Fin d’une certaine idée de l’Europe et montée en France d’un homme politique remarquable
Cette fin d’année marquera peut-être la fin de l’Europe telle que nous l’avons connue.
L'Europe de Maastricht a vécu. Celle de son traité qui reposait sur deux piliers : la création d'une monnaie commune, l'euro, et la soi-disante convergences des politiques économiques et budgétaires des États membres qui devaient (en théorie) contribuer à la réalisation des objectifs de l'Union européenne parmi lesquels la croissance et l'emploi
Cette fin d’année marquera peut-être la fin de l’Europe telle que nous l’avons connue.
L’Europe de Maastricht a vécu. Celle de son traité qui reposait sur deux piliers : la création d'une monnaie commune, l'euro, et la soi-disante convergences des politiques économiques et budgétaires des Etats membres qui devaient (en théorie) contribuer à la réalisation des objectifs de l'Union européenne parmi lesquels la croissance et l'emploi.
Pour y arriver, cette Europe s’était donné une monnaie unique sans aucune vision politique économique commune aux Etats-nations signataires. Pire, cette Europe s’est construite sans budget !
La crise économique que traverse ce continent, n’est plus celle de 2008, cette crise monétaire dont les banques avaient été les principales responsables. Cette crise économique que nous traversons, n’est ni la faute à la Chine, ni la faute aux agences de notations qui ont eu l’avantage d’imposer un terme à cette endettement croissant des nations.
L’Europe traverse une crise majeure qui s’explique par une absence de modèle économique nouveau. Depuis plus de vingt ans, nous nous sommes faits à l’idée d’utiliser des technologies numériques, de nouveaux modèles économiques fiables dont nous ne sommes pour rien dans leurs inventions, leurs réalisations et leur mise en place. Ici, pas de Bill Gates en vue, ni de Steve Jobs ou autre Mark Zuckerberg pour les plus emblématiques d’entre eux. Aucune Silicon Valley à l’horizon.
Et cela ne semble ne choquer personne qu’avant d’être sous le dictat commercial chinois, nous soyons déjà colonisés par un système économique dominant qui nous échappe et dont sa consommation soit devenue notre seule activité.
Devant cet échec flagrant, certains de nos politiques reviennent à des fondamentaux nationalistes comme ultime recette miracle pour enrayer la crise. La reprise économique de l’Europe, passerait d’abord par la reprise économique de notre pays. Ainsi le bout du tunnel serait conditionné au développement de la compétitivité de la France qui en serait la clef de voute.
Mais cette crise que nous traversons est aussi une crise du sens. Elle met en lumière un gaspillage fabuleux d'argent public par les gouvernants de notre pays qui ont succédé à Raymond Barre. Elle met en lumière l’absence totale de vision stratégique pour notre économie dans un contexte de mondialisation que chacun pouvait voir. Enfin, elle met en lumière l’absence totale de mesure de prévention tant au niveau des états européens, que dans les instances gouvernementales européennes.
Personnellement, je ne souhaite pas la révolution. Je ne souhaite pas rejeter un modèle de développement qui a toujours vu s’épanouir et conjuguer des modèles économiques et sociaux où la place de l’homme restait au cœur de tout projet.
Ainsi pour que les liens sociaux perdurent, les communes devront rester les endroits où la démocratie est la plus forte, le lien social le plus puissant. Les régions et l’Etat devront continuer à jouer leurs rôles en matière de développement des infrastructures, ce que je qualifierais "de la bonne dette", grace aux l’investissement.
Nous devons continuer à réaliser de bons arbitrages budgétaires pour privilégier l’éducation et la santé de nos concitoyens. Nous devons conserver une vision réaliste et se limiter à deux ou trois mesures de bon sens.
Le problème de la dette peut sembler abstrait pour quelques-uns d’entre vous. A ceux-là, je leur proposerai un exemple concret.
L’ensemble du fonctionnement de l’APHP en France nous coûte 36 milliards d’euros tout compris (du salaire de chirurgien, à l’achat du nouvel écran plat pour l’accueil)
Et bien chaque mois, afin que nos infirmières soient payées, la France est obligée d’acheter sur les marchés monétaires internationaux de l’argent pour pouvoir faire face à sa dette et payer les salaires. Par là-même elle creuse sa dépendance vis-à-vis d’autres états moins endettés, et comme elle n’emprunte pas sans frais, elle rallonge autant le règlement de celle-ci qui passe d'abord par le solde des intérêts.
Voici à quoi nous ont habitué nos gouvernants. Ceux-là mêmes qu’on voit actuellement s'agiter, faire de grands moulinets et tenir des postures de sauveur.
C’est une des raisons pour laquelle je suis Centriste en politique. Je n’aime pas les idéologies. Je suis pour le pragmatisme.
Je résiste à cette vision excessivement religieuse d’un pays considéré comme une essence, non susceptible de se mêler à d’autres essences. Je crois que c’est la base du souverainisme et donc une religion qui n’est pas la mienne.
Je crois pour ma part que les collectivités humaines possèdent plus ou moins des latitudes d’actions, plus ou moins des contraintes. Mais je n’arrive pas à me représenter le corps politique, comme une Nation (c’est d’ailleurs ce que souligne un certain nombre d’arrêts de la Cour Constitutionnelle allemande) comme une espèce d’entité absolue qui serait juxtaposée à d’autres entités absolues.
