Féminisme : ‘Torches of freedom or not’ ?
Certains proposent d’ajouter ‘Laïcité et Féminisme’ à la devise de la République Française ‘Liberté, Égalité, Fraternité’. Pourquoi pas, même si des valeurs intangibles et universelles sont mélangées avec une modalité de fonctionnement et une proposition concernant une seule moitié de la population. Mais comment les nouveaux sacrés se forment-ils ?
Edward Bernays, né à Vienne (Autriche) en 1891 et mort à Cambridge (Massachusetts) en 1995, est un publicitaire austro-américain. Il est le neveu de S. Freud, ce qui se révélera important. L’ 'American Tobacco Company’, lui confie l'objectif d'augmenter les ventes des cigarettes Lucky Strike chez les femmes. La stratégie qu’il adopta consista à persuader les femmes de fumer afin de garder des formes appétissantes plutôt que de manger au risque de surpoids ou d’obésité. L'idéal de minceur fut promu grâce aux milieux artistiques et aux journaux. Cette première campagne réussit : les femmes se mirent à fumer davantage et l' ‘American Tobacco Company’ augmenta ses profits. En 1929, une nouvelle étape fut franchie lorsque le président de l’American Tobacco Co., décida de s’attaquer au tabou qui interdisait à une femme de fumer en public. Un psychanalyste expliqua à Bernays que la cigarette est un symbole phallique représentant le pouvoir du mâle, une manifestation de sa domination. Une infime fraction des femmes appartenant presque exclusivement au monde bourgeois fume au début du XXe siècle. Il fallait que la masse s’identifie avec cette ‘élite’. Un groupe de jeunes femmes participant à une parade très célèbre avait caché des cigarettes sous leurs vêtements et après un signal, elles les allumèrent devant des journalistes et des photographes prévenus à l’avance. L’événement reçut un écho considérable. Les jeunes femmes expliquèrent qu’elles se battaient pour pouvoir fumer certes mais surtout pour revendiquer leur liberté par rapport à la tutelle des hommes. Elles agissaient comme des « flambeaux de la liberté » (torches of freedom). Bernays avait réussi à donner aux cigarettes l'image d'un objet subversif permettant la libération de la femme.
E. Bernays s’illustra ensuite dans le domaine politique jusqu’à être considéré comme un des hommes les plus importants du XXe siècle. Il conseilla en particulier la multinationale ‘United Fruit Company' et le gouvernement des États-Unis pour faciliter le renversement du président du Guatemala en le présentant comme un communiste. Edward Bernays est maintenant considéré comme le père de la propagande moderne et de la manipulation de l'opinion. Son assise politique et philosophique est connue. Il considère qu'une ‘minorité intelligente’ doit avoir le pouvoir au sein des démocraties et que les masses populaires doivent être modelées pour accepter ce pouvoir voire le désirer. Pour façonner l’opinion, il faut s’adresser aux pulsions inconscientes des foules qui ne doivent pas être considérées comme pensantes. Joseph Goebbels s'inspira de ses recherches pour donner les résultats que l’on connaît.
Que les gouvernants veuillent asseoir leur pouvoir par le biais de la propagande, qui peut être renommée conseil en communication, pourquoi pas ! Que la méthode la plus efficace pour ce faire est de tabler sur une valeur hautement symbolique, la Liberté, l’Égalité, pourquoi pas ! Le problème se produit lorsque les élans pulsionnels animés par une sorte de transcendance cache de tout autre desseins que le bien commun, ce qu’illustra Bernays.
La main mise du féminisme sur l’ensemble des pensées modernes ne peut pas être niée. S’agit-il uniquement d’une libération de la femme ou d’autres ressorts peuvent-ils être trouvés ? Considérons par exemple l’Interruption Volontaire de Grossesse (IVG) et la contraception présentées comme des conquêtes essentielles du droit des femmes.
1956 Le Planning familial se créé, il a pour objectif l’éducation sexuelle, la lutte pour le droit à la contraception et à l’avortement.
