FN : Parti de la sécurité ? PG : Parti de liberté ?
Il semblerait que l'électorat de Marine Le Pen, fonde comme neige au soleil quand ses conditions de vie changent ; en effet, on apprend que dans les proches banlieues de Paris, les « petits blancs » qui votaient FN parce qu'ils « ne se sentaient plus chez eux » ( j'affirme n'avoir aucune opinion sur ce ressenti, d'une part parce que mon lieu de vie est loin de cette réalité et que je n'ai aucune idée de ce que je ressentirais si je vivais dans ces conditions), ne votent plus pour lui - ou n'ont plus l'occasion de le faire- quand il s'expatrie dans des communes plus « tranquilles », en grande banlieue. Quant à son électorat provenant de gens moins rivés à ces conditions précises de vie, il semble admettre la dénomination de ses ennemis et semble enclin à croire, ou espérer, que ce parti réussira à les terrasser.
Qui sont les ennemis de Mme Le Pen et de son électorat ? (N'étant pas une spécialiste, vous pardonnerez mes approximations et mes oublis). Dans le désordre, nous trouvons, la mondialisation, la finance, l'oligarchie et ses privilèges, les élus et leurs privilèges, les immigrés, clandestins entre autres...
Qui a le loisir de n'avoir pas, les premiers, comme ennemis ? Quant aux immigrés, ma foi le sujet est très vaste et a été largement débattu, en vain, et comme ce n'est pas mon sujet du jour, je ne le développerai pas.
Il y a des ennemis, il y a des nuisibles ; face à eux , et selon les circonstances, deux, au moins, attitudes peuvent être prises.
La première, et la plus commune, est de le tuer ; qui ne tue pas un serpent, une araignée, un scorpion qui passent sur son chemin ? Mais qui, le faisant, se pose la question de savoir à quoi ça sert ? Depuis la chimie et les armes de destruction massive, on s'est fait croire que l'on pouvait éradiquer tout ce qui nous entrave, nous fait peur, nous ennuie. Insecticide à outrance, chasse ouverte et récompensée, et, pardonnez le saut, l'Holocauste. Et pourtant, rien n'y fait : on ne peut jamais avoir la paix ; pour certain c'est toujours un foulard, une burka, un arabe qui traînent ; pour d'autres, il y aura toujours des animaux qui convoitent nos récoltes ou aiment les mêmes choses que nous et se mettent en rivalité. Ne pas comprendre que vouloir détruire est une absurdité, totalement inopérante, montre bien un manque de réflexion et d'ouverture. Les renards qui mangent mes poules, les araignées qui me terrorisent n'y sont pour rien : c'est à moi de m'adapter à mon environnement. Seulement voilà, l'Homme, avec sa chimie et sa technologie, avec son sentiment de supériorité et de légitimité à être le Maître du monde, ne le voit pas de cet œil. Alors, quand on ne peut pas faire les choses soi-même, abattre tel ou tel animal, persécuter tel ou tel intrus, on s'en remet au pouvoir ou à ceux qui veulent le prendre. On a vu ce que cela donnait. Merci.
La deuxième est de s'adapter, de toutes les manières en notre pouvoir. Ou de s'écarter.
Le FN, donc, dit au peuple : rassurez-vous, nous ferons ce qu'il y a à faire pour que vous puissiez vivre douillettement, sans arabes, sans corruption à la tête de l'État ou plus près de vous, sans souris, sans vipères, sans rivaux ! Et cela est le souhait si profond de la plupart, que ce discours parle, bien même, et, rassuré, l'électorat passe aux urnes. Bien sûr, quand ce parti sera au pouvoir, on s'apercevra qu'il y aura encore des arabes, des délinquants, des clandestins dont je me suis toujours demandé en quoi ils gênaient et aux questions posées ici ou ailleurs personne à ce jour n'a été fichu de me répondre, des tziganes arrogants, des gitans voleurs, des jeunes drogués délinquants, et des scorpions et des araignées et des vipères etc etc.
Je n'ai jamais entendu le FN dire que l'ennemi du peuple était le capitalisme. Mais je n'ai pas tout entendu !!
Donc, s'il faut bien vivre avec les araignées ou les guêpes, et qu'il faut s'en protéger comme on peut, l'ennemi du peuple n'est pas ceux qu'on nous nomme, mais bien un système dont personne n'a envie ou idée de sortir ! Mettons des sparadraps, scarifions les plaies, éliminons les cellules qui nous dérangent, amputons au besoin, bref agissons dans le social comme la médecine allopathique agit sur les corps ( puisque d'âme il n'y a point). On pourra bien durer encore un peu comme ça.
