également (inconsciemment ?) le jeu des Américains en Méditerranée, en luttant contre le seul leader politique qui avait un projet Européen Paris-Berlin-Moscou.
Pourtant c’est ce même projet Paris-Berlin-Moscou qu’ils prétendent défendre aujourd’hui, tout en appelant à "ne pas soutenir aveuglement Vladimir Poutine et Dimitri Medvedev". On croit rêver.
Symbole de cette génération, et cité par Pascal Lassalle, Dominique Venner, par ailleurs historien hors pair, qui prône la position essentielle de Israël comme bastion de la civilisation Occidentale dans son livre "cœur rebelle" et est un grand nostalgique du putsch raté, grâce auquel l’Algérie serait toujours Française. Celui ci aurait le mérite selon Pascal Lassalle de ne pas encenser Natalia Narotchniskaia. Le problème est que pour tout Européen normalement constitué en 2010, les ouvrages d’une Natalia Narotchniskaia sont d’actualité, novateurs et fondamentaux alors que ceux d’un Dominique Venner sont d’une époque révolue.
Il va bien falloir à un moment que les "patriotes Francais" sortent du passé et rentrent dans le présent, à défaut de rapidement sortir de l’histoire.
Je lis également que la Russie aurait besoin de supplétifs Européens, donc Francais (?) pour tenir sa frontière Chinoise (!).
Pardon mais on parle bien de ce pays qui n’arrive même pas à faire régner la sécurité la plus élémentaire dans son métro au centre de sa capitale et qui comprend 1.500 zones de "total non droit" sur son territoire (territoire par ailleurs 17 fois plus petit que le territoire Russe) ? Et c’est ce pays qui devrait contribuer à une veille vigilante sur l’amour face à l’armée Chinoise ? Pardonnez moi d’avoir beaucoup du mal à contrôler mes maxillaires mais est ce que l’auteur de ces lignes se rend compte de ce qu’il écrit ?
Sait il par exemple que les instructeurs militaires français de la 27ème Brigade d’Infanterie de Montagne étaient dans les montagnes du Caucase, côté Américano-géorgien en aout 2008 et donc "contre" la Russie ? On ne l’a pas entendu, comme beaucoup d’autres malheureusement, à ce sujet.
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Je pense sincèrement que l’incompréhension ne vient pas du côté Russe, mais bel et bien du côté Bruxellois et Occidental.
L’Europe aujourd’hui se trouve à Moscou, Belgrade, Kiev ou Tiraspol. Elle ne se situe malheureusement "plus" à Bruxelles, Londres ou Paris. Ces cités sont devenues des villes de "l’Union Occidentale", une Union Occidentale qui est d’ailleurs en train de virer à l’union Eurafricaine.
Les Européens qui habitent ces cités Occidentales d’Europe de l’ouest doivent se poser la question de savoir à quelle civilisation ils appartiennent. Celle de Washington, Bruxelles, Alger ou Bamako ou celle de Moscou, Alma-ata, Erevan et Belgrade.
Sont-ils la façade ouest de l’Eurasie continentale, ou sont-ils la façade "est" de l’Occident transatlantique et Américano-centré ?
Si les patriotes Francais ont la prétention de participer et organiser la création d’un mouvement paneuropéen continental, qu’ils continuent à demander à ce que leur pays sorte de l’OTAN certes mais qu’ils demandent également à intégrer l’OCS, comme en parlent déjà certains intellectuels de gauche comme Jacques Sapir. Qu’ils demandent ensuite également à quitter l’Union de Bruxelles et à clairement intégrer l’espace économique commun Russo-Kazakho-Biélorusse comme le fera sans doute demain l’Ukraine, la Serbie et la Transnistrie, et après demain la Grèce et Chypre).
Ce n’est pas à la Russie de "s’européaniser" ou "s’occidentaliser" pour devenir une colonie Américaine, sans identité et sans aucune souveraineté politique et militaire. C’est aux Européens de l’ouest aujourd’hui de refuser leur statut d’esclave, de quitter l’union Occidentale sous domination Américaine et construire avec la Russie l’Europe continentale, afin de pouvoir enfin créer l’axe Paris-Berlin-Moscou, garant harmonieux de la paix et de la stabilité sur notre continent.
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