Fillon et Pénélope, au château de Sablé, dix ans après : En pensant à « Bouvard et Pécuchet »
Bien des années plus tard après ce qu’on nomma le Pénélopegate, et d’autres « un coup d’état institutionnel », nous sommes revenus à Sablé voir comment le couple a su rebondir. Pas si mal au fond, quand on considère à quelle profondeur ils avaient plongé…. Bref retour en arrière :
Qui ne se rappelle pas des élections présidentielles 2017 ?…. Bien que cela soit loin, et que des événements autrement importants se soient produits depuis…. Mais le climat déjà était inédit... Rappelez-vous du meeting du Trocadéro, du baroud d'honneur de François Fillon, avec les derniers grognards républicains, faisant une haie d’honneur à leur empereur, avant que celui ci ne s’exile, surjouant un peu les adieux, comme dans un tableau du peintre David !…
Oh, pas bien loin !….Juste dans leur castel de la Sarthe !. Après avoir louché sur les habits et la rectitude morale du général, Fillon cru bon à l’époque de s’identifier quelques jours à Napoléon, dans sa valse des costumes et des contradictions, comme dans le film "Zelig". Il singea pour finir le Bonaparte du 18 Brumaire, dans une folle course en avant. On l’avait retenu ! Il aurait voulu s’affranchir du Trocadero, trop étroit, monter sur la pyramide du Louvre…. « Soldats ! Du haut de cette pyramide quarante siècles vous contemplent !"..., etc, etc....
C'est peut-être un détail pour vous. Mais pour lui, ça voulait dire beaucoup. Ça voulait dire qu'il était libre ! Heureux d'être là malgré tout !.....Même s’il reconnaissait maintenant des erreurs du bout des lèvres, "à l'insu de son propre gré", il n’avait jamais renoncé à faire des emprunts et du copié-collé en rapport aux personnages historiques, quitte à se mettre en danger !..
« Ne pas se laisser abattre ! » François était une combattant, un crispé, un gars qui ne lâchait jamais, surtout la cassette des primaires qu'il s'était autoproclamé propriétaire historique et indiscutable ! Il aurait voulu au moins ajouter du superbe à son départ, qu'on le monte dans un navire en partance pour l’ile d’Elbe, avec un quarteron de fidèles dévoués à sa cause.
C’est là qu’il aurait préparé son retour, cent jours qui l’auraient mené au pouvoir après une marche triomphale sur Paris. Mais les juges ne l’entendaient pas ainsi. Encore moins les anciens copains, qui le poussèrent gentiment de la tribune, après « avoir évalué la situation »… Un euphémisme en forme de coup de pied au cul.
Ils lui souhaitèrent bonne retraite au château, se cotisant même pour lui offrir une chaise longue, et des mitaines en cuir estampillées « Michael Schumacher » pour conduire sa vieille Peugeot.
Ces gens là n’avaient aucune grandeur. Rien que des faquins !...Pénélope, qui avait été victime d’un complot sexiste, certains lui reprochant de ne pas avoir fait de marmelade, selon François, était là pour l’assister en ces tristes temps de déconfitures. C’en était fini pour quelques temps au moins de la politique.
Un moment il se plut à recevoir quelques disciples dans une salle froide du château. Ils le regardaient avec des yeux de fidèles ébahis. Ils le voyaient comme un roi thaumaturge, capable de soulager les plaies, le chômage, par simple imposition des mains.
Une nouvelle Jeanne d’Arc vint le voir. C'était la rançon de ces temps incertains de voir des âmes faibles se chercher des maîtres parmi tous ceux qui avaient des certitudes, et même les idiots du village rencontraient un beau succés dès qu'ils élevaient la voix. Dieu lui était apparu à elle aussi, et elle se disait prête à mettre heaume et habit d’homme pour représenter ses couleurs, et l’amener sur le trône. Mais il avait toujours été opposé aux transgenres, et ces histoires de mariage pour tous ne relevaient pas de sa conception du couple. « Retournez à vos fourneaux, lui dit-il. Je vous ai assez entendue ! »
Il savait bien qu’il devait se mettre à l’écart du monde, pour mieux revenir un jour. Il se consolait en pensant à tous ceux qui avaient eu leur traversée du désert : De Gaulle en Angleterre par exemple...Il évitait de penser au maréchal Pétain à l’ile de Noirmoutier…Comment s’occuper, quand on n’est plus candidat ?
