Feu la télé de Madame (2)
Envahisante, intrusive, harcelante, la télévision occupe de nos jours une très grande place dans la vie des citoyens. Dans le second volet de cette étude, nous essayerons d’analyser le phénomène « télévision » dans ses modes d’expression. Si la télé est devenue la « machine à décerveler » (décérébrer, lobotomiser) du père Ubu, elle est aussi devenue le principal organe de propagande des clowns de la politique de notre glorieuse République, avec leur langage et leurs règles propres et ce, à la gloire du pouvoir en place.
L'effet hypnotique de la télé n'est plus à prouver. D'ailleurs les écrans émettent des ondes alpha, qui sont des ondes d'endormissement. Une manne pour le pouvoir en place qui endort ainsi les consciences et l'esprit critique d'une population plus facile ainsi à manipuler.
(A cause de la longueur de l'article, celui-ci a été scindé trois volets)
« On ne peut pas dire la vérité à la télé. Il y a trop de monde qui regarde. » Coluche
Nous terminons le premier volet par le politiquement correct. Si « le philosophe est le gardien de l’être », le journaliste, lui, est le gardien du politiquement correct, mode de pensée mi-religion mi-idéologie à la mode chez les bi-neuneuronaux, qui n’élèvent pas la voix plus haut que les idées. Et l’on ne compte pas les « stigmatisations » (1) si quelqu’un déroge aux fameux politiquement correct, comme Zemmour, évoqué dans le premier volet, condamné sur toutes les chaînes pour ce qu’il a dit sur l’islamisme. Une marque de m*rde chocolatée, Lunetta, et d’autres marques à la suite, ont même décidé de retirer leurs publicités avant l’émission de Zemmour sur C8 — ce qui constitue une véritable condamnation au silence. D’une part, on ne voit pas le rapport entre Lunetta et l’islamisme, ce doit être un effet pervers du politiquement correct, sans doute dû à une diffraction ; Lunetta utilise de mauvaises lunettes. A moins que ce ne soit une manifestation de l’habituelle paranoïa victimaire, très à la mode pour s’attaquer à quiconque n’est pas en accord avec la doxa mondialiste bien-pensante.
Le politiquement correct est sur le plan linguistique entretenu par ce qu’on appelle les « éléments de langage » ou ensemble de formules toutes faites, creuses et évasives, ensemble de mots-clés que tous répètent à l’envi, et qui s’apparentent à la langue de bois. Ces éléments de langage sont caractéristiques de la fameuse « communication » (= propagande) dont les hommes politiques et les manitous du marketing se gargarisent chaque matin devant leur miroir avant d’aller travailler, et que les journalistes recrachent avec eux.
Corollaire du « politiquement correct » (= idéologie dominante) : il ne faut surtout pas pratiquer d’ « amalgame » (2), c’est-à-dire étendre à toute une partie de la population française des conduites d’individus prétendument isolés qui sont, soit des déséquilibrés mentaux (en ce cas-là, il faudrait convertir certaines mosquées en asiles psychiatriques), soit des victimes de la société occidentale. En tout cas, on assiste là à une grande et formidable leçon de démocratie, où on intime le droit de ne pas dire son opinion. Bref, le journalisme et la télé sont le royaume de ceux que nous appelerons les « bobos », une race de néo-crétins bien-pensants ou mieux-pensants, prétendument de gauche — cette gauche où se situe leur porte-feuille, mais non point leur cœur.
Conclusion : L’info importe peu, il faut faire de l’audimat, occuper à tout prix l’espace médiatique en instituant une pensée unique. Et ne le répétez surtout pas : il n’y a pas d’info à la french Tivi (y en a-t-il jamais eu ?), qui est une entreprise de désinformation et de manipulation. Pour l’information, il reste quelques journaux papier ou « canards » qui boitillent encore, il y a internet et des sites de « ré-information », encore qu’il faille se méfier des infox (fake news en frangliche). Mais la pluralité fait partie de la véritable info. Au citoyen de faire le tri, d’exercer son esprit critique — s’il lui en reste après le lavage télévisuel de cerveau à la lessive Bobo, qui lave plus blanc (plus blanc ! encore du racisme ?).
Après le contenu des jités, nous allons examiner maintenant la façon dont ce contenu est livré aux téléspectateurs : langue employée et conditions matérielles de transmission.
La langue que les journalistes emploient est censée être le français, mais on a peine à reconnaître notre belle langue sous l’avalanche de barbarismes, de solécismes, d’anglicismes dont ils abreuvent nos tympans meurtris. Et les anglicismes sont tellement nombreux que le français est désormais une langue américanisée et la french Tivi est devenue un véritable cheval de Troie des Anglo-Américains. C’est un des aspects de leur soft power. Beaucoup de titres d’émissions sont d’ailleurs en anglais : Good morning Business, Morning Glory, Tonight Brousse Infos, Cash investigation, RMC Story, Top clips, Top Stars, etc. On se rappelle du fameux The Voice, titre d'émission contre lequel Bernard Pivot avait protesté. D’ailleurs, un certain nombre de journalistes (Jean-Marie. Colombani, Christine Ockrent, Laurent Joffrin [de son vrai nom Laurent Mouchard], Emmanuel Chain) sont des young leaders ou « jeunes dirigeants », une secte franco-américaine recrutant ses membres dans l’oligarchie, et véritable vivier de traîtres à la patrie. D’ailleurs le mot « patrie » ne signifie rien pour eux : il n’y a plus ni pères ni patrie.
