Florence Cassez : un déni de justice…

Et pourtant ! Sept de ses plus belles années passées derrière les barreaux avant que la justice mexicaine reconnaisse officiellement ce que tout le monde savait depuis longtemps : la monstrueuse machination montée par la police sur ordre d’un Ministre de l’Intérieur souhaitant redorer un blason terni par les enlèvements avec demandes de rançon qui se multipliaient à travers le pays, provoquant un sentiment d’insécurité mêlé de colère dans la population.
Ajoutons qu’il s’en est fallu de peu qu’elle restât en détention : seule une voix a permis de faire pencher la balance en faveur de Florence, départageant ainsi les quatre autres juges ayant des avis divergents. De même la réélection du Président Calderon qui avait osé l’amalgame le plus sordide en déclarant que les assassinats et les souffrances subies par les familles ne devaient pas rester impunis, comme s’il eût fallu qu’on sacrifiât sur l’autel de la justice une femme qu’il savait pertinemment innocente, ceci afin que les dites familles puissent faire leur deuil et que la société tout entière fut apaisée, n’aurait sans nul doute pas permis à Florence de retrouver le chemin de la liberté.
Et maintenant ?
La forfaiture de l’ancien ministre et de certains hauts fonctionnaires de la police va-t-elle être sanctionnée ? Un procès pénal aura-t-il lieu ? Ce serait faire preuve d’une naïveté désarmante que de s’interroger sur ce point comme nier une réalité qui s’est trouvée maintes fois vérifiée en tous temps comme en tous lieux.
Les personnels de la police et de la justice ont toujours eu pour tâche prioritaire le maintien de l’ordre social, fût-ce quelquefois au prix de l’emprisonnement d’un possible innocent.
Il est un ratio « victimes/ cas élucidés » à respecter coûte que coûte, la société devant se sentir protégée.
Difficile dans ces conditions de punir les fonctionnaires du pouvoir en place sous peine de ne plus trouver quiconque pour remplir ces basses besognes par la suite.
En France, pays dit des droits de l’homme, nombre de policiers, et non des moindres, ont délibérément commis des fautes lourdes durant l’enquête, fautes qui ont été jugées comme telles par les magistrats lors des procès.
- "Ainsi, dans l’affaire Dominici, le commissaire Sébeille a négligé nombre d’éléments matériels et fait disparaître le lambeau de peau de la paume droite de sir Jack Drummond, comme il l’avoue dans son livre paru en 1970. Le commissaire a refusé de prendre en compte les différents témoignages faisant état de la présence, sur les lieux ou à proximité des lieux du crime, entre 23h15 et 00h20, de trois ou quatre hommes dont Gustave mais dont les signalements ne correspondent nullement à celui de Gaston." .À l’issue de la contre-enquête, le commissaire Sébeille connaît le désaveu avant d’être déclassé le 22 décembre 1959 comme commissaire de la sécurité publique.
- De même, suite aux manifestations des policiers soutenant leurs collègues d’avoir, selon la justice construit de toutes pièces un dossier qui risque d’envoyer un homme en prison pour des années, cet homme aurait été de plus, c'est un comble, victimes de sévices. Ils sont condamnés à de la prison ferme. Et voici que le ministre de l'intérieur, le préfet, des syndicats de policiers hurlent. Non contre ces hommes qui ont trahi, de la manière la plus grave qui soit, la confiance de la nation mais contre les galeux qui ont rendu cette décision : les juges, écrivait en décembre 2010 Michel Tubiana dans Le Monde. Ajoutons que le procureur qui avait qualifié les actes des policiers comme dignes de la Gestapo, a été mis au placard et que les policiers ont vu leurs peines de prison ramenées en sursis simple en appel et réintégrés aussitôt.
- N’oublions pas les "violences" des officiers et commissaires qui conduisent des enquêtes "à charge", allant même jusqu’à truquer certains dossiers (comme l’affaire de commissaires de l’IGS à l’encontre de 5 collègues de tendance socialiste(proches de D.Vaillant) comme il a été prouvé et qui a fait scandale il y a un an .
On pourrait multiplier les exemples. Tous ces actes tombent sous le coup de l’article 432-4 modifié par Ordonnance n°2000-916 du 19 septembre 2000 - art. 3 (V) JORF 22 septembre 2000 en vigueur le 1er janvier 2002
« Le fait, par une personne dépositaire de l'autorité publique ou chargée d'une mission de service public, agissant dans l'exercice ou à l'occasion de l'exercice de ses fonctions ou de sa mission, d'ordonner ou d'accomplir arbitrairement un acte attentatoire à la liberté individuelle est puni de sept ans d'emprisonnement et de 100000 euros d'amende. Lorsque l'acte attentatoire consiste en une détention ou une rétention d'une durée de plus de sept jours, la peine est portée à trente ans de réclusion criminelle et à 450000 euros d'amende ».
Les rares peines prononcées étant peu dissuasives, certains policiers se croient intouchables et risquent de basculer dans la forfaiture, entraînant nombre d’innocents dans les geôles de notre république.
Suite aux scandales de l’IGS, Daniel Vaillant, ancien ministre de l’Intérieur avait réclamé en janvier 2012 une institution "indépendante" pour contrôler la police, les magistrats du siège étant les mieux à mêmes de remplir cette mission.
Force est de constater que sa suggestion n’a pas été retenue.
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