Fête nationale belge : Soleil, vieux avions et beaux discours
Rituel immuable, la fête nationale belge a pris ses quartiers dans celui du palais royal, qui est aussi celui du Parlement. Le politique n’est jamais loin de la couronne… Avec l’OTAN en invité vedette, on a vécu un scénario sans grandes surprises.

Immuable le rituel, certes, puisqu’au traditionnel Te Deum célébré dans la cathédrale en présence des représentants protocolaires du pays - rappelons que les Parlementaires arrivent au 70e rang de l’ordre protocolaire - a succédé le défilé militaire, cérémonial d’un autre âge célébrant dans la liesse les symboles de la mort et du fric immoral. Immuable toujours, le discours royal prononcé la veille au soir, égrenant les vœux pieux et les messages subliminaux sur un ton ultra policé, que l’on s’empresse de décoder alors que le Roi (avec l’héritier Philippe sur la photo) ne dispose d’aucun pouvoir politique, ou presque.
Quatre anniversaires moyennement émouvants
Pourtant, on a pu constater quelques changements cosmétiques dans l’ordonnancement des festivités officielles. D’abord, il ne pleuvait pas. Ensuite, la Belgique a profité de l’occasion pour commémorer le 60e anniversaire de l’OTAN, dont le siège se trouve à Bruxelles. Les 28 pays membres ont donc eu l’honneur de fouler les pavés séculaires de la place des Palais.
Un discours royal très audacieux
Dans son traditionnel discours, le roi Albert II a fait dans le consensuel. Compte tenu de la loi du genre, d’aucuns jugeront ses propos audacieux ; n’a-t-il pas appelé à plus d’éthique dans la finance et l’économie ? Il a notamment demandé que l’on établisse des normes en matière de rémunération des dirigeants d’entreprises. Stigmatisant la recherche folle du profit à court terme, il a, sur ce sujet, conclu que : « La finance doit être au service de l’économie et celle-ci au service de l’homme ». Et de nous inciter à nous interroger sur « le caractère de plus en plus matérialiste de nos sociétés et sur la nécessité d’accorder plus de place aux valeurs familiales, à celles de la convivialité, de la solidarité et du respect de l’autre. » Que de hardiesse !
En avant pour la réforme de l’Etat
Le Roi, qui est le chef de l’Etat même si ce titre n’est (officiellement) qu’honorifique, a également souligné la « nécessité d’adapter les structures institutionnelles du pays ». Il a plaidé pour une réforme de l’Etat qui accorde plus de « responsabilités » aux entités fédérées (de quoi satisfaire les Flamands), tout en renforçant une indispensable solidarité et un pouvoir fédéral efficace (de quoi complaire aux Francophones) doté des moyens nécessaires « dans les domaines qui restent les siens ». Reste à savoir où l’on ira chercher ces "moyens". Enfin, Albert II, qui a bien lu les sondages sur les préoccupations des Belges lors des dernières élections, ainsi que les récentes déclarations gouvernementales, a encouragé les entités fédérées à promouvoir un enseignement et une politique de formation professionnelle de qualité, adaptés aux moteurs économiques de demain – avec un accent tout particulier sur les technologies environnementales. Comme disait Jacques Ellul : vite, de nouvelles techniques pour résoudre les problèmes posés par la technique !
Les différents pouvoirs politiques du pays peuvent à présent partir en vacances rassérénés, confortés par cet « imprimatur » royal de l’ensemble des chantiers déjà en cours. Qu’en restera-t-il en septembre ?
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