Restons aux effets et n'abordons pas les causes ! Cela nous entraînerait trop loin. Or, je suis persuadée que si chacun remontait, remontait encore plus loin sur les causes et projetait projetait plus loin dans l'avenir, le moyen de satisfaire ses besoins – et non ses envies-, nous serions nombreux à être d'accord. Mais c'est si ennuyeux d'être d'accord !!
On a ceux qui ne pensent que pouvoir d'achat ; il y a ceux qui en ont leur claque de tous ces délinquants bronzés qui pissent dans les escaliers et qui dealent ; il y a ceux qui n'en peuvent plus de leur rythme de boulot et de la pression qui leur est faite, mais, quand même, si chanceux d'avoir du taf ; il y a ceux, les privilégiés, qui n'ont trouvé de place nulle part et que l'on dorlote à coup de 400 euros par mois et que l'on jalouse et que l'on conchie...
Non mais, où va-t-on ?
Où nous mène Marine : le savez-vous au moins ? Vers le plein emploi + l'écologie + la justice sociale + l'incorruptibilité des dirigeants + la protection de la mondialisation ?
Fortiche la nana !!
Il est notable que le FN a pointé son nez à peu près dans les mêmes temps où la lutte du prolétariat contre le patronat se perdait dans les méandres de la mondialisation et de la financiarisation de l'économie ; ce n'est donc pas un parti de classe mais il a su tirer les marrons du feu ; le prolétariat relégué aux oubliettes de l'histoire économique sociale et politique du pays grâce aux efforts conjugués de la délocalisation, de la finance et du chômage de masse ne trouvaient plus de saints auxquels se vouer ni de têtes pensantes à suivre ; soudain, le FN était là qui les comprenait si bien, qui avait un coupable à offrir et qui a pu se payer le luxe de ne participer à aucune lutte sociale tout en tirant avantage de la déconfiture subie après celles-ci. C'est un parti qui se vante de n'avoir pas d'idéologie, mais sans le dire, il faut entendre les non-dits et dans le bruit assourdissant des amplis de tout acabit, tout le monde ne les entend pas : l'opportunisme de sa malléabilité semble payer. Il s'attelle à séduire ceux qui ne sont pas ou plus politisés, dégoûtés de tout et qui, livrés à eux-mêmes dans l'atomisation programmée de leur sort, ne parviennent plus à formuler des mots d'ordre ou des buts qui rallieraient les leurs. Mais Tatie Marine est là, qui dit tout haut ce qu'il faut penser tout bas. Et Tatie dit à ses neveux : pas de panique, je m'occupe de tout !
En attendant, si le FN a droit aux honneurs de la presse , écrite et télévisée (en décembre 2013, le palmarès des invités aux matinales à la radio et à la télévision, le FN totalisait huit passages, soit autant que EELV et infiniment plus que le Front de Gauche ; zéro ! Bien sûr pendant ce temps, soixante-six passages PS et trente-sept UMP !!) ( 1).
La politique n'étant plus qu'une question de pub ou de com, les entretiens volant rarement au-dessus de la ligne de flottaison, le FN est bien loti, d'autant qu'on évite avec lui, les sujets qui fâchent !! Cependant il est notable que lorsque l'on parle d'un parti ou d'un autre, on ne parle plus jamais du contenu : la paquet cadeau est dorénavant beaucoup plus important que le cadeau ! Dans ce brouhaha fait par ou au sujet du FN, difficile de tirer une ficelle qui nous délivrerait la clé du passage ; néanmoins, pointant du doigt ce qui ne va pas, il suggère juste qu'il est contre mais ne s'aventure guère plus loin.
Face à lui, dans ce qu'on nomme, sans rire, les extrêmes, se situant dans les mêmes constats concernant la même population, le Parti de gauche , un parti de liberté ?
Si je ne connais pas le FN de l'intérieur, si je n'en sais que ce que j'en lis, ce qu'on m'en dit, il n'en est pas de même pour le PG. Les dés sont pipés me direz-vous ; je crois que non au contraire car je suppose que si je connaissais le FN de l'intérieur, je serais intarissable ! Il vaut mieux que ce soit comme ça.
À la tête de ces deux partis, deux élus européens. À gauche, nous avons droit régulièrement aux comptes-rendus de séances, aux sujets qui se discutent, aux anomalies qui se voient, aux intrigues qui se trament, bref, nous avons, quasi en direct la vie d'un parlement fantoche.
À droite, ils n'ont rien ; c'est normal, Marine s'occupe de tout.
