Financement des collectivités : oui mais pas sans l’Etat
Après la perte du triple A français, les collectivités territorailes sont-elles menacées ? Mercredi 11 janvier, la Ministre du budget Valérie Pécresse a déclaré s’opposer fermement à la création d’une agence de financement des collectivités territoriales indépendante de l’Etat. Alors que le projet évoluait bon train, les collectivités territoriales ne savent plus vers qui se tourner. Comment vont-elles se financer ?
L’agence de financement, une alternative aux subventions bancaires
Si les collectivités locales ont envisagé la création d’une agence de financement autonome, c’est en véritable désespoir de cause. En effet, depuis l’ébranlement de la banque Dexia, qui détenait 40% des parts de marché des collectivités, les besoins des territoires et des hôpitaux publics ne pourront être intégralement couverts en 2012. Les subventions du groupe franco-belge, divisées de moitié, ne suffiront pas à renflouer les caisses des collectivités locales, à la recherche de quelque 22 milliards d’euros pour l’année à venir.
Il faut dire que le secteur bancaire devient de plus en plus réticent aux prêts à long terme, et ce pour trois raisons. "Prêter à très long terme des encours très importants à des clients qui ne proposent aucun dépôt - ce qui oblige à aller chercher systématiquement sur les marchés de l'argent pour le leur prêter - devient un exercice complexe", explique Jean-Sylvain Ruggiu, directeur du secteur public des Caisses d'Epargne (groupe BPCE).
Pierre-Mathieu Duhamel, Président du Comité stratégique du cabinet KPMG note d'ailleurs que "la conjoncture actuelle n’est pas à l’expansion du crédit bancaire au bénéfice de territoires nouveaux". Enfin, crise oblige, les banques ont davantage de difficultés à trouver de la liquidité.
L’agence de financement des collectivités territoriales
Ce qui explique l’idée de créer une agence de financement des collectivités territoriales, qui permettrait à la fois de lever des fonds sur les marchés et de prêter aux villes et aux territoires, tout en sécurisant les investissements des collectivités. Prévu pour fin 2012, le projet était sur la bonne voie : les élus étaient en train de réfléchir à une façon de créer légalement un nouveau type d’établissement public tout en respectant la loi des finances. Une association de préfiguration avait même été créée, à laquelle une cinquantaine de territoires participaient.
L’opposition de Valérie Pécresse à cette agence de financement a donc suscité un grand nombre d’inquiétude du côté des élus« Nous craignons un "credit crunch" pour les collectivités locales. Les banques ont réduit leurs offres de crédit. Nous allons avoir un manque dès 2012 que nous estimons entre 8 et 10 milliards d'euros. Il est urgent d'avoir une traduction législative de notre proposition », martèle Jacques Pélissard, le président de l'Association des maires de France. Autant dire que le moral des troupes est au plus bas.
De son côté, la ministre du budget explique sa décision par le fait que "l’analyse juridique faite par Bercy montre que cette agence aura besoin de la garantie de l’Etat. Les collectivités pensaient qu’elles feraient une agence indépendante. Ce n’est pas du tout ce que nous disent les marchés et les juristes : ils considèrent que, par définition, une agence de financement des collectivités publiques est garantie par l’Etat".
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