Florence Cassez n’est pas Clotilde Reiss
Florence Cassez et Clotilde Reiss même combat, comme l’affirme la première ? Si l’on ne peut qu’être sensible au sort de Florence Cassez, les situations des deux Françaises ne sont pas comparables, ce qui justifie la différence d’attitude des autorités française dans les deux dossiers.
En matière de justice comparaison n’est pas raison, même si souvent les condamnés y ont recours pour se défendre et prouver qu’ils sont traités injustement ou de manière moins juste que d’autres. Le public tombe également souvent dans ce travers et base ses réactions sur des rapprochements non fondés, des parallèles douteux, obtenus en tordant les faits. On peut ainsi tout prouver au choix, qu’une peine est trop lourde ou qu’elle est infiniment trop clémente…
La défense de Florence Cassez semble abuser de ce procédé pour maintenir une pression médiatique et éviter que le dossier de la jeune Française détenue au Mexique ne s’enfonce dans l’oubli. Florence Cassez n’a ainsi pas hésité à se comparer à Clotilde Reiss et a dénoncé une flagrante inégalité de traitement entre les deux ressortissantes françaises. On ne peut bien entendu qu’être sensible au sort de Florence Cassez dont la condamnation soulève, à tout le moins, des questions, mais on ne peut pas la suivre dans ce parallèle-là. Clotilde Reiss est une prisonnière politique détenue pour un délit d’opinion : avoir participé à une manifestation suite à des élections manipulées. Elle a fait l’objet d’un procès de Moscou de la part d’une dictature théocratique aux abois animée par la haine de l’occident, sur lequel elle veut faire pression. Il faut exiger la libération de Clotilde Reiss, car elle est le symbole des tentatives du régime iranien d’étouffer toute contestation et de tuer les aspirations démocratiques de son peuple.
Lorsque Florence Cassez se déclare « aussi innocente que Clotilde Reiss » et dénonce le deux poids deux mesures de la diplomatie française, la ficelle est trop grosse et confine à l’indécence. Florence Cassez a été jugée et est détenue dans un pays démocratique et non dans une dictature. De lourdes présomptions pèsent sur elle. Elle a vécu plusieurs années avec un narcotrafiquant responsable d’enlèvements. Plusieurs otages l’ont reconnue. Bien sûr, ces témoignages tardifs, la mise en scène de son arrestation pour les médias dans le contexte de la lutte contre les gangs responsables d’enlèvements, la légèreté de la procédure par rapport à nos habitudes françaises font planer un doute. Malheureusement, la France n’a pas le droit de s’ingérer dans les affaires intérieures d’un pays souverain et de critiquer les décisions de justice qui y sont rendues de manière démocratique avec des possibilités de recours que la détenue n’a d’ailleurs pas encore toutes épuisées. Ce serait une insulte.
La France a par contre le droit et le devoir de réclamer le transfèrement de Florence Cassez auquel il n’est pas normal que le Mexique s’oppose. En France, Florence Cassez pourra être incarcérée dans de meilleures conditions et plus près de sa famille. L’exiger est la moindre des choses d’un point de vue humanitaire.
Il faudra cependant respecter la condamnation prononcée au Mexique. Il faut noter, sur ce point, que les groupes de soutien à Florence Cassez ont fait le parallèle entre elle et Florence Rey. Deux Florence, l’une condamnée à 20 ans de prison pour 4 meurtres, l’autre accusée à tort d’être complice d’enlèvements (qui n’ont fait aucune victime) et condamnée à 60 ans de prison. Ce chiffre de 60 ans est répété sans cesse comme pour provoquer la compassion et l’indignation face à une condamnation absurde. Or, il faudrait, pour être honnête, préciser que, si les peines s’additionnent au Mexique, seule la plus lourde est purgée, c’est-à-dire dans le cas de Florence Cassez 20 ans (ceci peut paraître déjà énorme, reconnaissons-le, vu les faits)... comme Florence Rey ! Si elle est transférée, les mesures d’application des peines prévues par la loi française pourront lui être appliquées et elle pourra demander une libération à la moitié de sa peine. C’est sans doute sur ce point que les négociations achoppent et il s’agit d’être inflexible. C’est la seule chose que l’on puisse, hélas, faire pour Florence Cassez, comme pour tant de Français condamnés pour des délits commis à l’étranger qui croupissent dans des prisons encore pires que les prisons françaises (c’est dire...). Ils ne bénéficient pas toujours de la même attention médiatique que Florence Cassez. Espérons que cet élément ne jouera pas en sa défaveur dans un contexte électoral où elle est devenue un symbole aux yeux de l’opinion publique mexicaine.
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