Les journalistes emploient très souvent des mots ou expressions dans des sens qui ne sont pas les leurs. C’est en particulier le cas des « anglicismes rampants », c’est-à-dire l’adoption de mots ou d’expressions anglais, venus du français, et adoptés tels quels en retour sans leur traduction exacte : opportunité (occasion), en termes de (en matière de), en charge de (chargé de, responsable de), poster (publier, diffuser), vol domestique (vol intérieur), abus sexuel (attentat sexuel, viol), sans oublier l'omniprésent verbe contrôler qui, en français, veut simplement dire vérifier, et qui a pris les sens anglo-américains de : maîtriser, occuper, diriger, avoir en main, commander, dominer, s'emparer de, chapeauter, etc. etc. etc. Ces anglicismes rampants ne sont pas exactement des « faux-amis », et l’on en compte non pas des dizaines, mais des centaines. Les journalistes parlent le français moderne, ou néo-français. Comment reconnaître le néo-français ? C’est très simple : la moitié des mots est en anglais et en anglicismes rampants, l’autre moitié est en charabia.
Quelques exemples : dans le français parlé par les journalistes, 1. les o sont presque systématiquement ouverts : gauche prononcé gɔche au lieu de gauche ; faute prononcé fɔte comme dans photo ; rôle prononcé comme role ; vôtre prononcé comme votre, etc. 2. prononciation à l’anglaise de noms français ou non-anglais : Éric Woerth (weurss au lieu de weurt [il est Français]), Conchita Wurst (weurst, au lieu de vourst [il/elle est Autrichien/ne], Donald Tusk (teusk au lieu de tousk [il est Polonais]. Quand on ne connaît pas la prononciation d’un mot, on se renseigne. 3. Les hiatus et les mauvaises liaisons abondent : le orange ; Elle a été victime d’harcèlement. 4. Les géminées (m-m t-t l-l), qui n’existent phonétiquement pas en français, sont souvent prononcées lourdemment : le som-met européen, une solution intel-ligente, il est at-tentif. 5. Le complément du superlatif est introduit le plus souvent avec la préposition ‘au’ au lieu de ‘de’ : la plus belle femme au monde. 6. L’adjectif ‘possible’ est la plupart du temps antéposé : de possibles connivences avec les milieux de la drogue. 7. Suspicion et suspecter sont systématiquement employés au lieu de soupçon, soupçonner. 8. Les mots ou expressions ‘aucun’, ‘aucune’, ‘sans’, ‘pas de’ sont systématiquement remplacés par 0 (zéro) (la pub utilise aussi ce procédé venu des Zétazunis : 0 alcool durant la grossesse. Et si l’on prend ¼ alcool, voire ½ ?).
Et ceteri et cetera. De très nombreux exemples sont donnés dans le site de l’auteur, consacré aux curiosités du néo-français.
Les accents toniques. Dans la série Le français tel qu’on le parle à la télé, les journalistes non seulement abusent d’anglicismes, mais encore ils n’hésitent pas à déformer le français parlé en mettant un accent tonique sur la première syllabe d’un mot : Il y en a des DIzaines de milliers en France ; INformer, ce n’est pas DÉformer ; Si aucun accord n’est trouvé avec les EUropéens... Dans les mots plurisyllabiques, il s’agit de ce qu’on appelle l’accent d’emphase. Imitation de l’anglais où beaucoup de mots sont accentués sur la première syllabe ? Ou procédé des bateleurs de foire, vantant leurs poëles à frire et leurs casseroles ? On entend même cet accent sur une particule antéposée (article, préposition, adjectif, adverbe…) : Un ciel nuageux va dominer EN matinée ; On attend D’UN instant à l'autre LA décision du tribunal. TOUS les acteurs sont là. Nous allons AU musée du Louvre retrouver EN direct l’exposition Léonard de Vinci.. Rappelons qu’en français il n’y a pas d’accent tonique — surtout pas sur une particule antéposée —, l’accent se pose faiblement sur la dernière syllabe sonore. Déplacer systématiquement l’accent constitue une faute de français, au même titre qu’un barbarisme. On entend souvent même des « déhanchements phonétiques », c’est-à-dire que le journaliste professionnel parle normalement, fait soudain une pause et poursuit en appuyant généralement sur le premier mot du reste de la phrase, comme s’il venait de reprendre son souffle : la ville est toujours en vigilance __ orange. Ou bien le journaliste appuie fortement sur une particule antéposée, fait une pause, et enchaîne sur le ou les mot(s) suivant(s) : Vous pourrez partir EN __ vacances ; Sur BFM-Télé, vous allez retrouvrer LES __ Grandes Gueules. On attend le pic EN __ Vendée cet après-midi. Cette façon de parler est totalement artificielle et c’est horripilant.
A signaler encore un défaut agaçant, à savoir les finales chuintées par certains présentateurs : aujourd’huichch. Enfin, certains présentateurs ou animateurs accompagnent leurs paroles de grands gestes, leurs mains et leurs bras s’agitent dans tous les sens comme pour illustrer ou souligner leurs propos, espérant ainsi leur donner plus de force afin de capter leur auditoire. C’étaient des moulins à paroles, les voilà devenus des moulins à vent. D’ailleurs, ils ne brassent que du vent.
(la suite au prochain numéro)
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Notes
(1) le mot stigmatisation vient de « stigmates », du grec στίγμα (stigma) : piqûre, puis marque au fer rouge qu'on appliquait aux esclaves ; c’était donc une marque d’infamie. Par la suite, le mot stigmates désigna les blessures infligées à Jésus quand il était sur la croix. Ce mot appartient donc au vocabulaire religieux. Le sens moderne rejoint l’acception originelle : marque d'infamie.
(2) Mot, rappelons-le, dérivé de l’alchimie, venant de l’arabe [ʿamal al-jamāʿa] : union charnelle, coït. Encore une histoire de Q ?
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