1967 La loi Neuwirth autorise la contraception.
1973 Création du Mouvement pour la liberté de l’avortement et de la contraception.
1975 Promulgation de la loi autorisant l’interruption volontaire de grossesse (IVG) adoptée pour une période de 5 ans.
1979 Loi sur l’IVG supprimant notamment certaines entraves à la réalisation de l’IVG dont l’accord du médecin.
1981 Remboursement à 75% de l’IVG.
1982 Remboursement de l’avortement par la Sécurité sociale dès septembre 1982.
1993 Promulgation de la loi qui crée un délit d’entrave à l’IVG et supprime la pénalisation de l’auto-avortement.
2001 La loi fait passer le délai légal de recours à l’IVG de 10 à 12 semaines.
2006 Publication du rapport du Haut Conseil de la population et de la famille, qui préconise une contraception gratuite et anonyme pour les mineures.
2013 Un décret établit le remboursement à 100% de l'IVG ainsi que la gratuité des contraceptifs médicaux pour les mineures âgées de plus de 15 ans.
2016 La loi de modernisation supprime le délai minimal de réflexion d’une semaine pour l’IVG.
2017 Loi qui étend le délit d’entrave à l’IVG. Elle punit de deux ans d’emprisonnement et de 30 000 euros d’amende le fait d’empêcher ou de tenter d’empêcher de pratiquer ou de s’informer sur une interruption volontaire de grossesse.
2020. Un décret étend la gratuité de la contraception aux filles de moins de 15 ans.
. Dans le cadre de la loi bioéthique adoptée par l’assemblée, un amendement ajoute aux motifs autorisant une interruption médicale de grossesse jusqu’au 9e mois la ‘détresse psychosociale.’
Au niveau de la société quels sont les résultats de la politique menée ?
Le nombre moyen d'IVG par femme est de l’ordre de 0,55. Chaque année il y a plus de 230 000 interruptions volontaires de grossesse pour 750 000 naissances (environ une IVG pour quatre naissances). Dans le même temps, le nombre de mères célibataires en France a pratiquement doublé en 30 ans atteignant maintenant 1,5 million de femmes. Les femmes sont-elles plus libres ou acceptent-elles d’autres contraintes ? Il n’y a pas lieu de trancher, ‘juger, c’est ne pas comprendre’.
Ce qui est certain c’est que femmes d’aujourd’hui peuvent servir de ‘torches of freedom’ comme leurs parentes. Les causes les plus nobles peuvent être utilisées pour toutes sortes de desseins lorsque ‘ceux qui sont quelque chose’, beaucoup plus roués qu’on ne le croie, s’en emparent.
Pour saisir les façons de penser de la caste dirigeante, il est nécessaire de se débarrasser de tout brouillage émotif nerf du comportement de la plupart des individus.
Indépendamment de toute idéologie, la structure sociétale idéale est celle qui donne lieu à la plus grande puissance, la plus grande force. L’organisation militaire, où les contraintes hiérarchiques sont bien délimitées et incontournables, constitue à l’évidence le modèle à obtenir. L’obéissance requise peut s’obtenir soit par une coercition de tous les instants comme dans les dictatures, soit par la propagande (plus communément appelée persuasion ou communication) dans les démocraties. La promotion de tous les instants du féminisme par les autorités (indépendamment de son bien fondé ou non) doit donc tendre à un renforcement des obéissances aux consignes données par la classe dominante.
La remise en cause de tout lien entre les individus assujettis est dans ce cadre indispensable. La famille est un de ces liens, les syndicats, les partis politiques, les cercles de pensée en sont d’autres. L’autorité bien comprise implique une confiance en quelqu’un censé être en possession d’un savoir ou d’une sagesse qu’on n’a pas. La seule qui doive subsister est celle la camarilla, de l’oligarchie, des princes autoproclamés qui guident le monde, toutes les autres doivent être détruites. Le féminisme permet cette destruction, elle ouvre des traitements privilégiés aux minorités ethniques, religieuses, sexuelles… indépendamment de la compétence ou d’une quelconque référence à un tissu républicain.
L’ère numérique qui s’installe permet un encore plus grand individualisme qui est pensé comme nécessaire à l’obtention d’une obéissance groupale à l’échelle de la planète cette fois. Au sein des réseaux, le faux, le vrai, deviennent des notions obsolètes pour laisser place uniquement à ce qui est cru. L’apparence suffit pour trancher sur tous les problèmes. Pour que cette apparence soit conforme à ce que souhaite l’élite, qui ne souhaite qu’une chose garder son statut social, la puissance des algorithmes est à leur disposition.
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