Sa première idée fut d’écrire ses mémoires, semblablement encore au général. Il se sentit inspiré. Il fallait battre le fer quand il était chaud !. Et surtout mettre les choses au clair, ! C’est à dire sauver son honneur, et celui de sa famille ! . Le personnage de Montaigne l’avait influencé dans cette entreprise, version magazine de bon goût, genre « Maison chic », et « Marie-Claire »,…
Les locaux où le grand homme avait écrit ses essais avaient belle allure..Il aménagea donc lui aussi un pigeonnier, comme cet ancien maire de Bordeaux l’avait fait en son temps. Cela l’occupa les derniers mois de l’été, quand la rumeur de la présidentielle s’était éloignée …..Montaigne...Rien à voir bien sûr avec ce fielleux félon de Juppé, ce traître opportuniste, qui avait occupé lui aussi ces charges de maire dans la même ville !
Une table et un fauteuil furent montés là haut et installés face à un mur, contigu à une large bibliothèque, où Pénélope installa les œuvres de Shakespeare. Il convoqua l’inspiration sur le champ, comme un attaché parlementaire payé à la tâche, après avoir aiguisé ses crayons. Le silence lui pesa un peu.
Il relut les maximes de Montaigne tant elle lui plaisaient : « Il s’agit de mettre son âme et sa vie à nu : Je veux qu’on m’y voie en ma façon simple, naturelle et ordinaire, sans contention ni artifice : car c’est moi que je peins. Mes défauts s’y liront au vif. »
Sur ce dernier point, il divergeait. Lui ne tenait à montrer que ses qualités. Il y avait bien assez de gens pour souligner ses maigres défauts. Un stylo à la main, il se laissa aller à des essais, les biffa, les envoyant rageusement à la corbeille.
Penny crut bon de lui donner quelques conseils, en rapport avec son ex boulot d’attaché. Elle surgissait ainsi de derrière les tentures. Il la laissa jouer du stylo rouge, comme une gouvernante anglaise, et préféra se taire, en fronçant les sourcils, quand elle confondait effets de style et fautes d’orthographe. C’était ainsi qu’il obtenait la paix familiale. C’était assez des ennemis de l’autre coté des murs en pierres du château, sans en ajouter de l’intérieur.
Il avait beau faire, tourner les phrases comme il pouvait, il voyait bien que les moqueurs auraient tôt fait de dénoncer ces demies vérités, ces gros mensonges, et les oublis derrière lesquels il tentait de se donner une posture… Toute référence explicite au général De Gaulle lui était maintenant interdite ! Et il ne pouvait même plus incarner les belles valeurs d’honnêteté, de la probité et de morale, qui lui allaient naguère comme un costume de curé un jour de mardi gras….
C’était comme si on avait volé le stradivarius à un musicien de concert, pour l’obliger dorénavant à jouer avec un crincrin... …..Lui qui savait si bien mentir, et utiliser tant d’artifices, il se trouva fort mal à l’aise avec la vérité nue !
Le pigeonnier fut abandonné. Voilà qu’il s’était trouvé une autre marotte. Le présent, trop décevant, ne l’intéressait plus. Il s’était mis à la généalogie, persuadé de pouvoir trouver dans les secrets du passé, une explication à sa noblesse naturelle. Ce devait sans doute être à la révolution que les manants volèrent à la famille De Fillon sa particule.
Il se lança dans de grandes recherches, explorant les registres de mairie de Sablé et des ses environs. Il voulait restaurer les armoiries en son nom, au dessus de la grande porte du château, et prouver au vulgaire combien il était issu de noble extraction. Ce fut dans un premier temps décevant. Du coté paternel, ce n’était que d’humbles et modestes gens de labeur, maçons, sabotiers…
Il n’aurait pas manqué qu’il trouve une famille de rétameurs, s’occupant à forger casseroles et couverts toute la sainte journée ….Les échotiers se seraient encore déchaînés. Mieux valait oublier cette vile branche et passer à la page suivante.
