Faut-il tuer Mélenchon, et comment ?
Bientôt CNews et Radio Paris vont mettre le débat sur la table : FAUT-IL TUER MÉLENCHON ?
Bon. Il ne faut pas souhaiter la mort des gens, mais si c'est pour sauver la France ou la "gauche"...
Il a bien fallu tuer Jaurès.
Comment tuer Mélenchon ? Quelques pistes à explorer.
Les plus anciens se souviennent qu’au siècle dernier les « socialistes » d’avant Mitterrand avaient trouvé une formule pour disqualifier les staliniens : « le Parti communiste n'est pas à gauche, il est à l'est ! ».
De Mélenchon, les « socialistes » d’après-Hollande pourraient dire qu’il est « à l’ouest ». Un façon de faire une allusion à sa proximité avec les « gauches sud-américaines », mais surtout de dire qu’il est fou. Et récemment ils l’ont même accusé de « complotisme » pour des propos somme toute fort modérés. Ils semblent avoir oublié qu’en 1988 la droite revancharde n’avait pas hésité à manipuler deux affaires d’otages entre les deux tours de la présidentielle.
La première façon de tuer Mélenchon est donc de le faire symboliquement, en son prenant à son image, par tous les moyens, à n’importe quel prix, quoi qu’il en coûte.
La deuxième façon, c’est de le tuer politiquement : d’abord en appelant ; contre lui, à « une candidature unique de la gauche » que ne souhaitent pourtant aucun des partis dits « de gauche » (EELV, PS, PC) ; ensuite, en pesant sur les maires pour l’empêcher d’atteindre les 500 signatures
La troisième façon sera juridique ou judiciaire, si Mélenchon obtient ses signatures : une mise en examen pour une des affaires qui traînent depuis 4 an.
Enfin, il sera toujours possible de s’en prendre en lui physiquement, autrement qu’avec un peu de farine.
Qui veut tuer Mélenchon ?
D’abord, ses anciens camarades du PS.
Puis la « nouvelle droite » macronienne, issue du PS et de la « droite traditionnelle ».
Ensuite, la « droite nationale » pour qui Mélenchon représente à la fois le danger « communiste » et le danger « islamiste ».
Enfin, toute une presse qui se prend pour un « quatrième pouvoir » et s’imagine (ou feint de s’imaginer) défendre « le monde libre » contre une « menace totalitaire »
Pourquoi veulent-ils tuer Mélenchon ?
Les appareils du PC et du PS, plus ou moins moribonds, gardent un certain pouvoir de nuisance et pensent se refaire une santé en le neutralisant : ils pourraient alors vendre leur ralliement à E. Macron ou E. Philippe[1] pour faire barrage à la « droite nationale ».
Les partis « écologistes » en veulent mortellement à l’Insoumis d’avoir obtenu en 2017 le meilleur score, et de loin, pour un candidat écologiste.
La « droite traditionnelle » rêve qu’un de ses candidats fera au moins troisième comme Fillon en 2017.
Une « gauche », molle, mais « bienveillante », légèrement déçue par la geste macronienne cherche désespérément « une candidate d’union » à laquelle Mélenchon sera forcé de se rallier. D’où la série qui a commencé (mais qui n’est pas finie) des consultations « populaires » en réponse à son appel « Nous sommes pour ».
La « nouvelle droite » est incarné par le président sortant, mais celui-ci se voit désormais comme le « candidat naturel » de la « droite traditionnelle ». Pendant quatre ans, il a désigné Marine La Pen comme son adversaire principale. Il est forcé aujourd’hui de reconnaître qu’il n’a qu’un seul ennemi : Mélenchon et la France Insoumise.
https://www.youtube.com/watch?v=rcNXX5oxf5w
Quant à la « droite nationale » , elle triomphe dans les chaînes d’intox privées bien au-delà du seul Front National qui a fini par convaincre la plupart des « journalistes » qu’il n’est pas de « droite extrême » . Il réussit presque à se poser en parti centriste, entre quelques énergumènes d’extrême droite (qu’il saura contrôler s’il parvient au pouvoir) et une mouvance d’ extrême gauche » qu’il faudrait éliminer, à commencer par la France Insoumise.
Conclusions provisoires, évidemment.
Depuis longtemps déjà, les moyens de nuire à Mélenchon ont été symboliques et politiques : de CNews à Radio Paris, de Gernelle à Polony, de Hollande à Pécresse, d’Hidalgo à Marine La Pen. Il s’agit de détruire son image qu’ils ont déjà bien écornée.
Resteront deux mesures à prendre s’il n’est pas réduit à 6% dans les sondages avant la fin de l’année :
l’une, politique, dans la main des partis dit de gauche (EELV, PC, PS) : faire pression sur leurs élus afin qu’il n’obtienne pas les parrainages nécessaires ;
l’autre, juridique, dans la main d’un procureur bien inspiré.
Mélenchon avait déclenché une petite polémique en 2019 parlant du lawfare. Il aurait été mieux inspiré en se référant à un auteur français, Guy Debord, qui annonçait l’avènement de « faux sans réplique » :
« Le seul fait d’être désormais sans réplique a donné au faux une qualité toute nouvelle. C’est du même coup le vrai qui a cessé d’exister presque partout, ou dans le meilleur cas s’est vu réduit à l’état d’une hypothèse qui ne peut jamais être démontrée. »[2]
Mélenchon a peu de chances d’être élu, convenons-en, puisque son programme réformiste est déjà trop pour une société spectaculaire marchande qui ne peut supporter aucune alternative à son modèle de production et de destruction.
Mais si, sur un malentendu, il parvenait au pouvoir, nul doute que son élimination physique sera envisagée comme le fut celle d’Allende en 1974. Bien sûr, celles ou ceux qui la programmeront ne se salirons pas les mains, mais trouveront une main experte en la personne d’un « extrémiste de droite ».
Mais n’oubliez jamais que l’assassin de Jaurès a été acquitté.
Quant à celles et à ceux qui trouvent que j’exagère, je répondrai avec Bukowski (je crois) : « le paranoïaque, c’est celui qui a tout compris.
[1] Edouard Philippe n’aura pas besoin.
[2] Commentaires sur la société du spectacle (1988). Debord continue : « Le faux sans réplique a achevé de faire disparaître l’opinion publique, qui d’abord s’était trouvée incapable de se faire entendre ; puis, très vite par la suite, de seulement se former. Cela entraîne évidemment d’importantes conséquences dans la politique, les sciences appliquées, la justice, la connaissance artistique. »
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