Finance durable
Comme toutes les religions, l’écologie se passionne pour ses icônes, de l’animateur de télévision Nicolas Hulot, en passant par le photographe Yann Arthus-Bertrand, jusqu’au psychiatre et aéronaute suisse, Betrand Piccard, tous apôtres du développement durable.
Fils de l’océanographe Jacques Piccard et petit-fils du célèbre physicien Auguste Piccard, personnalité dont s’était inspiré l’auteur belge Georges Remi, alias Hergé, pour son personnage du professeur tournesol dans sa célèbre bande dessinée « Tintin », Bertrand Piccard dispose d’un pédigré à faire pâlir les célébrités les plus illustres.
Le domaine de l’aéronautique s’inscrit en quelque sorte dans l’ADN de la famille. Le père, Jacques, ayant travaillé, dans les années 1960, pour le groupe américain « Grumman Aerospace », fusionné plus tard avec le constructeur aéronautique « Northrop » pour former la quatrième entreprise d’armement au monde, « Northrop Grumman », le petit-fils s’intéressa plutôt au potentiel écologique de l’aviation, en se lançant corps et âme dans le célèbre projet « Solar Impulse », en collaboration avec l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne, aventure débutant le 29 juin 2004.
Le projet, visant la construction de deux avions monoplaces à moteurs électriques, alimentés uniquement par l’énergie solaire, nuit et jour, vit son apogée avec un tour du monde, partant de la ville d’Abou Dhabi en mars 2015 pour parcourir 42'000 kilomètres en 17 étapes, pour rejoindre à nouveau la capitale émiratie le 26 juillet 2016 suivant. (RTS)
Parmi les investisseurs de la première heure on compte le groupe helvético-suédois de l’énergie « ABB », le groupe belge de chimie « Solvay », la branche « matériel et chimie » la société « Covestro » du groupe allemand « Bayer », l’horloger suisse « Omega », l’entreprise de conseil en ingénierie française « Altran Technologies », le groupe bancaire allemand « Deutsche Bank » et l’assureur suisse « Swiss Re Group », le fabricant d’ascenseurs suisse « Schindler », l’entreprise de télécommunications suisse « Swisscom », ainsi qu’en tant que conseillère scientifique officielle, le groupe français « Dassault Aviation », également conceptrice du joyau de la défense européenne « Rafale » (Wikipedia).
S’ensuivit le lancement, lors de la Conférence de Marrakech sur les changements climatiques, COP22, qui eut lieu entre le 7 et le 18 novembre 2016, de l’Alliance mondiale pour les technologies propres, une fédération, réunissant les acteurs économiques des technologies des énergies renouvelables. Fort de ce succès, l’équipe de « Solar Impulse » réussit à convaincre un nouveau partenaire de taille en 2017, le groupe français de l’énergie « Engie », dans le but de « proposer 1'000 solutions rentables pour protéger l’environnement » lors de la COP24 en 2018 en Pologne. (Wikipedia)
C’est avec enthousiasme que le protagoniste principal s’exprime notamment et entres autres sur le site internet de la société suisse de production d’énergies renouvelables, « Prime Energy Cleantech » à laquelle il prodigue ses conseils : « Nous vivons enfin le moment que j’attendais depuis longtemps. La protection de l’environnement devient rentable. Les investissements dans les énergies renouvelables s’envolent et ceux dans les énergies fossiles s’écroulent. Plutôt que dans la bourse, j’ai préféré investir dans des obligations en énergie solaire (obligations « vertes », labélisées comme telles, émises par la société « Prime Energy Cleantech » ndlr)
Seulement, le 11 septembre 2019, sous le radar des médias, qui vaquèrent à d’autres occupations, le duo Piccard-Borschberg vendit la « formidable aventure » à la firme hispano-américaine du nom de « Skydweller », dont la maison mère est enregistrée dans l’état de Delaware, ex bastion de l’ex sénateur Joe Biden (1973–2009), pour une somme inconnue.
Deux reporters de la « Télévision suisse romande », Marc Renfer et Yann Dieuaide, ont voulu savoir un peu plus. (RTS info)
Il s’avère que le principal actionnaire de cette « start-up » (15%) est le conglomérat italien « Leonardo », une référence au génie de la Renaissance, Leonardo Da Vinci, le second plus important groupe industriel d’Italie, actif dans les secteurs énergie, aéronautique et spatial, notamment à des fins militaires.
Il est intéressant de noter, pour la toute petite histoire, que « Leonardo » est également actionnaire (21%) du consortium « Eurofighter GmbH », un des prétendants pour l’achat d’une série d’avions de combat par l’armée suisse, décidé par le peuple le 27 septembre dernier, pour la somme de 6 milliards CHF, à côté de la « conseillère scientifique officielle » de « Solar Impulse » le groupe « Dassault ». (ndlr)
Si les nouveaux propriétaires ont bien débauché le pilote d’essai du mythique « avion écologique » l’objectif annoncé serait plutôt « un système autonome capable de transporter des outils de surveillance et d’observation », ou plus prosaïquement des « drones durables ».
C’est d’ailleurs un concept, certes avec du carburant traditionnel, que l’armée turque a mis en place dans son conflit avec l’Arménie, concept dont l’efficacité fut prouvée bien avant tout le monde par l’ancien président Obama, plus besoin de pilotes.
Une chose est sûre, le partenariat public-privé a fonctionné à merveille à nouveau. L’apport public à la « belle aventure humaine » fut dans l’ordre de 6 millions CHF, selon Nicolas Bideau, le président de « Présence suisse » un organisme officiel, subordonné au secrétariat général du Département fédéral des affaires étrangères, censé « promouvoir l’image de la Susse à l’étranger », sans compter la mise à disposition des ingénieurs de l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne.
L’ancien conseiller national et rédacteur en chef de l’AGEFI, disciple du néolibéralisme et du partenariat public-privé, Fathi Derder (PLR), s’étouffe, en jetant la pierre aux pouvoirs publics, la Confédération. Cela ne manque pas de sel. C’est à se demander où sont restés tous les sponsors de la première heure et leur engagement pour le développement durable.
Il faut bien avouer que le concept de la « finance durable » n’est pas une spécialité de la droite libérale. On apprend par voie de presse que le Parti Socialiste suisse se lance dans une initiative populaire, sous la houlette des conseillers nationaux Jon Pult, Jacqueline Badran, et l’économiste de service, Samuel Bendahan, censée « obliger la finance suisse », qui contrôle, il est vrai, un quart de la fortune offshore mondiale, « d’investir davantage dans la biodiversité et la durabilité ».
A l’instar du président du World Economic Forum, Klaus Schwab, le sémillant psychologue Bertrand Piccard, le Parti socialiste suisse s’adonne à la quadrature du cercle, la socialisation du capitalisme.
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