Un cabinet de généalogiste opérant en bande organisée trouva de plus sérieuses références, du coté de l’arrière grand-mère maternelle. ( GénéInfos : La généalogie de François Fillon ) http://bit.ly/2lOx3a6 Ils lui garantirent qu’il tenait d’un écuyer du roi. Autrement dit de la famille royale. C’était là en descendance lointaine de Charlemagne assurément une bonne affaire !
A vrai dire, il n’en attendait pas moins, et aurait été déçu de n’être que descendant du chevalier Roland…. Mauvaise pioche : Cette aïeule, surprise du destin semblait appartenir aussi à la même branche que le sieur Dominique de Villepin.
On n’est jamais mieux trahi que par les siens ! Murmura François. Villepin avait été en effet un de ceux qui l’avait jeté sans vergogne aux chiens ! http://bit.ly/2mHTQZn  ;
Plus intéressant, les Fillon, lui avait on assuré, seraient en bien de demander des milliards de dédommagement en rapport avec ce qu’il faut bien appeler déjà une infamie historique. http://bit.ly/2lODKsE (L'héritage colossal de François Fillon | Le Club de Mediapart)
Mais les chances de retrouver ses fonds, après enquête, lui parurent bien minces. Il y avait autant de filous que de Fillon dans ce pays, et le nombre de prétendants à cette bonne fortune de quelques milliards d’euros était aussi astronomique qu’une chaîne de Ponzi alimentant les chimères de pauvres gogos !
C’était à vous dégoutter de la généalogie ! Il n’y avait rien à tirer de cette science insipide ! D’ailleurs il y avait là dans l’arbre des ancêtres d’autres noms, très sulfureux, qui auraient fait rire les méchantes langues, si d’aventure il leur était tombé dans les mains.
Ainsi cette « Jeanne Fumée », et cette autre « Jeanne Coquine. ». (génération 16 et 18) dont on unirait fatalement les qualificatifs pour dire, une fois de plus qu il n’y avait pas de fumée sans feu !...Le canard en attrapera le hoquet !
Il retourna un temps à l’oisiveté, se passionna un peu pour les mots croisés du journal ….Une définition malheureuse, où il fallait trouver un nom en six lettres en rapport avec un « politicien français ayant abusé des finances publiques » le brouilla avec la science cruciverbiste, et lui fit résilié son abonnement.
Beaucoup de mauvaises langues affirmèrent que toute son agitation stérile tenait du même comportement désordonné que l’on trouvait chez « Bouvard et Pécuchet » ce magnifique roman de Gustave Flaubert. : Deux vieux rentiers, qui brassaient tout et ne retenaient rien.
Ce fut « les 24 heures du Mans » qui l’agitèrent un moment, quand revint le mois de Juin. Tout son goût pour la compétition sportive avait été ranimé par le bruit des puissants moteurs sur la grille de départ. Il pensa un moment se lancer ainsi dans une carrière de pilote d’endurance. Le sport automobile avec ses têtes à queue et ses queues de poisson avait beaucoup à voir en effet avec l’arène du monde politique.
Fidèle à sa légende, il serait celui qui ne décroche jamais, toujours au volant même quand la voiture serait renversé sur le toit.. Mais désormais il aurait un casque sur la tête pour le protéger des mauvais coups.
Mais las,….Les puissants industriels qui l lui prêtaient auparavant des Ferrari faisaient maintenant la sourde oreille. Et s’acheter une voiture de ce type aurait ruiné ses finances ! C’est que l’homme était un peu pingre. Un défaut qu’il avait camouflé pendant longtemps ! C’est que la prodigalité des autres lui permettaient d’avoir grande vie, sans solliciter son porte monnaie, qu’il n’ouvrait qu’à l’office, le dimanche pour se débarrasser des ses pièces jaunes dans la corbeille de la quête, depuis que Bernadette Chirac ne lui faisait plus les poches.
Mais maintenant qu’il devait faire le plein d’essence, comme un citoyen lambda, il se surprenait à considérer qu’un boulot d’attaché parlementaire lui aurait bien arrondi ses fins de mois. Après tout, faire une note de lecture ou deux sur dix ou quinze ans ne devait pas bien être compliqué.
Justement il venait de lire « Touche pas au grisbi ! » avec grande jubilation, pensant jusqu’aux dernières pages, que c’était là un livre sur les mœurs politiques qu’il connaissait si bien. Il avait fallu que les pandores passent les menottes aux mafieux, pour qu’ils se rendit compte de son erreur. Ces choses là ne se faisaient pas dans le monde ouaté des chambres politiques.
