Festival d’Avignon : la sortie théâtrale d’Olivier Py
Trop petit en 68 pour avoir été de ceux qui conspuèrent Jean-Louis Barrault et Jean Vilar pour leur théâtre 'bourgeois', Olivier Py, à peine* arrivé à la tête du festival d'Avignon, rejoint l'étroitesse d'esprit des manifestants d'alors, avec un procès d'intention à l'égard de la possible future mairie, et une méconnaissance de l'art (vraiment) dramatique : si le Front national passe, le théâtre trépasse.
Directeur ou propriétaire ?
En d'autres termes, si dimanche le PS ne gagne pas, "le Festival devra déménager" - à défaut, son actuel taulier : option plus raisonnable, voire peut-être salutaire, après quarante ans de désertion des grandes scènes par le grand public, et leur appropriation par quelques 'chercheurs' mégalomanes.
Se la jouer, une vocation
Auteur-acteur d'une trentaine de pièces chaleureusement accueillies par la presse autorisée, mais dont pas le moindre titre n'évoque quoi que ce soit aux non-initiés, le valeureux locataire du palais des Papes, par cette menace médiatisée à outrance, dit ce qu'est à ses yeux le théâtre dans ses deux acceptions : une tribune, et non le pays magique où le vrai n'est pas le réel (pour paraphraser Victor Hugo).
A cette erreur factuelle, partagée par les deux dernières générations d'auteurs et de metteurs en scène, et qui fait que les acteurs populaires (Michel Bouquet, Adjani, Belmondo, Huppert...) depuis longtemps ne se risquent plus sur scène que pour servir Molière, Strindberg, Tchékhov, Rostand ou Marivaux, s'ajoute en l'occurrence une erreur tactique : si la censure s'exerce en Avignon, ce qui est peu probable, quelle levée de boucliers en perspective contre les récents élus ! Quel inespéré désaveu ! On pourrait alors évoquer à bon escient l'opportunité de ce 'front républicain' dont les sectaires se gargarisent.
Les âges d'or du théâtre n'ont pas précisément collé à ceux du socialisme, en France ou ailleurs. Mais, en période peu héroïque, il importe à l'ego de s'inventer des ennemis à la hauteur de sa hâte d'en découdre, ou de dorer son image. Dans le cas présent, si le festival change de décor (pour Trappes ?), Py et sa troupe pourront en rejeter la responsabilité sur les "ennemis de l'art en mouvement".
*Depuis 2013
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