À gauche nous avons droit, un peu moins il est vrai, le sujet tarit, à la dénonciation des riches émoluments de Président du parti ; à droite, ils ne savent pas.
À gauche, nous avons une idéologie, nous nous basons sur une Histoire ; les limites sont strictes, il n'y a pas de cachotteries ni de tortillage de cul pour se faire accepter ( ne m'appelez pas extrême je vous prie, vous voyez bien que j'enfile la pantoufle de verre...) ; bien sûr, me direz-vous, cette gauche là n'est pas très extrême !! elle n'est que ce qu'était le PS du temps où il était socialiste. Justement, pas d'esprit revanchard qui galvanise la population, juste une réflexion, une réflexion qui date de plusieurs siècles, enfin plus d'un, qui s'appuie sur l'histoire des conquêtes populaires et qui, par ailleurs invente, imagine un avenir, que ce soit sur les ressources énergétiques ou sur la réappropriation des usines par les ouvriers, la réappropriation de la monnaie par l'État... vous l'entendez : se réapproprier. Récupérer ce qu'on nous a volé quoi. Alors, sorties de nulle part des nuées de mouches du coche attaquent... une personne. Rien sur le contenu !
On vit en plein charivari.
La gauche appelle à l'intelligence, à la dignité, à la capacité de se battre pour conquérir sa liberté ; la gauche dit : ne vous pliez plus devant votre boss, ne baissez pas les yeux, vous êtes le savoir-faire, la richesse de ce pays. À droite on rétorque : tu gueules, tu es malpoli ; à gauche on dit : écoutez ces analyses, comprenez-les, encouragez-vous, pas de mots d'ordre pas de consignes, c'est vous qui les donnez ; à droite on rétorque : ton plan ne tient pas debout, t'es trop mou, t'es dans le système... et personne à ce jour n'a donné un contre exemple, personne à ce jour n'a démonté « le plan » et personne hors système ne s'est encore présenté.
Voilà, au point où en sont mes connaissances, et mes ressentis, je constate que quiconque se pointe en disant : je vais vous protéger, sans bien qu'il dise comment ni s'il pourra le faire, ni combien ça coûterait, attire les suffrages.
Celui qui dit : bougez-vous, ayez confiance en vous, encouragez-vous, il y a tout à faire, c'est une aventure humaine formidable ; bof, très décrié, refoulé, indésirable s'il en est.
Nous sommes donc exactement au point de disjonction entre désir passif de sécurité, qui pousse à une paresse crédule, et nécessité de comprendre, d'agir et de se réapproprier sa vie.
Je passe tous les détails de la politique politicienne qui viennent en remettre une couche, toutes les déceptions, les jalousies ; bref, tous les aléas, falbalas, avatars qui engluent le tout, histoire qu'il ne se passe rien !
La leçon est claire : le peuple souffre du manque d'un chef, et, au fond, ce n'est pas un hasard si Poutine attire tant d'admiration, lui qui sait tenir tête à l'ennemi, qui sait tirer son pays hors du chaos, qui ne s'embarrasse pas de scrupules. Moi-même, face à cette mollesse occidentale, mollesse qui cache la dictature la plus féroce et la plus sournoise qui soit, celle que l'on ne peut combattre, je me réjouis de ce bras de fer.
Liberté....... Sécurité..... nous n'aurons ni l'un ni l'autre ; car la liberté se mérite, elle se gagne, elle demande courage et audace, elle ne laisse pas en repos, elle ne pardonne aucun sommeil ; c'est trop, beaucoup trop demandé à l'occidental dorénavant qui aimerait bien retrouver un boulot pour retrouver son pouvoir d'achat. Et que la gauche plus extrême encore, me pardonne, je n'oublie pas ceux qui se battent, mais comment dit-on : ce sont les dernières poches de résistance ; et la sécurité, c'est notre liberté et notre vigilance qui l'assure, pas un type, pas une femme, qui se présente et qui dit « Je vousai compris ! »
Ah ! J'ai oublié de donner la définition de la sécurité aujourd'hui, ou plutôt, ses synonymes et ses conditions : caméras de surveillance, fouilles au corps, flics, patrouilles, plan vigipirate, digicodes, barreaux, murs, quartiers sécurisés, prisons, serrures triple pointes, assurances, placements financiers, vaccinations, casques, codes ( tous les codes), bombes antiagressions, missiles, arsenal nucléaire, écoutes, ne pas sortir seul, ne pas sortir n'importe où, ne pas sortir n'importe quand.....
La liberté ne se laisse pas définir
1. infos tirées de l'article de Éric Dupin dans le Monde Diplomatique de ce mois.
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