Mais Pénélope ne voulait rien entendre. « It was my job ! » Soutenait-elle, très en colère...Même s’il était avéré qu’elle n’avait rien de produit de concret, avec le temps elle avait fini par se convaincre qu’elle avait réellement tenu un emploi, !..En fait qu’avait elle gagné ? Bien peu de choses, à peine un million d’euros si l’on déduisait les frais de bouche.…
Elle en revenait souvent à cette triste affaire, surtout les jours de pluie, quand les gouttes tambourinaient contre les vitres du château... Des fourbes avaient été à l’œuvre, écrivant missives sur missives à ce vilain canard.. Elle avait été effaré de voir son saint nom de Pénélope traîner dans la boue, comme celui d’une gourde qu’on abuse, qu’on force à faire des confitures.
Il y avait là quelque chose de profondément shocking ! Bien sûr Shakespeare qu’elle adorait l’avait préparée aux facéties du destin et aux retours de fortune ! Mais parfois en son fort intérieur, elle se demandait elle aussi si elle n’aurait pas laissé son royaume pour un cheval !
Surtout si celui ci avait traîné une carriole chargé de bons lingots d’or vers la suisse !
Peut-être bien y avait il quelque chose de pourri au domaine de Sablé ! Voilà le fond de sa pensée, alors qu’elle marchait des heures et des heures dans la campagne avec ses chiens, semblablement à Jeanne Eyre, ou à Jeanne Birkin sans son Serge…
Son husband était devenu irritable. L’été avait été très court, et ressemblait déjà à l’hiver, cette saison où tout se rétrécit. Les courtisans, même les plus bigots, ne venaient plus au château. De même les manants du village se permettaient maintenant des sourires à peine voilés, quand ils la croisaient au supermarché acheter des boulettes pour les chiens.
Il fallait se ressaisir, de peur de devenir semblable à des vampires s’enfermant dès que le jour apparaissait dans un cercueil de la crypte familiale. Un endroit vraiment « awfull » où elle trouvait à François une ressemblance avec Dracula, les soirs de pleine lune, quand il fronçait les sourcils.
Dans cette valse des masques qu'il avait fait tourner sur sa figure, de De Gaulle à Napoléon, celui-ci assurément était celui qui lui plaisait le moins.
L’idée germa quand ils étaient tous deux au fond du trou. Non pas en lisant Chateaubriant, mais en regardant TF1 un soir….Oh, pas pour la plaisir ! Mais Que voulez-vous mon monsieur il faut bien garder contact avec la base de ce pauvre pays, si l’on veut revenir un jour en pleine lumière !
Il était question d’un reportage sur « Dysneland »...Assurément les gens étaient prêts à payer une fortune pour une journée de rêve supposé, en s’étourdissant dans des leurres et des manèges. Ce château de Sablé qui leur restait ne pouvait-il pas être le socle de leur fortune, au lieu d’être un puits sans fond d’impôts locaux et fonciers ?…..
Ah, s’il avait été élu, François aurait réformé tout cela, et au nom des principes républicains, fait en sorte que l’impôt soit le plus juste possible. Un impôt égal pour tous, qu’on soit une bonne logée dans une chambre sous les toits à paris, ou qu’on habite en province comme il le faisait. N’était ce pas là justice la plus élémentaire ? Voilà le brillant produit d’un de ses plans d’économie, et qui aurait mérité du Nobel. Mais ce pays tourne le dos à ces plus grands chercheurs, les méprise ! N’allez pas vous étonner s’ils partent dans la Sarthe ou en dans la Sillicon valley !
Il citait volontiers ses sources. Dame Thatcher avait été toujours la grande guide pour François. Une marraine, même. Et souvent il se plaisait à imaginer Margaret, très court vêtue, comme un égérie quelque peu licencieuse. Brillante de mille reflets comme une figure de Samothrace ornant le radiateur d’une voiture de maître ! Et c’est lui qui serait le conducteur, sur une autoroute dorée, faisant crisser les pneus dans les virages, écrasant au passage les sales canards qui cancanaient sur son passage.