Je crois plutôt à l’interdépendance, aux souverainetés limitées, je crois qu’on est aussi souverain chez les autres et que les autres peuvent aussi être souverains chez nous. Je ne crois pas trop à la souveraineté en tant que telle, mais je crois au pouvoir de l’influence. C’est ce qui m’a séparé d’un certain type de gaullisme à partir d’un certain moment.
Ce qui me caractérise d’abord, c’est le mouvement qui anime Tocqueville, lorsqu’analysant la société politique du XVIIIème siècle, il réalise qu’on a inventé à cette période-ci, la politique littéraire. Quand Tocqueville parle de politique littéraire, on est tenté de penser à une politique religieuse. Face à la politique administrative qui est celle des intendants du Roi Louis XV qui essaient d’administrer au mieux les intérêts du peuple, d’assurer les subsistances, de veiller à la sécurité publique, à ce que les armées soient régulièrement approvisionnées en hommes capables d’assurer la sécurité du royaume, de veiller également, comme pour Malherbes qui est animé d’un amour réel pour la liberté, de permettre à un certain nombre de gens de s’exprimer, fussent-ils un peu particulier comme Jean-Jacques Rousseau. Ce sont des gens qui administrent le bien public en ne se posant pas trop de questions sur leur pratique ; en essayant de façon pré-technocratique de faire les choses.
Tocqueville montre qu’à partir des sociétés de pensées et de la révolution, on aborde une politique littéraire, c’est-à-dire en fait, une politique religieuse : les hommes politiques devenant les anges d’une rédemption immanente dont Robespierre en est l’exemple assez terrifiant et parfait.
Le Centriste ne marche pas avec cette vision des choses mais affirme comme Marcel Gauchet, qu’il ne faut pas réenchanter la politique. On voit bien ce que l’enchantement signifie : c’est le charme, l’application de la responsabilité et de la liberté, c’est le filtre d’amour d’Iseult, c’est quelque chose qui vous conduit à ne plus être vous-mêmes mais à écouter le son de la flute d’un leader qui emporte les enfants vers des horizons insondables. Je pense profondément que le Centriste,- c’est en cela qu’il est en situation difficile par rapport à la fantasmagorie nationale - est abonné à un certain prosaïsme qui ne marche pas dans cette affaire-là. Il résiste de toute la force de son âme à ces transfigurations héroïques car il voit très bien (car qui peut faire l’ange, fait la bête) qu’elles aboutissent à des résultats très souvent dramatiques.
Cela ne marche jamais et ressemble à une forme très précise d’absence de volonté puisque la volonté apparaît lorsque vous acceptez la confrontation avec le réel. C’est de cette façon que Paul Valéry définit la lutte entre une œuvre et son sculpteur. Lorsqu’il décrit le corps à corps entre un créateur et la résistance qu’offre le matériau ; et observe qu’à la fin, l’artiste ne gagne que partiellement contre la matière. Le matériau résiste et c’est dans cette résistance et cette confrontation qu’apparaît l’œuvre d’art. Max Weber affirme quant à lui que la politique consiste à tarauder des planches nouvelles.
Je refuse également le verbalisme de gauche. Entre une pratique qui est totalement opportuniste et déconnectée du discours, et la politique, l’équation est assez simple : les élections sont pour le discours et l’opportunisme pour le gouvernement. Vous ne pouvez pas, avec ceci, réformer le pays. Parce que les gens savent que vous leur avez menti, Toutefois, vous pouvez essayer de ne pas faire trop de bêtises en ne réalisant pas celles que vous aviez annoncées mais vous ne pouvez pas animer un mouvement réformateur.
Je terminerais en disant que lorsqu’on est un homme politique qui veut donner du sens à son action, il faut d’abord dire où on en est, en faisant le point de la situation dans laquelle on se trouve : aujourd’hui nous sommes menacés d’un déclin très profond et très rapide. Sans être taxé de déclinologue, Il faut respecter les faits et la vérité. Nous sommes dans une course à la déclassification française qui suit à peu près le même rythme que notre déclassification footballistique.
C’est sans doute là que la personnalité de François Bayrou est la plus pertinente dans l’offre politique française de ces dix dernières années.
Voici un homme qui ne ment pas, qui explique avant les autres les dangers qui nous menacent (la dette en 2007) et parle déjà d’Union nationale avant tout le monde ; avant que les évènements intérieurs nous y en contraignent.
Je suis entré en politique grâce à lui. Je suis sorti du MODEM parce que cet homme solitaire n’était pas fait pour diriger un parti, qu'il se comportait de façon autoritaire, ayant une vision trop personnelle du pouvoir.
Jean Arthuis m’a recueilli au sein de ses troupes dans une petite officine centriste dans laquelle on m’a foutu la paix.
Aujourd'hui, un Centre qui ne soit pas l'allié objectif de la droite ou de la gauche s'est incarné dans la personalité politique de françois Bayrou. Celui qui faisait encore ricaner en 2007 par son positionnement ; n'est plus soupçonné aujourd'hui d'un quelconque récupérage politique.
D'ailleurs, j’aimerais bien un jour que le Centre se réunisse autour de femmes et d’hommes de bonne volonté qui n’aient pas d’autres souhaits et d'ambitions que de servir leur pays, sans cette avidité qu’on perçoit chez certains centristes lorsqu’ils se vendent aux plus offrants pour obtenir des postes.
Je crois que François Bayrou et Jean Arthuis n’ont pas donné cette image-ci depuis cinq ans.
Ainsi je voterai François Bayrou au premier tour des élections présidentielles.
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