Un rêve d’adolescent qu’il préférait taire à Pénélope.
C’est elle, très pragmatique, qui avait eu la première fulgurance. C’était à propos de cette écurie vide de chevaux, mais remplie de casseroles, dont ils ne savaient maintenant que faire. Ils en avaient des milliers, une batterie considérable que leurs détracteurs s’étaient crus malin d’agiter et de jeter sur leur passage, à l'époque des "boules puantes"..
Elle avait tout ramassé, brave petite main, avec l’intuition que rien n’est jamais perdu si l’on sait le transformer. Une belle idée écologique qui serait à rétamer en or blanc en temps voulu. L’idée d’en faire des boomerangs lui avait déjà traversé l’esprit. On voit par là que cette esprit pétulant méritait son statut d’aide parlementaire.
Un moment Penny avait émis l’idée de proposer au public une œuvre monumentale, contemporaine, un agglomérat qui se serait dressé vers le ciel, et qui aurait siégé dans la cour du château, avant d’être acheté à prix d’or par le musée Beaubourg, ou encore monsieur Pinault, dont la fondation, dans la bonne ville de Venise lui semblait le meilleur écrin…
Mais contactés, ils refusèrent tous. C’était décevant. Cette vie d’artistes, de « créatifs », ou autres « performers »,comme on dit maintenant semblait tout autant leur échapper... Les vrais talents ne sont jamais reconnus de leur vivant, et c’était bien la preuve de leur valeur. Mais il n’en tirèrent aucune vanité. D’ailleurs ils n’avaient pas la patience d’attendre d’être d’être morts une seconde fois pour faire un come-back !
Ils résolurent d’ouvrir démocratiquement les portes de leur château au tout venant. Bien sûr il faudrait payer un droit d’entrée. En fidélité avec certains principes républicains qui vaut que tout travail mérite rétribution.
Bien sûr c’était un peu fatigant de voir tous ces gens mettre à l’épreuve leur intimité. Sans compter les voies de faits ! Car plus pékin étranger à Sablé tenta de chiper une des ces fameuses casseroles et de partir sans payer. C’était facile de reconnaître ces escrocs et de les arrêter au portillon du château, car les objets du délits n’étaient alors pas signés du seigneur des lieux. Maître Fillon vendait en effet fort cher ses créations.
C’était la une bonne fortune de guerre à exploiter pendant des années. Mais même si le stock de gamelles en tous genre restait considérable, ce genre d’entreprise ne pouvait tenir dans la durée qu’en se diversifiant. En dehors de la vente des "confitures de Pénélope" que les stagiaires proposaient aux fins gourmets, une visite fléchée et commentée du château fut organisée.
Au delà du fameux pigeonnier où notre maître écrivait ses mémoires posthumes, et qui avait paraît il inspiré Montaigne, au point qu’il en construisit un semblable dans le Bordelais, ce fut assurément le bureau de Pénélope qui rencontra le plus beau succès !
Personne n’aurait pu se douter que six mois plus tôt, ce modeste local n’était encore qu’un placard à balais. Mais à présent qu’il avait été repeint d’une patine à l’ancienne, on restait pantois, bouche ouverte, devant l’authenticité évidente des lieux, comme la grotte de Bernadette à Lourdes. Des endroits que seuls la foi évidente des convertis authentifie et éclaire.
Ainsi donc, c’était dans cette cellule monacale, si simple, si touchante, avec sa vieille table d’écolier branlante et sa chaise en bois, tachée d’encre, que Pénélope avait tant œuvré, tête basse, silencieuse, modeste, attachée à la réussite exclusive de son époux.
On ne pouvait que mettre ses mérites en parallèle avec l’’autre Pénélope, la Grecque, figée dans l’antique, celle qui défaisait la nuit l’ouvrage qu’elle faisait le jours, pour mieux tromper ses courtisans.
Pour ceux qui naguère avaient tant ricané en lisant les dépêches méchantes du vilain canard enchainé, l’hologramme de Penny, grandeur nature, penché sur son pupitre, travaillant 24 heures sur 24, comme les 24 heures du Mans, leur faisait honte d’avoir douté.
Ils pouvaient acheter un cierge et l’allumer, pour se faire pardonner.
Et promettre de bien voter la prochaine fois.
FIN
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